La crise des « subprimes » UTLM 2015-2016 N.Danglade www.eshcamillevernet.com La crise des subprimes: quelles conséquences? • Sur la croissance économique • Sur les échanges commerciaux et les flux internationaux de capitaux • Sur la demande globale et notamment l’investissement des entreprises • Sur la croissance potentielle • Sur le taux de chômage • Sur l’évolution du niveau général des prix • Sur l’endettement public Impact de la crise des subprimes sur la croissance économique Impact de la crise des subprimes sur la croissance économique française Impact de la crise des subprimes sur le commerce international Surréaction du commerce international aux variations du PIB Impact de la crise des subprimes sur les flux internationaux de capitaux (les IDE - France) Impact de la crise des subprimes sur le chômage Impact de la crise des subprimes sur le chômage en France (catégorie A Pôle Emploi) Impact de la crise des subprimes sur les investissements Impact de la crise des subprimes sur la croissance potentielle (Monde) Impact de la crise des subprimes sur la croissance potentielle (Etats-Unis) Impact de la crise des subprimes sur la croissance potentielle (zone euro) Impact de la crise des subprimes sur l’évolution du niveau général des prix Impact de la crise des subprimes sur l’évolution du prix des matières premières Evolution du poids de la dette publique en France en % du PIB période 1996-2007 Source: Atlantico “PIB, dette, revenu : ce que nous a vraiment coûté la grande crise de 2008 ”, le 13 janvier 2014 Les mécanismes de la crise des subprimes • Les variables microéconomiques • Les variables macroéconomiques Les variables microéconomiques Contexte mondiale : globalisation financière Plus de concurrence entre intermédiaires financiers De nouvelles techniques financières Plus d’acteurs : (dont certains sont peu régulés : le shadow banking) Plus de concurrence entre intermédiaires financiers Décloisonnement et déréglementation des marchés des capitaux Circulation d’une épargne mondiale Apparition d’acteurs financiers « systémiques » De nouveaux acteurs financiers ? Autres intermédiaires financiers non bancaires : banques d’investissements; - les hedge funds; - les private equity; - les fonds souverains … Evolution du nombre de Hedge funds Source : Michel Aglietta, Sabrina Khanniche & Sandra Rigot “Les hedge funds. Requins ou entrepreneurs de la finance ? » , Perrin, 2010, Des acteurs systémiques ? Des banques commerciales, des banques d’affaires, des assurances, mais aussi des hedge funds (1998: faillite du fonds d’investissement LTCM) Des nouvelles pratiques financières • Le développement des CDS • Le développement de la titrisation • Ces deux pratiques sont utilisées par les banques pour se débarrasser du « risque de crédit » Une technique pour réduire l’exposition au risque de crédit : les Credit Default Swap Marché des dérivés de crédit Le HF B vend à la banque A un CDS. Quel est le prix du CDS ? Banque A Marché au comptant A verse à B une prime : un % du crédit pendant 5 A « génère » un crédit de 100 sur 5 ans Entreprise C Hedge funds B Si C fait faillite A qui a « généré » le crédit ne le porte plus : la banque s’est débarrassée du « risque de crédit »; elle ne supporte plus le risque de défaut de l’emprunteur A aura versé 5 fois la prime mais B lui rachète le crédit Si C ne fait pas faillite A aura versé 5 fois la prime Une autre technique pour se débarrasser d’un risque de défaut : la titrisation de crédit La banque A origine des crédits qui constituent des créances dans son actif La banque A s’est débarrassée du risque de crédit puisqu’en cas de défaut cela n’affecte plus son bilan; elle ne supporte plus le risque de défaut de l’emprunteur Elle vend ses crédits à un « véhicule » (un établissement financier) qui paie le montant nominal des crédits Il se finance en émettant des titres (obligations) Il perçoit les remboursements des crédits de niveaux de risques différents ces remboursements servent à régler les loyers des obligations + une marge Conséquence sur le comportement des banques La banque A s’est débarrassée du risque de crédit puisqu’en cas de défaut cela n’affecte plus son bilan Elle ne supporte plus le risque de défaut de l’emprunteur Augmentation de l’aléa moral L’accès au crédit est de plus en plus facile : il s’ouvre à des AE qui habituellement