Med Pal 2003; 2: 197-210
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SYNTHÈSE
Frédéric Guirimand
tule digestive, thrombose veineuse, embolie pulmonaire,
infarctus du myocarde, éventration.
Du fait d’une rigueur méthodologique médiocre, cette
méta analyse ne peut conclure aucune implication claire
pour la pratique clinique. En terme de recherche, il faut
s’atteler à obtenir des essais de bonne qualité méthodolo-
gique, c’est-à-dire des essais prospectifs avec définition et
quantification des symptômes et de leur soulagement et
mesure de la qualité de vie au moyen d’échelles validées.
Il faut aussi faire la part entre occlusions d’origine mali-
gne ou bénigne car elles n’ont pas le même pronostic. De
plus, les techniques chirurgicales doivent être évaluées :
à côté des classiques laparotomies, il faut aussi savoir pro-
poser d’autres interventions palliatives, souvent moins
invasives. Nous en citerons deux exemples : la pose de
stent de dilatation et la gastrostomie percutanée.
En présence d’un syndrome occlusif chez un patient
porteur d’un cancer digestif ou ovarien, la clinique et les
examens complémentaires doivent permettre d’avancer
dans le diagnostic d’occlusion bénigne ou maligne. En
présence d’une obstruction bénigne, la contre-indication
chirurgicale provient de l’état clinique du patient. En pré-
sence d’une obstruction maligne, l’indication opératoire
est à discuter au cas par cas en sachant qu’aucune étude
ne permet de prédire une quelconque supériorité de la chi-
rurgie sur le traitement médical bien conduit pour la maî-
trise des douleurs, nausées ou vomissements, pour
diminuer le nombre de récidive, pour améliorer la morta-
lité ou la morbidité, pour améliorer la qualité de vie.
Quand proposer la pose d’un stent de dilatation ?
Depuis quelques années, on utilise couramment des
endoprothèses métalliques pour dilater l’œsophage, l’esto-
mac, les voies biliaires, le duodénum ou le colon. Cette
technique est particulièrement utile chez les patients qui
ont un cancer avancé avec parfois un haut risque chirur-
gical ; cette dilatation peut aussi permettre de décompri-
mer le tube digestif rendant possible la chirurgie dans un
deuxième temps après, par exemple, préparation colique
en cas d’obstacle par sténose colique [9, 10]. La présence
de sténoses multiples et l’existence d’une carcinose péri-
tonéale sont des contre-indications classiques de la pose
de stent de dilatation. L’évaluation de ces techniques est
assez bien documentée [11-13]. Dans une méta analyse
très récente, Khot et al [14] ont regroupé les résultats de
29 études, soit un total de 592 patients qui ont bénéficié
de la pose d’un stent pour occlusion sur cancer colorectal.
Avec 92 % de succès technique et 88 % de réussite clini-
que, la conclusion des auteurs est très claire : il s’agit d’un
traitement palliatif sûr et efficace associé une mortalité et
une morbidité faible (4 % de perforation et 10 % de
migration). Il faut donc savoir proposer cette solution aux
patients qui peuvent en bénéficier.
Quand proposer une gastrostomie ?
La gastrotomie a largement fait ses preuves pour l’ali-
mentation entérale de patients faisant des fausses routes
du fait de troubles neurologiques [15]. Son utilité pour
vidanger l’estomac dans les occlusions hautes est aussi
très largement décrite dans la littérature [16-22] ; cepen-
dant elle semble peu utilisée dans notre pays. D’après
Ripamonti [23] elle permet de conserver un minimum
d’alimentation orale tout en évitant les vomissements. Il
semble utile de proposer cette technique lorsque les trai-
tements médicamenteux ne sont pas suffisamment effica-
ces pour contrôler des vomissements ; il faut alors
envisager une vidange gastrique itérative pour une assez
longue période. Certains auteurs suggèrent que sa mise en
place ait lieu au décours d’une chirurgie oncologique
gynécologique, lorsque la laparotomie révèle une carci-
nose péritonéale [24].
La technique de la gastrostomie percutanée endoscopi-
que a été introduite dans les années 1980 pour permettre
une alimentation entérale sans sonde gastrique. Cette tech-
nique a une moindre mortalité et morbidité que la gastros-
tomie classique par voie chirurgicale [25] et permettrait de
soulager près de 90 % des patients [19-22]. Elle est parfois
réalisée sous anesthésie locale seule mais une anesthésie
générale est plus confortable ; elle a un coût moindre
qu’une gastrostomie chirurgicale. La technique est assez
simple et nécessite deux opérateurs :
l’un manie le fibroscope et éclaire par
transillumination le site de ponction
en ramenant l’estomac sur la paroi
abdominale ; l’autre passe un trocart
à travers la peau et l’estomac puis un
fil-guide qui est récupéré par l’endos-
cope et ressorti par la bouche. Le tube
de gastrostomie est enfilé sur le guide et ressort à travers
la paroi abdominale. Sa mise en place est parfois plus déli-
cate en présence d’une carcinose péritonéale importante ou
chez un patient déjà opéré de l’abdomen. Les contre-indi-
cations classiques sont la présence d’une hypertension por-
tale (risque de varices œsophagienne), d’une ascite, d’un
trouble de la coagulation, d’un ulcère gastrique, un anté-
cédent de gastrectomie partielle… Mais dans le contexte
d’occlusion maligne en phase avancée de maladie, aucune
contre-indication n’est absolue [17]. La complication la
plus fréquente est la survenue d’une péritonite qui survient
habituellement dans les 24 heures qui suivent l’acte, à une
fréquence de 1 % d’après une large série [26] ; une anti-
biothérapie prophylactique pourrait diminuer ce risque.
Mais rappelons que la présence d’une sonde naso-gastrique,
outre son principal inconvénient – l’inconfort des
patients – est aussi source de complications comme des
infections oro-pharyngées, des sinusites, des érosions œso-
Il faut savoir proposer
cette solution aux patients
qui peuvent en bénéficier.