Carcinogenèse et surveillance de la muqueuse de Barett

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CARCINOGENÈSE ET SURVEILLANCE
DE LA MUQUEUSE DE BARRETT
Marlène NGUIMPI DJATSA
CHU de STRASBOURG
PLAN



A-Définition et diagnostic
B-Épidémiologie
C-Mécanismes impliqués dans la carcinogenèse
 -De
la métaplasie au cancer
 -Mécanismes moléculaires
 -Rôle de l’environnement

D-Surveillance
Définition

-
Présence d’une muqueuse d’allure glandulaire
quelle que soit son étendue au dessus de la jonction
oesocardiale.
3 types d’EBO (Sfed;2007)
-EBO court: entre 5mm et 3cm de haut.peut être
circulaire en manchon ou segmentaire en languettes.
-EBO long : supérieur ou égal à 3cm
-EBO ultra court <5mm(métaplasie intestinale sans
lésion endoscopique visible) ,terme remis de plus en
plus en cause.
DIAGNOSTIC ENDOSCOPIQUE

Classification « CM » de Prague de L’EBO;
C : hauteur de l’atteinte circonférentielle
M


: hauteur maximale
déduction ainsi de la hauteur des languettes.
Trois repères anatomiques essentiels: JOG; ligne Z et
l’empreinte correspondant à l’orifice
diaphragmatique
IWGCO Prague 2004;sharma et al
gastroenterology (2006) 131:1392-1399
Exemple
EBO classé C3M5
Exemple
Exemple
Diagnostic histologique
 Remplacement
de l’épithélium malphigien œsophagien
par un épithélium glandulaire comportant ou non une
métaplasie intestinale.
 Muqueuse hétérogène avec 3 types d’épithélium décrits
de manière isolée ou diversement associés:



-épithélium de type intestinal(proximal)ou spécialisé considéré
comme pathognomonique
-épithélium de type jonctionnel ou cardial
-épithélium de type fundique (distal)
Épidémiologie

Prévalence



malades ayant une endoscopie toutes indications confondues : 1%
Sujets ayant une endoscopie pour reflux : 5 à 15 %
Facteurs de risques:






RGO chronique+++++
Le sexe (H>F sex ratio entre 2 et 3,1)
L’âge (plateau à partir de 60 ans)
Origine caucasienne
Obésité (qui favorise le RGO)
tabac ; alcool
Hépatogastro et oncologie digestive ;vol. 18 n° 1 ,janvier-février 2011
Épidémiologie



Principale complication : transformation maligne en
adénocarcinome; risque 30 à 125 fois plus élevé que celui de
la population générale.
Séquence : métaplasie intestinaledysplasie de bas
gradedysplasie de haut gradecancer
Fréquence de survenue d’une DHG et d’un cancer en cas de
DBG sur EBO varie de 10 à 40 %
S.J.,Chejfec G. et al. Gastroenterology 2001;120:1607-19. Schnell T.G.,Sontang Skacel
M.,Petras R.E.,Gramlich T.L et al. Am J Gastroenterol 2000;95:3383-7
Épidémiologie



La présence d’une dysplasie est un facteur très pathologiste
dépendant.
Concordance inter observateur médiocre:43% lorsqu’une
classification en 4 grades était appliquée vs 66% si
classification en 3 grades
Nécessité de trouver d’autres marqueurs d’évolutivité de l’EBO
vers l’adénocarcinome.
Montgomery E, Bronner MP, Goldblum JR, et al. Hum Pathol
2001;32:368-78
CLASSIFICATION DE
RIDELL

Muqueuse non dysplasique



Lésions douteuses ou indéfinies pour la dysplasie



Minimes anomalies architecturales
Anomalies cytologiques au niveau des glandes , similaires à celle d’une dysplasie mais absentes au
niveau de l’épithélium normal
Dysplasie de bas grade



Architecture normale
Noyaux réguliers situés au pôle basal des cellules(des anomalies minimes peuvent être présentes en cas
d’inflammation)
Anomalies architecturales modérées
Anomalies cytologiques modérées , sans stratification nucléaire.les anomalies sont identiques en surface
et en profondeur. en cas d’inflammation aiguë , la présence de ces lésions ne permet pas d’affirmer la
dysplasie mais doit faire rester au stade de lésion indéfinie pour la dysplasie
Dysplasie de haut grade


Anomalies architecturales marquées
Anomalies cytologiques modérées ou sévères. en cas d’anomalies cytologiques sévères , les anomalies
architecturales peuvent être moins intenses . Les anomalies sont identiques en surface et en profondeur ,
l’inflammation est en général minime.
MECANISMES DE LA CARCINOGNESE
Bmj 2010;341:c4551
Carcinogenèse




