Pdf conférence la reproduction humaine

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Conférence
Mardi 5 janvier à 18h au Théâtre de l’Hôtel de Ville
La reproduction humaine : possibilités et frontières éthiques
Par le Professeur René Frydman
Université Paris-Sud, Clamart, F-92140 ; AP-HP, Service de Gynécologie-Obstétrique et Médecine de la Reproduction, Hôpital Antoine
Béclère, Clamart, F-92141
Le progrès médical dans le domaine de la reproduction n’a été possible que par l’existence de découvertes scientifiques
parallèles.
C’est en particulier l’essor de la génétique, de l'imagerie médicale, de l'hormonologie, des études sur la reproduction chez
l'animal qui ont pu être appliqués dans notre domaine particulier, mais, c'est aussi un phénomène de société qui a voulu
faciliter, encourager les couples infertiles en quête d’enfants.
Le domaine de la reproduction humaine a été un des secteurs extrêmement prolifique.
L'inéluctable n'est plus inéluctable. Tout a été rendu possible ou presque. L'espoir d'avoir des enfants est devenu possible
pour des couples jusque là sans espoir.
Une meilleure compréhension de l'ovulation, une meilleure compréhension de la spermatogenèse, l'apparition des différentes
hormones (les gonadotrophines, les analogues du GnRH dans leur version agoniste ou antagoniste, le traitement de
l'hyperprolactinémie) ont permis une meilleure approche de l'ovulation et donc le développement des techniques de
fécondation in vitro.
Les premières recherches chez l'animal remontent à plus d'un siècle mais il a fallu attendre la persévérance et l'opiniâtreté du
biologiste Robert Edwards pour aboutir après treize ans de travail à la naissance de Louise Brown qui a impulsé dans le
monde entier de nouvelles possibilités thérapeutiques pour le traitement de l'infertilité.
Le
traitement de l'infertilité masculine par la dépose d'un spermatozoïde sous la zone pellucide puis bientôt
intracytoplasmique dans les années 1990 et enfin le diagnostic génétique préimplantatoire qui permet d’analyser
génétiquement une cellule embryonnaire afin de décider quels embryons seront transférés dans le but d'éviter l'implantation
d'embryons porteurs d'anomalies génétiques.
Tout dernièrement, la Maturation In Vitro (MIV) qui permet de recueillir des ovules sans stimulation et de les maturer in
vitro, et permet de donner un espoir aux femmes qui présentent des ovaires polykystiques.
Nous sommes à l’aube de nouvelles connaissances concernant le développement de l’œuf humain, et, par la même d’une
meilleure compréhension des anomalies de ce développement.
Un des enjeux est la maîtrise de la différenciation cellulaire à partir de cellules souches.
Comment se fait-il qu’une cellule souche puisse, les unes donner des cellules musculaires, les autres des cellules nerveuses,
les autres des cellules sanguines ?
Cette connaissance qui sera peut être à la base d’une nouvelle révolution médicale (la thérapie cellulaire : c’est-à-dire le
traitement des maladies par l’administration de cellules visant à remplacer non pas l’organe, mais les cellules malades de
l’organe atteint).
Le clonage scientifique c’est-à-dire, la possibilité à partir d’un noyau d’une cellule adulte d’obtenir par insertion dans un
ovule des cellules embryonnaires en vu leur constitution et éventuellement de leur utilisation thérapeutique, si cela reste un
lointain objectif, cette phase ultérieure est précédée par la compréhension des mécanismes de recombinaison génétique qui
fait qu’un noyau adulte peut retrouver un développement embryonnaire. Les mécanismes qui font qu’une cellule devient
anarchique c’est-à-dire cancéreuse est sans doute lisible dans cette approche puisque c’est de ce dérèglement qu’il s’agit
lorsque l’on parle d’envahissement cellulaire dû aux phénomènes cancéreux. D’autres connaissances qui régissent la
programmation et le développement à cette échelle seront sur le plan cognitif extrêmement importants.
Il est rare qu'une spécialité médicale ait en son sein une telle richesse, une telle interférence entre sa pratique et des questions
fondamentales philosophiques et éthiques que se pose la société.
Faut-il répondre aux demandes, de femmes seules, de couples homosexuels, de femmes après la ménopause ?
Qu’en est-il du choix du sexe de l’enfant ? De la pratique des mères porteuses ? De l’utérus artificiel ? De la création in vitro
de spermatozoïdes et d’ovule.
Doit-on répondre à toute demande, si la réponse est possible, la liberté de chacun est-elle sans limite ?
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