Nedelec_Delires_Identite - Psychologie

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DELIRES D’IDENTITE
et TROUBLES D’IDENTIFICATION
DU Démences et syndromes apparentés.
Dr Claudine Nedelec
Neurologie CH La Rochelle
CMRR CHU Poitiers
PLAN du COURS
INTRODUCTION
I – ELEMENTS DE NEUROPSYCHOLOGIE COGNITIVE
II – LES DELIRES D’IDENTITE
Approche médicale , cognitive et psychopathologique
III – TROUBLES D’IDENTIFICATION ET DELIRES D’IDENTITE
DANS LES DEMENCES .
CONCLUSION
INTRODUCTION
• Domaine aux confins de la neurologie et de la psychiatrie.
• Description initiale chez des malades mentaux ,plus tard dans les
affections organiques du SNC .
• Def du délire : fausse croyance reposant sur une interprétation erronée
de la réalité extérieure et soutenue en dépit de l’évidence .
• Classification DSM IV des Délires:
D. d’identité ou « misidentification delusions »
D. de persécution et préjudice
D. de grandeur
D. de jalousie
• Démences : les délires d’identité sont indissociables des troubles
d’identification.
I- Elements de neuropsychologie cognitive.
• A- TERMINOLOGIE- DEFINITIONS
Délire – Reconnaissance – Identification .
• B - La PERCEPTION
• C - La PROSOPAGNOSIE
- les différents modèles cognitifs
- les dernières notions
- les différents niveaux d’atteinte
I-A- TERMINOLOGIE - DEFINITIONS
PERCEPTION : moyen de reconnaissance du monde environnant et des
autres individus , étape fondamentale à toute vie relationnelle .
RECONNAISSANCE des PERSONNES : correspond au sentiment de déjà
vu ; une personne connue est effectivement considérée comme telle .
IDENTIFICATION : accès aux infos sémantiques et /ou nominales
spécifiques au stimulus reconnu ( 1 personne , 1 lieu , 1 objet ).
AGNOSIE : ensemble des troubles de reconnaissance et d’identification des
stimuli perceptifs .Plusieurs formes selon la modalité sensorielle affectée
( vision , audition , tact ).L’agnosie peut être plurimodale si elle affecte
l’identification à partir de différentes modalités de stimuli perceptif .
I – B- La PERCEPTION
(Bonnet – Ed De Boeck )
•
•
Les différentes approches de la perception
- neuroscientifique : en terme de processus neurophysiologiques et
neurobiologique.
- approche en psychologie cognitive où le système perceptif est
appréhendé comme un traitement de l’information .
La perception comme traitement de l’information
- la connaissance perceptive du monde résulte d’un ensemble de
traitements des infos sensorielles issues de l’environnement . Ces infos sont
interprétées au moyen de représentations cognitives et des connaissances
antérieures .
SCHEMA des GRANDES ETAPES du TRAITEMENT
de l’INFORMATION PERCEPTIVE ( Bonnet – 1989 )
Représentations
structurales
sémantiques
Stimulus
Traitements
sensoriels
Tts pré-attentifs
Automatiques
Structuration
lexicales
groupements
ttts globaux
identif.
du référent
Décision
Réponse
I- C- La PROSOPAGNOSIE
•
•
Dans la reconnaissance et l’identification des personnes qui est au centre
de l’étude des délires d’identité, la reconnaissance du visage occupe une
place primordiale, en tout cas la mieux étudiée.
La prosopagnosie : tb de la reconnaissance des visages , se manifeste par
l’impossibilité d’identifier un visage connu et d’éprouver un sentiment de
familiarité devant un visage familier , célèbre ou son propre visage .
La reconnaissance est possible par d’autres renseignements : voix ,
démarche , vêtements , …
Elle peut être isolée ou s’intégrer dans une agnosie visuelle.
Siège des lésions responsables : temporo-occipital bilatérales ou
unilatérales.
Modèle cognitif de la reconnaissance des visages
( Bruce et Young 1986 , Hodges 1994 )
VISAGE
Analyse visuelle
Encodage structural
Analyse
Lecture
Expressions
lèvres
TTT visuel dirigé
Unités de Reconnaissance
spécifiques des Visages
Prosopagnosie
Voix , lunettes, etc
Système sémantique
Nœuds d’identité des personnes
( connaissance )
Lexique des noms
Production des noms
Analyse du modèle .Applications à la pathologie .
1- analyse visuelle perceptive
2- identification du visage par les Unités de Reconnaissance Spécifiques,
stock mémorisé de visages connus .
