Chirurgie du cancer du bas rectum : vers une conservation du

57
••••••••
10%damputation abdomino-périnéale
dans le traitement chirurgicaldu cancer
rectal.
Introduction
Après laguérison de lamaladie,la
préservation de lafonction anale
sphinctérienne est le principalobjectif
des patients traités pour uncancer du
rectum. Une meilleureconnaissance
de l’histoirenaturelle du cancer rectal
et l’apparition de nouvelles techniques
chirurgicales ont conduit les chirur-
giens àproposer davantage de conser-
vation sphinctérienne. Lagrafage
canique[1]et la technique
de l’anastomosecolo-anale trans-
anale [2]ont permis dans les années
1980 d’étendrelapréservation sphinc-
térienne aux cancers du moyen
rectum. Dans les années 1990,ce sont
les traitements néoadjuvants qui
ontpoussé vers une conservation
sphinctérienne pour des tumeurs du
bas rectum. Ledébut desannées
2000 pousseles limites de laconser-
vation sphinctérienne encoreplus loin
Chirurgie du cancer
du bas rectum:
vers une conservation
du sphincter
du fait de nouvelles techniques chi-
rurgicales et de nouveaux concepts
trapeutiques.
Evolution du concept de
chirurgie sphinctérienne
conservatrice
La résection antérieurebasse
conventionnelle
Lebas rectumest défini comme le tiers
inférieur du rectum,c’est-à-direen
dessous de 5-6 cmdelamarge anale
ou àmoins de 2 cmdu bord surieur
de l’anneau sphinctérien. Une résec-
tion antérieurebasseconventionnelle
associe une exérèse totale du so-
rectumavec une conservation sphinc-
térienne. La préservation sphincté-
rienne sefait techniquement par une
anastomoseditecolo-rectale basse
caniquepar voie exclusivement
abdominale ou par une anastomose
Résu
La résection antérieurebasseconven-
tionnelle avecanastomosecolo-anale
caniqueou manuelle est une alter-
nativeàl’amputation abdomino-péri-
ale dans les cancers du bas rectum.
La techniquede résection inter-
sphinctérienne,quiinclut l’ablation
du sphincter interne,permet une
conservation sphinctérienne pour les
tumeurs rectales juxtaet intracana-
laires.Les traitements néoadjuvants
facilitent lachirurgie conservatricepar
l’induction d’undown-staging. Les ré-
sultats oncologiques de l’anastomose
colo-anale conventionnelle et de la
résection inter-phinctérienne sont si-
milaires àceux de l’amputation abdo-
mino-périnéale,en termes de survie et
de contrôle local. Les limites de lachi-
rurgie conservatrice sont fonctionnelles
plutôt qu’oncologiques.La recons-
truction rectale par l’utilisation d’un
réservoir coliquediminueles troubles
fonctionnels après anastomosecolo-
anale. L’évolution de la scialisation
et le développement des techniques
chirurgicales oriente vers un taux de
E.RULLIER
(Bordeaux)
Tirés àpart :EricRullier,ServicedeChirurgie Digestive,HôpitalSaint-André–
33000 Bordeaux.
de préserver lafonctionnaturelle de
ladéfécation. Les indications de laRIS
sont les tumeurs situées àmoins de
1ou 2 cmdu sphincter anal,c’est-à-
direles tumeurs àmoins de 4ou 5cm
de lamarge anale. Les tumeurs posées
sur le sphincter analou envahissant
le sphincter analinterne sont doncdes
indications de RIS.Les seules contre-
indications sont l’infiltration du
sphincter analexterne. La technique
de RIS s’est veloppée en Europe
[10-13]et plus récemment en Asie
[14-15].Ainsi,l’exérèsedune partie
du sphincter interne permet une marge
distale saine dans tous les cas [16]et
le facteur cisionnel pour le type de
chirurgie,conservatriceou non,ne dé-
pend pas de lahauteur tumorale mais
de l’infiltration ou non du sphincter
externe. Leconcept de marge distale est
donc remplacépar celuidemarge
circonférentielle.
