chez la femme (0,1%).
Une période d’observation plus longue confirme l’infléchissement de l’incidence observée chez l’homme
sur les données publiées antérieurement. Cette diminution, apparue au cours des années 90, est de - 2,5%
par an entre 2000 et 2005 et pourrait être en rapport avec une diminution de l’exposition des hommes aux
facteurs de risque principaux de ce cancer (diminution du tabagisme et meilleure maîtrise des risques
professionnels). Chez la femme, le taux d’incidence (standardisé monde) diminue en moyenne de 1,3%
par an entre 1980 et 2005 (-1,6% par an entre 2000 et 2005). Cette diminution contraste avec
l’augmentation importante de l’incidence du cancer broncho-pulmonaire pourtant lié à l’exposition au
même facteur de risque principal qu’est le tabagisme. Les données américaines retrouvent cette
dissociation : chez les femmes, l’incidence du cancer broncho-pulmonaire a doublé entre 1974 et 2003
alors que l’incidence du cancer de la vessie est restée relativement stable sur cette même période (Hayat
2007). On peut alors faire deux hypothèses : le temps de latence est plus élevé pour le cancer de la vessie
que pour celui du poumon, et nous n’avons pas le recul nécessaire pour mettre en évidence l’impact du
tabac, ou bien l’effet ne se manifeste que pour des niveaux d’exposition plus important.
Dans les deux sexes, la mortalité par cancer de la vessie diminue régulièrement, avec chez l’homme une
diminution plus marquée entre 2000 et 2005 (-2,1% par an).
Nous rappelons ici la nécessité d’interpréter avec prudence les chiffres d’incidence du cancer de la vessie
et leur évolution compte tenu des modifications au cours du temps des pratiques d’enregistrement de ce
cancer par les registres, ces modifications étant liées aux variations des définitions anatomopathologiques
(Matsuda 2003). L’utilisation par tous les registres des recommandations internationales (ENCR 1995) et
par les anatomopathologistes des classifications internationales récentes (Epstein 1998) sur une période
suffisamment longue devrait permettre d’homogénéiser le recueil et de rendre possible une comparaison
non biaisée des résultats. Toutefois, il n’existe pas encore de consensus concernant le codage du
comportement tumoral lorsque le compte-rendu anatomopathologique est imprécis sur le niveau
d’invasion, du fait d’un prélèvement insuffisant et d’une insuffisance de standardisation. Aussi, ces règles
de codage devraient être davantage explicitées pour permettre de reconstituer pour chaque tumeur le
niveau d’infiltration, à partir notamment d’autres paramètres comme le grade de différenciation
histologique.
Références
Hayat MJ, Howlader N, Reichman ME, Edwards BK. Cancer statistics, trends, and multiple primary cancer analyses
from the Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) Program. Oncologist 2007 ;12 ;20-37.
Matsuda T, Remontet L, Grosclaude P. Incidence des cancers de la vessie en France : évolution entre 1980 et 2000.
Prog Urol. 2003 Sep;13(4):602-7.