LA n°1 - Documents pour réviser le Bac de Français

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LECTURE
ANALYTIQUE
[Année]
BAC Français
Le Roi se meurt
Scène d’ouverture p11 à 16.
Introduction :
L’extrait de texte étudié a été écrit par Eugène Ionesco né en Roumanie le 26 novembre 1909 et
mort le 28 mars 1994 à Paris. Il a eu une enfance difficile entre le divorce de ses parents, ses allés
retours France/Roumanie, les très mauvaises relations qu’il entretenait avec son père et la misère
qu’il a connue quand il a vécu à paris avec sa mère. Il a écrit de nombreuses pièces de théâtre du
mouvement absurde. L’absurde met en lumière une vision pessimiste et décalée du monde et met en
valeur le côté absurde du destin humain. Il a écrit notamment La Cantatrice Chauve (1950), La
Leçon(1951), Le Rhinocéros (1959) et le Roi se meurt (1962). A la sortie de la Cantatrice Chauve, il a
eu beaucoup de succès et il a rencontré de nombreux surréalistes. Il était engagé contre le fascisme.
Il a eu le prestige d’être publié à la Pléiade et est entré à l’Académie française en 1970.
Ce texte est un extrait du Roi se meurt, pièce de théâtre tragique du mouvement absurde de Ionesco
datant de 1962. Elle met en scène un roi qui doit mourir mais qui a beaucoup de mal à l’accepter,
dans un pays imaginaire
L’extrait étudié présente la scène d’ouverture de la pièce. Des éléments de compréhension se
mettent en place : personnages, décors, atmosphère…
Nous nous demanderons ce que ce passage nous apprend.
Nous verrons dans un premier temps que nous sommes bien dans une scène d’exposition, puis, dans
un second, que cet extrait est une introduction à l’absurdité de la pièce.
Axe 1 : C’est une scène d’exposition
L’ouverture de la pièce délivre au spectateur des éléments de compréhension concernant le lieu
l’époque, les personnages et l’intrigue.
Les éléments de décor de la didascalie fonctionnelle de lever de rideau confirment le titre : on
indique une « salle du trône, trois trônes de taille différente » qui peuvent annoncer une bigamie ;
par ailleurs la musique inspirée des « Levers du roi » du XVIIIème siècle et les points d’architecture
« gothique… fenêtre ogivale » créent un vague effet d’époque.
On peut attendre des effets d’entrée et de sorties de personnages car les portes sont nombreuses.
La double énonciation est largement mise en œuvre ; l’auteur a adopté le parti pris d’une annonce
des apparitions des personnages par le garde, ce qui correspond à un usage réel dans les cours
royales. Ces annonces nous renseignent sur les noms et fonctions de chacun. : Béranger 1er le Roi, les
deux reines Marguerite, première épouse, et la reine Marie la seconde ; passent également la
servante Juliette et le médecin.
Les costumes, accessoires et apparences des personnages sont définis par les nombreuses
didascalies fonctionnelles : la légitimité du roi et des reines est attestée par les symboles du pouvoir,
les couronnes et manteaux de pourpre ainsi que le spectre pour le roi, celui-ci passe « d’un pas assez
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vif » c’est un roi véritable, en pleine possession des ses moyens ; ceci est assez important puisque
nous le verrons se dégrader au cours de la pièce. On remarque déjà un antagoniste entre Marguerite
et Marie : l’une a l’air sévère, son manteau n’est « pas très frai » tandis que l’autre porte des bijoux,
et « semble plus attrayante et coquette que Margueritte ». Le Médecin rentre et puis repart aussitôt
par la même porte : veut-on nous montrer qu’il est préoccupé ? Le garde à un rôle à part entière
dans ce passage, on apprend qu’il est vieux, il a l’air fatigué, il a froid.
Renseigné sur le lieu et les personnages par le décor et la double énonciation, le spectateur ressent
également une impression d’étrangeté à travers le caractère décalé de certains éléments et le
délabrement général qui semble régner dans ce royaume.
Axe 2 : cette scène est caractéristique du théâtre de l’absurde
L’apparition disparition des personnages et leur présentation par le garde produisent un effet de
mécanique : ils ne parlent pas, n’ont pas de raisons apparentes de passer si ce n’est pour être définis
par le garde, comme des marionnettes.
Les annonces elles-mêmes sont étranges : on définit le statut sentimental de Marie, ce qui est
totalement déplacé dans une véritable annonce, la domestique et le médecin sont annoncés aussi
comme de grands personnages ; leurs fonctions sont nombreuses et hétéroclites « femme de
ménage et infirmière….Médecin du roi, chirurgien, bactériologue, bourreau et astrologue » ; on voit
que les compétences du médecin sont irréalistes et même inquiétantes
La présence d’un radiateur censé se mettre en marche à la voix crée un effet d’irréalité et
d’anachronisme ; il en est de même pour le terme de « living room » employé par Juliette pour
désigner la salle du trône.
Autre fait étrange, le garde a entendu le roi donner au soleil l‘ordre de se lever, ce roi serait alors
l’égal d’un dieu.
La première didascalie génère d’emblée une impression de délabrement : les deux adverbes »,
« vaguement…dérisoirement » qualifient la musique et l’architecture.
Le garde est vieux, il a l’air fatigué et il a froid
Le radiateur ne fonctionne pas, il fait froid, l’atmosphère est assez sombre, comme le signale le
garde : « le ciel est couvert, les nuages n’ont pas l’air de vouloir se dissiper rapidement. Le soleil est
en retard. »
La première remarque de Marguerite est assez surprenante dans ce cadre et dans la bouche d’une
reine, elle ôte tout caractère royal à la scène « Il y en a de la poussière, et des mégots par terre » ;
on apprend à cette occasion que la servante est débordée de travail : « Je n’ai pas eu le temps… ».
Plus loin, elle précise qu’elle doit réparer les fissures du mur avec le garde.
Les dialogues développent d’autres points de dégradation : La vache du palais n’a presque plus de
lait, la fissure du mur avec le garde.
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L’ensemble suggère un état de pauvreté de ce royaume ; et le plus étonnant pour le spectateur est
la réaction de Marguerite devant cet état de fait qui lui semble normal : « Le soleil n’écoute déjà
plus… ça va vite. Je ne m’y attendais pas pour tout de suite…ce n’est pas la peine. Elle est
irréversible ». Tout ici nous montre que Marguerite attend ces évènement comme une fatalité, et ce
sans en être inquiète outre mesure.
Conclusion
L’examen du texte a donc permis de comprendre certains aspects de la pièce en nous faisant avancer
dans l’intrigue et de nous introduire dans un univers étrange et insensé.
Ces éléments décalés perdurent pendant toute la pièce. On s’apercevra finalement qu’ils ont un sens
symbolique et philosophique : c’est celle d’un écroulement de l’univers pour un homme qui va
mourir.
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