CAS CLINIQUE
▲ Figure 7. Disparition des DSR en OCT.
Discussion
Le VKH est une méningo-encéphalo-uvéite qui répond à des critères
diagnostiques précis (encadré) [1]. La physiopathologie du VKH serait
liée à l’activation de lymphocytes T par des peptides dérivés des
mélanocytes présentés par des cellules présentatrices d’antigènes. Les
lymphocytes T activés seraient dirigés contre les tissus contenant des
mélanocytes (méninges, uvée, peau, oreilles)
[2]. F.M. Damico et al. (3)
ont montré que les lymphocytes T des patients HLA DRB1*04-05 et
VKH reconnaissent un répertoire de peptides dérivés des mélanocytes
plus large que ceux HLA DRB1*04-05 négatifs.
Le VKH comporte 4 phases (3). Les prodromes de la première phase
se manifestent par un syndrome pseudogrippal (fi èvre, nausées, etc.),
des signes et des symptômes neurologiques (céphalées, méningo-
encéphalite aseptique, atteinte des nerfs crâniens, syndrome
cérébelleux, hémiparésie, aphasie, dysarthrie, troubles vésico-
sphinctériens, atteintes périphériques à type de polyradiculonévrite
aiguë). À ce stade, le liquide cérébrospinal révèle une pléiocytose
dans 80 % des cas dans la semaine qui suit le début. Les prodromes
peuvent être suivis en quelques jours par une phase d’uvéite aiguë,
bilatérale, rarement symétrique, diffuse avec hyperhémie et DSR.
L’infl ammation peut s’étendre au segment antérieur de l’œil. Après
plusieurs semaines, une phase de convalescence survient pendant
laquelle peuvent apparaître des dépigmentations des téguments et
de la choroïde. Chez les deux tiers des patients, une phase récurrente
ou chronique apparaît caractérisée par des épisodes récidivants
d’uvéites antérieures. Les récurrences d’uvéites postérieures sont
plus rarement observées au fond d’œil.
Notre observation soulève une question : s’agit-il d’un VKH seul
ou d’un VKH associé à une SEP ? Plusieurs arguments plaident en
faveur de la deuxième hypothèse : l’histoire clinique de la patiente,
la présence de bandes oligoclonales et l’existence d’une atteinte
médullaire. Si cette dernière est rapportée dans quelques cas de
VKH (4), elle s’explique mal puisqu’il n’y a pas de mélanocytes dans
la moelle. De plus, 1 cas de VKH associé à une SEP est rapporté
dans la littérature (5). Le rôle de l’IFNβ dans la survenue du VKH
se pose. Des cas de VKH ont été rapportés sous IFNα utilisé pour
le traitement de l’hépatite B, mais pas sous IFNβ (6, 7).
Le traitement du VKH repose sur une corticothérapie au long cours
avec diminution progressive sur 6 mois afi n d’éviter les récurrences
et pour un meilleur pronostic visuel. En cas de récidive malgré un
traitement adéquat par corticoïdes, des traitements immunosup-
presseurs peuvent être nécessaires (ciclosporine, azathioprine,
mycophénolate mofétil, anti-TNF α) [8]. ■
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.
1. Absence d’antécédent de traumatisme oculaire ou de chirurgie avant
le début de l’uvéite
2. Absence d’autres pathologies oculaires
3. Atteinte oculaire bilatérale
4. Présence de symptômes neurologiques/auditifs
5. Présence de signes cutanés ne précédant pas le début de la maladie
ophtalmologique ou les manifestations neurologiques
➜ VKH complet si présence des 5 critères ; incomplet si présence des critères
1 à 3 et l’un des quatrième ou cinquième critères, probable si présence
uniquement des critères 1 à 3
Encadré. Critères diagnostiques du VKH.
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2. Sakata VM, da Silva FT, Hirata CE et al. Diagnosis and classifi cation of Vogt-Koya-
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3. Damico FM, Cunha-Neto E, Goldberg AC et al. T-cell recognition and cytokine profi le
induced by melanocyte epitopes in patients with HLA-DRB1*0405-positive and nega-
tive Vogt-Koyanagi-Harada uveitis. Invest Ophthalmol Vis Sci 2005;46(7):2465-71.
4. Gu S, Liu Y, Song Z et al. Acute myelitis in a patient with Vogt-Koyanagi-Harada
disease: case report and review of the literature. J Clin Neurol 2013;9(1):61-4.
5. Montero JA, Sanchis ME, Fernandez-Munoz M. Vogt-Koyanagi-Harada syndrome
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6. Al-Muammar AM, Al-Mudhaiyan TM, Al Otaibi M et al. Vogt-Koyanagi-Harada
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7. Lim JH, Lee YN, Kim YS et al. Vogt-Koyanagi-Harada disease occurring during
pegylated interferon-α2b and ribavirin combination therapy for chronic hepatitis
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8. Greco A, Fusconi M, Gallo A et al. Vogt-Koyanagi-Harada syndrome. Autoimmun
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Références bibliographiques