Au cours de ladernièredécennie,il a
en effet étémontréquelamarge de
résection circonférentielle était un
concept oncologiqueplus important
quelaproblématiquedelamarge dis-
tale dans lachirurgie du cancer rectal
[17,18].La limitedela techniquede
RIS est doncle risquede récidivelo-
cale dû à une marge circonférentielle
insuffisante,cequijustifie l’utilisation
de traitements néoadjuvants.Les tu-
meurs rectales précoces (T1T2)peu-
vent être traitées par chirurgie seule,
alors queles tumeurs avancées (T3)et
celles infiltrant le sphincter analin-
terne doivent être traitées par radio-
chimiotrapie préopératoire. Un tel
traitement réduit le volume tumoralet
induit undown-staging,cequifacilite
lachirurgie [19].
Placedelamputation
abdomino-périnéale
Les indications absolues de l’ampu-
tation sont les tumeurs infiltrant les
muscles strs du plancher pelvien,
c’est-à-direle sphincter analexterne
et les releveurs de l’anus,les tumeurs
basses fixées (exceptélafixité vagi-
nale),et les patients avec une incon-
tinenceanale ancienne (> 6 mois). Les
indications relatives de l’amputation
sont les tumeurs sus-anales,c’est-à-
direàmoins de 1à 2 cmdu bord
surieur du sphincter.Ainsi,l’indi-
cation conventionnelle d’amputation
pour toutes les tumeurs àmoins de
2cmdu sphincter aévolué vers une
indication plus limitée d’amputation
silepatient est adresséàdes chirur-
giens colorectaux quimaîtrisent laRIS
[20].Dans notreinstitution,le taux de
conservation sphinctérienne aaug-
mentéde43%à91 %chez 1000 pa-
tients opérés pour cancer rectalentre
1979et 2004(Fig. 1). Lechoix de la
techniqueoratoireexige un toucher
rectalpar le chirurgien avant tout trai-
tement néoadjuvant.L’examen rectal
est réaliséavecet sans contraction
anale volontairepour évaluer ladis-
tanceexacteentrela tumeur et le bord
surieur du canalanal. Unexamen
sous anestsie est parfois cessaire,
colo-anale quiassocie la voie endo-
anale. Lechirurgien choisit cetteder-
nièrequand il n’est pas possible
d’agrafer le rectumau-dessous de la
tumeur àcausedunpelvis étroit ou
d’une tumeur très basse. Dans tous les
cas,lacision entre une chirurgie
conservatrice sphinctérienne et une
amputation abdominopérinéale avec
colostomie est liée principalement àla
distanceentrela tumeur et le sphincter
anal. Ceconcept cisionnel est tra-
ditionnel et historique. Les raisons sont
le risquepotentiel d’envahissement mi-
croscopiquedelaparoi rectale au-des-
sous de la tumeur et lacessitéde
garder la totalitédu sphincter anal
pour préserver une bonne fonction.
Les guides de pratiquepour lachi-
rurgie conservatrice sphinctérienne
sont doncdirectement liés àla règle de
lamarge de sécuritédistale,c’est-à-
direcombien nous avons besoin de cm
entrela tumeur et la section chirurgi-
cale. Jusqu’en 1980,5cmdemarge
de paroi distale étaient considérés
comme nécessaire[3], par la suite 2 cm
apparaissaient suffisants [4,5].Ainsi
en 2005,cette règle des 2 cmjustifie
pour beaucoupdechirurgiens l’am-
putation dès quela tumeur est située
àmoins de 2 cmdu sphincter, soit à
moins de 5cmdelamarge anale. Des
études récentes [6, 7]ont suggéréde
raccourcir lamarge distale à1cmpour
des tumeurs sélectionnées:sions vé-
tantes bien différenciées,occupant
moins de 50%delacirconférencedu
rectumet cancer précoce(stade Iet II,
i.e. T1T2 et T3N0). Ilny pas de
consensus sur lamarge distale opti-
male dans les maladies avancées
(stade III ou T3T4/N1) [8], bien quaprès
radiochimiotrapie néoadjuvante une
marge distale étroite soit acceptable
chez les bons répondeurs [9].