Hanahan et Weinberg: six changements majeurs pour une
cellule avant de devenir maligne:-la cellule reçoit de signaux
de croissance-ignore les signaux inhibiteurs de croissance-évite
l’apoptose-se réplique sans limite-maintient l’angiogenèseenvahit et prolifère.
la plupart des mutations génétiques affectent les gènes
impliqués dans la régulation du cycle.
Nombre important de cellules dans la muqueuse métaplasique
engagées en phase S surtout quand dysplasie présente
Nombre de cellules en phase S et G2(adn tétraploïde) =
facteur prédictif de dysplasie
Jf flejou; Gut 2005
PROTEINE P53








Codée par le gène suppresseur de tumeur TP53 situé sur le bras
court du chromosome 17
facteur de transcription majeur qui bloque le cycle cellulaire , répare
l’adn et induit l’apoptose
P53activation de la transcription de la protéine CKI p21contrôle
du cycle cellulaire
blocage du cycle avant la transition G1/S.
régule la transition G2/M ,
rôle dans le point de contrôle mitotique sensible à la ségrégation
des chromosomes juste répliqués
lors de la transformation maligne, perte de fonction de p53
disparition du point de contrôle G1/S.
mutations de p53 relativement précoce dans la carcinogenèse
œsophagienne : pertes d'hétérozygotie au locus TP53 (17p)
précèdent l'apparition de clones malins et aneuploïdes.
p53

Pertes d’allèles au niveau du 17p habituellement avant celles au niveau du 5q (qui
porte le locus APC)

Fréquence des mutations ( perte d’hétérozygotie) augmente drastiquement dans la
DHG et l’adk.


Expression anormale de la protéine p53 (immunohistochimie)
 5 à 9% des muqueuses spécialisées non dysplasiques
 16 à 18 % des DBG
 62 à 83 % des DHG(rétrospectivement)
Plusieurs études prospectives ont montré que la sensibilité et la spécificité de
l’immunomarquage p53 étaient entre 75 et 100% et 93 et 97% respectivement.
Kim R, Clarke MR; Melhem MF , et al. Dig Dis Sci 1997;42:2453-
62.Younes M, Ertan A ,Lechago LV, et al. Dig Dis Sci 1997;42:697701.
p16




Codée par le gène CDKN2 situé sur le bras court du chromosome 9(9p21)
inhibitrice des CDK(CDK4;CDK6):forme un complexe avec les cdk inhibe
phosphorylation de la prb (protéine du rétinoblastome)via les cdk empêche
entrée des cellules en phase S
Si mutée incapable d’inactiver la phosphorylation de prb entrée massive des
cellules en phase S
Altérations fréquentes du gène CDKN2A :
 hyperméthylation de son promoteur
 perte d’hétérozygotie du locus chromosomique9p21 et différentes mutations
du gène lui-même qui peuvent être
 Mutations détectables dans les cellules diploïdes avant le développement de
l’aneuploïdie donc apparition précoce au cours de la progression néoplasique
 corrélation positive et hautement significative avec la longueur du segment
d’EBO et la présence de lésions du gène p53.
apc
-Gène suppresseur de tumeur situé au niveau du bras long du
chromosome 5 locus 21.
-mutations retrouvées dans 60 à 80 % des adk
-Mais à la différence de p53 et de p16 mutations rarement
retrouvées dans les tissus précancéreux indiquant une
apparition tardive dans la progression néoplasique observée
dans la muqueuse de Barrett
PCNA ET KI67

PCNA ( proliferative cell nuclear antigen)
exprimé fortement par le cellules en phase S



Marqueur de prolifération ou de différenciation cellulaire

Contrôle le cycle cellulaire en se liant au cdkip21
KI67



exprimé uniquement par les cellules engagées dans le cycle cellulaire(phases
G1, G2, S et M)et pas par les cellules quiescentes.
Exposition séquentielle à l’acide  augmentation de la prolifération cellulaire par
expression de facteurs nucléolaires pro-mitotiques (PCNA, MAP kinases) induction
de la COX2 qui intervient dans l'augmentation de la prolifération.
Augmentation de l'index de prolifération parallèle à l'intensité des phénomènes
inflammatoires.
PLOIDIE


En CMF : quantité anormale d’ADN dans les tissus tumoraux :
ADN-aneuploïdes.
Étude prospective
 Muqueuse non dysplasique ou en DBG: absence d’adn
aneuploïdie et pas d’augmentation de la phase G2-M :
pas de cancer après cinq ans de surveillance. 28 % dans le
cas contraire.
 Augmentation de la phase G2-M, ADN aneuploïdie ou
DHG : risque respectif de cancer à 5 ans de 56% 43% et
59%
 Mais problèmes de reproductibilité inter laboratoire
importants
Reid BJ, Levine DS , Longton G, et al.AM Gastroenterol
2000;95:1669-76.
Cdx2




Gène homéotique
Exprimé de façon normale dans l’intestin grêle et le colon où il
est suppresseur de tumeur et où sa mutation est en cause dans
la carcinogenèse colique.
Surexpression ectopique de cdx2 dans la muqueuse de Barett
où il précède le début de la métaplasie
La bile active le promoteur de cdx2 via la voie NF-kB et
stimule la production de la protéine cdx2 par les kératinocytes
œsophagiens avec production de mucine de type intestinal
Muc2.
Gut 2006; 55:16-25.doi :1136
Egfr



