Volume 12 Numéro 3 - Centre de santé et de services sociaux de

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Bulletin d’information
Département de pharmacie du CSSS de Laval
Volume 12, no 3
Mars 2009
LA ZIPRASIDONE (ZELDOXMD) :
UN NOUVEL ANTIPSYCHOTIQUE DE DEUXIÈME GÉNÉRATION
Rédigé par : Josée Filiatrault, résidente en pharmacie
Révisé par : Nathalie Gadbois B.pharm, M.Sc, BCPP
PREMIÈRE OU DEUXIÈME GÉNÉRATION?
Les antipsychotiques classiques ou de première génération (ex. : chlorpromazine, halopéridol) ont été les premiers médicaments utilisés, au cours des années 50 et
60, pour traiter la schizophrénie. Ceux-ci agissent principalement au niveau des récepteurs dopaminergiques de
type 2 (D2) et sont efficaces pour atténuer les symptômes
positifs de la maladie. Malheureusement, ces médicaments n’ont que peu d’impact sur les symptômes négatifs
et présentent plusieurs effets indésirables importants tels
les troubles extrapyramidaux (présents sous forme
d’akathisie, de dystonie ou de dyskinésie) et
l’hyperprolactinémie (caractérisée par des symptômes
d’aménorrhée, de galactorrhée, de gynécomastie et
d’impuissance).5,6,7
INTRODUCTION
En février 2008, la ziprasidone (ZeldoxMD) a fait son apparition sur le marché canadien dans la catégorie des antipsychotiques.1 Cette molécule, qui a préalablement été
approuvée aux États-Unis en 2001, s’est longtemps fait
attendre au Canada. En effet, un si long délai entre les
mises en marché américaine et canadienne s’explique
par le fait que les canadiens désiraient davantage
d’informations quant à l’innocuité de la ziprasidone par
rapport à son impact sur l’allongement de l’intervalle QT.
Ayant désormais des données rassurantes sur le sujet,
les professionnels de la santé devront apprivoiser cette
nouvelle molécule afin d’en optimiser son utilisation.
QUELLE EST L’INDICATION?
La ziprasidone est un antipsychotique de deuxième génération indiqué dans le traitement de la schizophrénie et
des troubles psychotiques apparentés.2 Bien que non
officiellement indiquée, elle est aussi intégrée dans les
lignes directrices du Canadian Network for Mood and
Anxiety Treatments (CANMAT) 2007 pour le traitement
des troubles bipolaires dans les manies et les épisodes
mixtes.3
Au cours des années 90, de nouveaux antipsychotiques
se sont ajoutés à l’arsenal thérapeutique. Ainsi, la clozapine (ClozarilMD), la rispéridone (RisperdalMD), l’olanzapine
(ZyprexaMD) et la quétiapine (SeroquelMD) sont venus
former une nouvelle classe : les antipsychotiques atypiques ou de deuxième génération. Puisqu’ils agissent sur
plusieurs récepteurs, ils ont un effet bénéfique à la fois
sur les symptômes positifs et négatifs de la maladie et
risquent moins d’entraîner les effets indésirables rencontrés avec les antipsychotiques de première génération.5,6 Après l’avènement de ces molécules, il aura fallu
attendre presque dix ans avant de voir arriver de nouvelles options de traitement en schizophrénie. La palipéridone (InvegaMD) et la ziprasidone (ZeldoxMD), maintenant
disponibles au Canada, sont alors venues s’ajouter à
cette classe d’antipsychotiques.
LA SCHIZOPHRÉNIE : RAPPELS SUR LA PATHOLOGIE
La schizophrénie est un trouble psychotique chronique
qui touche environ 1 % de la population. La cause de
cette maladie n’est pas encore clairement établie, mais
elle semble multifactorielle.4 Les principaux symptômes
se divisent en trois groupes distincts : les symptômes
positifs (ex. : hallucinations, délires, agressivité), les
symptômes négatifs (ex. : diminution de l’expression des
émotions, diminution de la spontanéité de la pensée,
détérioration des habiletés sociales, perte d’énergie) puis
les troubles cognitifs (ex. : troubles d’attention, de mémoire, de fonction d’exécution).4,5
COMMENT AGIT-ELLE?
