Les différentes théories de l’apprentissage Une approche historique Apprentissage : définitions Modification durable et stable du comportement comme conséquence d’une expérience antérieure et non d’une maturation. Différentes répresentations du rôle de l’enseignant et de l’apprenant La représentation de ce qu'est l'apprentissage conditionne notre représentation de l'enseignement Les théories de l’apprentissage Début du 20e Gestaltistes Béhavioristes: Wertheimer, Koffka Pavlov, Watson, Thorndike, Thorndike Tolman Néo- béhavioristes Milieu du 20e Constructivistes Hull, Skinner Bruner, Piaget Approche social cognitive Fin du 20e Cognitives Rotter, Bandura Socio-constructivistes Vygotsky Début du 21e Neuropsychologiques Adapté de Minier, 2003 Théories béhavioristes 1. Pavlov (1849-1936) Deux paramètres indispensables La répétition La contiguïté temporelle entre stimuli conditionnel et inconditionnel Réflexe conditionnel Explication physiologique de l’apprentissage, basé essentiellement sur le conditionnement. Conditionnement classique ou répondant D’après vetopsy.fr Quelques lois du conditionnement classique L’extinction : Diminution progressive puis disparition de la RC si SI et SC non associés pendant un certain temps. MAIS apprentissage plus rapide si on recommence la procédure. DONC extinction partielle seulement La généralisation : Extension d’une liaison conditionnelle à des stimuli proches du SC La discrimination : Modification de la réponse généralisée si on éteint progressivement les RC provoquées par des stimuli proches du SC. 2. Watson (1878-1958), père du béhaviorisme Faire de la psychologie une science du comportement sur la seule base des faits observables et mesurables Courant associationiste Apprentissage par conditionnement = par association S - R Stimulus ? Réponse L’homme n’est que le reflet de son milieu, que le résultat des conditionnements qu’il subit. La thèse du «Modelage» mise sur les conditions externes pour transformer / former les élèves. 2. Watson (1878-1958), père du béhaviorisme Changement du comportement par un condionnement externe À l’origine, Albert n’a pas peur du rat, mais Watson faisait retentir soudainement un bruit très fort à chaque fois qu’Albert touchait au rat. Étant donné qu’Albert sursautait de frayeur par le bruit, il est rapidement devenu conditionné à avoir peur du rat. La peur a été généralisée à d’autres petits animaux de couleur blanche. Conditionnement opérant : 4 mécanismes qui permettent d'opérer sur le comportement : Une action peut être suivie - d’une récompense (renforcement positif) - du retrait d'un stimulus aversif (renforcement négatif) - d'une absence de réponse (extinction) - d'une punition (ajout d'un stimulus aversif) 3. Skinner (1904-1990) Un apprentissage est toujours possible, à la condition d’user du dosage adéquat des réponses. Nous apprenons dans l’action, de l’expérience, par essais et erreurs. Apprentissage individualisé grâce à un enseignement programmé. Quelques lois du conditionnement opérant Extinction S’il n’y a plus de renforcement La résistance à l’extinction est variable : Renforcement continu = extinction plus rapide Renforcement partiel = extinction plus lente => lien plus fort : effet d’attente et de surprise favorable Généralisation et Discrimination Exemple : Un pigeon apprend à picorer la cible si la lumière est verte Il picore aussi à la lumière verte claire ou verte foncée Si on administre un stimulus aversif s’il picore à la lumière foncée, il apprendra à discriminer cette couleur il répondra encore à la lumière verte de départ ou lumière verte claire. 