Surexprimé durant la progression histologique de l’œsophage
de Barrett
Protéine membranaire exprimé au pole luminal de la
muqueuse oesophagienne;
pourrait constituer une clé pour le guidage des biopsies
pendant l’endoscopie (endomicroscopie confocale)
Cox 2



Augmentation de l’expression de Cox 2 au sein de la
muqueuse dysplasique et de l’adénocarcinome.
Les inhibiteurs de Cox 2 inhibent la synthèse de PGE2
entraînent l’apoptose et inhibent la prolifération des cellules
cancéreuses.
Rôle de Cox 2 dans l évolution de l’OB vers l’adk en cours
d’étude dans plusieurs modèles expérimentaux.
Facteurs environnementaux





Agression de l’épithélium par l’acide et la bile  mutations
génétiquesapparition des lésions dysplasiques
Exposition séquentielle à l’acide  augmentation de la prolifération
cellulaire par expression de facteurs nucléolaires pro
mitotiques(PCNA;MAP Kinases) expression de cox2 qui interviendrait
dans l’augmentation de la prolifération
Le reflux biliaire: métaplasie glandulaire  métaplasie intestinale
La présence de bile dans le liquide de reflux retrouvée chez plus de 2/3
des patients ayant un ebo.
Une partie des cellules qui tapissent l’ebo sont probablement issues des
glandes sous muqueuses de l’œsophage
Présence d’une métaplasie sur la muqueuse glandulaire indépendante de
l’infection par H.pylori (facteur plutôt protecteur)
Récapitulatif
évènements
gènes suppresseurs de
tumeur
p53
APC
Rb
Cell adhesion
E-cadherin
b catenin
Types de chgts
Utilité diagnostique
Mutations fréquentes DHG
et cancer
Perte de l’hétérozygotie
précoce et méthylation du
promoteur
Implication directe rare
++
Diminution de l’expression
dans le cancer
Diminution d’expression et
les chgts nucléaires
+/_
_
+/_
Récapitulatif
évènements
Types de changements
Utilité diagnostique
COX-2
Augmentation de
l’expression, résulats dans
aug de l’angiogenèse et la
baisse de l’apoptose
?
Telomerase
Aug de l’expression // à la _
dysplasie
DNA ploïdie
adn aneuploïde précoce
+
Bcl2/bax
Rupture d’équilibre
?
instabilité de microsatellites
Très rare dans les cancers
_
Surveillance



Pourquoi : à l’échelon individuel : diagnostic précoce de
l’adénocarcinome.
Pas d’intérêt à l’échelon de la population générale car :
 Défaut d’observance du protocole de surveillance
 Fréquence élevée des EBO asymptomatiques
Qui:
 Les
EBO longs et courts
 Patients potentiellement curables
 Age physiologique avancé : que si les 1ères biopsies sont
dysplasiques
Surveillance

Protocole biopsique :
 EBO
long circulaire : 4 biopsies(une par cadran) tous
les deux centimètres à partir de la jonction
oesocardiale. toutes les anomalies de relief ou de
couleur répertoriées et biopsiées.
 EBO
court < 3cm ou en languette : 4 biopsies (une par
cadran) par cm.
Surveillance
Résultats des biopsies
Recommandations
EBO non dysplasique
EBO court<3cm: endoscopie +biopsies tous
les 5 ans
EBO long>3cm,<6cm: endoscopie+biopsies
tous les 3ans
EBO long> 6cm: endoscopie+biopsies tous
les 2ans
Dysplasie de bas grade douteuse ou
probable
IPP double dose pendant 2 à 3 mois avant
nouvelle endoscopie+biopsies
Dysplasie de bas grade certaine
Endoscopie+biopsies tous les 6 mois(double
lecture anatomopathologique) la première
année puis tous les ans
SNFGE 2009
Surveillance
Résultats des biopsies
recommandations
Dysplasie de haut grade
IPP double dose pendant 1 à 2 mois avant
nouvelle endoscopie+protocole
planimétrique
Dysplasie de haut grade confirmée(double Bilan pré thérapeutique sous
lecture anatomopathologique)
anesthésie(endoscopie grossissante+acide
acétique ou bleu de méthylène et /ou NBI
ou FICE)
Protocole planimétrique+biopsies ciblées
Echoendoscopie si adénocarcinome
associé.
SNFGE 2009
Conclusion

Pathologie relativement peu fréquente.

Risque principal : adénocarcinome.

Le diagnostic de dysplasie est déterminant mais peu reproductible.

Carcinogenèse pas complètement élucidée

Marqueurs moléculaires en cours d’évaluation afin de mieux prédire le
risque d’évolution vers l’adénocarcinome.
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