ANNALES DE LI. H. P., SECTION B
ALFRED RÉNYI
MAURICE FRÉCHET
Sur les espaces simples des Probabilités conditionnelles
Annales de l’I. H. P., section B, tome 1, no1 (1964), p. 3-21
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Sur
les
espaces
simples
des
Probabilités
conditionnelles
Alfred
RÉNYI
par
Maurice
FRÉCHET
(Budapest).
Avertissement
(Paris).
o
Ann.
Inst.
Henri
Poincaré,
Vol.
I,
n~
1,
1964,
p.
3-19.
Section
B :
Calcul
des
Probabilités
et
Statistique.
Il
y
a
quelques
années,
M.
Rényi
avait
fait
à
Paris
un
exposé
qui
m’avait
vivement
frappé.
Je
lui
avais
dit
que
ses
très
remarquables
contributions
à
divers
chapitres
du
Calcul
des
Probabilités
viendraient
se
placer
à
côté
d’autres
importantes
contributions
dues
à
divers
auteurs,
tandis
que
sa
conception
entièrement
nouvelle
(1)
de
ce
que j’appellerai
ses
«
probabilités
généralisées
»
apporte
un
aspect
fondamentalement
distinct
aux
fondements
du
Calcul
des
Probabilités.
Depuis
lors,
M.
Rényi
a
donné
des
exposés
très
complets
de
sa
théorie
en
différentes
langues.
Je
l’ai
plusieurs
fois
invité
à
donner
un
article
en
français
donnant
une
idée
simple
de
sa
théorie.
M.
Rényi
a
bien
voulu
y
consentir
et
se
limite
dans
ce
Mémoire
à
l’étude
de
ce
qu’il
appelle
(p.
7)
un
espace
simple
de
probabilités
conditionnelles.
Avant
de
lui
donner
la
parole,
je
voudrais
prévenir
le
lecteur
contre
un
malentendu
possible.
A
lire
le
texte
qui
suit,
on
pourrait
penser
qu’il
y
a
(~)
Toutefois,
M.
Rényi
a
appris,
assez
récemment,
que
M.
Kolmogoroff
a
émis
des
idées
analogues
dans
une
conférence
qui
n’a
pas
été
publiée.
3
4
ALFRED
RÉNYI
dans
ce
texte
deux
innovations :
1 ~
on
renoncerait
aux
probabilités
absolues
pour
se
limiter
aux
probabilités
conditionnelles;
2~
une
probabilité
géné-
ralisée
de
l’événement
A
sous
la
condition
B
est
de
la
forme
fl.(B)
n’est
pas
borné
quand
B
varie.
Or
si
l’on
parle
souvent,
pour
abréger,
de
la
probabilité
P(A)
d’un
évé-
nement
A,
comme
s’il
s’agissait
d’une
probabilité
absolue,
en
réalité,
l’expression
n’a
pas
de
sens
par
elle-même.
Que
l’auteur
le
précise
ou
non,
les
probabilités
dont
il
parle
sont
toujours
relatives
à
ce
que j’ai
appelé
dans
toutes
mes
publications
«
Une
certaine
catégorie
d’épreuves »
B
ou
ce
que
d’autres
auteurs
ont
explicité
d’une
autre
façon.
De
sorte
que
l’innovation
essentielle
de
M.
Rényi
réside
dans
l’hypothèse
que
dans
la
formule
(1.13)
(de
la
p.
12),
la
mesure
fl.(B)
n’est
pas
bornée.
M.
Rényi
a
bien
voulu
m’écrire :
«
Vous
avez
parfaitement
raison
en
disant
que
la
théorie
des
champs
de
probabilités
conditionnelles
ne
fournit
au
fond
de
résultat
nouveau
que
si
la
mesure ~,
[dans
la
formule
(1.13)]
n’est
pas
bornée
».
Pour
voir
comment
cette
hypothèse
permet
de
donner
un
sens
à
des
probabilités
qui
n’en
avaient
pas,
je
crois
que
le
lecteur
ferait
bien,
avant
de
lire
en
détail le
texte
qui
suit,
de
voir
les
deux
excellents
exemples
donnés
pages
16-17,
par
M.
Rényi.
