RAPPORT SPÉCIAL Un meilleur pronostic de l’insuffisance cardiaque L’abaissement de la fréquence cardiaque ard e ultat thérapeutique ape par l’ivabradine améliore le résultat La fréquence cardiaque constitue un facteur pronostic chez les patients insuffisants carudiaques avec altération de la pompe. Néanmoins, un bêtabloquant ne parvient pas toujours à abaisser suffisamment la fréquence cardiaque. L’ivabradine s’avère alors être une bonne option. La grande étude SHIFT a montré que l’ivabradine pouvait apporter un bénéfice aux insuffisants cardiaques ayant une fréquence cardiaque au repos de 70 battements par minute, en termes de morbidité et de mortalité. La Société Européenne de Cardiologie (ESC) vient d’ajouter l’ivabradine dans ses recommandations. 28 L’ivabradine (Procoralan®) représente ésente une option influant sur la fréquence cardiaque. L‘ivaine est une u substance qui établit une liaison bradine ctive et sspécifique aux canaux f du nœud œud sisélective ion nusal et inh inhibe ainsi le ccourant If. Cette inhibition ngation de l’intervalle entre conduit à une prolongation ction et donc à une réducdeux potentiels d’action tion de la fréquencee cardiaque (3). E Elle n’a aucune influence sur d’autres paramètres, ccomme lle. L’étude SHIFT SHIF par exemple la pression artérielle. (Systolic Heart Failure Treatment with the If Inabradine hibitor Ivabradin) a recherché si l’ivabradine améliorat des résultats cardiordioentraînaitit une amélioration culaires chez des patient ufvasculaires patients souffrant d’insufave fisance cardiaque chronique NY NYHA II à IV, avec g fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) fréquen cardiaque réduite, rythme sinusal et fréquence 70 bpm (battements par minute) (4). «Les patients inclus dans l’étu l’étude ont reçu o un traitement standard stable et optimal. On a nc essayé de titrer un bêtabloquant bêtablo donc jusqu’à la dose maximale possible (89 % sous bêtabloquants, 91 % sous EC/ sartans)», sa a souliIEC/ D Maeder. Avec vec gné le Dr Insuffisance cardiaque (IC): 6505 patients, l’étude une maladie avec hospitalisations répétées SHIFT est à ce jour la m plus grande étude me50 125 patients hospitalisés pour IC morbid et née sur la morbidité 1.6 Réhospitalisation pour IC à 30 jours la mortalité lliées à 1.4 nsuffisance ccardiaque l’insuffi ique. Le critère chronique. 1.2 de jugement primaire 1.0 com combiné (mortalité car0.8 diovas diovasculaire ou hospital pitalisation dues à une 0.6 ag aggravation de l’insuffi0.4 sance cardiaque) a été Mortalité à 30 jours 0.2 significativement réduit de 18 % grâce à 0.0 2004 2003 2005 2006 2002 l’action de l’ivabradine (p < 0,0001). «A la différence des études sur les bêtabloquants, la Fig. 1: Entre 2002 et 2006, le taux de réhospitalisation mortalité globale n’a des patients insuffisants cardiaques a augmenté 02 _ 2013 _ info@herz+gefäss (adaptation d’après 5) Augmentation Le Docteur Micha T. Maeder, de St Gall, auquel uque le Professeur Lerch a donné la parole à la fin mportanc de son allocution, a aussi parlé de l’importance de la fréquence cardiaque au débutt de son exs posé. « Chez les patients atteints d’insuffisance onctionnemen cardiaque accompagnée d’un fonctionnement restreint de la pompe, la fréquencee cardiaque is », a-treprésente un facteur pronostique précis il expliqué et fait référence à des données qui avaient été collectées avant l’avène l’avènement des En raison de leur réduction rédu bêtabloquants (1). «En alité de 30 à 35 %, les bêavérée de la mortalité entent une composante du tabloquants représentent ffisants cardiaques avec altraitement des insuffi ompe cardiaque», a poursuivi le tération de la pompe é mis en évidence, Dr Maeder.. Comme cela a été le bénéfice des bêtabloquants est lié à la réduction de la fréquence cardiaque (2 (2). «Pourtant, avons aussi qu’un bêtabloquant ne parnous savons nt pas toujours à réduire la fréquence carvient iaque. Nous devons donc rechercher d’autre diaque. d’autres