SANT
É
PSYCHOLOGIE
PATRICE
LÉGERON
Psychiatre
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
$$
#
Patric
k
L
ég
eron est psyc
h
iatre
à
l’hôpital Sainte-Anne à Paris et
fondateur de Stimulus, cabinet
d
e consei
l
aux entreprises sur
les problèmes de stress et d
e
b
ien-être au travail. Il vient de
p
u
bl
ier
Le
St
ress au trav
ail
(Éd.
l
dile Jacob
.
LE FIGARO. - Lors des derniers
Entretiens de Bichat
(
sur
l’épu
i
sement profess
i
onnel par
l’ennui), vous avez rappelé le
manque de définition commune
q
uant au burn-out. Quelles sont
l
es cons
éq
uences
d
’un te
l
fl
ou ?
Pat
rick LE
G
ER
O
N. - Le burn-out,
repéré d’abord, rappelons-le, par
d
es socio
l
ogues, n’appartient pas
encore à la nosographie psychia-
trique ; il n’est décrit dans aucune
d
es gran
d
es c
l
assi
f
ications
des
troubles mentaux. Son diagnostic
est donc encore su
j
et à discus
-
sions. S’agit-i
l
d
’une
f
orme parti
-
culière de dépression, d’un trou
-
b
le de l’adaptation avec humeur
dépressive
(
TAHD
)
ou d’un nou
-
v
eau trouble non encore réperto-
rié lié au stress ? Cette impréci-
sion em
c
h
e
d
e pouvoir mesure
r
réellement l’ampleur du phéno-
mène burn-out, qui est l’ob
j
et des
c
h
i
ff
rages vari
é
s. D’une part, on
a
nnonce que 3 millions de per-
sonnes en sera
i
ent atte
i
ntes, et
d
’autre part,
l
’Institut
de
vei
lle
sanitaire a
ff
irme que, su
r
500 000 personnes souffrant de
p
athologies liées au travail,
30
000
souff
rent
de
bu
rn-out.
A
utre conséquence : en France,
o
n assoc
i
e ma
j
or
i
ta
i
rement ce
syn
d
rome aux con
d
itions
d
e tra-
v
ail, alors que dans les pays
anglo-saxons, le terme s’applique
aussi
à
d
’autres
f
ormes
d
ép
uise
-
ment, comme celui des mères au
foyer, par exemple. Dans la prise
e
n c
h
arge
d
e
l
a ma
l
a
d
ie, ce
l
a es
t
é
vi
de
mment fon
da
mental :
da
ns
notre pays, on a tendance à privi-
lég
ier
l
’ana
ly
se soci
é
ta
l
e et
l
a re-
c
onnaissance de ce syndrome
c
omme maladie professionnelle,
a
l
ors que
d
es
é
tu
d
es ont montr
é
q
ue dans les causes, 60 % vien-
nent de l’environnement, certes,
mais 4
0
%
de
l
’in
d
ivi
du.
En quo
i
cette
i
nformat
i
on
i
nflue-
t
-elle sur la prise en charge
?
À
l’hôpital Sainte-Anne, dans no
-
tre service spécialisé dans le
stress, nous ai
d
ons
l
es personnes
atteintes par des souffrances de ce
type à modifier tout leur rapport
au travai
l
,
l
eur personna
l
it
é
,
l
eurs
c
royances…
C
ar nous savons que
le stress est tou
j
ours le fruit d’une
interaction entre un environne-
ment et un individu. Et le syndro-
me de burn-out ne survient pas
ch
ez n’importe qui, mais
b
eau-
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AUTEUR: P. S
Section: SANTÉ PSYCHOLOGIE
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2015.11.02
coup c
h
ez ceux qui vivent
l
eur
r
elation au travail, à l’activité,
comme un combat… Et une dro
-
g
ue. Ceux qui surinvestissent
l
eur
t
ravail
.
Oui, mais leur engagement
« tout feu, tout flamme », celu
i
qui les brûle, n’est-il pas favorisé
p
ar la manière dont leur travai
l
est organ
i
sé ?
É
videmment, la course à la per-
f
ormance, le « tout évaluation »
,
l
’intensification du travail, etc.,
s
ont autant
d
e
f
acteurs
f
avorisan
t
ce type de nouvelles maladies. Et
j
e dirais que le management « à l
a
f
rançaise » particu
l
i
è
rement ne
s
outient pas les salariés dans leur
capacité à créer une relation plus
s
aine au travai
l
… Dans notre
pays, on n
est pas assez encoura-
g
é à développer des sentiments
d
e
f
iert
é
,
d
e
pl
aisir et
d
e sens
à
L
e management
à la française
particulièrement
ne sout
i
ent pas
l
es sa
l
ar
s
d
ans
l
eur
c
apacité à créer
une relation plus
sai
ne au trav
ail
travai
ll
er. Para
d
oxa
l
ement,
l
’im-
p
ortance accor
e au travai
l
rest
e
p
ourtant très intense, beaucou
p
pl
us importante que
d
ans
d
es
p
ays comme
l
e Danemar
k
par
exemple. Dans les pays anglo
-
saxons, on invite
l
es sa
l
ari
é
s
à
dé-
v
e
l
opper
d
es
h
o
bb
ys,
à
trouver
a
ussi leur épanouissement ail-
l
eurs qu’au
b
ureau. I
l
f
aut
d
onc
sormais une entreprise inte
ll
i
-
g
ente émotionnellement… Dans
l
aque
ll
e, notamment, on appren
d
tous
à
re
rer
l
es victimes
d
e
b
urn-out
.
Est-ce une entreprise qu
i
«
cocoone » ses employés
?
Non, ce
l
a n’a rien
à
voir avec
l
e
m
aternage. Ce n’est donc ni l’en
-
treprise de type « bisounours »
qui ne veut enten
d
re par
l
er que
d’émotions positives, ni l’entre
-
p
rise froide et rationnelle incapa
-
bl
e
d
e motiver ou soutenir ses sa
-
l
ariés. C’est celle où les managers
n
otamment sont capables d’ac
-
cepter et
rer
d
ans
l
eurs
é
quipes
a
utant l’inquiétude et le découra
-
g
ement que la
j
oie. De ne plus
consi
rer
l
eurs
h
ommes comm
e
des
chiffres
da
ns
des
«
tab
l
eaux
Excel » - ainsi que m’a confié se
sentir une victime
d
u
b
urn-out -,
ma
is
de
savoir se former aux
g
randes questions humaines.
PROPOS RECUEILLIS PAR
P. S.
R
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