La techniquede résection
intersphinctérienne
La techniquechirurgicale de résection
intersphinctérienne (RIS)aétépro-
posée comme une alternativeàl’am-
putation pour les cancers du bas
rectum[10].Lebut de laRIS est d’en-
lever une partie ou la totalitédu
sphincter analinterne,dans le but
d’obtenir une marge distale saine et
58
••••••••
43%
74% 74% 76%
91%
57%
26% 26% 24%
9%
1979-1984 1985-1989 1990-1994 1995-1999 2000-2004
Chirurgie conservatrice
Amputation &Hartmann
Figure1.–Évolution des procédures chirurgicales àl’hôpitalSaint-André
sur uncôlon bien vasculariséet
compliant capable d’atteindrelapartie
très bassedu pelvis.Si un réservoir est
envisa,5cmdelongueur en plus
sont cessaires.
Après exérèse totale du sorectum,
trois types de procédures chirurgicales
sont techniquement faisables: une
anastomosecolo-anale mécanique, une
anastomosecolo-anale manuelle après
mucosectomie et une anastomosecolo-
anale manuelle après RIS (Fig. 2). Le
choix de la techniquedépend du ni-
veau de la tumeur et de l’anatomie du
pelvis.Lanastomosecolo-anale mé-
caniqueest recommandée silagrafage
du rectumest techniquement faisable.
La procédureest facilement réalisable
pour beaucoupde tumeurs du moyen
rectumet pour quelques sions basses.
Lavantage est la réalisation de l’in-
tervention par une approche purement
abdominale. Lanastomoseest réalisée
avec une agrafeusecirculaire(Fig. 2A).
notamment lorsquelecanalanalest
envahi ou en cas de tumeur fixée.
L’échographie endo-rectale et l’ima-
gerie par résonancemagnétique sont
de plus en plus cessaires pour
confirmer l’examen cliniqueet opti-
miser la sélection des patients [21].
Techniqueoratoire
Lebut de laconservation sphincté-
rienne est d’obtenir une anastomose
sûredans le but de minimiser lamor-
biditépost-opératoire. Les objectifs
sont une anastomose sans tension et
uncôlon distalbien vascularisé. Ilfaut
doncd’abordmobiliser le côlon gauche
et le sigmoïde. Lartèremésentérique
inférieureest sectionnée de manière
proximale à1-2 cmdelaortepour
préserver les nerfs de l’éjaculation. La
section du sigmoïde doit être réalisée
Chez certains patients,l’anastomose
caniquen’est pas réalisable pour
des raisons techniques (pelvis étroit)
ou oncologique(tumeur àproximité
du sphincter anal). Dans d’autres cas,
particulièrement après radiochimio-
trapie,elle n’est pas appropriée parce
quel’épaisseur de laparoi rectale em-
che d’utiliser les pinces àagrafage
canique. Ilfaut doncassocier une
voie d’abordpérinéale. Lanus est écarté
et lamuqueuse rectale distale est
excisée selon laprocéduredeParks [2].
Celapermet de préserver la totalitédu
sphincter analinterne et d’obtenir une
anastomoseendo-anale manuelle sur
laligne dentelée. Lecôlon est sortipar
le canalanalet une anastomosecolo-
anale ditedirecteest réalisée (Fig. 2B).
Quand un réservoir en Jest assoc,
une anastomoselatéro-terminale est
effectuée (Fig. 3). La fixation du ré-
servoir sur les releveurs de l’anus peut
être utile pour éviter une tension de
l’anastomose.
Pour les tumeurs s’étendant au
sphincter anal,laRIS est cessaire
pour enlever le sphincter analinterne
et obtenir une marge distale saine
(Fig. 2C). Une RIS partielle ou haute
(Fig. 2C1) débuteàlaligne pectinée,
enlevant lamoit surieuredu
sphincter interne. Elle est indiquée pour
les tumeurs situées entre 3 et 4cmde
lamarge anale. Une RIS totale ou basse
(Fig. 2C2),butant en dessous de la
ligne pectinée et enlevant la totalité
du sphincter interne,est cessaire
pour les tumeurs àmoins de 3 cmde
lamarge anale,c’est-à-direendoca-
nalaires.Bien quelaRIS partielle puisse
être réalisée par une approche abdo-
minale chez certains patients [11,13],
l’approche trans-anale est la voie op-
timale pour les RIS hautes et basses,car
ladissection est plus anatomiqueet
visuelle et permet une évaluation plus
précisedu bordinférieur de la tumeur.
