Le théâtre de l’absurde
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Introduction :
« Absurde » : vient du mot latin « absurdus » : ce qui est dissonant, discordant, qui est
contraire aux lois de la logique et de la raison.
Au XXe siècle, le plus populaire parmi les mouvements d’avant-garde fut le théâtre de
l’absurde. Il est l’héritier des dadaïstes et des surréalistes étant de ce fait radicalement
opposé au réalisme. L’absurde fut influencé par les théories d’Albert Camus ( avec le
Mythe de Sisyphe) et de Jean-Paul Sartre mais clairement rendu célèbre par Eugène
Ionesco (la Cantatrice chauve, 1951 ; Rhinocéros, 1959) et par Samuel Beckett (En
attendant Godot, 1952). Lle théâtre de l’absurde tend à éliminer tout déterminisme logique,
et à nier le pouvoir de communication du langage pour le restreindre à une fonction
purement ludique, tout en à réduisant les personnages à des archétypes, égarés dans un
monde anonyme et incompréhensible.
Le théâtre de l’absurde connut son apogée dans les années 1950, mais son influence
devait se manifester jusque dans les années 1970.
Contexte historique :
La première moitié du XXe siècle est teintée de sang, celui des deux guerres mondiales et
notamment la 2nde guerre mondiale : celle-ci créa un fort traumatisme notamment avec
Auschwitz et d’Hiroshima qui entraina disparition de la conviction selon laquelle le monde a
un sens. C’est une vraie prise de conscience de l’abîme entre les actes humains et les
principes nobles. Il y a un réel sentiment d’insécurité, de la fragilité de la vie et de l’homme.
Ces guerres apportèrent aussi un changement des mentalités, ébranlées par le contexte de
guerre et donc un pessimisme ambiant. Les gens se posent des questions et la guerre a
remis en question les idées et conceptions existantes. Ils sont face à une totale
incompréhension. L’activité créatrice y est alors intense : on ne cesse de rêver ni
d’inventer, mais l’on pressent l’incroyable fragilité de ce que l’on peut accomplir, fragilité
dépendant dorénavant clairement des autres hommes, capables du pire et du meilleur
De plus, ce style théâtral un mouvement dramatique à part entière car il remet en question
les principes les plus fondamentaux du théâtre.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la forme dramatique, comme la majorité des
formes artistiques, traverse une période de remise en question. Les auteurs ressentent la
nécessité de modifier profondément la forme théâtrale, tant au plan de l'écriture qu'au plan
de la mise en scène. Sur la rive gauche de la Seine se créent de nombreux théâtres de
poche, qui révèlent bientôt une nouvelle génération d'écrivains, au premier rang desquels
Eugène Ionesco et Samuel Beckett
Principe général:
La doctrine de l’absurde s’interroge sur le non-sens de la vie : la vie vaut-elle la peine d’être
vécue si l’on considère que pour la plupart des hommes, elle ne consiste qu’à « faire les
gestes que l’habitude commande » ? Dès lors se pose la question du suicide : « Mourir
Le théâtre de l’absurde
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volontairement suppose que l’on a reconnu, même instinctivement, le caractère dérisoire
de cette habitude, de l’absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé de
cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance ».
Cette prise de conscience ne peut se faire que de manière personnelle mais on retrouve
quelques éléments récurrents : le décor d’un quotidien immuable finit par donner la nausée,
la seule issue étant la mort.
Ce n’est pas le monde qui est absurde, ni l’homme : c’est leur présence commune et
surtout leur antinomie (contradiction réelle ou apparente entre deux lois, deux principes,
deux idées qui créent l’absurde). Quelle attitude adopter alors ?
Camus définit ainsi l’attitude de l’homme absurde : « Je tire de l’absurde trois
conséquences qui sont ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma
conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort et je refuse le
suicide ».