De façon générale, les effets pharmacologiques des antipsychotiques s’exercent principalement via les récepteurs sérotoninergiques (5-HT), dopaminergiques (D) et
adrénergiques (α) du cerveau.5,7 Chaque antipsychotique
-1-
deuxième génération. La ziprasidone s’est alors révélée
d’une efficacité sensiblement équivalente à celle de
l’olanzapine, de la rispéridone et de la quétiapine dans le
traitement de patients en phase aiguë de schizophrénie
ainsi que dans le traitement d’entretien prolongé de la
schizophrénie.15,16,17,18,19
présente des affinités différentes pour ces récepteurs,
créant par le fait même des différences tant au niveau de
l’efficacité que des effets indésirables. Le tableau I présente un résumé des affinités comparatives des antipsychotiques aux différents récepteurs ainsi que les effets
pharmacologiques et indésirables étant associés à ces
récepteurs.
QU’EN EST-IL DES EFFETS INDÉSIRABLES?
De façon générale, la ziprasidone est bien tolérée par les
patients. Au cours des études cliniques à court terme, les
effets indésirables les plus fréquemment rapportés ont été
les suivants : somnolence (14 %), symptômes extrapyramidaux (14 %), nausées (10 %), constipation (9 %), étourdissement (8 %), dyspepsie (9 %), akathisie (8 %), infection des voies respiratoires (8 %), asthénie (5 %), diarrhée
(5 %).2 De plus, dans les essais de précommercialisation,
environ 5 % des sujets sous ziprasidone ont présenté un
rash ou de l’urticaire, nécessitant alors l’arrêt du médicament. Pour la plupart des effets indésirables, la fréquence
semble augmenter avec l’augmentation de la dose.2,20
En observant ce tableau, on constate que la ziprasidone
présente une affinité pour les récepteurs sérotoninergiques supérieure aux autres antipsychotiques. Cette propriété procure à la ziprasidone des effets pharmacologiques diversifiés non négligeables. En effet, en plus d’avoir
des effets antipsychotiques, la ziprasidone présente des
effets antidépresseurs et anxiolytiques.5,8 En outre, on
constate que la ziprasidone présente une plus faible affinité pour les récepteurs histaminiques, muscariniques et
adrénergiques. Cette propriété permet d’expliquer le fait
que la ziprasidone présente un profil d’effets indésirables
très avantageux.5
QU’EN EST-IL DE LA PHARMACOCINÉTIQUE?
Parmi les éléments les plus importants de la pharmacocinétique de la ziprasidone, on note le fait qu’en présence
d’aliments, la biodisponibilité de la ziprasidone augmente
de près du double, passant de 30 à 60 %. Il est donc
recommandé de prendre le médicament avec de la nourriture. Par ailleurs, en considérant la faible demi-vie
d’élimination, soit environ 7 heures, la ziprasidone doit
être prise deux fois par jour. Pour ce qui est du métabolisme, on note que le deux tiers de celui-ci est effectué
par l’enzyme aldéhyde oxydase alors que le tiers restant
est effectué par le cytochrome P450 3A4. Enfin, concernant l’élimination, la monographie indique qu’il n’est pas
nécessaire de faire des ajustements posologiques en
fonction de l’âge, du sexe, de la race ou de la présence
d’une atteinte rénale ou hépatique modérée. Toutefois,
peu de données sont disponibles dans les cas d’atteinte
rénale ou hépatique sévère.2,4,5
En outre, plusieurs effets indésirables sont associés à la
classe des antipsychotiques de deuxième génération.
Évidemment, la ziprasidone n’y échappe pas. Le tableau
II présente les effets indésirables les plus fréquemment
associés aux antipsychotiques de deuxième génération et
permet de comparer les différentes molécules.
Enfin, les antipsychotiques de deuxième génération sont
souvent associés à des effets indésirables métaboliques
très incommodants pour le patient. L’un des avantages
majeurs de la ziprasidone par rapport aux autres molécules concerne justement ces effets indésirables. Effectivement, selon plusieurs études dont CATIE (n = 1493), il a
été démontré que, contrairement à la majorité des autres
agents, la ziprasidone entraînait une diminution du poids,
de l’hémoglobine glyquée, du taux de cholestérol et de la
concentration des triglycérides.15 Le tableau III démontre
bien ces résultats et permet une comparaison précise des
différents agents antipsychotiques.
QUE DISENT LES ÉTUDES CLINIQUES À PROPOS DE
L’EFFICACITÉ?
