Université Paul Sabatier Devoir pour le 14 mars 2012 A LGÈBRE COMMUTATIVE Le but de cette série d’exercices est d’étudier les modules localement libres. Exercice 1. Soit A un anneau commutatif unitaire, et M un A-module. (a) Montrer que si M est plat sur A, alors, pour tout morphisme d’anneaux A → B, le B-module B ⊗A M est plat sur B. (b) Montrer que si M est plat sur A, alors pour tout système multiplicatif S ⊂ A, le module localisé S−1 M est plat sur S−1 A. (c) Montrer que si Mp = Ap ⊗A M est plat sur Ap pour tout idéal premier p ⊂ A, alors M est plat sur A. Exercice 2. On suppose à présent que A est un anneau commutatif unitaire noethérien muni d’un idéal I contenu dans le radical de Jacobson de A. On considère une suite exacte de A-modules de la forme suivante. 0 → M0 → M → M00 → 0 On suppose enfin que M et M00 sont de type fini et que M00 est plat sur A. (a) Montrer que l’application canonique I ⊗A M → IM est bijective pour tout Amodule plat M. (b) En déduire qu’on a une suite exacte courte de A-modules de la forme 0 → IM0 → IM → IM00 → 0 (c) Montrer qu’on a une suite exacte courte canonique 0 → A/I ⊗A M0 → A/I ⊗A M → A/I ⊗A M00 → 0 . (d) Montrer que l’application M → M00 est bijective si et seulement si l’application induite A/I ⊗A M → A/I ⊗A M00 est bijective. On rappelle que pour un anneau A et un idéal premier p ⊂ A, on note κ(p) le corps résiduel de p (c’est-à-dire le quotient de Ap par son idéal maximal). Exercice 3. Soit A un anneau commutatif unitaire noethérien, et u : M → N un morphisme de A-modules. On suppose que M et N sont de type fini. (a) Montrer que u est surjectif si et seulement si le morphisme induit κ(p) ⊗A M → κ(p) ⊗A N est surjectif pour tout idéal premier p de A. (b) On suppose en outre que N est plat. Montrer que u est bijectif si et seulement si le morphisme induit κ(p) ⊗A M → κ(p) ⊗A N est bijectif pour tout idéal premier p de A. Définition. Soit A un anneau commutatif unitaire. Un A-module M est dit localement libre si, pour tout idéal premier p ⊂ A, le Ap -module Mp = Ap ⊗A M est libre de rang fini. Exercice 4. Soit A un anneau noethérien. 2 (a) Montrer qu’un A-module de type fini M est localement libre si et seulement s’il est plat 1. (b) Soient M0 , M et M00 trois A-modules plats et de type fini. Montrer qu’un diagramme de A-modules 0 → M0 → M → M00 → 0 est une suite exacte courte si et seulement si, pour tout idéal premier p ⊂ A, le diagramme induit 0 → κ(p) ⊗A M0 → κ(p) ⊗A M → κ(p) ⊗A M00 → 0 est une suite exacte courte de κ(p)-espaces vectoriels. Indications. Méditer sur les trois exercices précédents. Exercice 5. Soit A un anneau et M un A-module localement libre. Montrer qu’il existe des éléments f 1 , . . . , f n ∈ A, n ≥ 1, de sorte que ( f 1 , . . . , f n ) = A et que M f i soit un A f i -module libre de type fini pour tout i , 1 ≤ i ≤ n. Exercice 6. Soit A un anneau noethérien et S ⊂ A un système multiplicatif. On considère un A-module de type fini M et un A-module quelconque N. Montrer que l’application canonique S−1 HomA (M, N) → HomS−1 A (S−1 M, S−1 N) est bijective. Indications. Prouver d’abord le cas où M est libre de rang fini. Considérer ensuite la classe C des A-modules M tels que cette application soit bijective pour tout A-module N. Montrer que pour toute suite exacte à droite de la forme M0 → M → M00 → 0 si M0 et M sont dans C , alors M00 est dans C . Conclure. Exercice 7. Soit A un anneau noethérien. (a) Montrer que si M et N sont deux A-modules localement libres, alors il en est de même de HomA (M, N). Indications. Considérer tout d’abord le cas où M et N sont libres de rang fini. Utiliser ensuite les exercices 4 et 6 pour en déduire le cas général. (b) Montrer que si M et N sont deux A-modules localement libres, alors M ⊗A N est localement libre (on pourra encore une fois considérer le cas où M et N sont des A-modules libres de type fini, puis en déduire le cas général). (c) Montrer que si M et N sont deux A-modules localement libres, alors on a un isomorphisme canonique de A-modules M∧ ⊗A N ' HomA (M, N) (où M∧ = HomA (M, A)). Exercice 8. Soit A un anneau noethérien. Montrer qu’un A-module de type fini est localement libre si et seulement s’il est projectif. Indications. Soit M un A-module de type fini. Dire que M est projectif équivaut à dire que, pour toute application A-linéaire surjective N → P, l’application induite HomA (M, N) → HomA (M, P) est surjective. On peut alors utiliser encore une fois les exercices 4 et 6 pour se ramener au cas où A est un anneau local. 1. Cette caractérisation des modules localement libres reste essentiellement vraie pour des anneaux non nécéssairement noethérien, mais il faut alors pour M une condition de finitude plus restrictive.