Suites réelles 1. Quelques rappels sur le corps des réels

Agr´egation interne
UFR MATH´
EMATIQUES
Suites r´eelles
On note Nl’ensemble des entiers naturels et Zl’ensemble des entiers relatifs. Avant de
parler de l’ensemble Rdes nombres r´eels, rappelons la efinition de deux autres ensembles
de nombres.
L’ensemble des nombres rationnels Qest d´efini par
Q={rR/nZet mZ, r =n
m}.
Les ´el´ements de Qsont appel´es les nombres rationnels et ceux de R\Qles nombres
irrationnels.
Exemples : 1/3 est un rationnel. πest un irrationnel.
Les entiers relatifs sont des rationnels.
L’ensemble des nombres d´ecimaux est d´efini par
D={rQ/kN,10krZ}.
x= 450.5767 est un nombre d´ecimal car 104xest un entier.
Les nombres d´ecimaux sont des rationnels, mais tous les rationnels ne sont pas des nombres
ecimaux. De plus, la somme et le produit de deux d´ecimaux est un d´ecimal, mais l’inverse
d’un d´ecimal non nul n’est pas toujours un ecimal.
On a les inclusions : NZDQR.
1. Quelques rappels sur le corps des r´eels
1.1. Rest un corps commutatif totalement ordonn´e
On note Rl’ensemble des nombres r´eels. Il est muni de deux op´erations (addition et
multiplication) qui v´erifient les propri´et´es suivantes.
1) L’addition est associative :
xR,yR,zR,(x+y) + z=x+ (y+z).
2) L’addition a un ´el´ement neutre 0 :
xR, x + 0 = 0 + x=x.
3) Tout nombre r´eel a un oppos´e pour l’addition :
xR,yR, x +y=y+x= 0.
L’oppos´e d’un nombre r´eel xest unique : si yet zerifient tous les deux x+y=y+x= 0
et x+z=z+x= 0, alors
y=y+ 0 = y+ (x+z) = (y+x) + z= 0 + z=z.
On d´esigne par xl’oppos´e de x.
4) L’addition est commutative :
xR,yR, x +y=y+x.
Rest donc un groupe commutatif.
5) La multiplication est associative :
xR,yR,zR,(x×y)×z=x×(y×z).
6) La multiplication a un ´el´ement neutre 1 :
xR, x ×1 = 1 ×x=x.
Pr´
eparation `
a l’agr´
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e de Rennes I
7) La multiplication est distributive par rapport `a l’addition :
xR,yR,zR, x ×(y+z) = (x×y) + (x×z)
(y+z)×x= (y×x) + (z×x).
8) La multiplication est commutative :
xR,yR, x ×y=y×x.
Rest un anneau unitaire commutatif.
9) 0 est diff´erent de 1 et tout nombre r´eel xdiff´erent de 0 a un inverse pour la multiplication :
xR,x6= 0 =(yR, x ×y=y×x= 1).
Un tel inverse est unique (mˆeme emonstration que pour l’oppos´e pour l’addition) et
on le note x1.
Rest un corps. Comme autre corps, on connait le corps Qdes rationnels, le corps Cdes
nombres complexes.
On utilise les notations habituelles pour la soustraction et la division : xyd´esigne
x+ (y) et x/y esigne x×y1. On omet le plus souvent le symbole ×pour ´ecrire les
multiplications.
10) Rest muni d’une relation d’ordre :
xR, x x(r´eflexivit´e),
xR,yR,zR,(xyet yz) =xz(transitivit´e),
xR,yR,(xyet yx) =x=y(antisym´etrie).
11) L’ordre est total :
xR,yR,(xyou yx).
12) L’ordre est compatible avec l’addition :
xR,yR,zR,(xy=x+zy+z).
13) Le produit de deux r´eels positifs ou nuls est positif ou nul :
xR,yR,(0 xet 0 y) =0xy.
Un corps muni en plus d’une relation d’ordre v´erifiant les propri´et´es 10–13 est appel´e un
corps totalement ordonn´e. Les corps Qet Rsont des corps totalement ordonn´es.
Lemme 1 – Pour tout xRet tout yR, on a
|x+y| ≤ |x|+|y|et |x| − |y|≤ |xy|
emonstration : la premi`ere in´egalit´e, appel´ee in´egalit´e triangulaire, se prouve en revenant
`a la d´efinition de la valeur absolue.