3- accès aux Nœuds d’Identité des Personnes
4- reliés à la Mémoire Sémantique Générale et aux autres informations.
•
•
•
•
Prosopagnosie : trouble au niveau des Unités de Reconnaissance ( 2)
Délire d’identité ( Syndrome de Capgras ) : trouble en aval des Unités de
Reconnaissance ( reconnaissance + ) , trouble d’accès aux Nœuds
d’Identité ( identification incomplète ).( 3)
Démence Sémantique (4) : perte du savoir sur la personne
Amnésie hippocampique : préservation de la reconnaissance des personnes
anciennement connues
Etude Clinique des prosopagnosies
Superposable à celle des Agnosies Visuelles
• P. perceptive
• P. associative : trouble de l’ accès au ttt sémantique
• P. sémantique : tb du ttt sémantique
Pour De Renzi , 2 niveaux :- perceptif
- d’intégration
Pas d’atteinte élective démontrable des différents modules ( Bruce et Young )
Hypothèse : interaction entre niveau perceptif et niveau sémantique
pour reconnaissance et sentiment de familiarité conjoints .
D’ où proposition de modification du modèle par Poncet et
Ferreira,puis Bruyer ( 1991) .
Evaluation de la Prosopagnosie
•
Niveau PERCEPTIF : - décision de visages
- test de figures de Mooney ( 1960)
- identif. de l’âge, du sexe, des émotions
- appariement de visages
•
FAMILIARITE : catégoriser photos visages connus et in connus.
•
Niveau SEMANTIQUE : - catégorisation
- évocation d’infos à partir des photos et du nom.
•
Traitement IMPLICITE : - réponse électro-dermale lors d’une
présentation de visage
- apprentissage implicite d’un visage déjà
présenté
II- TROUBLES D’IDENTIFICATION et DELIRES
D’IDENTITE
•
A – HISTORIQUE ET DESCRIPTION
Syndrome de CAPGRAS
•
B – Approche ANATOMO-FONCTIONNELLE
•
C – Approche COGNITIVE
•
D – Approche PSYCHOPATHOLOGIQUE
•
E - ETIOLOGIES
II A – DESCRIPTION et HISTORIQUE
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•
1923 – Description par Capgras et Reboul-Lachaux de « l’illusion des
sosies » chez une malade mentale atteinte de délire chronique systématisé.
Une personne provhe est reconnue physiquement et pas
psychologiquement.
Devient en 1929 le Syndrome de Capgras,chef de file des délires d’identité
des personnes .
1927 – Syndome de Fregoli ( Courbon et Fail )
1932 – Délire d’intermétamorphoses ( Courbon et Tusques )
Observation des délires d’identité dans les affections organiques
1989 – Description du groupe syndromique « Delusional
Misidentifications » qui regroupe de façon variable selon les auteurs :
- delires d’identité
- troubles d’identification simples
- fausses reconnaissances
- les conduites agressives envers les proches sans délire verbalisé
Autres délires d’identité : lieux ,objets
II B – APPROCHE ANATOMO-FONCTIONNELLE
•
•
•
1960 - Ières descriptions de Capgras d’origine organique
Observations de lésions de l’hémisphère D +++
de siège frontal , temporal , temporo-occipital , limbique .
L’imagerie ( des démences en particulier ) démontre dans certaines études
une atteinte ou un dysfonctionnement frontal D (Sansone )
Référence au modèle anatomo-fonctionnel de la
reconnaissance des visages ( Ellis et Young)
Hypothèse d’un double système anatomique visuo-limbique 1/2sphérique D.
Voie dorsale
pariéto-frontale
Voie ventrale
temporo-frontale
Capgras
Prosopagnosie
reconnaissance
émotionnelle
reconnaissance
formelle
Mais
- la prosopagnosie réalise un déficit constant par agnosie uni modale
- Le S. de Capgras est un trouble transitoire par agnosie supramodale
II B – Approche COGNITIVE du Syndrome de CAPGRAS
•
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Interprétation délirante d’une perception normale.
Intrication d’un trouble cognitif et d’un trouble psychiatrique
Niveau cognitif : 2 phénomènes
- reconnaissance formelle du visage + au niveau peceptif
- identification partielle au niveau suivant , en raison de la perte du
sentiment de familiarité
Composante psychodynamique : émergence d’une croyance délirante.
