R. Gourevitch L’Encéphale, 2006 ;
32 :
929-30, cahier 4
S 930
COMMENT FAVORISER L’OBSERVANCE
À court terme, l’obtention de la meilleure rémission pos-
sible de l’épisode inaugural, dans les meilleures condi-
tions, est l’un des meilleurs gages de bonne observance
ultérieure (7, 8).
L’utilisation de posologies minimales efficaces, la sim-
plification des prises, la monothérapie antipsychotique, le
recours adapté aux traitements adjuvants (tranquillisants
en privilégiant les benzodiazépines, ou antidépresseurs),
l’implication et l’information du patient et de sa famille : en
fait le simple respect des bonnes pratiques cliniques favo-
rise une bonne observance.
La réduction des symptômes associés (dépressifs,
anxieux) est également importante, tout comme l’est la
prise en charge des addictions associées.
Les antipsychotiques d’action prolongée peuvent aussi
faciliter l’observance, à condition de ne pas être utilisés
dans le but illusoire d’imposer celle-ci. L’utilisation d’autres
formes galéniques (solution buvable), la mesure des taux
plasmatiques des molécules prescrites, peuvent égale-
ment avoir un effet positif.
La prise en compte des effets secondaires est impor-
tante, il convient de signifier au patient que ses difficultés
sont entendues ; et il faut retenir que toute question posée
sur l’observance… l’améliore.
À plus long terme (5, 6, 11), le suivi doit être pluridisci-
plinaire, impliquant le médecin généraliste, les soignants au
centre médico-psychologique, et – autant que possible – la
famille.
On peut proposer des techniques psycho-éducatives
(délivrance d’informations concernant la maladie et les
traitements) ou des techniques cognitives (en particulier
concernant les croyances des patients, ou leurs attitudes
par rapport au traitement). Les mesures dites
« affectives », ou « supportives », ou encore «
empathi-
ques
», prenant en compte les émotions des patients, peu-
vent être associées aux précédentes. Les modalités
d’application de ces différentes techniques sont à discuter
en fonction des possibilités et des habitudes locales. Il
convient de les « panacher » afin d’en prolonger l’effet
dans le temps.
La formation des équipes soignantes et des médecins
constitue un enjeu fondamental, d’autant que les infirmiers
spécialisés en psychiatrie sont de plus en plus rares.
Enfin, un facteur pronostique qui paraît essentiel pour
une bonne observance en pratique quotidienne est sans
doute constitué par la qualité de l’implication des équipes
médicales : ainsi des mesures pragmatiques et faciles à
mettre en œuvre telles que l’envoi systématique d’une let-
tre de relance après un rendez-vous non honoré ont cer-
tainement une incidence positive majeure qui mériterait
d’être évaluée.
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