4. Tolman (1886-1959), béhavioriste “rebelle” Des rats, un labyrinthe en croix. Le point de départ est D1 ou D2 La nourriture (N) se trouve alternativement dans l’une des branches longues. App. de réponse motrice = 51 essais App. de lieu = 4 essais Construction d’une « carte mentale », pas de réaction motrice automatisée… Suggestion de l’existence de mécanismes internes et d’une activité mentale 4. Tolman (1886-1959), béhavioriste “rebelle” Apprentissage latent Carte mentale Un apprentissage latent → il se passe quelque chose dans la boite noir.... Apports et Application à l’éducation Apports Rigueur de la méthode – efficacité des entraînements systématiques Mise en évidence des comportements appris, donc potentiellement désappris (TCC) Application Logiciels : adaptation au niveau de l’élève = minimiser le risque d’erreurs, maximiser les renforcements positifs (« Exact. Très bien. Continuez »). Personnes atteintes de déficiences mentales sévères ou modérées Traiter les phénomènes de délinquance par la mise en place de renforcements positifs (encourager les conduites souhaitées plutôt que punir les conduites peu acceptables)… Alexandre, désire recevoir une bonne note au contrôle de mathématiques. Pour ce, il travaille très fort et fait tous les exercices. En recevant sa copie d’examen corrigée, il constate que ses efforts ont porté fruit puisqu’il a reçu une note de 19/20, ce qui le satisfait grandement. Il se dit alors qu’il fera de même pour les examens finaux. → la bonne note a renforcé le comportement de travailler fort et d’étudier de façon assidue. De plus, le professeur avait annoncé que les étudiants qui recevront une note au dessus de 18/20 au contrôle n’auront pas à effectuer une présentation orale devant la classe. Étant donné qu’Alexandre ne se sent pas très à l’aise de parler en public, il est ravi de pouvoir se soustraire de cette activité → le fait de pouvoir se retirer d’une activité qui ne lui plaît pas a également renforcé le comportement de travailler de façon assidue. Par contre, Alexandre a la fâcheuse habitude de parler à son voisin de pupitre durant les explications du professeur. Au départ, ce dernier l’ignore en espérant qu’il se taise bientôt → ne pas porter d’attention à un comportement peut mener à son extinction. Comme Alexandre ne se tait pas, le professeur décide de sévir et lui demande d’effectuer une recherche bibliographique sur un thème des mathématiques qui lui est rébarbatif → cette punition vise à faire cesser le comportement d’Alexandre D'après Anastassis Kozanitis, Les principaux courant théoriques de l'enseignement et de l'apprentissage : un point de vue historique Limites du béhaviorisme et conditionnement Acquisitions d’automatismes : réaction rapide mais comportements rigides, peu adaptables. Fortes différences interindividuelles. Lois générales valables dans des situations simples, mais l’homme apprend dans des situations très complexes → les enfants ne reproduisent pas toujours tous les comportements qui ont été renforcés. → ils peuvent modeler de nouveaux comportements plusieurs jours, voire plusieurs semaines après l’observation initiale sans y avoir été renforcé. Négligence des mécanismes internes à l’individu (recherche d’explications uniquement externes à l’individu) Approche sociale cognitive Bandura (1925) L’apprentissage social ou l’apprentissage par observation À l’articulation entre béhaviorisme et cognitivisme : Impact de l’environnement + Intégration du rôle des attentes, des croyances et des influences sociales. « L’apprentissage social » : Situations de la vie quotidienne (apprendre à partir des autres). Intériorisation des normes et valeurs de son environnement social. 19 L’apprentissage social se fait grâce à l’observation d’un modèle qu’on imite. Quatre processus fondamentaux qui favorisent ce type d’apprentissage : - Attention = sélectionner le modèle - Mémorisation = assimiler le modèle (forme verbale ou imagée) - Reproduction = mettre en œuvre le comportement - Motivation = recevoir un renforcement 20 Exemple en classe: L’attention : Aider l’élève à repérer et à porter son attention sur le comportement à apprendre La mémorisation : Se rappeler et décrire le comportement sans la présence du modèle. La reproduction : S’exercer à reproduire le comportement, prendre en compte ses erreurs afin de procéder à des ajustements successifs. La motivation : Apporter un renforcement : - interne (sentiment de réussite, efficacité observée du comportement) - externe (note, récompense, félicitation) Deux thèses importantes de Bandura Apprentissage vicariant : Profiter de l’expérience des autres pour apprendre, en prenant en compte leurs réussites ou leurs échecs. Apprendre un comportement sans que nous soyons directement renforcés ou punis. Le renforcement peut venir de l’observation du comportement des autres. Deux