Dans les principales études avec placebo, la ziprasidone
s’est révélée supérieure pour améliorer la psychopathologie globale et atténuer les symptômes positifs et négatifs
de schizophrénie, une semaine après le début du traitement. La ziprasidone s’est aussi révélée significativement
supérieure tant sur le temps écoulé avant la rechute que
sur le taux de rechute après un an.12,13,14
QUELLES SONT LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE?
Lors des études de commercialisation, il a été démontré
que la ziprasidone était associée à des changements à
l’électrocardiogramme et à un allongement de l’intervalle
QT. Un tel allongement peut entraîner des arythmies
mortelles telles les torsades de pointe. Celles-ci peuvent
être asymptomatiques tout comme elles peuvent entraîner des étourdissements, des palpitations, des syncopes
ou des convulsions. Des torsades de pointes soutenues
peuvent évoluer vers la fibrillation ventriculaire pour aboutir à la mort subite par arrêt cardiaque.2
Différents essais cliniques ont aussi comparé l’efficacité
de la ziprasidone à celle des autres antipsychotiques de
-2-
significatifs, il ne semble pas nécessaire d’effectuer un
ECG avant de débuter la ziprasidone.23
Selon une étude, avec la ziprasidone à raison de
160 mg/jour, l’allongement moyen par rapport à la durée
initiale corrigée a atteint 15,9 ms, soit environ 9 à 14 ms
de plus qu’avec quatre des agents de comparaison
(15 mg/jour d’halopéridol [7,1 ms], 750 mg/jour de quétiapine [5,7 ms], 16 mg/jour de rispéridone [3,6 ms] et
20 mg/jour d’olanzapine [1,7 ms]), mais environ 14 ms de
moins qu’avec 300 mg/jour de thioridazine (30,1 ms) qui
lui, a reçu un avis de Santé Canada.2,21 Par ailleurs, dans
cette même étude, on a démontré que l’effet de la ziprasidone sur le QTc n’a pas augmenté en présence d’un
inhibiteur enzymatique.2,21 Enfin, une autre étude a démontré que l’augmentation de la dose à 320 mg/jour (le
double de la dose maximale recommandée) a entraîné un
allongement de QTc de 22,5 ms, soit seulement 3 ms de
plus qu’à la dose de 160 mg/jour, ce qui indiquerait
l’existence d’un plateau.2,22 Ces données semblent très
rassurantes puisque aucun sujet n’a présenté d’intervalle
QTc ≥ 450 ms ni d’allongement ≥ 75 ms par rapport à la
durée initiale.2
DOIT-ON SURVEILLER DES INTERACTIONS?
Interactions pharmacodynamiques
En raison de son effet sur l’intervalle QT (voir section sur
les précautions), la ziprasidone ne devrait pas être associée à un autre médicament qui allonge le QT. De plus,
comme la ziprasidone tend à provoquer de l’hypotension,
il est possible que les effets des antihypertenseurs soient
accentués. Par ailleurs, de par son mécanisme d’action, il
est possible que la ziprasidone s’oppose aux effets de la
lévodopa et des agonistes de la dopamine. Enfin, puisque
la ziprasidone agit principalement sur le SNC, la prudence
s’impose en cas d’association avec d’autres agents agissants sur le SNC (ex. : alcool).2,20
Interactions pharmacocinétiques
Les deux tiers de la clairance métabolique de la ziprasidone sont assurés par l’enzyme aldéhyde oxydase. Celleci fonctionne indépendamment des cytochromes et n’a
aucun inducteur ni inhibiteur.2 Cette propriété pharmacocinétique permet d’éviter plusieurs interactions.
Malgré le fait que les données cliniques semblent très
rassurantes par rapport au danger associé à l’intervalle
QT, la prudence est de mise. D’ailleurs, par mesure de
précaution, la compagnie a émis une contre-indication
chez les patients ayant récemment eu un infarctus du
myocarde, présentant une insuffisance cardiaque non
compensée ou des antécédents d’allongement du QT.
Une mise en garde a aussi été émise quant à
l’administration concomitante de la ziprasidone avec des
médicaments qui accroissent, eux aussi, l’intervalle QT
(ex. : quinidine, sotalol, moxifloxacine, clarithromycine,
venlafaxine, cocaïne, …).2,6,20 Par ailleurs, il est important
de considérer le fait que certains facteurs peuvent faire
augmenter le risque de torsades de pointe. Ceux-ci sont
présentés au tableau IV. Le prescripteur devrait tenir
compte de ces différents facteurs de risque et ajuster sa
conduite en conséquence.