La deuxi`eme est une cons´equence de la premi`ere, en utilisant les ´egalit´es x= (xy) + y
et y= (yx) + x.
Ces deux in´egalit´es sont fondamentales en analyse, o`u une grande partie du travail consiste
`a majorer et minorer des quantit´es.
In´egalit´es vraies (cons´equences des items 12 et 13)
Si a0 et bc, alors ab ac.
Si a0 et bc, alors ab ac.
Si abet cd, alors a+cb+d.
Si 0 abet 0 cd, alors 0 ac bd.
efinition 2 – Iest un intervalle de Rsi, et seulement si, pour tout aet bdans Itel que
a < b, si a < x < b, alors xI.
En d’autres termes, les intervalles de Rsont exactement les parties convexes de R.
–2–
Les nombres r´
eels ou complexes
1.2. Propri´et´e de la borne sup´erieure
efinition 3 – Soient Aune partie de Ret aun ´el´ement de R.
1 – On dit que aest un majorant (respectivement un minorant) de Asi, pour tout xA,
xa(respectivement xa).
2 – On dit que Aest major´ee (respectivement minor´ee) si elle poss`ede un majorant
(respectivement un minorant).
3 – On dit que Aest born´ee si elle est `a la fois major´ee et minor´ee.
efinition 4 – Soit Aune partie de R, on dit que Aposs`ede un plus grand (respectivement
plus petit) ´el´ement s’il existe un ´el´ement appartenant `a Aqui majore (respectivement
minore) A. On le note max A(respectivement min A).
Proposition 5 – Si Aposs`ede un plus grand (respectivement plus petit) ´el´ement, celui-ci
est unique.
emonstration : supposons que Aait deux plus grands ´el´ements distincts aet a, alors a
est un majorant de Adonc, pour tout xA, x a, or aAdonc aa. De mˆeme, a
est un majorant de Aet aAdonc aa.On en eduit que a=a.
efinition 6 – Soit Aune partie major´ee de R. Si l’ensemble des majorants de Aadmet
un plus petit ´el´ement, celui-ci est appel´e borne sup´erieure de Aet est not´e sup A.
efinition 7 – Soit Aune partie minor´ee de R. Si l’ensemble des minorants de Aadmet
un plus grand ´el´ement, celui-ci est appel´e borne inf´erieure de Aet est not´e inf A.
Exemple - 1 est la borne sup´erieure de [0,1[,0 sa borne inf´erieure.
Lemme 8 – Si elle existe, la borne sup´erieure (resp. inf´erieure) est unique.
Propri´et´e de la borne sup´erieure
Toute partie non vide et major´ee de Radmet une borne sup´erieure.
Toute partie non vide et minor´ee de Radmet une borne inf´erieure.
Caract´erisation de la borne sup´erieure d’une partie Ede Rnon vide et major´ee
La borne sup´erieure de E, sup E, v´erifie les deux propri´et´es suivantes
• ∀xE, x sup E
• ∀ε > 0,xE, sup Eεx(sup E).
Remarque - Qne erifie pas la propri´et´e de la borne sup´erieure.
1.3. Rest archim´edien
De mani`ere plus concr`ete, on a la propri´et´e suivante : x > 0,y > 0, nN, ny > x.
Cette propri´et´e de Rpermet de d´efinir la partie enti`ere d’un r´eel x, not´ee E(x), comme ´etant
le plus grand entier inf´erieur ou ´egal `a x. On a donc les in´egalit´es E(x)x < E(x) + 1.
Remarque - Qest ´egalement archim´edien.
1.4. Qest dense dans R
On peut identifier un sous-corps de R`a Q, et on a
Proposition 9 – Soit aet adeux nombres r´eels tels que a < b, alors il existe un nombre
rationnel rtel que a < r < b.
Ce esultat est une cons´equence du caract`ere archim´edien de R.
emonstration : si a < 0< b, on fait r= 0. Si a < b 0, on travaille avec les oppos´es :
0≤ −b < a. On peut donc supposer 0a < b. On choisit un entier h > 0tel que
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Pr´
eparation `
a l’agr´
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1/h < b a(c’est possible car Rest archim´edien). Soit dle plus petit entier naturel dtel
que d/h > a (il y en a bien un , toujours grˆace `a l’archim´edianit´e). Alors (d1)/h aet
donc d
h=d1
h+1
ha+1
h< b .
Donc le nombre rationnel d/h erifie bien a < d/h < b.
