La Lettre du Neurologue - n° 7 - vol. VIII - septembre 2004
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E V U E   D E   P R E S S E
Dirigée par le Pr P.Amarenco
MATCH : un partout, 
la balle au centre
■
L’étude CAPRIE a montré que le clo-
pidogrel était légèrement supérieur à
l’aspirine en prévention de tout événement
cardiovasculaire  chez  des  patients  qui
avaient un infarctus cérébral dont les symp-
tômes  avaient  duré plus  de  8 jours,  un
infarctus du myocarde ou une artérite des
membres inférieurs. Dans cette étude, sur-
tout,  le  clopidogrel  (C)  avait  beaucoup
moins d’effets indésirables que l’aspirine
(A), notamment gastriques. Aussi, l’étape
suivante était de déterminer si l’association
du  clopidogrel  à  l’aspirine  (C + A)  était
supérieure à la monothérapie.
Dans MATCH, l’association a été comparée
au clopidogrel seul chez 7 599 patients qui
avaient  un A I T ou un infarctus cérébral
dans les trois mois suivant l’événement et au
moins un  des  facteurs de risque suivant
dans les trois années précédentes : A I T o u
infarctus cérébral, infarctus du myocarde,
angine  de  poitrine,  diabète  ou  artérite
symptomatique des membres inférieurs. À
l’inclusion, 70 % des patients étaient diabé-
tiques, 54 % avaient un infarctus lacunaire.
Seuls 34 % avaient un accident lié à l’athé-
rosclérose  et  5 % avaient un antécédent
d’infarctus de coronaropathie. Le critère de
jugement primaire était l’infarctus cérébral,
l’infarctus du myocarde, la mort vasculaire
ou la réhospitalisation pour ischémie aiguë.
Après 18 mois de suivi, 15,7 % des patients
sous  C+A et  16,7 % des patients sous C
avaient eu un événement du critère princi-
pal, soit une réduction relative du risque
non  significative  de  6 , 4 %  (– 4 , 6 %  à
1 6 , 3 %), avec une augmentation significa-
tive du risque d’hémorragie p o t e n t i e l l e m e n t
léthale (2,6% versus 1,3 % ) .
C o m m e n t a i r e . Les résultats de cette étude ne
valent que pour le groupe de patients inclus,
c’est-à-dire  essentiellement  les  patients
avec artériolopathie cérébrale, mais l’inter-
valle de confiance n’exclut pas un  eff e t
bénéfice  considérable  de  l’association
C + A. Ainsi, d’autres études sont néces-
saires chez  les lacunaires  (SPS-3 est en
cours comparant C + A à A). Il aurait été
plus logique de comparer C + Aà A, ce qui
aurait pu rendre la différence sur l’eff i c a-
cité significative et sur la tolérance non
significative…  Malheureusement,  les
patients que typiquement l’on traitait par
C + A de façon empirique n’ont pas ou peu
été inclus dans cette étude (patients avec
sténose  serrée  dont  la  prévalence  de  la
coronaropathie  est  proche de 40 %).  En
attendant  les  résultats  des  nombreuses
études C + A en cours (CHARISMA, S P S - 3 ,
ACTIVE, ARCH), nous devons être très
prudents  dans  l’utilisation  de  C + A ,
notamment chez les diabétiques et les lacu-
naires. Mais “ne jetons pas bébé avec l’eau
du bain”, et réservons nous encore la pos-
sibilité d’utiliser C + A chez les patients qui
récidivent sous monothérapie avec une sté-
nose serrée d’une artère cérébrale, ou une
coronaropathie sévère. Mais prudence… et
randomisons dans ARCH…
P. Amarenco, 
c e n t re d’accueil et de traitement de l’attaque
cérébrale, hôpital Bichat, Paris.
CARDS : des statines 
pour tous les diabétiques
■
HPS avait montré qu’après un événe-
m e n t cardiovasculaire ou en présence
de facteurs de risque surajoutés, les diabé-
tiques bénéficiaient d’un traitement par sta-
tine avec une réduction relative du risque de
tout événement vasculaire  d’un tiers,  et
d’accident vasculaire cérébral (AVC) d’un
quart. 