Reconstruction rectale
avec réservoirs coliques
Après exérèse totale du sorectum,
beaucoupdepatients avec une ana-
stomosecolo-anale directe souffrent
de selles fréquentes,fragmentées,
59
••••••••
ABC1 C2
Figure 2.–Types d’anastomoses colo-anale. A.Anastomosecoloanale mécanique;
B.Anastomosecoloanale manuelle après mucosectomie ;
C.Résection inter-sphinctérienne partielle (C1) et totale (C2)
Figure 3.–Réservoirs coliques pour reconstruction rectale.
A.Réservoir en J; B.Coloplastie transverse; C.Anastomoselatéro-terminale
de récidivelocale plus élevéaprès am-
putation quaprès résection antérieure
[48,49].Le risquededécès est aug-
mentéde 30%dans le registrenorvé-
gien chez les patients traités par am-
putation par rapport àceux traités par
résection antérieure[49].Une des rai-
sons est le risqueplus élevédeperfo-
ration rectale au cours des amputations
[49].Cecipeut induire une dissémina-
tion de cellules tumorales dans lalarge
plaie périnéale. Deplus,le sepsis pel-
vien post-opératoireest très fréquent
après amputation et la réponsein-
flammatoireau sepsis favoriselapro-
pagation tumorale et tastatique via
les cytokines libérées [50].Ainsi,l’as-
sociation entrel’ouverturedu plancher
pelvien et des tissus rinéaux, une in-
flammation locale et une chirurgie non
optimale (perforation rectale) peut ex-
pliquer le plus mauvais pronosticdes
amputations.Lechirurgien anglais Bill
Heald,promoteur de la techniqued’exé-
rèsedu sorectum,considèrelam-
putation comme «une opération met-
tant potentiellement en danger»[51].
L’exérèse totale du sorectumavec
préservation sphinctérienne apparaît
au contrairecomme une techniqueplus
anatomiqueet plus sûreau niveau on-
cologiquequelamputation, y compris
pour une grande majoritédes cancers
du bas rectum[52].
Résultats de la résection
intersphinctérienne
La techniquede résection inter-
sphinctérienne est l’ultime technique
chirurgicale radicale avant l’ampu-
tation. Les séries de résection inter-
sphinctérienne ont montrélapossibi-
litéd’obtenir une marge de résection
distale saine pour les cancers du bas
rectum[15,53,54].Dans notre série
de 92 RIS pour des tumeurs T2T3 à 3
(extrêmes 1.5 à4.5) cmdelamarge
anale,comprenant 20%d’infiltration
du sphincter analinterne,lamarge
distale médiane était de 2 cmet était
saine dans 98 %des cas [16].La RIS
permet doncd’obtenir une marge
distale optimale dans tous les cas, y
compris dans les pelvis étroits,chez
les patients obèses et lorsqu’il existe
unenvahissement du sphincter anal
interne. La techniquepermet égale-
ment d’obtenir une marge circonfé-
rentielle saine pour des tumeurs se
trouvant àmoins de 1cmdu sphincter
anal[15,16,54].Dans notreexpé-
rience,lamarge circonférentielle
médiane pour de telles tumeurs était de
5mmet était envahie (< 1mm) dans
11 %des cas [16].En raison du risque
de récidivelocale en cas de marge
circonférentielle envahie,cettven-
tualitédoit êtrediscutée avecle pa-
tient avant lachirurgie. Chez les
patients avec une marge positiveaprès
RIS, une amputation complémentaire
immédiatedoit êtreproposée. Encas
de refus,l’alternativeest une sur-
veillanceintensivecomprenant un
toucher rectal, une échoendoscopie
rectale et un scanner abdominopelvien
tous les 4mois pendant 2 ans,puis
tous les 6 mois.
d’impériositéet d’incontinencefécale.
Ces sordres digestifs,appelés syn-
drome de la résection antérieure, se
produisent chez lamoitié des patients
après exérèse rectale [23-25].Les prin-
cipales raisons sont lapertedu rectum
et le traumatisme du sphincter anal.
Les résultats fonctionnels sont consi-
rés comme bons (< 3 selles par jour
et continencecomplète) chez 76%,53%
et 35% des patients selon quelana-
stomoseest située au-dessus de 6 cm,
à 3-6 cm,et en-dessous de 3 cmdela
marge anale respectivement [25].La
pertedu réservoir rectaladoncconduit
les chirurgiens àproposer des réser-
voirs coliques pour augmenter lacom-
pliancedu néo-rectum. Les réservoirs
coliques sont recommandés s quele
moignon rectalfait moins de 3 cm.