Toutefois, le tiers de la clairance métabolique restante est
assurée par le cytochrome P450 3A4. Ainsi,
l’administration concomitante d’inhibiteurs puissants du
CYP3A4 (ex. : kétoconazole) peut faire augmenter significativement la concentration sérique de la ziprasidone.
D’autre part, l’administration concomitante d’inducteurs
puissants du CYP3A4 (ex. : carbamazépine) peut faire
diminuer significativement la concentration sérique de la
ziprasidone. La portée clinique de ces deux types
d’interactions n’a pas été clairement établie, ce qui justifie
par le fait même un suivi médical plus étroit.2 Par ailleurs,
n’étant métabolisée que partiellement par le CYP3A4, des
études ont démontré que la ziprasidone n’influençait pas
de façon significative le métabolisme des autres médicaments substrats du CYP3A4.2
En considérant le fait que l’intervalle QT varie continuellement chez un même individu selon une différence pouvant aller jusqu’à 75-95 ms, un suivi avec ECG effectués
à intervalles réguliers ne constitue pas une procédure
cliniquement efficace pour détecter un allongement du QT
secondaire à la médication.7,8 Néanmoins, en présence de
signes ou de symptômes de troubles cardiaques, tels que
palpitations, vertige, syncope ou convulsions, on devrait
procéder à une évaluation de la fonction cardiaque avec
ECG. On conseille de cesser le traitement si le QTc > 420
ms chez un patient symptomatique ou si le QTc > 500 ms
chez un patient asymptomatique.2 Enfin, en dehors des
conditions cliniques présentant des facteurs de risque
Enfin, la ziprasidone est un substrat mineur du CYP1A2.
Toutefois, comme la contribution de cette voie métabolique est mineure, la cigarette (un inducteur du CYP1A2)
ne semble pas influencer la pharmacocinétique de la
ziprasidone.2,5,6
ET LES PERSONNES ÂGÉES?
La grande majorité des études sur la ziprasidone exclut
ce type de clientèle. Néanmoins, la monographie recommande de prescrire une dose initiale plus faible, d’ajuster
la posologie plus lentement et de faire une surveillance
plus étroite durant la période d’administration initiale puis-
-3-
POUR PASSER D’UN ANTIPSYCHOTIQUE À UN AUTRE
Si l’on désire passer d’un antipsychotique de deuxième
génération à un autre, aucune procédure spécifique n’est
favorisée. Ainsi, il est possible de cesser brusquement le
1er médicament pour débuter immédiatement le 2e tout
comme il est possible de cesser graduellement le 1er
agent tout en débutant graduellement le 2e. Chacune de
ces procédures comporte ses avantages et ses inconvénients. Quelques études ont comparé ces différentes
procédures, mais aucune n’a démontré d’avantages sur
l’autre.8,24 Le choix d’utiliser l’une ou l’autre dépendra
donc des molécules en cause, de la tolérance du patient
et de sa condition clinique.5
que les personnes âgées sont généralement plus sensibles aux effets indésirables. De plus, comme elles ont
souvent une fonction cardiaque réduite, le prescripteur
devrait toujours considérer les précautions à prendre en
fonction du risque d’allongement du QT.2,5,20
En outre, la ziprasidone n’est pas indiquée chez les personnes âgées atteintes de démence. En fait, une métaanalyse de 13 essais comparatifs avec placebo chez une
telle population a mis en évidence un taux de mortalité
1,6 fois plus élevé chez les patients traités avec la ziprasidone. Bien que les causes variaient, la plupart des décès étaient d’origine cardiovasculaire (ex. : insuffisance
cardiaque ou mort subite) ou infectieuse (ex. : pneumonie).2
PRIX
La ziprasidone est disponible sous forme de capsule de
gélatine dure opaque contenant 20, 40, 60 ou 80 mg. Un
traitement avec une dose moyenne de ziprasidone coûte
environ 115 $ par mois.25 Pour comparer les prix associés
aux autres molécules utilisées en schizophrénie, référezvous au tableau V. Enfin, notons que ziprasidone fait
partie de la liste des médicaments assurés par le régime
d’assurance médicament du Québec.
