Les délires chroniques non schizophréniques
Plan :
I) Intro
II) Délires paranoïaques
III) Psychoses hallucinatoires chroniques
IV) Paraphrénies
I) Introduction
Les délires chroniques non schizophréniques :
- absence de dissociation
- absence d’évolution déficitaire
- âge de survenue tardif (après 35 ans)
- évolution chronique sans traitement contrastant parfois avec un maintien prolongé de
l’intégration sociale
Délires paranoïaques = prédominance des interprétations
Psychoses hallucinatoires chroniques (PHC) = prédominance des hallucinations
Paraphrénies = prédominance de l’imagination
Diagnostics différentiels : schizophrénie, bouffée délirante aiguë, trouble thymique, délire
chronique du sujet âgé, affection organique.
II) Les délires paranoïaques
1) Définition
para = à côté noia = penser
- délire chronique
- thème de persécution
- mécanisme interprétatif
- forte systématisation : délire cohérent
- adhésion totale
- participation affective
- réticence à communiquer son délire
- aucun élément dissociatif
- pas de maladie organique
La personnalité paranoïaque est sous-jacente, constante. Elle se définit par :
1) la surestimation pathologique de soi-même ( souffrance, inadaptation au milieu)
2) la méfiance extrême à l’égard des autres
3) la susceptibilité démesurée
4) la fausseté du jugement
Il existe 3 formes de délire paranoïaque :
- délire passionnel : érotomanie, délire de jalousie, délire de revendication
- délire d’interprétation
- délire de relation des sensitifs
2) Les délires passionnels
Il existe 3 formes de délires passionnels :
- les délires de jalousie
- l’érotomanie
- les délires de revendication
Ils se définissent par :
- un enrichissement secondaire
- débutant par une interprétation ou par une intuition délirante
- une forte participation affective pouvant être à l’origine de passages à l’acte
- les délires passionnels ont une construction dite « en secteur »
a) Délire de jalousie
Se définit par :
- une transformation de la situation amoureuse en triangulation, càd avec une insertion
imaginaire d’une 3e personne, type amant de la femme.
- le patient est persuadé d’être trompé
- mécanisme intuitif puis interprétatif
- une structure de type délire systématisé constitué de faisceaux de pseudo-preuves et de
faux souvenirs, d’interprétations d’illusion et d’intuition
- ♂, 40 ans, alcool
b) Erotomanie
C’est l’illusion délirante d’être aimé. L’intuition délirante est un postulat fondamental.
Touche les femmes.
L’objet tient souvent une position sociale élevée et enviée.
L’évolution se fait en 3 stades successifs : espoir dépit rancune. Les actes auto et
hétéro-agressifs sont à craindre au cours des 2 derniers stades.
c) Délire de revendication
Pas de prise de conscience du trouble.
Ce type de délire regroupe les inventeurs méconnus, les quérulents processifs, les idéalistes
passionnés, les hypochondriaques et la sinistrose délirante.
3) Lé délire d’interprétation
= délire de Sérieux et de Capgras.
C’est une personnalité pathologique de type paranoïaque.
Les mécanismes mis en place sont des mécanismes d’interprétation, de pseudo-preuves,
d’intuition.
Thématiques : persécution, préjudice, mégalomanie.
Tous les sujets de la vie du sujet sont envahis = structure en réseau.
Adhésion totale, participation affective variable.
Haute estime de soi, pas de remise en question.
La phase la plus virulente entraîne l’hospitalisation d’office en raison des risques suicidaires.
4) Délire de relation des sensitifs
= délire de Kretschmer.
C’est une personnalité pré-morbide de type sensitive.
Thématiques : persécution, préjudice, mépris, atteinte des valeurs morales.
Peu de systématisation, le délire ne s’étend pas = structure en secteur.
Pas d’hyper-estime de soi ni de quérulence, mais orgueil, sens des valeurs et de la morale,
vulnérabilité et tendance à intérioriser douloureusement les échecs relationnels et affectifs
qu’elles rencontrent puisque le délire émerge dans les suites de déceptions.
Interprétation délirantes et intuitions.
5) Prise en charge
Complications de ces délires chroniques :
- risque hétéro-agressif
- usage de toxiques (alcool)
- retentissement socio-professionnel
- dépression, conduites suicidaires
Traitement difficile car le patient se considère comme malade et non victime.
Médicaments : neuroleptiques sédatifs à court terme, neuroleptiques atypiques en traitement
de fond, avec antidépresseurs et anxiolytiques.
Soins ambulatoires, hospitalisation rare si dépression ou dangerosité du patient mais d’office
si danger imminent pour la sûreté des personnes.
Psychothérapies : distance, climat de confiance, pas d’affront vis-à-vis du patient.
Mesures sociales : affectation longue durée (ALD), possible allocation adulte handicapé
(AAH).
III) Psychoses hallucinatoires chroniques
1) Définition
♀, âge mur, isolement social, début brutal ou progressif.
Se définit par :
- automatisme mental avec anticipation de sa pensée puis apparition du syndrome
d’influence
- mécanismes hallucinatoires
- thèmes : persécution, sexuels, mystiques, d’influence
- non systématisé
- vécu passif du délire
- évolution chronique
- enkystement du délire
- appauvrissement de la vie sociale ou affective
2) Prise en charge
Traitement : confiance, le patient doit accepter les soins, hospitalisation si décompensation
mais rare, neuroleptiques atypiques à faible posologie. Le délire peut régresser ou persister en
s’atténuant.
Mesures sociales.
Attention aux diagnostics différentiels.
Thérapies de soutien et thérapies cognitives.
IV) Paraphrénies
♂, pathologie rare, évolution chronique, âge mûr, début progressif, troubles du comportement,
bizarreries, troubles affectifs.
Se définit par :
- mécanisme imaginatif
- thèmes : fantastique et mystique, de filiation
- adhésion majeure
- non systématisé
- pensée normale, fonctions intellectuelles préservées
- évolution chronique intermittente, enkystement
- maintien de l’insertion professionnelle et affective
2 types de paraphrénies :
- confabulante : mécanisme imaginatif exclusif, délire de filiation ou mégalomaniaque
- fantastique : association de mécanismes hallucinatoires, thèmes fantastiques,
mystiques, science-fiction.
Traitement : peu sensible aux neuroleptiques.
Mesures sociales.
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