possibilités. Dans les études, ils ont été aaussi bénéfiques aux patients chez lesquels la fréce n’a pas été ré quence réduite. Cela signifie que loquants procurent procure aussi un effet inles bêtabloquants L’étude SHIFT : l’ivabradine améliore méli le pronostic de manière signifi gnificat cative Abnahme Diminution La fréquence cardiaque élevée comme facteur de risque e», a-t-il dépendant de la fréquence cardiaque», fait remarquer. adjustierte Odds-Ratio für Outcome Le président du symposium, le Professeur René Lerch, de Genève, a rappelé dans son introduction les progrès réalisés depuis ces 25 dernières années en matière de traitement moderne de l’insuffisance cardiaque : «Les registres de données suédoises nous montrent que l’espérance de vie, en particulier chez les jeunes patients souffrant d’insuffisance cardiaque (IC), a nettement progressé entre 1987 et 2003. Cependant, la mortalité à 5 ans reste toujours élevée, avec environ 25 % chez les patients plus jeunes et plus de 50 % chez les patients plus âgés.» On peut donc améliorer le traitement, par exemple par un abaissement de la fréquence cardiaque (FCR). «Personnellement, je suis étonné qu’on ne porte attention qu’aujourd’hui à l’abaissement de la fréquence cardiaque dans l’insuffisance cardiaque, alors qu’il a été établi depuis plus de 100 ans, qu’il existait une relation étroite entre la fréquence et la puissance contractile du muscle cardiaque.» pas été réd réduite de manière significative dans l’étude SH SHIFT», a ajouté le Dr Maeder. «Mais il faut prendre prend en considération on que nous avon avons ici une situation situatio de départ totalement différente», a-t-il soulign souligné. Sous ivabradine, la mortalité associée à l’insu l’insuffisance cardiaque a ne réduction significative (–26 %, enregistré une p = 0,014). es critères re Par ailleurs, tous les relatifs à l’hospitali spitalis pitalisation (total des hospitalisations, hospitalisation es, hospitalisations talisations cardiovasculaires, pour insuffissance cardiaque) que ont été réduits gnificativement. Heiden signifi Heidenreich et al. ont établi qu’entree 2002 et 2006 le taux de réhospitalisation chez les patients insuffisants cardiaques é par rapport au taux de moravait augmenté 5). O talité (fig. 1) (5). Or, une publication récente d’une analyse de l’étude SHIFT a montré que l’ivabradine pouvait po réduire significativement le nombre de récidives d’hospitalisations mulples pour aggravation de l’insuffisance cartiples ue (fig. 2) (6). diaque Un Une autre sous-analyse de l’étude SHIFT a nfin examiné quel était l’impact du traitement enfi par ivabradine sur le remodelage cardiaque, un fa facteur pronostique de l’IC (7). L’évaluation a porté sur les données de 411 patients, notamment une échocardiographie avant le début de l’étude et huit mois après. Elle a démontré que l’ivabradine réduisait significativement l’indice du volume télésystolique ventriculaire gauche (LVESVI, critère primaire) par rapport au traitement standard (–7,0 ml/m2 contre –0,9 ml/m2, p = 0,0002). Une amélioration significative a été aussi constatée pour l’indice du volume télédiastolique (p = 0,0019) et la fraction d’éjection ventriculaire gauche. Cela signifie que RAPPORT SPÉCIAL l’ivabradine inverse significativement le remodelage cardiaque (p = 0,0003). SHIFT : Récidive d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque Utilisation différenciée de l’ivabradine L’ivabradine dans les nouvelles recommandations de l’ESC Le Dr Otmar Pfister, de Bâle, a présenté ensuite les modifications les plus importantes apportées aux nouvelles recommandations de laa Société Européenne de Cardiologie (ESC) en ce qui concerne le traitement de l’insuffisan sance cardiaque (10). Il a commencé par lee rappel nhibiteur suivant : «Vous connaissez tous les inhibiteurs ivent im de l’enzyme de conversion qui doivent impérativement être utilisés en cas d’insuffissance tefois import cardiaque systolique. Il est