Exposé
d’Alfred
RÉNYI
RÉSUMÉ.
- Il
y
a
quelques
années,
l’auteur
a
proposé
une
théorie
axio-
matique
des
espaces
des
probabilités
conditionnelles
(voir
[2]
à
[6],
qui
est
une
généralisation
naturelle
de
la
théorie
axiomatique
des
probabilités
due
à
M.
Kolmogoroff
[1].
Dans
le
présent
Mémoire,
le
cas
spécial
le
plus
simple
des
espaces
des
probabilités
conditionnelles
ayant
une
seule
mesure
génératrice,
non
borné
est
élaboré
d’une
façon
détaillée.
SUMMARY. -
Some
years
ago
the
author
(see
[2]-[6])
proposed
an
axio-
matic
theory
of
conditional
probability
spaces,
which
is
a
natural
genera-
lization
of the
axiomatic
theory
of probability
due
to
A.
N.
Kolmogoroff
[1].
In
the
present
note
the
most
simple
special
case
of
conditional
probability
spaces
generated
by
a
single
unbounded
measure
is
worked
out
in
detail.
5
SUR
LES
ESPACES
SIMPLES
DES
PROBABILITÉS
CONDrrIONNELLES
Introduction.
- Il
y
a
quelques
années
j’ai
élaboré
une
théorie
axio-
matique
des
espaces
des
probabilités
conditionnelles
(1),
qui
est
une
géné-
ralisation
naturelle
de
la
théorie
axiomatique
des
probabilités
aujourd’hui
généralement
acceptée,
due
à
M.
Kolmogoroff
(2)
[1].
Cette
théorie
générale
est
basée,
comme
celle
de
M.
Kolmogoroff,
sur
la
théorie
des
ensembles
et
de
la
mesure;
les
événements
aléatoires
sont
représentés
de
la
même
façon
par
les
sous-ensembles
mesurables
d’un
espace
abstrait.
Une
différence
principale
consiste
en
ce
que
les
probabilités
conditionnelles
sont
exprimées
dans
ma
théorie
par
l’intermédiaire
d’une
mesure
qui
peut
être
non
bornée;
tandis
que,
dans
la
théorie
classique,
seulement
les
mesures
bornées
sont
admises.
Il
y
a
aussi
une
autre
différence
qui
est
plutôt
d’ordre
didactique.
Ceci
correspond
au
fait
qu’en
réalité
chaque
probabilité
est
conditionnelle.
La
question :
quelle
est
la
valeur
de
la
probabilité
d’un
événement
aléatoire ?
n’a
de
sens
exact
que
si
l’on
précise
les
conditions
sous
lesquelles
cet
événe-
ment
est
observé.
Comme
M.
M.
Fréchet
l’a
formulé
(voir
[7],
p.
5-10),
la
probabilité
d’un
événement
n’a
un
sens
que
«
dans
une
certaine
catégorie
d’épreuves
».
Par
exemple,
si
l’on
parle
de
la
probabilité
de
tirer
une
carte
donnée
d’un
paquet
de
cartes,
il
est
sous-entendu
que
ce
paquet
est
bien
mêlé
et
contient
une
de
toutes
les
cartes
possibles.
Mais
cela
s’entend
sans
dire,
et
les
probabilités
calculées
sous
cette
condition
ne
sont
pas
appelées
probabilités
conditionnelles,
bien
qu’elles
le
soient.
Le
fait
que
toute
pro-
babilité
est
conditionnelle
est
contenu
seulement
d’une
manière
implicite
dans
la
théorie
classique,
mais
il
est
exprimé
d’une
façon
explicite
dans
la
mienne.
En
général,
en
appliquant
la
théorie
de
M.
Kolmogoroff
à
une
situation
réelle,
on
choisit
toujours
quelques
conditions
(circonstances)
données
comme
fondamentales
et
les
probabilités
calculées
sous
ces
conditions
sont
appelées
les
probabilités
ordinaires
(ou
absolues)
sans
faire
allusion
aux
conditions
fixées.
C’est
seulement
si
à
ces
conditions
il
s’ajoute
une
nouvelle
condition
complémentaire,
qu’on
parle
des
probabilités
conditionnelles ;
mais,
malgré
cet
emploi
des
mots
usuels,
en
principe
chaque
probabilité
est
conditionnelle.