thèses importantes de Bandura Sentiment d’auto-efficacité : conviction d’être capable d'organiser, de réaliser les actions nécessaires à l'accomplissement d'une tâche. Impact sur le mode de penser, le niveau de motivation et le comportement. L’individu cherche à éviter les situations perçues comme menaçantes, mais s'engage dans les activités perçues comme réalisables. Alors l'expérience vicariante (opportunité de pouvoir observer un pair exécuter une activité donnée) influence la perception d'auto-efficacité Apprentissage social de l’agression (Bandura, Ross & Ross, 1961) Expérience avec enfants de 4 ans 1 : dans une pièce avec du matériel (albums, feutres…). Un adulte dans la pièce avec jouets divers dont une poupée G1 - Adulte agressif envers la poupée (frapper, jeter, paroles agressives) G2 - Adulte joue sans s’intéresser à la poupée GC - situation contrôle, aucun adulte n’intervient. 2 Création d’un sentiment de frustration : interdiction d’un jouet apprécié 3 Observation du comportement des enfants avec la poupée Résultats : Agressivité G1 > Agressivité G2 ou GC. Comportements agressifs appris par imitation de modèles Ce sont des possibilités d’expression, pas des obligations ! Décourager, dénigrer l’imitation, montrer les sanctions, peut la limiter. Théorie gestaltiste (Théorie de la forme) Vertheimer (1880-1943), Koffka (1886-1941), Köhler (1887-1967) Le tout est plus et autre chose que la somme des parties Nous percevons les objets de manière unifiée: les « totalités » donnent du sens aux parties. L’apprentissage doit faire appel à la compréhension par Insights et à une pensée véritablement créatrice, et non pas à des présentations d’éléments morcelés de connaissances, à relier progressivement entre eux par mémorisation (l’apprentissage par cœur). Théories constructivistes 1. Bruner (1966) On projette sur les phéno. Ce que nous connaissons déjà d'eux Apprendre, c’est construire du sens. Deux principes : 1. La connaissance est activement construite par l’apprenant et non passivement reçue de l’environnement. 2. L’apprentissage est un processus d’adaptation qui s’appuie sur l’expérience qu’on a du monde et qui est en constante modification. La construction des connaissances est un processus dynamique, où l’apprenant se sert de ses connaissances antérieures comme échafaudage sur lequel pourront prendre assise de nouvelles connaissances et se développeront de nouvelles représentations du monde (schémas mentaux). De plus, compte tenu des nouvelles expériences et du contact avec l’environnement, la structure de ces schémas mentaux se complexifie et se trouve en constante modification. Dimension sociale, 1986 Théories constructivistes 2. Piaget (1896-1980) La connaissance ne se transmet pas verbalement, elle doit être nécessairement construite et reconstruite par celui qui apprend. Elle se construit grâce au processus d’équilibration des structures cognitives, en réponse aux sollicitations et aux contraintes de l’environnement. Théorie structurale, constructiviste et interactionniste. Structurale : Développement par stades chaque stade est caractérisé par des structures mentales organisées. Développement = restructuration interne Constructiviste : l'intelligence se construit en fonctionnant (pas en accumulant de savoirs) L’acquisition de nouveaux savoirs modifie les savoirs antérieurs Interactionniste : l’intelligence s’élabore dans l'interaction avec le milieu, les objets, dans l'action de l'individu sur le milieu La cognition prend sa source dans l'action. Théorie fondée sur trois ancrages : Biologique: Le développement de l’intelligence vu comme un phénomène du vivant. Utilisation des mêmes fonctions et processus aussi bien pour survivre que pour développer les connaissances → adaptation Epistémologique : Comment les connaissances se forment et s’accroissent chez l’enfant ? Dégager les mécanismes communs de la genèse des connaissances. Logico-mathématiques : Le fonctionnement cognitif peut être décrit à partir d’opérateurs logiques. Chaque stade, chaque niveau d’intelligence à sa « logique ». Le principe d’équilibration Cohérence interne nécessaire, tout au long du développement Accord de la pensée avec elle-même et l’environnement Mais l’environnement