Trois types de réservoirs coliques peu-
vent être utilisés comme alternativeà
une anastomosecolo-anale directe
(Fig. 3). Le réservoir en Jest le réservoir
standard,alors quelacoloplastie trans-
verseet l’anastomoselatéro-terminale
constituent une alternative[26-35].
Résultats oncologiques
Résultats de la résection
antérieureet de l’amputation
Pour des raisons éthiques,aucunessai
randomisénacomparéles deux
options chirurgicales radicales pour le
cancer du bas rectum, résection anté-
rieurebasseavecanastomosecolo-
anale et amputation abdomino-péri-
ale. La chirurgie conservatrice
sphinctérienne aétéadmise succes-
sivement pour les tumeurs du haut puis
du moyen rectumexclusivement à
partir de séries historiques compara-
tives [36].En 2005,les données de
séries comparatives et non compara-
tives ont montréquelecontrôle local
était identiqueentrechirurgie conser-
vatrice sphinctérienne et amputation
pour des cancers du bas rectum
(Tableau I). Dans laplupart des séries,
le taux de récidivelocale varie de 5à
15 %et la survie de 60 à80%pour les
deux techniques chirurgicales.
Depuis l’introduction de la technique
d’exérèse totale du sorectum,
quelques auteurs ont observé un taux
60
••••••••
ACAAAP
nRL Survie nRL Survie
Gamagami 1999 (37)1648%78% 3113%74%
Lavery 1997 (38) 162 8% 70 %9911% 62 %
Topal1998 (39) 41 21% 62 %4126 %58%
Mc Anema1990 (40)564% -
Marks 1993 (41) 5214 %85%
Léo 1994 (42)55% 13%
Mohiuddin 1998 (43)4815% 82%
Rullier 2001(19) 432%85%
Luna-Perez 2001(44) 137 9% 75%
Enker 1997 (45) 148 5% 60 %
Nissan 2001(46) 2926%58%
Dehni 2003 (47)16510%76 %
ACA:anastomosecolo-anale ; AAP :amputation abdomino-périnéale ; RL : récidivelocale
TABLEAUI
COMPARAISON ENTRE ACAETAAP POUR CANCER DU BASRECTUM
résultats fonctionnels unpeu moins
bons mais probablement plus réalistes
[55-57].Nous avons comparé40 RIS
(anastomoseà1,4cmdelamarge
anale) à 37 anastomoses colo-anales
conventionnelles (3,1cmdelamarge
anale) avec85%de réservoir en Jdans
les deux groupes.Ilny avait pas de
différencedans lafréquencedes selles,
lafragmentation,l’urgenceet ladys-
csie,mais lacontinenctait moins
bonne après RIS quaprès anastomose
colo-anale conventionnelle :53 vs
81 %debonne continence[58].La qua-
litéde vie était seulement légèrement
altérée en comparaison àlachirurgie
conventionnelle parcequelaplupart
des patients souffraient de désordres
gastro-intestinaux dans les deux
groupes,particulièrement de frag-
mentation des selles et d’impériosité.
La continenceest meilleureaprès RIS
si une partie du sphincter interne est
préservée [56]et si un réservoir co-
liqueest présent [19,57,59].La pres-
sion anale de repos,diminuée après
exérèsedu sphincter interne [10,12],
cessiteeneffet d’êtrecompensée par
une pression coliquediminuée par l’in-
termédiairedu réservoir.
Les patients quiont des séquelles di-
gestives importantes quipersistent
6mois après lafermeturedela stomie
temporairenécessitent une priseen
charge scifique. Dans unpremier
temps,il faut éliminer une causeor-
ganiqueàladysfonction digestive.
