Le Courrier de colo-proctologie (III) - n° 2 - juin 2002
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Chirurgie rectale d’exérèse
laquelle il est préférable de ne pas faire
d’anastomoses basses chez des sujets très
âgés ou ayant des troubles de la continence
en préopératoire. La meilleure évaluation
préopératoire est faite par un toucher rec-
tal. En cas de doute, une manométrie peut
être proposée. Mais, aujourd’hui, l’âge seul
ne doit pas être un critère d’indication pour
une anastomose colo-anale; il est fréquent
de proposer cette intervention à des gens
de plus de 70 ans.
En cas d’anastomose basse, une fistule
anastomotique et/ou un abcès pelvien sont
observés chez environ 10% des patients.
Ce sepsis pelvien risque d’entraîner une
sclérose non seulement du réservoir (dimi-
nuant sa capacité) mais aussi et surtout, une
sténose de l’anastomose qui peut considé-
rablement altérer le résultat fonctionnel
(avec augmentation du nombre de selles,
incontinence). Ainsi, devant toute altéra-
tion du résultat fonctionnel, un toucher rec-
tal doit rechercher une sténose anastomo-
tique afin de la traiter (dilatation par
bougie, voire sphinctéroplastie) (4).
Comme le montre bien J.F. Gravié, la
radiothérapie (préopératoire ou, surtout,
postopératoire) aggrave aussi ce résultat
fonctionnel, ce qui souligne l’importance
d’une sélection rigoureuse des patients
devant seuls bénéficier de ce traitement
adjuvant (5).
Enfin, comme le rappellent G. Portier et
F. Lazorthes, il a été clairement démontré
par plusieurs essais contrôlés que l’ad-
jonction d’un réservoir colique en J au-
dessus de l’anastomose basse améliorait le
résultat fonctionnel, notamment en dimi-
nuant le fractionnement des selles, et en
améliorant la continence. C’est la raison
pour laquelle ce réservoir est actuellement
recommandé en cas d’anastomose basse
colo-anale ou colorectale très basse (6).
Enfin, parallèlement à ses conséquences
sur la fonction de défécation, l’exérèse du
rectum peut altérer les fonctions sexuelle et
urinaire. E. Tiret nous rappelle que la tech-
nique d’exérèse totale du mésorectum uti-
lise un plan passant en dedans du plan ner-
veux, qui doit normalement limiter au
maximum le risque de conséquences
génito-urinaires, sauf en cas de lésions
volumineuses, imposant un sacrifice ner-
veux dont le patient aura été prévenu en
préopératoire.
Très peu d’études ont évalué spécifique-
ment et avec des scores validés la qualité
de vie des patients ayant eu une proctecto-
mie pour cancer (7). E. Rullier souligne
l’importance aujourd’hui de cette évalua-
tion, grâce à des scores spécifiques qui
seuls peuvent nous permettre de détermi-
ner objectivement le retentissement réel de
ces interventions, au résultat fonctionnel
jugé parfois un peu trop rapidement
comme bon (pour ne pas dire parfait) par
les chirurgiens…
En conclusion, s’il y a environ 30 ans, la
chirurgie du cancer du rectum signifiait le
plus souvent une amputation abdomino-
périnéale avec colostomie définitive, une
impuissance sexuelle, et une récidive
locale très fréquente, on voit comment les
progrès de cette spécialité et des traite-
ments adjuvants ont considérablement
modifié notre vision des choses. Aujour-
d’hui, le résultat carcinologique est bon
(moins de 10% de récidives locales). Il est
donc temps de s’occuper des séquelles
fonctionnelles entraînées par les proctec-
tomies, de les prévenir (parfois), de les
expliquer au patient (toujours), et de conti-
nuer à chercher des procédés permettant
d’en limiter les conséquences, comme cela
a été récemment le cas avec le réservoir
colique en J ou la technique d’exérèse
totale du mésorectum. En effet, des pro-
grès sont encore à faire, car près de 20%
des patients souffrent d’un mauvais résul-
tat fonctionnel qui altère parfois de manière
très importante leur qualité de vie.
■
Mots clés. Cancer du rectum - Proctectomie -
Incontinence - Anastomose iléo-anale.
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