Figure. A. Patiente de 55 ans traitée pour une méningiomatose (convexité et sphénoïdal
gauche). B. Nette diminution de taille des lésions après 9 mois de traitement par la
mifépristone (RU486). La patiente est toujours contrôlée après 6 ans de traitement.
AB
Méningiomes et hormonodépendance
DOSSIER THÉMATIQUE
Neuro-gynécologie
progestatif doit être suspendu. Entre ces 2 situations,
il faudra peser les bénéces et les risques, et choisir,
le cas échéant, le plus faible dosage en progestatifs.
Conséquence thérapeutique :
traitement des méningiomes
par antiprogestatifs
Bien que la majorité des méningiomes bénins
expriment les récepteurs à la progestérone, l’effet
des antiprogestatifs, suggéré par 2 études en
ouvert (15-17), s’est révélé modeste et n’a pu être
conrmé dans 2 études randomisées menées secon-
dairement (et non publiées), mais cela peut être
expliqué par un manque de puissance de l’étude,
et l’absence de sélection des patients (par exemple,
l’expression d’un taux élevé de récepteur à la
progestérone semble être une condition nécessaire,
quoique non sufsante). Toutefois, le suivi au long
cours suggère un bénéce modeste chez 8 patients,
notamment chez les femmes non ménopausées (16).
Par ailleurs, il existe des cas incontestables de
méningiomes qui ont répondu au traitement par
antiprogestatif (mifépristone [17β-hydroxy-11β-(4-
dimethylaminophenyl)-17α-(prop-1-ynyl)estra-4,9-
dien-3-one], ou RU486), voire un cas rapporté de
régression d’une méningiomatose après simplement
l’arrêt d’un traitement progestatif (18). De façon
intéressante, c’est également dans le cas d’une ménin-
giomatose que nous avons observé la réponse la plus
nette au RU486 (figure).
Ces cas isolés renforcent la preuve de concept
d’un traitement antiprogestatif des méningiomes.
L’identification des méningiomes dépendant de
la progestérone et candidats à un tel traitement
requiert probablement une analyse biologique plus
ne, prenant en compte des molécules corégulatrices
qui pourraient expliquer l’hétérogénéité de la réponse
aux antiprogestérones (19, 20).
Conclusion
Bien que l’hormonosensibilité des méningiomes et
la présence des récepteurs à la progestérone soient
connues depuis 30 ans, il n’y a pas eu, dans ce
domaine, d’avancées majeures. En effet, l’hétéro-
généité de la réponse aux antiprogestérones est
encore très mal connue. En attendant les progrès à
venir, la prise en charge du méningiome repose sur
la chirurgie et la radiothérapie. Dans l’impossibilité
de prédire l’hormonodépendance d’un méningiome
donné, la poursuite ou l’arrêt d’un traitement estro-
progestatif doivent être discutés, au cas par cas, entre
le neurologue et le gynécologue. ■
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