Universit´es Paris 6 et Paris 7
M1 MEEF
Analyse (UE 3)
2013-2014
Chapitre 1 : Nombres r´eels
L’histoire des nombres r´eels remonte l’antiquit´e grecque. A cette ´epoque, seuls les entiers
positifs ont le statut de nombre et une th´eorie des grandeurs permet de g´erer le continu. Cette
th´eorie ´elabor´ee par Eudoxe de Cnide au 5`eme si`ecle avant J.C. et reprise dans le Livre 5
des ´
El´ements d’Euclide permet de comparer et additionner des grandeurs, de comparer et
multiplier des rapports de grandeurs de mˆeme nature. L’unification du domaine num´erique
sera longue et difficile : ce n’est qu’`a la fin du 19`eme si`ecle avec “l’arithm´etisation de l’analyse”
que seront ´elabor´ees des constructions du corps des r´eels partir des entiers et des rationnels
dont les deux principales sont d´ecrites ci-dessous.
1 Coupures de Dedekind et borne sup´erieure
Par opposition `a l’alg`ebre qui traite des ´egalit´es, l’analyse consiste en la manipulation
des in´egalit´es, et la construction de Dedekind (1872) est principalement bas´ee sur la relation
d’ordre sur Q. L’irrationalit´e de √2 , qui a longtemps intrigu´e les contemporains de Pythagore
(6`eme si`ecle avant J.C.), permet de montrer que l’ensemble :
A={x∈Q/ x 60 ou x2<2}
est non vide et major´e, mais que l’ensemble de ses majorants :
M(A) = {y∈Q/ y >0 et y2>2}
n’admet pas de plus petit ´el´ement, qui serait sinon par d´efinition sa borne sup´erieure sup (A) .
Pour r´esoudre ce probl`eme, Dedekind a d´efini une coupure comme une partition de Qen deux
parties (A , B) telles que :
- tout ´el´ement de Aest (strictement) inf´erieur `a tout ´el´ement de B
- la partie An’admet pas de plus grand ´el´ement.
Ces coupures incluent en particulier les ensembles de la forme :
Ar={x∈Q/ x < r }
pour r∈Qqui s’identifient aux rationnels, mais il existe comme ci-dessus des coupures (A , B)
telles que Bn’a pas de plus petit ´el´ement : on d´efinit Rcomme l’ensemble des coupures, et on
montre que c’est un corps ordonn´e (avec les bonnes d´efinitions, comme pour les constructions
de Zet Qcomme quotients de N×N) qui poss`ede en outre la propri´et´e de borne sup´erieure,
c’est `a dire que toute partie non vide et major´ee A⊂Radmet une borne sup´erieure
sup (A)∈R, qui est par d´efinition son plus petit majorant. Elle est donc caract´eris´ee par :
- pour tout x∈A, on a : x6M
- pour tout r´eel ε > 0 , il existe un r´eel x∈Atel que : x>M−ε
puisque c’est le seul r´eel M= sup (A) poss´edant ces deux propri´et´es.
2 Suites de Cauchy et compl´etude
La distance dsur l’ensemble E=Qest d´efinie par : d(x , y) = |x−y|et elle permet de
consid´erer Ecomme un espace m´etrique. Une suite (un)n∈N`a valeurs dans Econverge vers
`∈Esi pour tout ε∈Qtel que ε > 0 , il existe un entier naturel Ntel que :
n>N=⇒d(un, `)6ε ,
et (un)n∈Nest une suite de Cauchy si pour tout ε∈Qtel que ε > 0 , il existe Ntel que :
p>Net q>N=⇒d(up, uq)6ε .
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