POSOLOGIE
La monographie recommande d’amorcer un traitement de
ziprasidone à une dose de 40 mg bid en mangeant. Toutefois, une dose initiale de 20 mg bid pourrait être préférable chez certaines personnes ou certains contextes
cliniques. La posologie quotidienne devra être ajustée par
la suite jusqu’à 80 mg bid selon la réponse au traitement.
D’ailleurs, seules les doses variant entre 120 et 160
mg/jour ont été démontrées supérieures au placebo lors
des études cliniques.11 Les ajustements posologiques
doivent être espacés d’au moins deux jours, puisqu’il faut
de un à trois jours pour atteindre l’état d’équilibre. Toutefois, en pratique, les augmentations peuvent être espacées davantage ou ajustées selon la tolérance et la condition clinique du patient. Il est généralement déconseillé
d’augmenter la dose au-delà de 160 mg/jour par manque
d’études.2,5,20
AVANTAGES ET DÉSAVANTAGES APPLIQUÉS À UN CONTEXTE
CLINIQUE
Lorsqu’on compare la ziprasidone aux autres antipsychotiques de deuxième génération, plusieurs avantages apparaissent évidents. Le tout premier constitue indubitablement le profil d’effets indésirables métaboliques qu’on
peut considérer comme étant avantageux. Ensuite, l’effet
pharmacologique diversifié de la ziprasidone constitue un
avantage considérable par rapport aux autres agents.
Enfin, contrairement aux autres agents, elle présente peu
d’interactions.
Si l’arrêt de la ziprasidone est souhaité, il est important de
procéder à un sevrage graduel, particulièrement si la
médication a été administrée sur une longue période. Si
un tel sevrage n’est pas effectué, le patient est à risque
de subir les symptômes suivants : gastrite, nausée, vomissements, somnolence, tremblements, bouffées de
chaleur, sudation, tachycardie, céphalée et insomnie. Ces
symptômes apparaissent généralement 24 à 48 heures
après l’arrêt subit ou après une diminution importante de
la dose de ziprasidone et peuvent durer jusqu’à 14 jours.5
Toutefois, plusieurs inconvénients doivent être pris en
considération. Le plus important est certainement la prise
biquotidienne avec nourriture. Lorsqu’on considère le fait
que la non-adhérence au traitement est fréquente en
psychiatrie, ces éléments peuvent constituer un obstacle
majeur. Par ailleurs, bien que la ziprasidone ait été démontrée équivalente à l’olanzapine, à la rispéridone et à
la quétiapine en terme d’efficacité, aucune étude n’a été
effectuée dans un contexte de schizophrénie réfractaire.8,26 Enfin, bien que les données cliniques semblent
très rassurantes par rapport au danger associé au prolongement de l’intervalle QT, la prudence est de mise.
PEUT-ON OUVRIR LA CAPSULE?
Pfizer Canada recommande de ne pas ouvrir les capsules
car aucun essai clinique n’a pu confirmer l’efficacité,
l’innocuité et la stabilité du médicament dans un tel
contexte. Toutefois, puisque ZeldoxMD n’est pas libéré
selon une cinétique particulière, il est peu probable
qu’une telle pratique cause problème.
PLACE DANS LA THÉRAPIE
Tous les antipsychotiques de deuxième génération, soit la
rispéridone, l’olanzapine, la quétiapine et la ziprasidone,
-4-
2.
Pfizer Canada Inc. Zeldox. Monographie de produit. Août
2007.
3.
Yatham LN, Kennedy SH, O'Donovan C, et al. « Canadian
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4.
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rédacteurs. Pharmacotherapy : A Pathophysiologic Approach. 6e éd. New York : The McGraw-Hill Companies
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5.
Bezchlibnyk-Butler KZ, Jeffries JJ, Virani AS. « Clinical
handbook of psychotropic drugs. » 17e rév. éd. Ashland,
OH : Hogrefe & Huber Publishers; 2007.
6.
Joncas M. « La ziprasidone (GeodonTM). » Québec Pharmacie 2001; 48(8) :624-29.
De plus, en considérant le fait que chaque individu peut
réagir différemment à un agent versus un autre et que la
ziprasidone a un effet pharmacologique diversifié, celle-ci
pourrait être essayée chez les patients ne répondant pas
aux autres antipsychotiques de deuxième génération. La
ziprasidone pourrait donc constituer une autre alternative
avant le passage à la clozapine. Cependant, par manque
d’information, il serait prématuré de suggérer la ziprasidone chez les patients stabilisés par la clozapine. Cette
dernière demeure donc le traitement de référence dans
les cas de schizophrénie réfractaire.8,26
7.