est déstabilisant : S’ADAPTER sans cesse Adaptation = reconstruction active. L’enfant doit créer des liens entre ce qu’il connaît déjà et la nouvelle situation Adaptation grâce : - Aux réflexes présents dès la naissance - A deux mécanismes : l’accommodation et l’assimilation 31 Assimilation Appréhender et incorporer des éléments du milieu à partir de la structure de connaissance actuelle (schème). Rendre familier ce qui ne l’est pas, interpréter des situations nouvelles grâce à ce qu’on sait déjà Exemple : réflexe de succion -> sucer le sein, puis le pouce, la tétine) Accommodation Modifier sa structure en fonction des stimuli extérieurs et de la résistance qu’oppose le milieu. C’est un raté de l’assimilation et elle aboutit normalement à un format supérieur d’assimilation Exemple : modifier le geste connu de saisi du doigt pour saisir un verre 32 Pour résumer Processus d’équilibration : Processus d’adaptation constante de l’individu à l’environnement par assimilation et accommodation L’intelligence se développe parce que le sujet est confronté à des situations nouvelles qui provoquent un déséquilibre des structures établies et l’obligent à rechercher un nouvel équilibre Le conflit cognitif 33 Le conflit cognitif Équilibre du système cognitif Perturbation Assimilation OU Accommodation Réorganisation du système cognitif Déséquilibre Intégration à des structures déjà construites Réorganisation des structures Ré-équilibration majorante (équilibre nouveau et plus stable qu’au début) Les stades du développement le stade sensori-moteur, de 0 à 18 mois (l’intelligence avant le langage) le stade de préparation et de mise en place des opérations concrètes, de 18 mois - 2 ans à 11 - 12 ans le stade des opérations formelles, de 11 - 12 ans à 14 - 16 ans En résumé L’apprenant construit ses connaissances par son action propre Le développement intellectuel est un processus interne et autonome, peu sensible aux effets externes, en particulier ceux de l’enseignant Ce développement est universel et se réalise par étapes successives Lorsqu’un individu parvient à un niveau de fonctionnement logique il peut raisonner logiquement quel que soit le contenu de savoir. L’apprenant ne peut « assimiler » des connaissances nouvelles que s’il dispose des structures mentales qui le permettent. Apport du constructivisme à l’enseignement L’activité de l’élève - activité motrice (manipulations, richesse de l’environnement…) - activité mentale (traiter l’information, se la représenter, la transformer mentalement) Se poser des questions, ses propores questions, faire ses expériences Les connaissances antérieures Importance de partir des conceptions initiales des élèves Savoirs ou savoir-faire antérieurs sont une aide ou obstacle à la compréhension Apprentissage = résolution de problèmes, franchissement d’obstacles Pas d'accumulation des connaissances Apprendre de façon constructiviste en faisant des liens entre de nouvelles idées et leur schéma existant Apport du constructivisme à l’enseignement La logique de l’élève n’est pas celle du maître L’élève n’est pas un petit adulte La place de l’erreur - ne pas la considérer comme une faute mais comme un témoin du fonctionnement cognitif - à partir de leur analyse, on accède à la logique de l’élève. Limites Subordonner les apprentissages au développement pose problème : attentisme Négligence des influences sociales, motivation... Approche socio-constructiviste Vygostky (1896-1934) Une approche socio-cognitive de l’apprentissage Chez Piaget, rôle « peu important » de l’environnement social Un rôle prépondérant de l’environnement social pour les béhavioristes Wallon (non développé ici) et Vygotsky : Rôle des interactions sociales 39 Vygotsky : approche socio-cognitive de l’apprentissage Rôle prévalent de l’intervention de l’adulte dans la progression des apprentissages de l’enfant Développement cognitif envisagé comme une appropriation de la connaissance à travers les interactions sociales Ce sont les activités menées sous la tutelle de l’adulte qui permettent les apprentissages 40 La Zone Proximale de Développement (ZPD) 41 La ZPD présage et prépare ce que l’enfant pourra réaliser tout seul 42 Favoriser les apprentissages avec la ZPD Aménager