UNE PRATIQUE QUI COMPORTE AUSSI SES ALÉAS UNE

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LA RÉDUCTION EMBRYONNAIRE: UN ALÉA
THÉRAPEUTIQUE DES TRAITEMENTS DE L’INFERTILITÉ OU
UNE DÉRIVE DE LA PRATIQUE MÉDICALE?
ÉDITH DELEURY
Professeure émérite et professeure associée
Faculté de droit, Université Laval
VINGT ANS APRÈS L’ARRÊT MORGENTALER: OÙ EN SOMMES NOUS?
PERSPECTIVES ÉTHIQUES ET SOCIALES AUTOUR DE L’IVG
INRS- Montréal
3 Février 2010
LA RÉDUCTION EMBRYONNAIRE: UN ALÉA
THÉRAPEUTIQUE DES TRAITEMENTS DE L’INFERTILITÉ OU
UNE DÉRIVE DE LA PRATIQUE MÉDICALE?
PLAN DE LA PRÉSENTATION
• UNE PRATIQUE QUI PARTICIPE DE LA LOGIQUE DU
MOINDRE MAL
• POUR QUELS MOTIFS?
• UNE PRATIQUE QUI COMPORTE AUSSI SES ALÉAS
• UNE PRATIQUE QUI INTERPELLE
UNE TECHNIQUE QUI PARTICIPE DE LA LOGIQUE
DU MOINDRE MAL
• Éliminer un ou plusieurs embryons sains pour
éviter les complications liées aux grossesses
multiples :
- risques de perte fœtale
- risques liés à la prématurité
- risques de complications maternelles, sans
compter les conséquences psychologiques et
sociales pour la femme et pour le couple
UNE TECHNIQUE QUI PARTICIPE DE LA LOGIQUE
DU MOINDRE MAL
LES INDICATIONS*
• Des indications médicales indiscutables dans
les cas de grossesses quadruples ou plus
• Des arguments plus flous au plan médical dans
les cas des grossesses triples
• Des indications d’ordre purement familial ou
social dans le cas des grossesses gémellaires
* L. Sentilhes, F. Audibert, M. Dommergues, P. Descamps, R Frydman et D. MahieuCaputo, « Réduction embryonnaire: indications, techniques, impact
psychologique », Presse Med 2008, 37, 295-306
LES MODES OPÉRATOIRES ET LEURS
ALÉAS:
Les techniques utilisées
- LA RÉDUCTION PAR VOIE TRANSABDOMINALE
LA PLUS COURANTE (10-12 SEMAINES D’AMÉNORRHÉE)
- LA RÉDUCTION PAR VOIE TRANSVAGINALE
(8 SEMAINES D’AMÉNORRHÉE)
– Pratiquées sous guidage échographique ou endovaginal
– Précédées et suivie d’une échographie dans les 2 cas
– Consistent à introduire une aiguille dans le thorax
embryonnaire,
si possible dans le cœur, puis à ponctionner le ou les embryons
préalablement sélectionnés
– Utilisation de chlorure de potassium dans la cavité cardiaque
ou dans le thorax jusqu’à ce que l’activité cardiaque s’arrête
UNE PRATIQUE QUI COMPORTE AUSSI SES
ALÉAS
LES RISQUES
• Risque de fausse couche spontanée avant la 20e ou la
24e semaine de grossesse
• Dans les cas de réduction de 3 à 2 embryons, risque que
l’un des deux « jumeaux » restant décède
• Risque d’échec de la réduction embryonnaire et risque
de survie de l’embryon « sélectionné »
• Risque de prématurité
• Risques d’ordre psychologique pour la future mère et
son conjoint
UNE PRATIQUE QUI INTERPELLE
UNE PRATIQUE QUI PRÉSENTE DES POINTS COMMUNS AVEC
L’AVORTEMENT
• La réduction embryonnaire et l’IVG, interpellent les mêmes
valeurs:
- respect de la vie humaine
- autonomie
- santé
• Au plan juridique, la réduction embryonnaire, comme l’IVG
renvoie à l’exercice par la femme, en tant que personne – un statut
que ne possède pas l’embryon - de droits fondamentaux :
- droit à vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne
- droit à l’égalité
UNE PRATIQUE QUI, AU PLAN DE L’ ÉTHIQUE,
SOULÈVE DES ENJEUX D’UN ORDRE DIFFÉRENT
•
Une interruption de grossesse sélective, et une
grossesse qui se poursuit différemment
• Une grossesse désirée initialement et, plus souvent
qu’autrement, initiée par le corps médical
• Une demande qui ne participe plus ici, de l’ordre du
qualitatif (« je ne veux pas ou je ne peux pas avoir
d’enfant dans ces circonstances »), mais du quantitatif
(je ne peux pas prendre en charge autant d’enfants)
• Une pratique qui s’inscrit dans la mouvance de la
médicalisation de l’engendrement, et de son abandon
aux dictats de la techno-science
UNE PRATIQUE QUI INTERPELLE
• Une procédure qui tend à être banalisée, alors qu’elle
devrait être balisée
• Une procédure qui se présente comme une pratique de
routine (« s’il y en a trop, on réduira ») et un moyen de
prévention des grossesses multiples
• Une problématique qui devrait inciter à la prudence
dans le traitement de l’infertilité
• Une problématique qui devrait conduire à repenser et à
encadrer les pratiques cliniques: - utilisation des
inducteurs de l’ovulation; nombre d’embryons
transférés; traitement de l’infertilité masculine…
UNE PRATIQUE QUI INTERPELLE
QUELQUES DONNÉES STASTISTIQUES EN GUISE
DE CONCLUSION
• Plus de 50% des nouveaux nés conçus grâce
aux technologies de la reproduction sont le
produit de grossesses multiples
• 25% des grossesses induites par la FIV sont des
grossesses gémellaires et 5% des grossesses
triples
• Le traitement de l’infertilité masculine est
associé à une élévation du risque d’environ
50% en ce qui a trait aux grossesses multiples
MERCI DE VOTRE ATTENTION ET MERCI
AUX ORGANISATRICES DE CET
ÉVÈNEMENT POUR M’AVOIR INVITÉE À
PARTICIPER AVEC VOUS MES RÉFLEXIONS
SUR CE THÈME
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