Introduction aux sciences cognitives Cours de Raphaël Liogier – décembre 2001 L’intelligence artificielle a permis le renouvellement des sciences cognitives. IA : on ne construit plus seulement des machines pour calculer mais pour résoudre des problèmes. Avec l’IA, on a étudié de façon systématique les modes de résolution des problèmes tels qu’ils pouvaient être gérés par le cerveau. Approche behavioriste : on ne s’intéresse qu’aux effets. Approche cognitive : on cherche à comprendre le cerveau en termes d’opérations mentales. On introduit l’idée de sélection. Opérations : Mémorisation. Classement : s’approprier une réalité en la nommant et normaliser un certain type de réalité pour la communiquer. Apprentissage : capacité de changement. Prise de décision. L’IA recherche ce que nous sommes en tant qu’êtres humains pour améliorer la robotisation. Les opérations se font sur trois niveaux : (percevoir, c’est sélectionner). Filtrage perceptif : sélection primaire Formalisation : mettre dans des cases. Réponse : en termes expressionnels, musculaires, décisionnels. A la différence de la psychologie classique, l’approche cognitive ne se contente pas d’observer des comportements extérieurs, mais essaie de repérer des opérations mentales (représentations, images, symboles). Avec les sciences cognitives (ou neurosciences), on n’est plus dans une approche mécanique du plan mental (modèle newtonien). On réfléchit par rapport au processus de sélection et d’interprétation. Après la deuxième guerre mondiale sont apparus les premiers ordinateurs ainsi que la cybernétique : c’est la science des machines auto-régulées, capables de résoudre des problèmes qui se présentent sans qu’ils soient déterminés. Comprendre ce qu’est une décision (un processus, des opérations mentales, sont toujours des décisions) est au cœur des sciences cognitives. Herbert Simon a été le promoteur du premier programme d’IA en sciences humaines (GPS), et le fondateur d’une science de la décision. Son premier objet d’étude a été l’administration. Il a remis en cause la notion d’acteur économique entièrement rationnel, prédéterminé. Il a mis en avant les notions de marges d’incertitude, la force de l’habitude, l’apprentissage, les normes et les valeurs. Aujourd’hui, il existe deux écoles : Approche computationniste : les processus mentaux procèdent par calcul, équation (cf : équation symbolique). Cette approche a l’avantage d’être descriptive. Elle se rapproche en ce sens de la physique newtonienne : elle est fausse sur le fond, mais est utilisée dans la technologie courante. Approche connexionniste : les processus mentaux résultent de microinteractions non isolables. Le sens d’un processus mental n’apparaît que par la synthèse. Cette approche est plus proche de la réalité (elle se rapproche de la physique relativiste) mais elle n’arrive pas à rendre compte de la réalité, trop complexe. L’équation symbolique (si,…alors… ; mais ; ou ;et ; donc ; or ; ni ; car ; donc) s’insère dans un champ cognitif : Ce qu’on considère comme vrai l’est car cela se situe à l’intérieur d’un champ cognitif. Le champ cognitif est l’ensemble des représentations sociales possibles. Il est constitué par l’ensemble des informations filtrées et sélectionnées par les individus. Il détermine un certain nombre de matrices cognitives. Si les conclusions de raisonnements sont différentes, c’est parce que chacune des équations s’inscrit dans une matrice cognitive différente. Les matrices cognitives sont dépendantes d’une certaine représentation du progrès. Les équations symboliques ne sont pas attachées à un seul individu mais à des groupes d’individus pour justifier leurs luttes. On peut avoir une équation mentale qui part d’une prémisse pour arriver à une conclusion, puis qui part d’une autre prémisse pour arriver à une autre conclusion. Le fait de percevoir, c’est déjà hiérarchiser les choses. La hiérarchisation va permettre de limiter les décisions possibles. Ce qui est pensable a des limites. La sélection d’équations symboliques (et donc, de solutions possibles) se fait à travers une grille de lecture. L’équation symbolique est la dernière opération mentale avant la décision. On effectue donc en permanence un travail de codage et de décodage. Les référentiels (images) permettent à l’action concrète de fonctionner. Ceux qui construisent les référentiels construisent les représentations. Notion d’hyperchoix : il existe des contraintes multiples qui répondent à des logiques hétérogènes. Il est rationnellement impossible de choisir une solution, mais dans la mesure où il faut quand même se décider, on doit hiérarchiser, trouver des critères. La prise en compte des représentations est considérée comme le grand apport des sciences cognitives par rapport à la psychologie behavioriste.