La philosophie de l`esprit , Michael Esfeld 1.a : « Le

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La philosophie de l’esprit, Michael Esfeld
1.a : « Le problème du rapport entre l’esprit et le corps en philosophie moderne tourne autour de la question de savoir
comment des états mentaux peuvent causer des états physiques. Dans la philosophie de l’antiquité et la philosophie
médiévale, cette question n’est pas pressante, parce qu’il n’y a pas encore de science de la nature systématique. »
Mais aujourd’hui « on ne peut pas tenir comme établi que des états mentaux causent des états physiques. »
2.a : « Si on laissait tomber la proposition de la causalité mentale (…), on abandonnerait plus ou moins la conception
que nous avons de nous-mêmes en tant qu’êtres sentants, pensants et agissants dans le monde. » Citant Jerry Alan
Fodor : « …s’il n’est pas littéralement vrai que mon désir est causalement responsable de mon acte d’atteindre ce que
je désire, et que ma démangeaison est causalement responsable de l’acte de me gratter, et que ma croyance est
causalement responsable de mon énonciation… si aucune de ces choses n’est vraie littéralement, alors pratiquement
tout ce que je crois au sujet de n’importe quoi est faux ;et c’est la fin de l’histoire. »
2.b : « Pourvu qu’il n’y ait pas d’obstacles internes ou externes à l’action, la causalité mentale est la c ondition
nécessaire et suffisante pour la liberté de l’action : la personne possède cette liberté si et seulement si ses intentions
mentales d’agir produisent (…)les effets physiques voulus. On comprend maintenant pourquoi la causalité mentale
est au centre de la conception que nous avons de nous-mêmes. S’il n’était pas le cas que nos croyances causent —
une bonne partie — des sons et des caractères que nous produisons et que, en général, nos intentions causent —
une bonne partie — de notre comportement, nous ne serions pas des êtres libres. »
3.a : « Le compatibilisme propose de respecter le lien entre la volonté libre et la responsabilité morale que reconnaît
le sens commun. Une personne qui ne se laisse pas entraîner par ses désirs, mais qui en prend soin , veillant à ce
que sa volonté soit formée par des désirs qu’elle désire d’avoir, satisfait la condition nécessaire et suffisante pour
qu’on puisse lui imputer ses actions. En fait, on regarde la capacité de prendre soin de ses désirs — indépendamment
de la question de savoir si cette capacité fut exercée — comme suffisante pour imputer les actions à la personne. »
3.b : « [Harry G. Frankfurt] fait une distinction entre deux sortes de désirs. Il y a des désirs de premier ordre comme le
désir de boire une bière, le désir de réussir un examen, le désir de passer ses vacances à la mer, etc. (…) Les désirs
de second ordre qui sont pertinents pour la volonté libre sont des désirs que certains types de désirs de premier ordre
forment la volonté. Frankfurt parle de volitions de second ordre. Par exemple, le fumeur peut désirer que le désir
d’arrêter de fumer forme sa volonté. Il peut cependant aussi désirer que le désir de fumer continue à former sa
volonté.(…) Cette position inclut la notion d’autonomie. En adoptant des volitions de second ordre et en prenant ainsi
soin des désirs qui forment la volonté, on s’impose soi-même des normes et l’on s’efforce de faire en sorte que ces
normes guident la volonté. La liberté de la volonté signifie, selon Frankfurt, être libre de désirer (premier ordre) ce
qu’on veut désirer après réflexion (second ordre). »
3.c : « Ce concept [de liberté] ne signifie pas l’absence de causes, mais, en ce qui concerne l’action, l’absence
d’obstacles à exécuter ses intentions d’action, et, en ce qui concerne la volonté, l’absence d’obstacles à former sa
volonté par des désirs de second ordre. (...) [Autrement dit] : la capacité de prendre soin de sa volonté en la formant
suivant sa propre vision de la personnalité qu’on désire être. »
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