la transition de l’activité en tutelle (ou guidage externe) à l’activité en autonomie (autoguidage) TRANSITION Ajuster les contenus et les conditions de l’enseignement, non pas aux capacités présentes de l’enfant, mais à son potentiel de progrès dans des conditions de tutelle Favoriser les apprentissages avec la ZPD D’après Vygotsky, chaque fonction psychique supérieure apparaît deux fois au cours du développement : - d’abord comme activité collective, sociale (inter) - puis, comme propriété de la pensée (intra) Le mécanisme d’étayage dans la relation de tutelle 6 niveaux d’intervention 1- Enrôlement : éveil de l’intérêt de l’enfant pour la tâche à effectuer 2- Réduction des degrés de liberté : simplifier la tâche si elle se révèle trop difficile pour l’enfant 3- Maintien de l’orientation : arriver au but final en résistant aux sollicitations extérieures 4- Mise en valeur des points pertinents : signaler à l’enfant les principales caractéristiques de la tâche 5- Contrôle de la frustration : aider l’enfant lors des échecs en se gardant de ne pas créer une trop forte dépendance 6- Démonstration : montrer comment faire mais sans pour autant fournir la solution, utilisation de l’imitation. Rôle des interactions sociales dans les acquisitions scolaires Interactions sociales dissymétriques Situation où un sujet naïf est aidé par un expert pour acquérir un nouveau savoir : - asymétrie de compétence - asymétrie dans le but à atteindre Idée sous-jacente : faire travailler le novice dans sa ZPD, en utilisant son potentiel d’apprentissage Au fur et à mesure, l’expert s’efface, laisse l’initiative au novice qui progresse vers l’auto-contrôle Rôle des interactions sociales dans les acquisitions scolaires Interactions symétriques des élèves, à qui on donne des rôles et des statuts égalitaires, doivent résoudre une tâche ensemble, en collaborant dans la recherche d’une solution commune Les situations de conflits avec désaccords argumentés conduisent aux progrès les plus importants Conflit socio-cognitif Le conflit socio-cognitif L’un des participants peut fournir des informations qui peuvent aider à l’élaboration d’une réponse nouvelle, sans qu’il s’agisse pour autant d’une simple reproduction de modèle. Il ne peut y avoir conflit que si les réponses divergent et si elles provoquent un double déséquilibre : Inter : entre les partenaires qui s’opposent sur leurs réponses Intra : qui invite à douter et remettre en cause sa propre réponse. Situation particulière de conflit socio-cognitif : le marquage social Toute situation où une correspondance existe entre des réponses découlant de régulations sociales et des réponses découlant de son développement cognitif Face à une tâche, le sujet peut disposer de deux types de réponses : - une provenant de son niveau de développement cognitif actuel - une de ses connaissances liées à ses expériences sociales. Le conflit entre ces réponses peut induire des progrès dans le raisonnement cognitif du sujet Exemple de marquage social (Doise, Dionnet & Mugny, 1978). Situation expérimentale sur la conservation de la longueur : Reconnaître que deux bracelets sont de longueurs différentes, quelles que soit la configuration de présentation (enfants de 5-6 ans, non conservants). Le sujet (petit) est face à un expérimentateur (plus grand). Condition expérimentale : il est convenu que le bracelet le plus grand revient à l’expérimentateur Dans cette situation, il y a une correspondance entre la norme sociale (différence adulte/enfant) et la conservation des longueurs. Condition contrôle : les bracelets sont à attribuer à deux cylindres de carton de diamètre différents. Résultats : Davantage de réponses correctes chez les enfants de la condition expérimentale (marquage social) que chez ceux de la condition contrôle. Conclusion : Action structurante de la signification sociale de la tâche Éducation, apprentissage et développement Pas de différence chez Vygotsky entre Ψ du développement et Ψ de l’éducation Rupture avec l’idée de maturation. Le contexte social fait partie des processus de construction En résumé Chez Piaget : développement indépendant de l’apprentissage qui est tributaire du développement. Chez Vygotsky, c’est l’inverse : l’apprentissage