Hypothèses cognitives
- prosopagnosie infraclinique due à une perception par détails
(Luauté1986)
- dissociation entre la conservation de la reconnaissance et le déficit
partiel de l’accès à l’identité(Bruce et Young) du à une perte du
sentiment de familiarité par dysfonctionnement de la voie dorsale d’Ellis
et Young.
- pour Sansone (1998), à partir de l’imagerie morpho. et fonct. ,il s’agirait
d’un trouble décisionnel frontal par mauvaise intégration des infos
émotionnelles liées au visage .
II C – Approche PSYCHOPATHOLOGIQUE
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•
•
•
Tous les délires ont 2 composantes :
- une étape perceptive ou cognitive
- une étape de décision erronée influencée par les facteurs psycho-affectifs
Pour Capgras et Reboul-Lachaux : le D. d’identité émanerait d’un trouble
du jugement affectif et d’un conflit entre le sentiment de familiarité et celui
d’étrangeté.
Autres hypothèses psychodynamiques : phénomène de déréalisation ( perte
de familiarité avec le monde extérieur).
Pour Ellis et Luauté :survenue préférentielle des D. d’identité sur certaines
personnalités à caractère paranoïaque chez qui l’environnement et les
proches sont rattachés à l’intégrité de l’individu par extension du moi.
II D –ETIOLOGIES des DELIRES D’IDENTITE
•
Maladies mentales : - schizophrénie paranoïde +++
- psychoses affectives
•
Atteintes Cérébrales Organiques dans 25 à 40% cas
- épilepsie
- TC
- M. Alzheimer , D. vasculaires
- T. hypophysaires
- pathologies médicales diverses
- infectieuses
- métaboliques
- intoxications
- hypothyroïdie
III – Délires d’identité, troubles d’identification et Démences
•
•
•
A – Etude générale des Délires dans la Maladie d’Alzheimer
1 – Epidémiologie
2 – Clinique
3 – Physiopathologie et imagerie
B – Place des troubles d’identification et Délires d’Identité
1 – Nosologie
2 – Particularités cliniques
3 – Paraclinique
C – Prise en charge
1 – Etude du retentissement
2 – Prise en charge
III A – Etude générale des Délires
dans la maladie d’Alzheimer
•
•
La charge et la souffrance des aidants provient davantage des troubles
psycho-comportementaux que des troubles cognitifs
Délires = tb psycho-comportemental perturbateur .
III A 1 EPIDEMIOLOGIE
Fréquence selon les études 10 à 73 % , 35% en moyenne
S. De CAPGRAS : Syndrome délirant le + fréquent 15 à 30 %
Etude de BURNS 1990. 178 cas Alzheimer
Ordre de fréquence 1 D. de péjudice
2 D. de persécution
3 D. dits complexes dont les D. d’identité ( 6 cas )
III A 2 -CLINIQUE
•
Contenu du Délire:
Préjudice ou vol , infidélité , identité , rarement D.mystique ou de grandeur.
Fantôme ou signe de l’image (TV) : délire ou perception erronée ?
• Classification des Délires dans les Démences par CUMMINGS (1985)
- Délires de persécution simples
- Délires de grandeur
- Délires associés à des déficits neurologiques et neuropsychologiques
spécifiques ( agnosie,…) comme les D. d’Identité
•
•
Survenue à n’importe quel stade ,le plus souvent intermédiaire
Pour Rosen et Zubenko (1991) : survenue dans les Démences modérées à
sévères,déclin + rapide ; atteinte + sévère de l’orientation et de la
dénomination , agressivité .
III A 3 - PHYSIOPATHOLOGIE
•
Facteurs favorisant l’émergence de troubles psychotiques dans les
Démences :
- biochimiques
- neuroanatomiques
- psychologiques
- environnementaux
•
Données de l’imagerie fonctionnelle dans les Démences avec délires
- hypométabolisme frontal
- hypométabolisme temporal ( Starkstein 1994 )
•
Données neuropathologiques concernant les Délires d’identité
- moindre atrophie
- perte préférentielle des neurones CA1 de l’hippocampe .( Fôrstl 1994)
- DNF + importante au niveau du cortex frontal et plaques séniles au
niveau du subiculum .
III A 3 - Physiopathologie
•
Perspective Neurologique
Modèle neurobiologique de CUMMINGS :
2 régions seraient impliquées dans les Délires : noyaux caudés , lobes
temporaux ( système limbique ) .
Le système limbique intervient ds l’état d’éveil et la surveillance de
l’environnement.
Sur le plan neurobiochimique : le déséquilibre dopa / ac choline de la
Démence favoriserait l’émergence du délire .
