COURS 1-3 MODULES SUR UN ANNEAU 3
des modules les plus petits possible et `a tenter de reconstruire tous les modules `a partir de ceux-ci. En g´en´eral,
cette intuition est trop naive: les petits modules auxquels on r´eussit `a se ramener sont encore trop gros (les
modules ind´ecomposables du th´eor`eme de Krull-Schmidt) pour pouvoir ˆetre classifi´es. On dispose cependant
d’une classe de modules encore plus petits que les modules ind´ecomposables et que l’on sait souvent assez bien
classifier (les modules simples du th´eor`eme de Jordan-Holder). Mais l`a le probl`eme c’est que la connaissance
des modules simples ne suffit pas en g´en´eral `a reconstruire tous les modules car deux modules simples peuvent
parfois se combiner de nombreuses fa¸cons diff´erentes; c’est le probl`eme de la d´etermination des extensions derri`ere
lequel se profilent les m´ethodes d’alg`ebre homologique. Lorsque l’anneau Aa suffisamment de bonnes propri´et´es
l’id´ee marche cependant bien. On le verra par exemple pour les modules de type finis sur les anneaux principaux
(section 4).
Nous reviendrons sur le probl`eme de la classification dans les cours 5 `a 9, o`u nous ´etudierons le cas des anneaux
semisimples (l`a, l’id´ee marche parfaitement!) et des alg`ebres de dimension finies sur un corps.
1. D´
efinition et premiers exemples
Soit Mun groupe ab´elien. L’ensemble End(M) des endomorphismes de Mcomme groupe ab´elien, muni de
l’addition induite par l’addition de Met de la composition est un anneau associatif unitaire (d’unit´e l’identit´e
IdMde M).
Soit Aun anneau. On appelle A-module `a gauche (ou module `a gauche sur A) tout couple (M, θ) o`u Mest un
groupe ab´elien et
θ:A→End(M)
est un morphisme d’anneaux. Dans la pratique, s’il n’y a pas de confusion possible, on notera simplement
a·m:= θ(a)(m), a∈A,m∈M. On peut d´efinir de fa¸con ´equivalente un A-module `a gauche comme un couple
(M, α), o`u Mest un groupe ab´elien et
α:A×M→M
une application v´erifiant les propri´et´es suivantes:
- (Distributivit´e) α(a, m+m0) = α(a, m)+α(a, m0), a∈A,m, m0∈Met α(a+a0, m) = α(a, m)+α(a0, m),
a, a0∈A,m∈M;
- (Associativit´e) α(aa0, m) = α(a, α(a0, m)), a, a0∈A,m∈M;
- (Neutre) α(1, m) = m
L`a encore, s’il n’y a pas de confusion possible, on notera simplement a·m:= α(a, m), a∈A,m∈M.
On a une d´efinition analogue de A-module `a droite. Un A-module `a droite Md´efinit un Aop-module `a gauche (o`u
Aop est l’anneau ayant la mˆeme structure additive (A, +) que Aet dont la structure multiplicative est donn´ee par
a·Aop a0=a0·Aa,a, a0∈A). Et inversement. Ces deux notions sont donc ´equivalentes. Lorsqu’on ne pr´ecisera
pas, un A-module sera toujours un A-module `a gauche.
Soit M, M 0deux A-modules. On appelle morphisme de A-modules tout morphisme de groupe ab´elien f:M→M0
qui est A-lin´eaire i.e. v´erifie
f(a·m) = a·f(m), a ∈A, m ∈M.
On notera HomA(M, M0) l’ensemble des morphismes de A-module de Mdans M0. C’est encore un A-module.
Lorsque M0=A, on note M∨:=HomA(M, A) et on dit que c’est le A-module dual de M. Lorsque M0=Mon
note EndA(M) :=HomA(M, M).
Etant donn´es M, M0, M 00 des A-modules, on dispose d’une loi de composition
◦: HomA(M0, M00)×HomA(M, M 0)→HomA(M, M 0)
(f0, f)→f0◦f
qui est A-bilin´eaire, associative, poss`ede des identit´es `a gauche et `a droite. En particulier, les A-modules forment
une cat´egorie (cf. appendice), que l’on notera parfois Mod/A.
Exemple 1.1.
(1) Soit Aun anneau. Tout id´eal `a gauche (resp. `a droite) est un A-module `a gauche (resp. `a droite). En particulier,
on a
- le A-module r´egulier A;