Lycée franco-mexicain
Cours Olivier Verdun
7) et 8) Quelles sont les différentes espèces de désirs ? Pour être heureux, faut-il
satisfaire tous ses désirs ?
Epicure s’attache maintenant à montrer que nous sommes malheureux lorsque le désir
s’écarte de la loi naturelle. D’où la nécessité de distinguer parmi nos désirs ceux qui sont
naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels mais pas nécessaires, ceux qui ne sont ni
naturels ni nécessaires. Le désir est lié à l’angoisse, à la crainte, dans la mesure où il est une
tension vers l’avenir : il n’y a de désir que pour ce que nous n’avons pas encore. Le désir est
aussi lié au plaisir, le plaisir étant le terme du désir.
« Rappelle-toi que l’avenir n’est ni à nous ni pourtant tout à fait hors de nos prises, de telle
sorte que nous ne devons compter ni compter sur lui comme s’il devait sûrement arriver, ni
nous interdire toute espérance, comme s’il était sûr qu’il dût ne pas être. » Le désir relève
d’une temporalité essentiellement future. Epicure s’attarde donc sur les modalités de cette
tension vers le futur. Le futur n’est ni tout à fait nôtre, ni tout à fait non nôtre (construction
antithétique) ; nous ne devons ni compter sur lui comme s’il devait nécessairement advenir, ni
cesser d’espérer comme s’il était certain qu’il ne se réaliserait pas. C’est précisément parce
que le futur est incertain que nous devons nous concentrer sur le présent.
Les désirs se divisent en deux classes : les désirs naturels (manger, boire, avoir chaud, voir
de belles choses) ; les désirs vains : désir d’immortalité, par exemple, qui repose sur l’opinion
fausse au sujet de la mort). Epicure prend comme critère la nature qui par elle-même admet
ordre et mesure. Le philosophe restitue au corps sa place dans l’ordre de la nature en
reconnaissant que ses exigences sont saines, modérées et vitales. Le désordre vient de
certaines représentations de l’âme, de certains désirs.
Les désirs naturels se subdivisent eux-mêmes en deux sous-classes : - les désirs naturels et
nécessaires (manger, boire) ; - les désirs naturels mais non nécessaires (désirs seulement
naturels) comme les désirs esthétiques, le désir de mets somptueux, le désir sexuel. La faim, la
soif sont des désirs naturels et sont indispensables ; les désirs naturels et nécessaires sont des
désirs dont la satisfaction délivre d’une douleur et qui correspondent aux besoins
élémentaires, aux exigences vitales. Exemple : la boisson qui étanche la soif. Désirs limités
par les exigences de la nature et faciles à satisfaire. Mais il n’est pas nécessaire de boire telle
boisson ou de manger tels mets raffinés. Il s’agit d’évaluer les désirs à l’aune du plaisir, de
l’absence de souffrances. La satisfaction de certains désirs peut entraîner des désagréments,
de la souffrance (exemple de la gourmandise). Il s’agit de faire un calcul des plaisirs et des
peines.
Les désirs naturels et nécessaires se divisent à leur tour en : désirs nécessaires pour le
bonheur, désirs nécessaires pour le bien-être du corps, désirs nécessaires pour la vie elle-
même.
La deuxième classe de désirs correspond aux désirs non naturels qui se caractérisent par
l’illimitation. Les hommes, par exemple, désirent être immortels, avoir un amour infini, etc.
L’imperfection et le malheur résultent de l’illimitation, de la démesure, tandis que la
perfection réside dans la limitation d’un être pleinement achevé. L’illimitation des désirs est
liée aux fausses opinions. Les hommes désirent, par exemple, la richesse. Cette dernière ne
parvient manifestement pas à les combler puisque lorsqu’ils l’ont, ils veulent autre chose ;
l’accumulation, la recherche de la richesse obligent les hommes à se soumettre à des
tourments incompatibles avec la vie heureuse. Les hommes désirent aussi la gloire et ils font
ainsi dépendre leur bonheur de l’opinion d’autrui. D’où la nécessité de leur plaire…