Proposition 10 – Qest dense dans R.
emonstration : il suffit d’appliquer la proposition pr´ec´edente aux eels distincts xεet
x+ε.
On a ´egalement les propri´et´es suivantes :
Tout intervalle non vide de Rcontient une infinit´e de nombres rationnels.
Tout r´eel est limite d’une suite de rationnels.
Cette derni`ere propret´e est fondamentale en analyse ; elle permet de prolonger `a Rdes
r´esultats obtenus sur Qen utilisant par exemple la continuit´e d’une fonction.
2. Suites r´eelles
2.1. Quelques rappels
2.1.1. D´efinitions
efinition 11 – Dire que la suite (an)nNa une limite Rsignifie que
ε > 0,NN,nN,(nN=⇒ |an|< ε.)
efinition 12 – On dit qu’une suite de nombres r´eels est convergente quand elle a une
limite dans R.
efinition 13 – Si la suite (bn) n’est pas convergente, on dit qu’elle est divergente.
Lemme 14 – Si la limite existe, elle est unique.
emonstration : supposons que la suite (un)converge vers deux limites et . Supposons
que 6=. Soit ε=||/2. On devrait avoir d’une part un entier naturel N1tel que
pour tout entier naturel nN1,|an|< ε, et d’autre part un entier naturel N2tel que
pour tout entier nN2,|an|< ε. Si l’on prend nsup´erieur `a la fois `a N1et `a N2, on
devrait avoir
|| ≤ |an|+|an|<2ε=||.
On aboutit `a une contradiction, donc une suite de nombres eels ne peut pas avoir plus
d’une limite.
efinition 15 – Dire que lim an= +signifie que AR,NN,nN, A < an.
efinition 16 – Dire que lim an=−∞ signifie que AR,NN,nN, A > an.
Proposition 17 – Propri´
et´
e des gendarmes
Soit (un), (an) et (bn) trois suites de nombres r´eels. Si lim an= lim bn=
et si on a anunbn`a partir d’un certain rang, alors lim un=.
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Les nombres r´
eels ou complexes
2.1.2. R´esultats `a connaitre
Proposition 18 – (Rou = +ou =−∞).
Soit fune fonction efinie au voisinage de aRet ayant une limite
lorsque xtend vers a. Alors, pour toute suite (un) qui converge vers a,
la suite f(un)converge vers ℓ.
Proposition 19 –
Pour tout αR, les suites nα
n!n
et αn
n!n
convergent vers 0.
Proposition 20 –
La suite n!
nnn
converge vers 0.
2.1.3. Quelques m´ethodes pour lever une ind´etermination
!Les cas “ind´etermin´es” dans la recherche des limites sont
(+) + (−∞), 0 ×(+), 0 ×(−∞),0
0et 1.
Il n’y a pas de ethodes g´en´erales qui permettent de lever toutes les ind´eterminations, mais
il existe n´eanmoins un certain nombre de techniques utiles `a connaitre.
Pour une limite en +(ce qui est toujours le cas pour l’´etude de la convergence d’une
suite), il est souvent utile de mettre en facteur le terme pr´epond´erant ; pour cela, il faut
connaitre l’ordre de pr´epond´erance suivant
“ En +, l’exponentielle l’emporte sur la puissance qui l’emporte sur le logarithme. ”
Ne pas oublier que, si a > 0, an=enln aest une exponentielle.
n2+ 2n
en+ ln n=2n
en×1 + n2/2n
1 + ln n/n
n+0
Pour une ind´etermination du type dans un terme comportant des racines carr´ees,
il faut penser `a utiliser la forme conjugu´ee.
npn2+ 1 = 1
n+n2+ 1
n+0.
Penser `a utiliser le th´eor`eme des gendarmes en pr´esence d’une fonction born´ee.
1
nsin n
n1
ndonc sin n
n
n+0.
Lors de l’´etude de suite de la forme uvn
n, passer en exponentielle (apr`es avoir v´erifi´e
que unest positif `a partir d’un certain rang) : uvn
n=evnln(un)et ´etudier la limite de
vnln(un).1 + 1
nn
=enln(1+ 1
n),or nln(1 + 1
n) = ln(1 + 1
n)
1
n
n+1
car lim
x0
ln(1 + x)
x= 1,d’o`u lim
n+1 + 1
nn
=e.
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Suites réelles 1. Quelques rappels sur le corps des réels

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