D. Cohen16
elles, soit naturalistes. Leur durée était généralement
brève (moins de 12 semaines). Les données recueillies
concernaient la prise de poids, la sédation, les données
métaboliques, et la symptomatologie extra-pyramidale.
Dans la méta-analyse bayésienne effectuée, tous les types
de comparaisons sont pris en compte dans l’analyse et les
calculs probabilistes de manière simultanée en fonction du
nombre de sujets inclus et du nombre d’études compara-
tives.
Concernant la prise de poids, les résultats montrent une
prise de poids moyenne par sujet signifi cativement plus
grande sous produit actif que sous placebo avec tous les
antipsychotiques atypiques (la moins marquée avec l’aripi-
prazole et la plus marquée avec l’olanzapine), sauf sous
ziprasidone ; ils montrent également une proportion de
sujets présentant une prise de poids signifi cative plus
grande avec la clozapine et l’olanzapine, et moins grande
avec la ziprasidone. Concernant les données métaboliques,
l’olanzapine et la rispéridone augmentent signifi cative-
ment la glycémie vs placebo ; l’olanzapine et la quétiapine
augmentent signifi cativement le cholestérol et les triglycé-
rides plasmatiques [5]. L’importance clinique des anoma-
lies métaboliques retrouvées ne paraît pas considérable
pour les endocrinologues d’enfants et d’adolescents ; mais
il s’agit ici de données de court terme, et ces modifi cations
deviennent sans doute beaucoup plus pertinentes lorsqu’on
retient les indications habituelles des antipsychotiques
(schizophrénies et troubles bipolaires), qui sont des indica-
tions de long ou très long terme [3].
Concernant la sédation, celle-ci apparaît signifi cative-
ment supérieure au placebo pour tous les produits, même
si elle est nettement plus marquée pour la clozapine. Enfi n,
concernant les effets extra-pyramidaux, ils sont également
présents chez un nombre signifi cativement plus grand de
sujets que sous placebo avec tous les produits, et en parti-
culier la ziprasidone. Ces données sur la ziprasidone sem-
blant différer de celles retrouvées chez l’adulte, on peut se
poser la question d’un profi l de tolérance particulier des
adolescents pour cette molécule [5].
Nous avons résumé dans le tableau suivant de manière
qualitative les principaux effets secondaires des antipsy-
chotiques atypiques tels qu’appréciés dans ce travail de
méta-analyse (Tableau 3).
Conclusion
Les antipsychotiques atypiques sont donc des molécules qui
ont fait la preuve de leur intérêt dans plusieurs indications
chez l’enfant et l’adolescent. L’effi cacité symptomatique
parait équivalente d’une molécule à l’autre. Toutefois, les
effets secondaires sont plus nombreux que chez l’adulte ;
il faut donc être attentif à ne pas dériver vers une infl ation
de prescriptions. Le profi l d’effets secondaires apparaît
très différent d’une molécule à l’autre, comme le montre
comportement (irritabilité et agressivité) associés à l’au-
tisme et aux retards mentaux, de 6 à 17 ans [2].
En France, les AMM chez l’enfant et l’adolescent
concernant les antipsychotiques portaient uniquement,
jusqu’en 2007, sur les antipsychotiques de première géné-
ration. Depuis lors, deux produits ont obtenu une AMM :
l’aripiprazole (10 à 30 mg) dans la schizophrénie de l’ado-
lescent de plus de 15 ans ; et la rispéridone (2 à 8 mg), dans
les troubles graves du comportement dans le retard mental
et les syndromes autistiques entre 6 et 11 ans, et dans les
schizophrénies et psychoses à partir de 15 ans.
Profi ls d’effets secondaires
Le problème de la tolérance neurologique est le pro-
blème central en matière d’antipsychotiques. Il faut bien
faire la distinction entre dystonies tardives et dyskinésies
tardives (Tableau 2). Chez le sujet jeune, ce sont les dysto-
nies tardives qui posent des problèmes graves. Il s’agit de
manifestations touchant préférentiellement le tronc, dont
le sujet a totalement conscience, et donc dont il souffre [4].
Une étude très importante de pharmacovigilance a été
publiée aux États-Unis sur plus de 4 millions de prescrip-
tions d’olanzapine, dont 24 000 chez des enfants et
23 400 chez des adolescents [8]. Cette étude montre un
risque relatif 4 à 5 fois plus important de sédation, de prise
de poids et de dystonies/dyskinésies tardives chez l’enfant
par rapport à l’adulte, ainsi qu’un risque relatif de sédation
2 fois plus élevé et de prise de poids 3 fois plus élevé chez
l’adolescent par rapport à l’adulte. Mais cette étude reste
très peu citée…
Pour préciser cette question des effets adverses des
antipsychotiques atypiques chez l’enfant et l’adolescent,
nous avons mené une méta-analyse en recherchant toutes
les études de la littérature concernant ce sujet. Nous avons
retenu 41 études pertinentes, regroupant 4000 patients
correspondant à 93 bras. Ces études étaient, soit contrô-
lées contre placebo, soit comparant deux molécules entre
Tableau 2 Distinction entre dystonies tardives
et dyskinésies tardives
Dystonies tardives Dyskinésies tardives
Sujet jeune
Au cours du traitement
Homme
Souffrance importante
Handicap sévère
Rémission rare
Amélioré
par les anti-cholinergiques
Réponse à la clozapine
Sujet âgé
Après le traitement
Femme
Souffrance rare
Peu de handicap
Rémission fréquente
Aggravation
sous anti-cholinergiques
Pas de réponse
à la clozapine