précède le développement et la variable sociale devient un facteur de développement Apport du socio-constructivisme à l’enseignement Le rôle de l’enseignant : tutelle et étayage La place de l’enseignant dans la ZPD : rester dans la ZPD, proposer des situations de tutelle où tâches ni trop faciles, ni trop difficiles Travail en groupe de pairs et confrontation des points de vue : conflit socio-cognitif entre pairs, tutorat entre experts et novices Leibniz → L’esprit humain fonctionne sur la base de calculs successifs. Invention de l’ordinateur : une machine qui peut réaliser un grand nombre de calculs à partir de règles logiques (Turing et Von Neuman) L'esprit humain : un système qui traite de l'information Approche cognitiviste « on ne peut pas séparer les sciences cognitives et la technologie cognitive sans amputer celle-ci ou celle-là d’un élément complémentaire vital » (Varela, 1989) → L’essor des sciences cognitives est directement lié à l’élaboration de nouveaux dispositifs de recherches : Technologie de mesure des réponses physiologiques et comportementales – ex. étude du nourrisson (succion non nutritive, mesure oculomotrice...) – imagerie cérébrale... Une révolution dans notre étude de la 'boite noire' 1. L’approche « computo-symbolique » : Les comportements humains ne sont que la résultante d’opérations mentales portant sur des unités élémentaires, les symboles, qui existent sous la forme de représentations que l’individu construit, stocke, trie. → connaissances, représentations, → systèmes de mémoire → système de contrôle → opérations d'analyse / raisonnement Cognitivisme pédagogique Ausubel → Un enseignement basé sur la communication d'informations par l'enseignant peut être efficace A condition qu'il y ait un ancrage sur ce que l'apprenant sait déjà Grâce à une structuration du matériel d'apprentissage Une démarche d'apprentissage structurée Représentations structurante = matériel qui facilitera la mise en relation et le codage des informations, ainsi que la mise en relation avec ce qui est déjà disponible dans la structure cognitive de l'individu. Ausubel des « structurants antérieurs » (advanced organizers) → courts textes, de schémas ou de graphiques, généralement présentés en début d'apprentissage, Faciliter la mise en relation des éléments qui feront l'objet de l'apprentissage ainsi que le lien avec les éléments déjà maîtrisés disponibles dans la structure cognitive de l'individu. des « structurants comparatifs » (comparative organizers). → tableaux croisés, des graphes en arbre… Amener l'apprenant à établir des liens entre différentes parties du matériel d'apprentissage proposé en utilisant Tardif « L'élève traite une multitude d'informations. ( et l'enseignant aussi...) des informations affectives qui viennent plus particulièrement de ses expériences scolaires antérieures (buts poursuivis par la nouvelle tâche, valeur attribuée à cette tâche et perception du contrôle possible sur sa réussite) des informations cognitives; il met les nouvelles informations en relations avec ses connaissances antérieures, choisit les stratégies jugées les plus appropriées pour réussir la tâche, des informations métacognitives (prise de conscience constante de ses stratégies, de son engagement personnel et de sa persistance au travail)...» le sujet apprenant est un sujet actif et constructif qui acquiert, intègre et réutilise des connaissances. Ces connaissances se construisent graduellement. Stratégies cognitives et méta-cognitives = stratégies d'apprentissage « les moyens que l'élève utilise pour acquérir, intégrer et se rappeler les connaissances apprises » Métacognition = porter un jugement sur le travail cognitif puis réguler l'application des stratégies cognitives Les stratégies d'apprentissage Stratégies cognitives et métacognitives Weinstein et Mayer (1986) Différentes catégories de stratégies cognitives : Gestion du temps Gestion des ressources matérielles Mémorisation Compréhension Gestion de l'activité cognitive Utilisation des ressources humaines Gestion des ressources affectives Les stratégies d'apprentissage Stratégies cognitives et métacognitives Cartier, Debeurme et Viau (1997) Stratégie d'apprentissage Stratégie de mémorisation Stratégie