dossier thématique
Cancer de la vessie
chez le sujet âgé
Figure. Schéma thérapeutique des associations de radio-chimiothérapie.
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 1 - janvier-février-mars 2012
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Résection transurétrale de la vessie complète initiale
Biopsies positives
Cystectomie totale
Biopsies négatives
Radiothérapie standard 20 Gy (total=65 Gy)
Radiothérapie IHF 2SQ 20 Gy de complément
2,5 Gy × 2/j (J29-J31-J42-J44) [total= 44 Gy]
Radiothérapie pelvienne standard 45 Gy (5 sem.)
Radiothérapie hypofractionnée biquotidienne IHF 2SQ
3Gy × 2 /j (J1-J3-J15-J17) soit 24 Gy
Évaluation de la réponse :
cystoscopie à 40-45 Gy aveccartographie biopsique systématique
Associations radio-chimiothérapies :
indications, doses, volumes
Les critères cliniques et histologiques d’éligibilité usuels
permettant de proposer une radio-chimiothérapie sont :
✓une résection complète de la tumeur par RTUV ;
✓
un stade T inférieur ou égal à T2b (selon la classi-
fi cation TNM 2002) ;
✓
une tumeur unifocale dont la base d’implantation
est idéalement inférieure à 3 cm ;
✓l’absence d’urétero-hydronéphrose ;
✓l’absence de carcinome in situ (CIS) associé.
Le volume d’irradiation inclut le pelvis avec la vessie et
les premiers relais ganglionnaires de drainage (iliaques
externes, hypogastriques, obturateurs et iliaques
primitifs) jusqu’à 45 Gy. Le volume est ensuite réduit
sur le volume vésical avec des marges de 1,5 cm autour
de la vessie, de 45 à 65 Gy. Un complément de dose peut
être apporté en cas d’envahissement ganglionnaire à
l’imagerie (N1-N3) jusqu’à 65 Gy.
Chez les patients opérables, la réévaluation intermé-
diaire à la dose de 40-45 Gy d’irradiation par cysto-
scopie et biopsies doit objectiver une réponse complète
histologique afi n de poursuivre l’irradiation à la dose
totale de 65 Gy (3, 4). Cette réévaluation permet de
diff érencier les patients répondeurs de ceux qui ne
le sont pas. Les non-répondeurs sont orientés vers la
cystectomie radicale.
Le schéma optimal de chimiothérapie associée reste
à déterminer : le cisplatine hebdomadaire ou tous les
21 jours, avec ou sans 5 fluoro-uracile (5-FU) est le
radiosensibilisant habituel, permettant d’augmenter le
contrôle local et agissant également sur les métastases
infracliniques. D’autres agents, tels que les taxanes et
la gemcitabine, ont démontré leur effi cacité tout en
ayant des profi ls de toxicité acceptables (5) [fi gure].
Résultats en termes de contrôle local
etdesurvie
Les résultats des associations de radio-chimio thérapie
sont issus d’essais de phase II menés dans les années
1990, chez des patients porteurs d’une tumeur
urothéliale infi ltrante T2 à T4-M0 sans envahissement
ganglionnaire radiologique. La tolérance est accep-
table, y compris chez des sujets âgés, sans décès
toxique.
Le taux de rémission complète histologique observé à
l’évaluation endoscopique était de 60 à 90 % (88,4 et
90 % respectivement dans les études actuelles) [6-7],
le taux de récidive locale variant de 5 à 25 %. Globa-
lement, à 5 ans, la moitié des patients traités par radio-
chimiothérapie sont en vie avec une vessie fonctionnelle,
ces résultats étant assez homogènes dans les diff érentes
séries en termes de taux de réponse complète histolo-
gique, de survie et de préservation vésicale.
Si aucune étude de phase III n’a comparé directement
cystectomie et radio-chimiothérapie vésicale, il semble
cependant que le taux de survie à 5 ans des patients
cystectomisés, de l’ordre de 48 à 59,5 %, soit, à stade T
égal, légèrement supérieur à celui des séries conser-
vatrices (8, 9). Pour les stades T1, la survie à 5 ans est
équivalente à celle retrouvée dans la série chirurgicale
de J.P. Stein et al. portant sur 1 054 patients (10), les
survies des stades T2/T3 restant un peu inférieures
(50 % versus 58-72 %). En revanche, la survie des
patients de stade T4 traités par radio-chimiothérapie est
nettement inférieure (16 % dans la série de F.S. Krause
et al. versus 33-38 % chez les patients cystectomisés) [8].
Les stades T les plus avancés tirent donc bénéfi ce de
la chirurgie radicale, davantage que d’une approche
conservatrice.
Néanmoins, dans un cadre gériatrique, une étude
portant sur les patients âgés de plus de 80 ans montre
que seul un bénéfi ce en survie marginal, de l’ordre
de 3 mois, peut être escompté en ayant recours à la
cystectomie plutôt qu’aux approches conservatrices (1).
Cela indique que les bénéfi ces-risques de la cystec-
tomie, ainsi que l’estimation de l’espérance de vie de
ces patients doivent être bien évalués lors de la décision
thérapeutique.