Une rectoscopie, un scanner et unla-
vement radio-opaquedoivent être réa-
lisés pour éliminer une sténoseanas-
tomotique, une récidivepelvienne
Les résultats cliniques après RIS mon-
trent un taux de récidivelocale entre
2 et 13%et une survie entre 60 et 80%,
selon le reculet la sélection des pa-
tients (Tableau II). Ces bons résultats
oncologiques après chirurgie conser-
vatricepour des tumeurs juxtaou intra
anales sont dus,en partiela sélec-
tion des patients.Certains proposent
laRIS surtout pour des cancers T1et
T2 du bas rectum[13,53].Dautres
contre-indiquent les tumeurs de haut
grade [10,11].Pour notrepart,en uti-
lisant les traitements néoadjuvants,
tout grade et tout stade de tumeurs
peut êtreconsidérépour laRIS, àl’ex-
ception des tumeurs fixées (T4) ou in-
filtrant le sphincter externe. La vali-
dation de cette techniqueest en cours.
De 2001àavril 2005, une étude mul-
ticentriquefrançaise,menée par le
GRECCAR (Groupe de Recherche
Chirurgicaldans le Cancer du Rectum),
ainclus 200 cancers du bas rectumen
dessous de 5cmdelamarge anale,
dans le but d’évaluer le traitement
néoadjuvant optimalpour lachirurgie
conservatrice, radiotrapie hautes
doses [55] vs radiochimiotrapie [19].
Les résultats préliminaires montrent
90%deconservation sphinctérienne
avecprès de 90%d’exérèsemicro-
scopiquement complète.
Résultats fonctionnels
Les résultats préliminaires de laRIS
ont suggérédes résultats fonctionnels
similaires après RIS et après résection
antérieurebasse,avecdeux tiers de
bonne continence[10,12,13].Des
données récentes ont montrédes
précoce, un sepsis pelvien chroniqueet
une ischémie coliquedistale d’origine
radique. Par la suite un traitement mé-
dicalest instauré, visant au but à
favoriser la vidange colique(arrêt des
ralentisseurs du transit,mucilages,la-
vements évacuateurs). Encas d’échec,
un régime pauvreenfibres et des ra-
lentisseurs du transit sont introduits.
Troisièmement, une rééducation péri-
ale doit êtreproposée de fon
simultanée pour améliorer lafonction
sphinctérienne. Ilaainstémontré
quune telle priseencharge pouvait
diminuer lafréquencedes selles (4 à
2/j) et améliorer lacontinenceet la
qualitéde vie [60].En résu, une
priseencharge multidisciplinairemé-
dico-chirurgicale permet 75% de
bonne continenceaprès RIS, 50%
spontanément et 25% après traitement
médical. Les patients quigardent un
mauvais résultat fonctionnel après
anastomosecolo-anale peuvent être
traités par irrigation colique[57],
myorraphie des releveurs [61]ou im-
plantation d’un sphincter artificiel. La
colostomie doit également êtrepro-
posée,même sielle est cessairedans
moins de 10%des cas.
Conclusions
La résection antérieurebasseavecana-
stomosecolo-anale est une procédure
chirurgicale oncologique sûrequipeut
êtreproposée comme alternativeà
l’AAP pour des cancers du bas rectum
sélectionnés.La techniquedeRIS
pousse très bas les limites de laconser-
vation sphinctérienne,cettedernière
étant en rapport avecl’infiltration du
sphincter externe et non avecle ni-
veau de la tumeur par rapport àla
marge anale. Les restrictions pour la
chirurgie conservatriceapparaissent
sormais fonctionnelles plutôt qu’on-
cologiques.
RÉFÉRENCES
1. Knight CD, Griffen FD.Animproved
techniquefor low anterior resection
of the rectum using the EEA stapler.
Surgery 1980; 88: 710-4.
61
••••••••
nTumeur Tumeur RécidiveSurvie
hauteur*stade locale
Schiessel 1994 (10) 344- 7 T1-4 13%-
Köhler 2000** (13) 313 -5 T1-310%79%
Braun1992** (11) 633-9 T1-311 %62 %
Tiret 2003** (53) 263- 6 T1-33%-
Saito 2004(15) 352 -5 T1-33%-
Vorobiev 2004(54) 273-4 T2-30%-
Rullier 2005(16)922-5 T2-4 2%81%
Schiessel 20051171-5 T1-35% -
TABLEAUII
RESULTATSONCOLOGIQUES DE LA RÉSECTION INTERSPHINCTÉRIENNE
*Cmdelamarge anale ; **RIS partielle par voie abdominale
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