Il faut donc relever le défi de cette absurdité et se révolter, continuer à vivre. Cette révolte
seule donne de la grandeur et de l’intérêt à la vie. Dès lors qu’il a conscience de cette lutte
contre l’absurde, l’homme conquiert sa liberté : il connaît sa condition et son issue, il peut
donc s’affranchir des règles communes et vivre « sans appel ». Dès lors, c’est à lui de
multiplier les expériences lucides « pour être face au monde le plus souvent possible ».
Contexte littéraire et culturel :
Influence du mouvement surréaliste (Ce mouvement repose sur le refus de toutes les
constructions logiques de l’esprit et sur les valeurs de l’irrationnel, de l’absurde, du rêve, du
désir et de la révolte)
Influence du courant existentialiste (Sartre : chef de file en France) : doctrine selon
laquelle l’essence de l’homme est illusoire, alors que l’existence humaine est à construire, à
réaliser. Remise en question de Dieu ; l’homme se construit uniquement par ses actes
Influence de la doctrine de l’absurde : doctrine qui s’apparente à l’existentialisme, mais
s’en détache. La doctrine de l’absurde [1] s’interroge sur le non-sens de la vie : la vie vaut-
elle la peine d’être vécue si l’on considère que pour la plupart des hommes, elle ne consiste
qu’à « faire les gestes que l’habitude commande » ? Dès lors se pose la question du
suicide : « Mourir volontairement suppose que l’on a reconnu, même instinctivement, le
caractère dérisoire de cette habitude, de l’absence de toute raison profonde de vivre, le
caractère insensé de cette agitation quotidienne et l’inutilité de la souffrance ». Camus
définit ainsi l’attitude de l’homme absurde : « Je tire de l’absurde trois conséquences qui
sont ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en
règle de vie ce qui était invitation à la mort et je refuse le suicide ». Il faut donc relever le
défi de cette absurdité et se révolter, continuer à vivre. Cette révolte seule donne de la
grandeur et de l’intérêt à la vie. Dès lors qu’il a conscience de cette lutte contre l’absurde,
l’homme conquiert sa liberté : il connaît sa condition et son issue, il peut donc s’affranchir
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des règles communes et vivre « sans appel ». Dès lors, à lui de multiplier les expériences
lucides « pour être face au monde le plus souvent possible ».
Caractéristiques du théâtre de l’absurde :
Refus du réalisme, des personnages et de l’intrigue. Souvent, on ne trouve pas de
personnalités marquées ni d’intrigue, les situations n’évoluent pas dans le sens
« narratif » du terme. La plupart du temps, les personnages du théâtre de l'absurde
sont interchangeables, c'est-à-dire que chacun d'entre eux n'a pas d'influence
importante sur le déroulement du récit.
Le lieu où se déroule l’action n’est souvent pas cité avec précision. Le temps est lui-
même tourné à l’absurde par certains moyens. Les auteurs du théâtre de l’absurde
ont donc tous en commun cette volonté de rejeter les règles du théâtre, à savoir
unité de temps, unité de lieu et unité d’action. Il y a donc une rupture totale vis-à-vis
de toutes les traditions théâtrales
La mise en scène est donc elle aussi différente : la majorité de ces pièces de
théâtre ne possèdent ni acte ni scène ; l’importance est accordée avant tous aux
gestes et à l’attitude des personnages. Les auteurs ont aussi la volonté de créer un
spectacle total : utilisation de mimes, de clowns, d’un maximum d’éléments visuels,
souci du détail dans cette mise en scène, jeux de lumières voir de sons. Les
didascalies dans le texte écrit sont donc très importantes : nombreux moments où le
théâtre n’est plus parole, mais gestes et attitudes comme dans Rhinocéros de
Ionesco ou on a jusqu'à 2 pages de didascalies. Cependant les objets retrouvés
dans le théâtre de l'absurde restent avant tout des objets et n'ont donc aucune
symbolique.
Les auteurs introduisent l'absurde au sein même du langage. Ce n’est pas innocent.