en sont privés Hausse de l’encours de crédits aux Etats-Unis Hausse des achats de crédits immobiliers avec hypothèque aux Etats-Unis www.assemblee-nationale.fr%2F13%2Frap-info%2Fi0744-2.gif&imgrefurl=http%3A%2F%2F La titrisation concerne des supports multiples http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2005.bernou_n&part=91825 Hausse de l’encours de crédits « subprimes » aux Etats-Unis Conséquences ? Sur le comportement des banques : hausse de l’aléa moral Sur la dissémination des crédits titrisés dans les bilans des établissements financiers : de partout La fragilité du système financier augmente: - l’aléa moral augmente le risque de crise car le sélection des emprunteurs est de moins bonne qualité; - La dissémination des crédits subprimes augmente le risque de défiance une fois que la crise aura éclatée; Les variables macroéconomiques • L’entrée dans un nouveau cycle financier • Stimulé par l’entrée de capitaux venant des pays exportateurs (épargne mondiale se dirige vers les Etats-Unis) • Dans un contexte de croissance des inégalités qui conduit à la hausse du crédit aux ménages Pourquoi le financement de l’économie est-il cyclique? Point de départ : les individus font des choix qui engagent l’avenir dans un univers incertain Entreprises : un investissement est un pari sur l’avenir Ménages : un emprunt doit être remboursé L’économie est une économie monétaire de production Le financement précède l’activité Rôle central des intermédiaires financiers dans l’activité (Banques) Les croyances dans l’avenir jouent sur les décisions des agents : les agents à besoin de financement mais aussi les agents à capacité de financement Les deux moments du cycle financier? Les agents économiques sont optimistes Entreprises et ménages s’endettent L’activité économique se retourne Les banques doutent de la qualité des emprunteurs et ferment le crédit: credit crunch Banques financent L’activité se réduit encore Les financements sont faciles à obtenir; l’activité se développe (prophétie auto-réalisatrice) Les AE les moins solides financent leurs projets Soudain choc : hausse des taux, baisse rentabilité, baisse des exportations, faillites … Les AE voient leurs revenus stagner ou baisser tandis que leur dette ne baisse pas : le ratio d’endettement augmente Ils cherchent à se désendetter: en vendant à perte leurs actifs ou en augmentant leur épargne = L’activité se réduit encore En phase d’optimisme, baisse des primes de risques (aux Etats-Unis) http://financedemarche.fr/wp-content/uploads/2013/05/fredgraph-highyield.jpg Ce qui explique les décisions des agents économiques se sont leurs anticipations Les transformations récentes du système financier accentuent le cycle financier En phase « optimiste » En phase « pessimiste » L’accès au financement est plus facile car les banques se débarrassent de leur risque de défaut : titrisation et CDS Les établissements financiers n’arrivent plus à se financier car la défiance est généralisée (les banques refusent de se prêter entre elles à 24h) Conséquence: stimule Conséquence: credit crunch sur les ménages et l’activité et la croissance les entreprises En phase d’optimisme, hausse de l’endettement et du crédit (aux Etats-Unis) Le cycle du crédit et le retournement : l’illustration du paradoxe de la tranquillité (Hyman Minsky) L’endettement des emprunteurs les plus fragiles augmente en phase optimiste Le paradoxe de la tranquillité Le retournement du cycle La hausse de l’endettement et du crédit devrait pousser les taux d’intérêt à la hausse (et freiner l’endettement): est-ce le cas? Evolution des taux d’intérêt de long terme aux Etats-Unis Pourquoi le taux d’intérêt n’augmente-t-il pas ? Une épargne mondiale qui se dirige vers les Etats-Unis Brender & Pisani « Les déséquilibres financiers internationaux », La découverte Un dernier élément de contexte macroéconomique : la croissance des inégalités aux Etats-Unis Le poids de l’héritage dans la constitution du patrimoine Source : T.Piketty « Le capital au 21ième siècle », Seuil, 2014, p. 604 et 638 La diffusion de la crise dans la sphère « réelle » • • • • • La seconde phase du cycle financier : Blocage du refinancement des IF Credit crunch des INF et baisse de l’activité Désendettement et déflation la spirale déflationniste se met en marché La crise de confiance bloque le refinancement des