Stahl SM. Psychopharmacology of antipsychotics. 1re éd.
London : Martin Dunitz Ltd ; 1999.
8.
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9.
Schmidt AW, Lebel LA, Howard HR Jr, et al. Ziprasidone:
a novel antipsychotic agent with a unique human receptor
binding profile. Eur J Pharmacol 2001;425 :197-201.
Conclusion
Enfin, la ziprasidone offre aux patients une efficacité
équivalente à celle des autres agents et un profil d’effets
indésirables très avantageux lorsque comparé aux agents
actuellement sur le marché. Ces caractéristiques font de
la ziprasidone une molécule intéressante. Elle constitue
d’ailleurs un ajout important à l’arsenal thérapeutique de
la schizophrénie. Enfin, une formulation intramusculaire
pour le traitement à court terme des épisodes d’agitation
aiguë est actuellement disponible sur le marché américain. Il ne serait donc pas surprenant de voir arriver une
telle formulation sur le marché canadien et ce, à court ou
à moyen terme.
10. Stahl SM, Shayegan DK. « The psychopharmacology of
ziprasidone: receptor-binding properties and real-world
psychiatric practice. » J Clin Psychiatry 2003; 64
(suppl.19) : 6-12.
ont démontré une efficacité sensiblement équivalente.
Ainsi, les experts suggèrent de considérer la ziprasidone
en première ligne de traitement au même titre que toutes
les autres molécules de deuxième génération. Actuellement, dû au manque d’expérience avec la molécule, les
médecins québécois tardent à insérer la ziprasidone dans
leurs premiers choix de traitement. Néanmoins, plusieurs
situations cliniques bénéficieraient avantageusement des
propriétés de cette molécule. C’est le cas, par exemple,
des patients avec trouble métabolique chez qui l’on voudrait débuter un traitement ou des patients présentant des
effets indésirables métaboliques significatifs secondaires
à la prise d’un antipsychotique. Comme ces effets indésirables peuvent miner considérablement l’adhérence au
traitement et éventuellement mener à un échec thérapeutique, la ziprasidone constitue une bonne alternative,
surtout si la prise biquotidienne avec nourriture ne constitue pas un obstacle pour le patient.8,26
11. Caley CF, Cooper CK. « Ziprasidone : The Fifth Atypical
Antipsychotic. » Ann Pharmacother. 2002; 36(5):839-51.
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14. Daniel DG, Zimbroff DL, Potkin SG, et al. « Ziprasidone
80 mg/day and 160 mg/day in the Acute Exacerbation of
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20. Lacy CF, Armstrong LL, Goldman MP, et al. Drug information handbook: A Comprehensive Resource for all Clini-
-6-
TABLEAU I : AFFINITÉS COMPARATIVES DES ANTIPSYCHOTIQUES AUX DIFFÉRENTS RÉCEPTEURS ET LES EFFETS
Récepteur
Clozapine
Rispéridone
Olanzapine
Quétiapine
Ziprasidone
PHARMACOLOGIQUES ET INDÉSIRABLES Y ÉTANT ASSOCIÉS5,8,9,10,11
D2
++
+++++
+++
++
++++
H1
++++
+++
++++
++++
+++
M1
+++
+/-
++++
+
+
α1
+++
++++
+++
++++
+++
α2
+++
++++
++
+++
+/-
Effets
indésirables
Effets pharmacologiques
Effet antipsychotique
(Sx positifs)
Effets extrapyramidaux, hyperprolactinémie
Sédation, gain de poids, hyperglycémie, dyslipidémie
Bouche sèche, constipation, vision brouillée,
rétention urinaire, somnolence, troubles cognitifs
Hypotension orthostatique, étourdissements,
tachycardie réflexe, somnolence, hypersalivation
Dysfonction sexuelle
Effet anxiolytique, antidépresseur
Hypotension, somnolence, gain de poids
et antipsychotique
Effet antipsychotique
5-HT2
++++ +++++ ++++ +++ +++++
(Sx négatifs)
Légende : D2 = Récepteur dopaminergique de type 2, H1 = récepteur histaminique de type 1, M1 = récepteur muscarinique de type 1, α1 = récepteur alpha-adrénergique de type 1, α2 = récepteur alpha-adrénergique de type 2, 5-HT1A = récepteur sérotoninergique de type 1A, 5HT2 = récepteur sérotoninergique de type 2, Sx = symptômes.