d'organisation Stratégie d'élaboration Stratégie d'auto-régulation Les stratégies d'autorégulation selon Zimmerman (1986) adapté par R. Viau, 1997 2. Le connexionnisme Un modèle du neurone biologique, Un neurone formel (artificiel) est une unité de traitement qui reçoit des données en entrée, sous la forme d’un vecteur, et produit une sortie réelle. Cette sortie est une fonction des entrées et des poids des connexions. Valeur du poids = force de la relation entre ces deux unités. Si cette valeur est positive, la connexion est dite excitatrice, sinon elle est dite inhibitrice. Analogie neurophysiologique : l’activité de chaque neurone dépend, en première approximation, de la somme pondérée des activités des neurones dont il reçoit l’influence, excitatrice ou inhibitrice, par contact synaptique. 2. Le connexionnisme Réseau de neurones A l’instant initial, on fournit les valeurs d’activité d’un certain nombre d’unités, qu’on appelle les unités d’entrées. On calcule alors, d’instant en instant, l’évolution de l’état de toutes les unités du réseau. Quand cet état s’est stabilisé, on relève alors les valeurs d’activité des unités de sortie. 2. Le connexionnisme Apprentissage supervisé, A partir d'un échantillon d’apprentissage on fait fonctionner le réseau, et pour chaque entrée, on compare la sortie obtenue à la sortie désirée, que l'on réimplémente au réseau → méthode de rétropropagation de l'erreur Un processus d’apprentissage consiste à effectuer de telles modifications jusqu’à ce que la correspondance entre entrées et sorties soit considérée comme satisfaisante par l’expérimentateur Apprentissage non supervisé, Modification des poids et les seuils en fonction de l’activité même des unités. Entrées et sorties sont présentées en même temps → un des algorithmes le + classique : augmenter le poids d’une connexion si les deux unités qu’elle relie sont toutes deux très activées et à le diminuer dans le cas contraire. (mécanisme physiologique postulé par Hebb, 1949) 2. Le connexionnisme Dans les deux cas : au fur à mesure du cumul d’expériences, le poids de connexions augmente entraînant le transfert de plus en plus rapide du signal. Application : - Technologique : intelligence artificielle - Modélisation du fonctionnement cognitif Modèle de la mémoire Modèle de la lecture Modèle d'apprentissage... Limites : un « retour théorique à un behaviorisme statistique et neuronal » ? (Tiberghien) « Dans le cognitivisme symbolique qui distingue, d’une part, les types de connaissances et les représentations, et d’autre part, les activités inférentielles portant sur elles, l’apprentissage est un processus d’acquisition de connaissances déclaratives et procédurales, s’accompagnant d’une automatisation de déclenchement des procédures. A l’opposé, l’apprentissage connexionniste se manifeste uniquement par l’augmentation ou la diminution progressive du poids des connexions entre unités de traitement et consiste à associer un type d’entrée et un type de sortie (Béroule, 1989) ». Cognitivisme computationnel → métaphore informatique Traitement séquentiel Connexionnisme → métaphore du réseau Traitement parallèle Varela : dépasse cette opposition → concept de l'énaction Le monde que connaît l’individu est construit par lui, par l’intermédiaire de ses expériences, à partir d’une mise en résonance de réseaux neuronaux. L'énaction Connexionnisme et cognitivisme computationnel sont complémentaires Varela (biologiste-cognitiviste) L'esprit humain s'organise lui-même en interaction avec l'environnement Nos capacités ne sont pas prédéfinies mais énactées, on les fait émerger sur un arrière-plan Une émergence subsymbolique « L’intelligence la plus profonde et la plus fondamentale est celle du bébé qui acquiert le langage à partir d’un flot quotidien de bribes dispersées, ou encore qui reconstitue des objets signifiants à partir d’un flux informe de lumière » (1989) L'énaction → Varela replace aussi la dimension sociale (dans l'importance qu'il donne à nos expériences dans les apprentissages Ex. « l’acte de communiquer ne se traduit pas par un transfert d’information depuis l’expéditeur vers le destinataire, mais plutôt par le modelage mutuel d’un monde commun au moyen d’une action