Développement du langage: pré-requis, précurseurs et prédicteurs

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Introduction à l’approche cognitive des
difficultés scolaires
Pascal Zesiger
8 janvier 2004
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education
1
Plan





La psychologie cognitive et l’approche
développementale des difficultés
d’apprentissage
Difficultés ou troubles?
Les troubles d’apprentissage
Les principaux outils cognitifs
Conclusion et discussion
2
La psychologie cognitive: postulats de base



Les personnes sont des êtres autonomes dotés d’intentions
qui interagissent avec le monde externe au moyen de leur
esprit
Cet esprit est conçu comme étant un système de traitement
de l’information composé d’un vaste ensemble de processus
plus ou moins spécifiques
Le but de la recherche est d’identifier et de comprendre le
fonctionnement de ces processus et leurs interactions
3
La psychologie cognitive
Environnement
(physique,
familial,
social,
culturel,
etc.)
Sujet
Struct. cognitives
Comportement
4
L’approche « développementale »



L’approche « développementale » essaie de
comprendre l’évolution des structures cognitives
dans le temps et le rôle des différents facteurs
(internes et externes) dans ces changements
Classiquement, elle concerne le bébé, l’enfant et
l’adolescent
… mais pas seulement: perspective « life span », qui
porte aussi sur l’adulte et la personne âgée
5
L’étude des difficultés scolaires ou
d’apprentissage



…tente de comprendre les différentes raisons pour
lesquelles des enfants, adolescents et adultes ont des
difficultés à apprendre
…tente de distinguer le rôle des facteurs « internes » et
« externes »
En fonction de l’essor que connaissent actuellement les
neurosciences, tente de comprendre les relations entre les
structures cognitives et leurs bases biologiques
6
Le cadre théorique général
Biologique
Gènes, cerveau
cognitif
représentations
orthographiques
agencement
point de prod.
représentations
allographiques
agencement
spatial
mode
proactif
mode
rétroactif
intégration
du feedback
commandes
neuro-musculaires
geste graphique
vision/tactilo-k.
comportemental
Pas de relation 1:1 entre niveaux!
7
Des difficultés ou des troubles?

Modèle catégoriel
160
140
120
100
80
60
40
20
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
8
Des difficultés ou des troubles?

Modèle continu
Introduire une frontière entre « normal » et « pathologique »
sur la base des performances comportementales est
totalement arbitraire
9
Des difficultés ou des troubles?

Qui sont les individus qui forment l’extrême gauche
de cette distribution?


Personnes avec des troubles spécifiques (p.ex. dyslexie et
illettrisme)
Personnes avec des difficultés plus générales de diverses
natures
10
Qu’appelle-t-on les troubles d’apprentissage?

OMS (1992): « troubles spécifiques des acquisitions
scolaires »





trouble spécifique de la lecture (L)
trouble spécifique de l’orthographe (O)
trouble spécifique des aptitudes arithmétiques (AA)
mixtes, autres...
prévalence: 2-10% (~5%)
11
Comment les définit-on?

soit






performances de L, O ou AA < que celles attendues compte tenu
de l’âge, de l’intelligence et du classement scolaire (sur base
d’un test standardisé et normalisé)
antécédents de difficultés sévères de L, O ou AA
Le trouble interfère avec réussite scolaire ou les activités
quotidiennes
Il n’est pas la conséquence d’un déficit d’acuité visuelle ou
auditive, d’une affection neurologique ou de troubles
émotionnels
les expériences scolaires sont dans la moyenne
critère d’exclusion: QI < 70
12
Par conséquent…




Critère de sévérité
Critère de « gêne fonctionnelle »
Critères d’exclusion
Critère de sélectivité, MAIS

troubles associés très fréquents (40-50%)





démoralisation, faible estime de soi, dépression
déficits dans les habiletés sociales, troubles de la communication
TDAH, comportement d’opposition, troubles anxieux
trouble développemental de la coordination
leur statut peut être différent:


co-morbidité?
conséquences de troubles d’apprentissage?
13
Pistes actuelles d’interprétation

Notion de « développement atypique du cerveau » (DAC)




Très différent de « minimal brain damage »
Origine congénitale (facteur génétique, corrélats
neurophysiologiques)
Concerne tant les personnes qui présentent des difficultés que
les « génies »
« les troubles de l’apprentissage pourraient être
simplement des manifestations de la variabilité naturelle du
cerveau et sont identifiés en partie en raison des
exigences culturelles placées sur l’individu » (Gilger & Kaplan,
2001)
14
Les effets multiples du DAC (Frith, 2001)
Gènes
biologique
DAC
Phonol.
Attention
MdT
Dyslexie
TDAH
cognitif
comportemental
15
Pour comprendre les difficultés

Facteurs de risque « internes »



Plus ou moins bonne efficacité des « outils » cognitifs
Motivation…
Modulés par les facteurs « environnementaux », par
exemple




apprentissage tardif du français (problème de
l’automatisation)
Contexte familial
Niveau SEC
Etc.
16
Les principaux « outils » cognitifs

Langage oral et écrit




Outil de communication
Outil d’apprentissage
Outil de réflexion et d’auto-régulation des comportements
Processus de traitement visuo-spatiaux


Visualisation
Orientation
17
Les processus de mémoire
Systèmes
 Procédural




Représentations
perceptives
Sémantique
Épisodique
De travail
Sous-systèmes
habil. motrices
habil. cognitives
conditionnement
appr. associatif
descriptions structurales
formes phonol. & ortho.
des mots
spatial, relationnel
visuo-spatiale
phonologique
Exemples
praxies, sport
opérations arith.
reconn. objets
voc. oral et écrit
conn. monde
autobiog.
appr. v-spat.
appr. verbal
18
Les différences entre mémoires épisodique
et sémantique
Mémoire épisodique
Info.