toutefois important de réaliser qu’on peut aussi less utiliser chez » Ce n’est des patients non symptomatiques.» es papas non plus une nouveauté que tous les tients présentant une insuffisance cardiaquee 0 % ont besoin d’u avec une FEVG < 40 d’un bêta- Ivabradine (n=3241) Traitement standard (n=3264) RR 1ère hospitalisation 514 (16%) 672 (21%) %) 0.75 p<0.001 2e hospitalisation 189 (6%) 283 (9%) 0.66 p<0.001 3e hospitalisation 90 (3%) 128 (4%) 0.71 .71 p=0.012 0.4 0.6 0.8 8 En faveur de traitement stand standard + ivabradine 1.0 1.2 En faveur de t traitement standard Fig. 2: Le traitement par l’ivabradine e réduit le risque d’une nouv nouvelle hospitalisation al due à une aggravation de l’insuffisance nce cardiaque car ecommandatio bloquant. La nouveauté des recommandations de dans l’extension de l’indication dication aux antaréside istes de l’aldostérone. Ceux-ci eux-ci sont maintegonistes entant nantt utilisés aussi pour les patients présentant ins importants im u des symptômes moins (à partir du A et une FEVG F stade II de la NYHA < 35 %). L’ autre nouveauté auté des reco recommandations clusion de l’ivabrad de l’ESC est l’inclusion l’ivabradine chez ardiaques en rythme sin les insuffisants cardiaques sinusal pm sous traiteet ayant une fréquence 70 bpm ment bêtabloquant maximal toléré. Lee Dr Pfister ment ajouté : ««L’ivabradine est en général énéral a également ion bien tolérée et surtout ne neutre pour la pression rtérielle.» Pour terminer, il a souligné que l’iva artérielle.» l’ivabradine ne se substituait pas à un traitement par bêtabloquant. «Si l’objectif thérapeutique d’une fréquence cardiaque de m moins de 70 bpm malgré un traitement par bêtabloquant bêt extrêmement bien toléré n’est pas atteint, at il est reommandé d’utiliser l’ivabradine.» l’ivabradine. commandé Litérature té : Maeder MT, Kaye impact of heart 1. Mae ye DM. Differential Diffe rate and blood pressure sure oon outcome in patients with heart failu failure with reduced versus preserved left ventricular ejection fraction. Int J Cardiol 2012;155:249–56. :249–56. 2. McAlister FA et al. Meta-analysis: beta-blocker dose, and death in patients with heart heart rate reduction, reduct Intern Med 2009;150:784–94. failure. Ann Int Procoralan® : Ivabradine. e. Comprimés à 5 mg sécables et à 7,5 mg. I: Traitement me symptomatique de l’angor stable chronique chez les patients coronariens nariens en rythme sinusal. Procoralan est indiqué i chez les patients présentant une contre-indicabêta tion ou une intolérance aux bêta-bloquants ou en association aux bêta-bloquants chez des patients insuffisamment contrôle de bêta-bloquants, et dont la fréquence cardi lés par une dose optimale cardiaque reste supérieure à 60 bpm. Traitement de l’inrdiaque chronique nts cardiovasculaires cardiova suffisance cardiaque chronique. Réduction des évènements (mortalité cardiovasculaire ou hospitalisaggravation de l’insuffisance cardiaque) chez des adultes een rythme sinusal présentant une insuffisance cardiaque tion pour aggravation chroniquee symptomatique avec une fra fraction d’éjection ventriculaire gauche 35 % et une fréquence cardiaque supérieure ou égale à 70 bpm en complément d’une thér thérapie standard optimale en accord avec les recommandations en vigueur. P: La ponitiale est de 5 mg deux fois par jour, le matin et le soir au cours des repas. Après deux à quatre semaines de traitesologie initiale ette posologie peut être augmentée à 7,5 mg m deux fois par jour. Si, durant le traitement, la fréquence cardiaque de rement, cette ba poss descend de façon persistante en dessous de 50 battements par minute (bpm), la dose doit être diminuée. CI: Hypersensibilité connue à l’ivabradine, fréquence cardiaque de repos re inférieure à 60 bpm avant le traitement, choc cardiogénique, insuffisance hépatique sévère, hypotension sévère, bloc SA, bloc AV du 3ème degré, grossesse, allaitement ; utiliser avec précaution lors d’insuffisance rénale sévère, de bloc