•
Perspective Environnementale
Les troubles cognitifs rendent plus vulnérables à l’environnement et les
réactions émotionnelles aux stress différent selon la personnalité .
III B Troubles d’Identification et Délires d’Identité dans
les Démences
1 - Nosologie
Dans les démences , les délires d’identité sont rapprochés des troubles
d’identification : « misidentifications syndroms » ( Ellis 1994 ).
Place de ces syndromes ds la revue des troubles psychocomportementaux de
la Démence par Lebert et Pasquier ( 1999).
- délires liés aux troubles de l’identification , sous-tendus par un trouble
de perception visuelle , proches des hallucinations . 4 types pour Burns
1- le phénomène du fantôme
2- les troubles de la reconnaissance dans le miroir
3- les troubles d’idenrification des personnes
4- le syndrome de la TV
- des troubles sont plus complexes , qui correspondent aux Délires
d’identité proprement dits tels qu’ils ont été décrits initialement .
III B 2 -Etudes Cliniques des D. Id et Troubles
d’identification dans la Maladie d’Alzheimer
• Approches diverses
- abord en considérant les délires d’identité au sein de l’ensemble
des délires
- abord en considérant l’ensemble syndromique des troubles
d’identification ,déllires d’identité compris ; en raison d’un support
commun cognitif ( agnosie , amnésie ).
Le S. de Capgras est parfois élargi aux erreurs d’identification des
proches
• Les études ne concernent que les tb d’identification des personnes.
• Prévalence des troubles : 5 à 31% !
Etudes Cliniques ( suite 1 )
•
•
Mendez (1992) :étude rétrospective des tb d’identification ds la MA
Distingue 4 types de troubles d’identification (Fqce : 25,4 %):
- la prosopagnosie ( 1,4% )
- les tb de reconnaissance de l’image du Miroir ( 2,3% )
- le Synd de Capgras ( 5% )
- les tb d’identification sporadiques et transitoires en rapport avec les tb
perceptifs et mnésiques et dc corrélés à l’atteinte cognitive . ( 15% )
Nagaratnam ( 2003 ) reprend la classif . de Burns ( 1996 ) et Förstl ( 1991)
Prévalence de l’ensemble des troubles : 35%
- s. de type Capgras et tb d’identif. des personnes( 14% )
- s. du fantôme ( 17% )
- Tb identif des personnes
- s. du Miroir et s. de la TV ( 3% )
Etudes Cliniques ( suite 2 )
Etudes de Förstl ( 1994 ) D. Id ds la MA modérée à sévère
•
Prévalence des tb d’identif des personnes y compris S. de Capgras
30%
•
Corrélations cliniques :
- prédom féminine
- fqce des hallus associées
- pas de relation avec la durée de la maladie et l’atteinte cognitive.
•
Corrélations paracliniques
- TDM : atrophie frontale D prédominante
- EEG : anomalies lentes hémisph D
•
Hypothèses pathogéniques
= atteinte des systèmes relatifs à la mémoire et à la reconnaissance
alors que les systèmes de langage ne st pas impliqués directement.
III C - PRISE EN CHARGE
•
1 – Retentissement sur l’aidant
Importance de l’écoute et de la recherche systématique de ces troubles,
comme d’ailleurs l’ensemble des SPCD .
Ce type de symptôme entraîne pour les proches épuisement , isolement ,
stress et pour les patients un risque de maltraitance .
Moyens d’évaluation objective de la souffrance de l’aidant :
- échelle de Zaritt
- version abrégée : « mini-fardeau »
•
2 – Prise en charge médicamenteuse
cf tt des troubles psychotiques .
CONCLUSION
•
•
•
•
Intérêt théorique de l’étude des troubles d’identification et des délires
d’identité , aux confins de la neurologie ,de la psychologie cognitive et de
la psychiatrie , ouvrant la voie à la neuropsychiatrie cognitive .
Aborde le domaine de la reconnaissance des personnes et de la
prosopagnosie dont les modèles théoriques restent incomplétement
vérifiés.
Renouveau d’intétêt dans le cadre des Démences organiques et de la M.
d’Alzheimer en particulier .L’étude y est particulièrement complexe en
raison du caractère composite et variable des troubles dans ces
pathologies .
Intérêt futur des techniques d’imagerie fonctionnelle couplées à une
analyse neurocognitive de plus en plus fine .L’étude des troubles
d’identification d’origine organique permettra une meilleure
compréhension des systèmes anatomiques impliqués , de leur
fonctionnement et de leur implication dans les modèles cognitifs .
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