Voici CARDS qui a testé chez 2 838 diabé-
tiques en prévention primaire et qui avaient
un cholestérol et des triglycérides normaux
(moins de 4,04 mmol/l et de 6,78 m m o l / l
respectivement)  l’atorvastatine  10 m g / j
(une faible dose) ou un placebo.
Après 3,9 années de suivi en moyenne
(l’étude s’est terminée deux ans avant la fin
théorique du fait d’une efficacité obtenue
plus vite que prévue), les diabétiques sous
statine avaient une réduction des événe-
ments primaires (tout événement cardio-
vascuaire) de 37 % (17 à 52 %, p = 0 , 0 0 1 )
et une réduction relative des AVC de 48 %
( 11 à 69 %). Il y avait même une réduction de
la mortalité globale à la limite de la s i g n i f i-
cativité (27 % [– 1 à 48 % ] ; p= 0 , 0 5 9 ) .
C o m m e n t a i re. Il est désormais établi que
les statines préviennent les AVC chez les
diabétiques que leur cholestérolémie soit
élevée ou normale, qu’ils aient eu des évé-
nements cardiovasculaires ou qu’ils n’aient
jamais eu de tels événements. Les diabé-
tiques forment une population à très haut
risque, facile à cibler dans une stratégie de
prévention primaire en santé publique.
PA
Efficacité de la rééducation 
à domicile après accident
vasculaire cérébral (AVC)
■
L’ e f ficacité des unités neurovasculaires
dans la prise en charge des AVC n’est
plus à démontrer. En revanche, l’utilité d’une
rééducation spécialisée à domicile après la
sortie de l’hôpital est moins bien connue.
Les auteurs ont mené une méta-analyse sur
ce sujet, à partir de quatorze études rando-
misées sur 1 617 patients traités à domicile
moins d’un an après l’AVC ou la sortie de
l’hôpital. Les traitements évalués compre-
naient soit de la kinésithérapie, soit de l’erg o -
thérapie, soit une prise en charge par une
équipe multidisciplinaire.
Les résultats ont montré que la rééducation
à domicile réduisait significativement le
risque de détérioration de l’indépendance
fonctionnelle (odds-ratio : 0,72). La réédu-
cation à domicile évitait une détérioration
fonctionnelle chez 7 patients pour 100 t r a i t é s .
De même, la rééducation augmentait la capa-
cité à réaliser les actes élémentaires et éla-
borés de la vie quotidienne. L’ e ffe t pour les
actes élémentaires correspondait à 5 points
sur 100 à l’index de Barthel.
C o m m e n t a i r e . Ces résultats sont très inté-
ressants et doivent encourager à développer
des services de rééducation et de réadapta-
tion spécialisés à domicile, domaine dans
lequel nous avons dans notre pays encore
beaucoup de retard. Rappelons, par exemple,
qu’il est encore extrêmement difficile de
proposer une prise en charge erg o t h é r a p i q u e
en dehors du milieu hospitalier. L’ e f fet n’est
certes pas spectaculaire, mais il semble cli-
niquement significatif, et, comme cela est
souligné à juste titre par les auteurs, nous ne
disposons d’aucun autre traitement connu
qui permette d’obtenir une telle améliora-
tion à ce stade de l’évolution. 
P. Azouvi, 
service de rééducation neurologique,
université de Versailles-Saint Quentin,
✔ 
Diener HC et al. Aspirin and clopidogrel compa-
red with clopidogrel alone after recent ischaemic
stroke or transient ischaemic attack in high-risk
patients  (MATCH):  randomized,  double-blind,
placebo-controlled trial. Lancet 2004;364:331-7.
✔ 
Colhoun HM et al. Primary prevention of cardio-
vascular disease with atorvastatin in type 2 diabetes
in the Collaborative Atorvastatin Diabetes Study
(CARDS): multicentre randomised placebo-control-
led trial. Lancet 2004;364:685-96.
✔
Outpatient Service Trialists. Rehabilitation the-
rapy services for stroke patients living at home:
systematic review of randomized  trials.  Lancet
2004;363:352-6.