intermédiaires financiers Situation paradoxale Liquidité mondiale abondante Des intermédiaires financiers qui n’arrivent plus à se refinancer Le paralysie du marché interbancaire pousse les banques au credit crunch Le recul du financement de l’économie concerne aussi les marchés des titres: le risque de marché augmente Les détenteurs des titres qui ne s’échangent plus subissent des pertes : en premier lieu, les banques source: rapport CAE p. 55 Les intermédiaires financiers n’arrivent plus à trouver de la liquidité car les bilans se détériorent? Ils ne peuvent donc plus financer les acteurs de l’économie = credit crunch Les AE à besoin de financement ne peuvent plus se financer et se désendettent Les AE à besoin de financement ne peuvent plus se financer et vendent des actifs pour obtenir de la liquidité Agents à besoin de Agents à capacité financement de financement Credit crunch Que faire ? Vendre actifs pour obtenir de la liquidité Impact sur le prix des actifs ? Baisse du prix des actifs: exemple, le prix de l’immobilier aux Etats-Unis La prix des maisons baisse car: - Baisse des achats - Augmentation des ventes en phase de baisse des revenus (hausse chômage) Une spirale déflationniste se met en place 2. Credit crunch 3. Désendettement (les revenus des ménages baissent mais les dettes individuelles ne baissent pas) Recul financement économie : choc de demande négatif Baisse de la demande Baisse des prix : déflation Chute prix des actifs 1. Détérioration des bilans, notamment des intermédiaires financiers Préférence pour le présent diminue : reporter dans le temps les achats et les investissements La politique monétaire peutelle casser cette spirale déflationniste ? Une politique de taux zéro Cette politique monétaire est-elle efficace ? Avec la déflation, la baisse du taux d’intérêt devient inefficace quand il atteint 0% Taux réel = taux nominal - inflation 2% = 5% - 3% 0% = 5% - 5% Taux réel = taux nominal + déflation 6% = 5% + 2% 2% = 0% + 2% Plus l’inflation augmente, plus le taux d’intérêt réel baisse Si la déflation augmente : 4%= 0% + 4% On peut même imaginer que le taux réel deviennent négatif Le taux réel augmente ! Conséquence: la politique monétaire tombe dans la trappe à liquidité On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif En situation de déflation la politique de taux zéro est inefficace Comment sortir de la crise des subprimes et de la spirale déflationniste ? • L’action des prêteurs en dernier ressort • Politiques conjoncturelles : politique monétaire et politique budgétaire Les prêteurs en dernier ressort: éviter la faillite des IF Les banques centrales apportent la liquidité que les banques se prêtent habituellement sur le marché interbancaire : BCE 200 milliards / jour ; Fed 300 milliards Les Etats renflouent certaines banques pour éviter leur faillite : prêts et recapitalisation L’action conjoncturelle : la politique monétaire Stimuler la création monétaire des banques (crédit) : + d’activité et + d’inflation Dans un premier temps, les Banques centrales baissent leurs taux directeurs au minimum: le canal du taux d’intérêt Dans un second temps, les Banques centrales innovent: elles achètent des titres aux IF (le quantitive easing) Politique conventionnelle Politique non conventionnelle L’action conjoncturelle : la politique budgétaire Remplacer la dépense privée par de la demande publique Maintenir la demande globale alors que la demande privée chute Effet multiplicateur de la dépense publique Quels résultats ? Situation des Etats-Unis ? L’économie américaine repart mais il y a un écart entre évolution de la masse monétaire et évolution de la base monétaire : où va passer toute cette liquidité ? La création de monnaie par la banque centrale ne fabrique plus d’inflation : une nouvelle bulle sur des actifs financiers ? Situation de la zone euro ? La crise des subprimes a détérioré les bilans des banques et les dettes publiques = crise des dettes souveraines La baisse de la dépense publique à partir de 2010/2011 a cassé la reprise et fait chuter la croissance potentielle européenne Croissance faible + inflation faible = la zone euro à la porte de la déflation Les mécanismes de la crise (rapport du CAE « de la crise des subprimes à la crise mondiale » La diffusion de la crise (rapport du CAE « de la crise des subprimes à la crise mondiale »)