En s’exprimant ainsi, ils souhaitent mettre en évidence la difficulté de l’homme à
communiquer, à clarifier (trouver) le sens des mots. Le langage mis en scène n’est
plus un moyen de communication. Il y a une totale déstructuration du langage. Il
exprime à présent le vide, l’incohérence. On retrouve donc beaucoup de silences
qui génèrent des malaises entre les personnages. Et cela représente donc la vie,
laquelle est elle-même dénuée de signification et met en scène la déraison du
monde dans laquelle l'humanité se perd. Aussi, plusieurs procédés linguistiques
peuvent être utilisés dans l'absurde : des répétitions, des pléonasmes, des
problèmes syntaxiques, certaines rimes, plusieurs proverbes et de mauvaises
traductions sont nombreuses.
Il y a donc une volonté de dresser un tableau de la condition humaine prise dans son
absurdité. Mettre en évidence l’absurdité de la condition humaine. Eugène Ionesco
dit qu’il met en scène : « l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions
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devenant insensées, absurdes, inutiles ». L’absurdité est donc que la vie mène à la
mort, elle est aussi présente dans la guerre. Cependant l’absurde n’y est pas
démontré, mais simplement mis en scène ; c’est au spectateur qu’il revient de
comprendre, grâce aux gestes. L’absurde n’aboutit toutefois pas à un engagement
(comme chez Sartre) ou à une révolte (comme chez Camus). Personnages et
situations du théâtre de l’absurde semblent plutôt s’immobiliser dans un tragique
total, un nihilisme sans fin. ( négation des vbaleurs intellectuelles et morales
communes à un groupe social, refus de l’idéal collectif de ce groupe)
Enfin, la scène se déroule le plus souvent dans un climat de catastrophe mais le
comique s’y mêle pour dépasser l’absurde. Les personnages ont souvent des
réactions exagérées comme nous avons vu dans Rhinoceros de Ionesco. Par ces
essais, le nouveau théâtre s’adresse aux intellectuels : l’absurde fait rire au premier
abord, ce n’est qu’après réflexion que l’on se rend compte du malaise qui y est
dénoncé.
Le théâtre de l’absurde selon Eugène Ionesco
Eugène Ionesco, Roumain né le 26 novembre 1909 et mort à Paris le 28 mars 1994, est un
auteur dramatique lié au «théâtre de dérision» tout comme Samuel Beckett qui le considère
comme le père du théâtre de l'absurde
Lui qui disait « vouloir être de son temps, c'est déjà être dépassé » est effectivement
considéré aujourd’hui comme un classique. Il fut pourtant dans les années 50 un avant-
gardiste de la scène théâtrale par son sens de l’absurde, ses anti-pièces qui le firent
remarquer par le Collège de ’Pataphysique qui le cooptera Satrape en 1957.
Si son œuvre parait légère et amusante elle ne traite pas moins de sujets sérieux et peu
prédestinés au rire, comme le patriotisme chauvin et la montée du racisme pendant la
bataille d’Alger dans «Rhinocéros » en 1957 qui sera la consécration de sa popularité, ou
sur le déclin de l’état colonialiste français dans « Le Roi se meurt » en 1961.
Le théâtre de l’absurde
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Conclusion :
En résumé :
La solitude de l’homme, qui se sent étranger dans le monde
L’écoulement infini du temps, dans un univers sans passé et sans avenir
Le vide d’un espace sans repères
La vanité des actions humaines
L’absurdité de la condition humaine
La mort
Ce terme de "Théâtre de l'absurde" est utilisé pour la première fois par l'écrivain Martin
Esslin au XXe siècle pour qualifier les grandes directions théâtrales, puis l'expression est
reprise pour désigner les œuvres des auteurs qui voulaient rompre avec la tradition du
théâtre occidental. Néanmoins, il s'agit bien d'un mouvement qui porte un regard désabu
sur l'existence et la condition humaine et sur l'absence totale de communication entre les
êtres. Il tend à représenter la parole comme un objet avec une fonction purement ludique.
Ce mouvement continue de désigner principalement le théâtre de Ionesco, Beckett,
Arrabal ou encore Genet.
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