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vif » c’est un roi véritable, en  pleine  possession des ses  moyens ;  ceci est assez important puisque 
nous le verrons se dégrader au cours  de la pièce. On remarque déjà un antagoniste entre Marguerite 
et Marie : l’une  a l’air sévère, son manteau  n’est « pas très frai » tandis que l’autre porte des bijoux, 
et « semble plus attrayante et coquette que Margueritte ». Le Médecin rentre et puis repart aussitôt 
par la  même porte : veut-on  nous  montrer qu’il est  préoccupé ?  Le  garde  à  un  rôle  à  part  entière 
dans ce passage, on apprend qu’il est vieux, il a l’air fatigué, il a froid. 
Renseigné sur le lieu et les personnages par le décor et la double énonciation, le spectateur ressent 
également  une  impression    d’étrangeté  à  travers    le  caractère    décalé  de  certains  éléments  et  le 
délabrement général qui semble régner dans ce royaume. 
 
Axe 2 : cette scène est caractéristique du théâtre  de l’absurde 
L’apparition  disparition  des  personnages  et  leur  présentation  par  le  garde  produisent  un  effet  de 
mécanique : ils ne parlent pas, n’ont pas de raisons apparentes de passer si ce n’est pour être définis 
par le garde, comme des marionnettes.  
Les  annonces  elles-mêmes  sont  étranges :  on  définit  le  statut  sentimental  de  Marie,  ce  qui  est 
totalement déplacé dans une véritable annonce, la domestique et  le  médecin sont annoncés aussi 
comme  de  grands  personnages ;  leurs  fonctions  sont  nombreuses  et  hétéroclites  «   femme  de 
ménage et infirmière….Médecin du roi, chirurgien, bactériologue, bourreau et astrologue » ; on voit 
que les compétences du médecin sont irréalistes et même inquiétantes 
La  présence  d’un  radiateur  censé  se  mettre    en  marche  à  la  voix  crée  un  effet  d’irréalité  et 
d’anachronisme ;  il  en  est  de  même  pour  le  terme  de  « living  room »  employé  par  Juliette  pour 
désigner la salle du trône. 
Autre fait étrange, le garde a entendu le roi donner  au soleil l‘ordre de se lever, ce roi serait alors 
l’égal d’un dieu. 
La  première  didascalie  génère  d’emblée  une  impression  de  délabrement :  les  deux  adverbes », 
« vaguement…dérisoirement » qualifient la musique et l’architecture.  
Le garde est vieux, il a l’air fatigué et il a froid 
Le  radiateur  ne  fonctionne  pas,  il  fait  froid,  l’atmosphère  est  assez  sombre,  comme  le  signale  le 
garde : « le ciel est couvert, les nuages n’ont pas l’air  de vouloir se dissiper rapidement. Le soleil est 
en retard. » 
La première remarque de Marguerite est assez surprenante dans ce cadre et dans la bouche d’une 
reine, elle ôte tout caractère royal à la scène «  Il y en a de la poussière, et des mégots par terre » ; 
on apprend à cette occasion que la servante est débordée de travail : « Je n’ai pas eu le temps… ». 
Plus loin, elle précise qu’elle doit réparer les fissures du mur avec le garde. 
Les dialogues  développent d’autres points de dégradation : La vache du palais n’a presque plus de 
lait, la fissure du mur avec le garde.