8 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 58 N° 6 OCTOBRE 2011
veau à la semaine 12 puis chaque année par la
suite. Enn, le bilan lipidique doit être répété à
la semaine 12 puis tous les cinq ans4. Le phar-
macien communautaire peut prendre une part
active dans ce suivi, principalement en ce qui a
trait à la mesure du tour de taille et du poids, à la
prise de la pression artérielle et à la mesure du
glucose sanguin.
Le gain de poids incommode bien souvent les
patients. Un changement d’antipsychotique
peut être envisagé lorsqu’un patient augmente
son poids initial de 5 % ou plus à tout moment
au cours du traitement4. Il faut cependant être
très prudent, car cette substitution peut le désta-
biliser. Lors d’un changement, deux types de
phénomène rebond peuvent survenir. Le pre-
mier, à caractère pharmacodynamique, se pro-
duit lorsque les deux antipsychotiques dièrent
quant à leur affinité pour les récepteurs6. En
eet, des symptômes de sevrage peuvent surve-
nir selon le type de récepteur impliqué et la rapi-
dité du changement6. De plus, si le nouvel anti-
psychotique est à dose sous-thérapeutique, un
phénomène rebond de type pharmacocinétique
peut se produire6. Dans ce cas, le blocage des
récepteurs dopaminergiques 2 (D2) est moin-
dre par rapport à ce qu’il était avant le change-
ment6. Le patient peut donc se retrouver avec
une psychose, une manie, être agité ou manifes-
ter de l’akathisie ou de la dyskinésie6.
Il existe plusieurs méthodes pour passer d’un
antipsychotique à un autre. La méthode la plus
abrupte, celle où l’antipsychotique à changer (X)
est cessé, puis remplacé par un nouvel antipsy-
chotique (Y) à pleine dose, est utilisée principa-
lement chez les patients hospitalisés7. Il y a ici
peu de risque d’interaction7. Cependant, le
patient aura possiblement des symptômes
rebonds7. Il est aussi possible de diminuer gra-
duellement la dose de X jusqu’à sa cessation et
d’introduire ensuite Y à faible dose, puis de
l’augmenter graduellement7. Cette façon de pro-
céder minimise l’apparition de symptômes
rebonds et d’interactions7. Par contre, le patient
reçoit des doses sous-thérapeutiques pendant
une certaine période, ce qui peut favoriser une
exacerbation de la maladie7. De plus, il n’existe
pas de consensus sur la vitesse à laquelle la dose
des deux médicaments devrait être diminuée
ou augmentée. La méthode plus prudente, qui
minimise l’apparition des symptômes rebonds
lorsque les deux antipsychotiques diffèrent
considérablement d’un point de vue pharmaco-
dynamique ou pharmacocinétique, consiste à
faire un chevauchement6. Ainsi, Y est ajouté,
soit à pleine dose ou graduellement, et X est
maintenu à la dose habituelle. X n’est diminué
que lorsque 75 % à 100 % de la dose de Y a été
atteinte et maintenue pendant 4 à 5 demi-vies de
X. Ensuite, la dose de X peut être diminuée de
25 % à 50 % toutes les 4 à 5 demi-vies de X6. La
vitesse de changement de dose est une sugges-
tion et peut être adaptée selon la réponse du
patient.
L’utilisation de cette méthode diminue le ris-
que de rechute et est la plus sécuritaire7. Cepen-
dant, il peut y avoir addition d’eets secondai-
res et augmentation du risque d’interactions
médicamenteuses7. Elle serait à privilégier chez
les patients stables dont le changement de
médication est causé par un eet indésirable
ou chez les patients dont la réponse au premier
traitement est incomplète7. Enn, le recours à
un anxiolytique/sédatif, antihistaminique,
anticholinergique, à de la gabapentine ou à de
la mirtazapine peut s’avérer nécessaire pour
limiter les symptômes rebonds lors du change-
ment de médication chez certains patients6. ■
Acte pharmaceutique facturable
Substituer en raison d’un eet secondaire (DIN :
00999598)
Opinion pharmaceutique
Bonjour Docteur,
M. A.M se plaint d’avoir pris environ 18 kg
ces derniers mois. Il est fumeur et dit faire peu
d’exercice. Il prend depuis récemment de la
rosuvastatine 10 mg pour un déséquilibre des
lipides sanguins. La quétiapine, utilisée pour le
traitement de sa schizophrénie, est susceptible
de causer un gain de poids et d’entraîner une
perturbation du prol lipidique. Dans son cas,
l’aripiprazole pourrait être une bonne option
puisque ce médicament a très peu d’impact
sur le poids et sa prise est sans égard aux repas.
La dose d’aripiprazole équivalente à sa dose
actuelle de quétiapine est de 25 mg. Puisque le
patient est stabilisé depuis longtemps avec de
la quétiapine, la méthode de substitution par
chevauchement serait appropriée pour assurer
la transition. N’hésitez pas à me joindre pour
de plus amples informations.
En toute collaboration,
La pharmacienne
Références
1. Mukundan A, Faulkner G, Cohn T, et coll. Anti-
psychotic switching for people with schizophrenia
who have neuroleptic-induced weight or metabolic
problems. The Cochrane collaboration 2010; 12: 1-
72.
2. Reynolds GP, Kirk SL. Metabolic side effects of
antipsychotic drug treatment – pharmacological
mechanisms. Pharmacology & Therapeutics 2010;
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3. Hasnain M, Fedrickson SK, Vieweg WVR, et coll.
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Atypical Antipsychotics. Curr Diab Rep 2010; 10: 209-16.
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Psychiatric Association. Consensus development
conference on antipsychotics drugs and obesity and
diabetes. Diabetes Care 2004; 27: 596-601.
5. Pramyothin P, Khaodhiar L. Metabolic syndrome
with the atypical antipsychotics. Curr Opin Endocrinol
Diabetes Obes 2010; 17 : 460-6.
6. Corell CU. From receptor pharmacology to improved
outcomes : Individualising the selection, dosing, and
switching of antipsychotics. European Psychiatry
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7. Edlinger M, Baumgartner S, Eltanaihi-Furtmüller
N, et coll. Switching between second-generation
antipsychotics why and how ? CNS drugs 2005; 19 :
27-42.
QUESTION DE FORMATION CONTINUE
Répondez maintenant en ligne. Voir page 46.
1) Lequel des énoncés suivants est
faux ?
A. Le récepteur 5-HT2C est impliqué
dans le gain de poids lié aux
antipsychotiques atypiques.
B. L’olanzapine et la clozapine augmen-
tent le risque de gain de poids, de
diabète et de dyslipidémie.
C. Le bilan lipidique devrait être fait
annuellement lorsqu’un antipsychoti-
que atypique est débuté.
D. Des symptômes de sevrage peuvent
survenir lors d’un changement
d’antipsychotique, notamment
lorsque les deux médicaments
diffèrent quant à leur affinité pour
les récepteurs.
À VOS SOINS