Processus

Applications

Événements, épisodes, référence au
moi, croyance
Codage temporel, affect important,
contextuel, évocation du passé,
sensible à l’amnésie
Utilité faible dans l’éducation, dans
l’adaptation sociale, sans relation
avec l’intelligence, oubli, témoignage
Mémoire sémantique



Faits, idées, concepts, référence à
l’univers, consensus social
Codage atemporel, affect peu
important, acontextuel, actualisation
des connaissances, peu sensible à
l’amnésie
Forte utilité dans l’éducation, dans
l’adaptation à la société, forte
association avec l’intelligence,
langage, expertise
19
Les systèmes de mémoire: étapes de
traitement

Dans les divers systèmes mnésiques, on distingue
différentes étapes de traitement




Encodage de l’information
Stockage
Rappel ou récupération
Des difficultés peuvent affecter chacune de ces étapes
20
Comment mieux mémoriser?


Peut-on entraîner sa mémoire?
Les stratégies mnésiques





Organisation de la matière à apprendre: catégorisation, regroupement
du matériel à apprendre (ne fonctionne qu’à partir de 10-11 ans)
Élaboration: association du matériel à apprendre avec un mot, une
image; basé sur apprentissage de paires associées ou toute autre
stratégie visant à « enrichir » l’encodage (aussi à partir de 10-11 ans)
Rappel: basé sur l’utilisation d’indices au moment du rappel (MAIS il
faut que les indices soient relevés au moment de l’encodage)
Méta-mémoire: on se fait souvent beaucoup d’illusions sur les
capacités de notre mémoire! Prendre conscience des limites permet de
prendre les dispositions nécessaires
Motivation…
21
Autres processus mnésiques importants

Paradoxalement, les systèmes mnésiques qui semblent
déterminants dans beaucoup d’apprentissages sont des
systèmes de mémoire à court terme ou mémoire de travail






Mémoire de travail phonologique
Mémoire de travail visuo-spatiale
Autres?
Durée limitée (env. 2 sec.)
Capacité limitée (évolue avec le développement, 7 +/- 2
éléments chez l’adolescent et l’adulte)
Aussi lié à la manière dont on gère l’information  fonctions
exécutives
22
Les fonctions exécutives
Il s’agit de fonctions complexes, multi-dimensionnelles, qui
incluent notamment:






La formulation d’objectifs
La planification, l’élaboration de stratégies, la prise de décision
Le maintien et la manipulation d’informations en mémoire à court
terme (mémoire de travail)
Le contrôle attentionnel et l’auto-régulation des comportements,
en particulier dans des situations nouvelles, difficiles ou
dangereuses
La résistance aux interférences, l’inhibition
La correction d’erreurs et la flexibilité
23
Le modèle de Barkley (1997)
Inhibition comp.
Inhib. réponse prédom., arrêt
d’une rép. en cours, contrôle
des interférences
Auto-régulation
Internalisation
affects/motiMaintien, manipulation
du langage
organ. temporelle
vation/éveil
Contrôle
moteur/fluence/syntaxe
Mém. de travail
Inhiber les réponses non pert., exécuter des
réponses vers le but, des séquences
nouv./compl., persévérance, sensibilité au
feedback, ré-engagement après
interruption
Reconstitution
Analyse/synthèse
créativité
24
Les fonctions exécutives
Elles sont particulièrement importantes dans les
situations nouvelles et/ou complexes
Elles sont particulièrement importantes pour l’intégration
sociale de l’individu
Des difficultés dans la maîtrise de ces fonctions se
traduisent par des problèmes affectant notamment





Le contrôle attentionnel
L’auto-régulation des comportements
25
L’inattention









Ne pas prêter attention aux détails, fautes d’étourderie
Avoir du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux
Ne pas sembler écouter quand on parle
Ne pas se conformer aux consignes, ne pas parvenir à mener à
terme les devoirs scolaires, les tâches domestiques, etc.
Avoir du mal à organiser ses travaux ou activités
Eviter, avoir en aversion les tâches qui nécessitent un effort
mental soutenu
Perdre ses objets (jouets, cahiers, outils, etc.)
Se laisser facilement distraire par des stimuli externes
Avoir des oublis fréquents dans la vie quotidienne
26
L’hyperactivité et l’impulsivité
hyperactivité

Remuer souvent les mains, les pieds, se tortiller sur son siège

Se lever lorsqu’on est supposé rester assis

Courir et grimper partout dans des situations inappropriées
(impatience motrice chez l’adolescent et l’adulte)

Avoir du mal à se tenir tranquille dans les jeux et les loisirs

Etre « sur la brèche », « monté sur des ressorts »

Trop parler
impulsivité

Répondre à une question pas encore entièrement posée

Avoir du mal à attendre son tour

Interrompre les autres ou imposer sa présence
27
Principales conséquences des difficultés des
fonctions exécutives



Mauvaise intégration sociale: l’individu est mal accepté,
marginalisé
Echec et difficultés scolaires
Sentiments d’autodépréciation qui peuvent mener à un
effondrement dépressif ou toutes autres formes de
psychopathologie secondaire (trouble des conduites,
trouble oppositionnel, troubles de l’humeur, troubles
anxieux, etc.)
28
Association avec les troubles de
l’apprentissage
29
Conclusions




De nombreux facteurs potentiels sont impliqués dans les
difficultés scolaires
Ils varient selon les individus
Des « retards » ou difficultés du jeune enfant qui se sont
résorbés en cours de scolarité sont susceptibles de réapparaître à l’adolescence
Des difficultés initialement sélectives peuvent mener à
des difficultés plus larges (effet « boule de neige »)
30
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