AV du 2ème degré, d’arythmie cardiaque ou d’AVC récent. IA: Inhibiteurs ssants du CYP 3A4, médicaments allongeant l’intervalle QT ; associations nécessitant des précautions d’emploi: inhibipuissants odérés (diltiazem, vérapamil) vé teurs modérés et inducteurs du CYP 3A4. EI: Phosphènes, bradycardie, céphalées. P: Comprimés à 5 mg et à 7,5 mg: 56 et 112, catég catégorie B. Informations complémentaires : voir http://www.swissmedicinfo.ch/. info@herz+gefäss _ 02 _ 2013 valeur p (adaptation d’après 6) «Nous devons encore nous poser la question de savoir quels patients peuvent tirer le meilleur bénéfice de l’ivabradine», a développé le Dr Maeder. Comme cela a été démontré, les plus grands bénéficiaires sont surtout les patients avec fréquence cardiaque initiale la plus élevée (8). «Cela signifie que le bénéfice est majeur si la fréquence cardiaque est élevée.» Le Dr Maeder a évoqué aussi un point de l’étude Shift qui a parfois été critiqué. «Il est vrai que nous ne pouvons pas dire exactement dans quelle mesure on a vraiment essayé d’atteindre la dose de bêtabloquant maximale chez les patients inclus dans l’étude», a-t-il déclaré. Toutefois, une analyse récemment publiée a montré que la dose de bêtabloquant n’avait pas d’impact décisif sur le résultat de l’étude, contrairement au degré de réduction de la fréquence cardiaque (9). «Mais pensez également à l’effet des bêtabloquants indépendant de la fréquence, que j’ai mentionné auparavant», a-t-il rappelé. Il est donc parvenu à la conclusion suivante : «L’ivabradine améliore le résultat chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque avec une fréquence cardiaque de repos 70 bpm sous traitement optimal. Le bénéfice est le plus grand chez les patients présentant une fréquence cardiaque initialement élevée. Les effets des bêtabloquants sont incontestés et ne dépendent pas seulement de la fréquence. Ils doivent donc être utilisés. Si la fréquence cardiaque reste malgré tout 70 bpm, l’ivabradine représente une bonne alternative.» o D, Cam 3. DiFrancesco Camm JA. Heart rate lowering by specific and selective elect I(f) current inhibition with ivabradine: a new therapeutic perspective in cardiovascular disease. Drugs 2004;64:1757–65. ise 4. Swedberg K et al. Ivabradine and outcomes in chronic hea heart failure (SHIFT): a randomised placebo-controlled study. Lancet 2010;376:875–85. bo-contro 5. Heidenreich PA et al. Divergent trends in surHeiden vival ival and a readmission following a hospitalization ion for heart failure in the Veterans Affairs health care ca system 2002 to 2006. J Am Coll Cardiol 2010;56:362–8. 6. Borer JS et al. Effect of ivabradine on recurrent hospitalization for worsening heart failure in patients with chronic systolic heart failure: the SHIFT Study. Eur Heart J 2012;33:2813–2820. 7. Tardif JC et al. Effects of selective heart rate reduction with ivabradine on left ventricular remodelling and function: results from the SHIFT echocardiography substudy. Eur Heart J 2011;32:2507–15. 8. Böhm M et al. Heart rate as a risk factor in chronic heart failure (SHIFT): the association between heart rate and outcomes in a randomised placebocontrolled trial. Lancet 2010;376:886–94. 9. Swedberg K et al. Effects on outcomes of heart rate reduction by ivabradine in patients with congestive heart failure: is there an influence of beta-blocker dose? Findings from the SHIFT (Systolic Heart failure treatment with the I(f) inhibitor ivabradine Trial) study. J Am Coll Cardiol 2012;59:1938–45. 10. McMurray JJV et al. ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure 2012. Eur Heart J 2012;33,1787–1847. IMPRESSUM Rapport : Dr Therese Schwender Rédaction : Christian Heid Source : Symposium «Comment optimiser le traitement de l’insuffisance cardiaque ?» Cours de mise à jour, médecine interne, Forum pour la formation médicale continue. 27 novembre 2012, Zurich Avec le soutien de Servier (Suisse) SA, Satigny © Aerzteverlag medinfo AG, Erlenbach 29