
Journal Identification = PNV Article Identification = 0400 Date: March 11, 2013 Time: 1:26 pm
Devenir à un an des patients hospitalisés en court séjour gériatrique
nue de troubles cognitifs, et ainsi être un facteur facilitant la
démarche diagnostique et donc la prise en charge médicale
qui en découle. Les scores de MMSE étaient en moyenne
plus élevés dans le groupe «démence non connue »avec
une différence de 3,7 points par rapport à l’autre groupe, ce
qui est en accord avec le fait que les pathologies démen-
tielles sont d’autant moins diagnostiquées que la maladie
est de sévérité légère [2]. Ceci peut s’expliquer entre autre
par le fait que plus la maladie est évoluée, plus la dépen-
dance est importante nécessitant la mise en place d’un plan
d’aide [10].
Le taux de mortalitéà1anétaitde31%sans différence
significative entre les deux groupes. Toutefois le caractère
monocentrique de notre étude et les effectifs faibles nous
empêchent d’aller plus avant dans l’interprétation de ce taux
de mortalité. Cependant les chiffres de notre étude étaient
donc du même ordre que ceux retrouvés dans la littérature
[4]. Une mortalité en fin de première année aussi importante
doit être prise en compte dans nos pratiques et doit guider
notre réflexion en termes de plan de soins.
Par ailleurs, nous avons mis en évidence que les patients
du groupe «démence connue »avaient passé en moyenne
plus de temps à domicile que les patients du groupe
«démence non connue », et ce de manière significa-
tive. Parallèlement, les patients du groupe «démence
connue »avaient passé en moyenne moins de temps en
SSR que les patients du groupe «démence non connue ».
Cette différence de temps passé à domicile entre les
deux groupes pourrait donc être en rapport avec des hos-
pitalisations plus longues en moyenne en SSR pour le
groupe «démence non connue ». On peut avancer plu-
sieurs hypothèses pour l’expliquer. Les patients du groupe
«démence non connue »pourraient être moins suivis sur
le plan médical, raison pour laquelle la démence n’a pas
été diagnostiquée. L’hospitalisation prolongée en SSR per-
mettrait de compléter le bilan cognitif et mettre en place le
suivi médical adapté. Une seconde hypothèse serait que la
démence n’étant pas connue, les patients n’ont pas été
inclus dans un réseau permettant la mise en place des
aides nécessaires pour faire face à la perte d’autonomie.
L’hospitalisation prolongée en SSR serait alors justifiée
par le temps nécessaire pour la mise en place de ces
aides. D’autre part, les patients du groupe «démence non
connue »vivaient plus souvent seuls. C’est un paramètre
essentiel car la présence d’un tiers facilite en effet la mise en
place des aides et l’aménagement du domicile permettant
un retour au domicile plus rapide. Une dernière explication
à l’allongement de temps d’hospitalisation en SSR pour le
groupe «démence non connue »pourrait aussi être l’attente
d’une entrée en institution sans retour intermédiaire au
domicile. On peut supposer que, la démence n’étant pas
connue, les démarches sociales nécessaires à une éven-
tuelle institutionnalisation n’avaient pas été suffisamment
anticipées.
Pour mieux analyser le paramètre «temps passé au
domicile », nous avons affiné les analyses au vu du mode
de vie. Les patients du groupe «démence connue »vivaient
plus souvent avec un tiers au domicile, conjoint ou enfant.
Ils passaient également plus de temps au domicile durant
l’année de suivi. Ainsi, les résultats montraient que le
mode de vie était significativement différent entre les deux
groupes une fois les patients initialement institutionnali-
sés exclus de l’étude. En effet, les patients du groupe
«démence non connue »vivaient plus souvent seuls (72 %
versus 54 %). Nous avons constaté que le «mode de vie »
était lié au nombre de jours passés au domicile (p <0,04),
alors que ce n’était pas le cas pour le facteur «démence
connue ou non »(p <0,10). Il faut noter que nous ne pou-
vons conclure quant au sens dans lequel les paramètres
influaient entre eux. Cela nous conduisait donc à penser
qu’une fois le paramètre «mode de vie »fixé, ce n’était pas
le paramètre «démence connue ou non »qui influenc¸ait le
nombre de jours passés à domicile.
Enfin, nos résultats montraient qu’il n’y avait pas de dif-
férence significative en termes de suivi spécialisé à un an
entre les deux groupes (67 % dans le groupe «démence
connue »versus 59 % dans l’autre groupe). Ainsi, peut-
être qu’un suivi spécialisé était mis en place à l’occasion
de l’hospitalisation, dans le but de faire le bilan et le suivi
des troubles cognitifs. On peut aussi penser qu’une fois les
troubles cognitifs diagnostiqués lors de la première hos-
pitalisation, le patient ou son entourage ont pu souhaiter
en faire le bilan et le suivi, conformément aux indications
données au moment de la sortie d’hôpital. Pour ce qui
est du traitement spécifique par anticholinestérasique ou
mémantine à un an, il existait une nette différence entre
les deux groupes (45 % des patients traités dans le groupe
«démence connue »versus 5 % dans l’autre groupe).
La portée des résultats de notre étude se trouve limi-
tée par plusieurs éléments. Notre étude se portait sur
un petit effectif, elle était de plus monocentrique. D’autre
part, le diagnostic de démence, quand il était supposé
connu, n’était pas vérifié à l’occasion de l’étude. Parallèle-
ment, la réalisation d’un diagnostic de démence à l’occasion
d’une telle hospitalisation est difficile. Dans un nombre
de cas sans doute important, le diagnostic, malgré des
troubles cognitifs avérés, n’a pas pu être posé, par exemple
à cause des comorbidités trop lourdes, ou de l’absence
d’entourage informant, ce qui excluait probablement des
patients de notre étude. De plus, lorsqu’un syndrome confu-
sionnel était particulièrement symptomatique au cours de
l’hospitalisation, le diagnostic de démence a pu ne pas
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