Ce
fait
a
été
souligné
du
point
de
vue
philosophique
par
plusieurs
auteurs,
comme
par
exemple
MM.
Reichenbach
[8],
Popper
[9],
Keynes
[I o],
Koopman
[ll ],
Copeland
[12],
Barnard
[13],
Good
[14],
mais
0
Voir
mes
travaux
([2]
à
(2)
Après
avoir
élaboré
cette
théorie, j’ai
appris
par
M.
B.
V.
Gnedenko
que
M.
Kolmogoroff
lui-même
avait
déjà
indiqué
dans
une
conférence,
quelques
années
auparavant,
la
possibilité
d’une
telle
généralisation
de
sa
théorie,
mais
il
n’avait
rien
publié
sur
ce
sujet.
6
ALFRED
RÉNYI
ces
auteurs
n’ont
pas
suivi
cette
idée
jusqu’à
la
construction
d’une
théorie
mathématique
- comme
celle
de
M.
Kolmogoroff -
fondée
sur
la
théorie
des
ensembles
et
de
la
mesure.
D’autres
auteurs
sont
arrivés
aux
mêmes
conclusions
en
partant
des
applications
concrètes
de
la
notion
des
proba-
bilités.
Il
y
a
des
situations
réelles
dans
lesquelles
il
n’existe
pas
de
condi-
tion
susceptible
d’être
considérée
comme
naturelle ;
chaque
condition
qu’on
peut
prendre
comme
fondamentale
étant
également
arbitraire.
Tel
est
le
cas,
par
exemple,
dans
la
psychologie
des
choix.
La
probabilité
de
choisir
quelque
chose
dépend
essentiellement
de
l’ensemble
des
alternatives
pos-
sibles.
Autrement
dit,
choisir
cela
signifie
toujours,
choisir
un
ensemble
donné.
Demander,
par
exemple,
quelle
est
la
probabilité
qu’un
consomma-
teur
choisisse
un
plat
déterminé,
n’a
de
sens
que
si
l’ensemble
des
plats
sur
la
carte
est
donné.
Ces
considérations
ont
conduit,
par
exemple,
M.
R.
Luce
[15],
un
peu
plus
tard,
mais
indépendamment
de
l’auteur
de
cette
Note,
à
la
notion
d’espaces
des
probabilités
conditionnelles
spéciales.
Pour
caractériser
le
point
de
départ
d’un
autre
groupe
de
chercheurs,
nous
devons
mentionner
d’abord
l’avantage
le
plus
important,
d’un
point
de
vue
strictement
mathématique,
de
la
théorie
des
probabilités
condi-
tionnelles.
Comme
il
est
bien
connu,
dans
la
théorie
de
Kolmogoroff,
la
probabilité
conditionnelle
P(A ~
B)
d’un
événement
A
sous
la
condition
que
l’événement
B
a
lieu
(en
bref :
sous
la
condition
B)
est
exprimé
par
la
formule
P(B)
est
la
probabilité
de
l’événement
B,
et
P(AB)
celle
de
la
réalisation
conjointe
des
événements
A
et
B.
Étant
donné
que,
dans
la
théorie
de
M.
Kolmogoroff,
les
événements
sont
représentés
par
les
sous-ensembles
mesurables
d’un
espace
abstrait,
et
la
probabilité
des
événements
est
une
mesure
définie
sur
ces
ensembles
(en
dénotant
l’ensemble
représentant
un
événement
par
la
même
lettre
que
cet
événement,
et
en
désignant
l’inter-
section
des
deux
ensembles
par
leur
produit),
on
peut
dire
que
la
probabilité
conditionnelle
s’exprime
dans
la
théorie
de
M.
Kolmogoroff
sous
la
forme
A
et
B
sont
les
sous-ensembles
d’un
espace
Q,
AB
désigne
leur
inter-
section
et fl.
est
une
mesure.
Cependant,
dans
la
théorie
de
M.
Kolmogoroff
v
est
toujours
une
mesure
bornée,
notamment
une
mesure
normée
par
la
condition
=
1.
Par
contre,
notre
théorie
admet
des
cas
la
pro-
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