5-HT1A
++
++
+
++
++++
TABLEAU II : COMPARAISON DES ANTIPSYCHOTIQUES DE DEUXIÈME GÉNÉRATION
PAR RAPPORT AUX EFFETS INDÉSIRABLES ASSOCIÉS À LA CLASSE5
Effets indésirables
Comparaison des molécules
Effets extrapyramidaux
Risp > Olan = Zip > Quét = Cloz
Hyperprolactinémie
Risp > Olan = Quét = Cloz = Zip
Effets anticholinergiques
Cloz > Olan > Quét > Risp = Zip
Hypotension orthostatique
Cloz > Risp = Quét > Olan = Zip
Sédation
Cloz > Olan = Quét > Risp = Zip
Gain de poids
Cloz = Olan > Quét = Risp > Zip
Dyslipidémies
Cloz = Olan > Quét > Risp > Zip
Hyperglycémie
Cloz = Olan > Quét = Risp > Zip
Allongement du QT
Zip > Quét = Risp = Olan
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TABLEAU III : VARIATION MOYENNE DES PARAMÈTRES MÉTABOLIQUES RAPPORTÉE POUR CHAQUE
ANTIPSYCHOTIQUE DE DEUXIÈME GÉNÉRATION SELON L’ÉTUDE CATIE15
Rispéridone
Olanzapine
Quétiapine
Ziprasidone
Variation moyenne du gain de poids (kg)
0,4
4,3
0,5
- 0,7
Variation moyenne de la glycémie (mmol/L)
0,4
0,8
0,4
0,1
Variation moyenne de Hba1c (%)
0,08
0,41
0,05
- 0,10
Variation moyenne du taux de cholestérol (mmol/L)
- 0.05
0,25
0,14
- 0,24
Variation moyenne des triglycérides (mmol/L)
- 0,03
0,48
0,22
- 0,20
Effets indésirables métaboliques
TABLEAU IV : FACTEURS DE RISQUE DE TORSADE DE POINTE ET CONDUITE SUGGÉRÉE PAR RAPPORT À LA
ZIPRASIDONE2,5,8,20
Facteurs de risque
Conduite suggérée
Présence d’un allongement congénital de l’intervalle QT
Éviter la ziprasidone si QTc > 450 ms. Cesser si QTc > 420 ms chez un
patient symptomatique ou si QTc > 500 ms chez patient asymptomatique
Antécédents personnels de maladie ou d’arythmie cardiaques
Éviter la ziprasidone
Antécédents familiaux de mort subite avant l’âge de 50 ans
Éviter la ziprasidone
Bradycardie
Éviter la ziprasidone
Lésions du système nerveux central
(ex. : AVC, infection, trauma, maladie de Parkinson)
Usage concomitant d’autres médicaments qui allongent l’intervalle
QT/QTc *
Déséquilibre électrolytique
(ex. : hypokaliémie, hypomagnésémie, hypocalcémie)
Cesser l’usage de ces médicaments ou éviter la ziprasidone
Utilisation de diurétiques ou présence de dysfonction rénale
Effectuer un suivi régulier des électrolytes
Éviter la ziprasidone
Corriger avant d’introduire la ziprasidone
Sexe féminin, âge > 65 ans, diabète, obésité, carence alimentaire,
Aucune conduite particulière suggérée
trouble thyroïdien
* Une liste complète des médicaments pouvant prolonger l’intervalle QT est disponible via le site www.qtdrugs.org
TABLEAU V : COMPARAISON DES PRIX MENSUELS ASSOCIÉS
AUX DIFFÉRENTES OPTIONS DE TRAITEMENT25
Traitement*
CSSSL
RAMQ
Clozapine 300 mg die
81,50 $
238,00 $
Rispéridone 2 mg die
9,50 $
28,80 $
Olanzapine 15 mg die
89,10 $
164,10 $
Quétiapine 800 mg die
311,20 $
311,20 $
Ziprasidone 40 mg bid
113,40 $
113,40 $
*Les prix correspondent à la formulation générique, lorsque celle-ci est disponible.
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