conjuguée : c’est notre réalisation sociale, par l’acte de langage, qui prête vie à notre monde » Applications pédagogiques : Rétroaction de l’apprentissage sur l’enseignement, de l’apprenant sur l’enseignant. Notre cerveau est relié à notre corps et est plongé dans un environnement qui agit sur lui et sur lequel il agit. Concept de cognition incarnée La cognition incarnée Une cognition « située et incarnée » (situated and embodied cognition) Toute action est finalisée dans un certain contexte et se réalise sous la dépendance de données neuroanatomiques, tonico-émotionnelles, environnementales (Clark & Chalmers, 1998 ; Varela, Thompson & Rosch, 1993). « Les processus cognitifs sont intimement liés aux processus sensorimoteurs, c’est-à-dire à nos expériences sensorielles et à nos actes moteurs. » « Nos connaissances sont empreintes (elles en portent les traces) de sensorialité et de motricité, elles sont aussi constituées par nos interactions physiques avec notre environnement. » (Brouillet) Approche cognitiviste l’enfant « pr oblem solver » → fonctionnalisme Puis une approche qui tend à s'ancrer dans la neurobio Vers une approche plus dynamique et sociale La cognition : des processus complexes qui ne peuvent se réduire simplement aux opérations impliquant les neurones seuls, les effets des neurotransmetteurs, etc. La compréhension des processus complexes implique de saisir l’ensemble des interactions non linéaires parmi un grand nombre de composants et de propriétés qui émergent du système en tant que produit des interactions » (Munakata & McClelland, 2003) Pour résumé, Des conceptions différentes de l'Apprentissage... Conception behavioriste Le rôle de l’enseignant Le rôle de l’élève • stimuler, entraîner à produire • suivre les indications pour les réponses attendues acquérir des automatismes • concevoir des exercices progressifs, guider les élèves, fournir de nombreuses rétroactions, renforcer les bonnes réponses… • apprendre par essai et erreur en suivant un itinéraire prédéterminé et balisé pour lui Méthodes privilégiées Enseignement programmé, pédagogie par objectifs ou pédagogie de maîtrise, programme d'autoformation assisté par ordinateur … Conception constructiviste Le rôle de l’enseignant • Repérer les acquis, et les obstacles • Offrir des situations obstacles (mise en défaut des conceptions initiales) qui permettent l'élaboration de représentations adéquates Le rôle de l’élève • S’approprier le problème posé • Interagir avec son milieu • Construire et organiser ses connaissances par son action propre • Guider l’élève dans sa construction du savoir Méthodes privilégiées Résolution de problème ouvert, apprentissage par l’action, l’expérimentation, étude de cas… Conception socio-constructiviste Le rôle de l’enseignant • Mettre en place des situations permettant l’émergence et la résolution de conflit socio-cognitif (mise en défaut des conceptions initiales) • Mettre en place des situations d'interaction sociale • guider l’élève dans le parcours de construction du savoir Le rôle de l’élève • s’approprier le problème posé • accepter et reconnaître la nécessité d’une déstabilisation (seul ou avec les autres) • Co-construire ses connaissances en confrontant ses représentations à celles d'autrui Méthodes privilégiées Résolution de problème, discussions, apprentissage par l’expérimentation, pédagogie du projet… Conception cognitiviste Le rôle de l’enseignant • Présenter l'information de façon structurée, hiérarchique, déductive Pour permettre 'l'ancrage' • Répéter pour renforcer la trace en mémoire • Fournir un retour de performances Le rôle de l’élève • Traiter et emmagasiner de nouvelles informations de façon organisée • Mettre en place des stratégie cognitives et métacognitives d'apprentissage Méthodes privilégiées Cours magistral, exposé, résolution de problèmes fermés Enseignement des stratégies d’apprentissage Evaluation Quel est le « bon modèle » ??? Il s’agit de choix qui dépendent : Des conditions de la situation d’enseignement le contenu du cours, les ressources à sa disposition le temps de préparation et le temps d'enseignement Le nombre d'élèves Des caractéristiques des élèves Des connaissances et croyances qu’un enseignant a de l’apprentissage