Éditorial Médecins, victimes du burn-out ? P rès de la moitié des médecins libéraux sont victimes d’épuisement, comme l’indique une récente enquête menée par l’Union régionale de Bourgogne. Le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental. Il se manifeste par une grande fatigue et un sentiment de découragement et d’isolement. Cet état est toujours causé par un excès de tensions émotionnelles. Il est le résultat d’un engagement intense et soutenu dans des situations émotionnellement exigeantes. Un tel engagement se rencontre fréquemment dans les professions d’aide, avec, en première ligne, les soignants. Le médecin subit, aujourd’hui, un surcroît de pressions légales et administratives ainsi que de responsabilités qui aggravent sa charge professionnelle et son stress. L’isolement du médecin, qui affronte souvent de plein fouet la violence de la maladie et l’exigence grandissante des malades, s’accompagne parfois d’un sentiment d’incompréhension, de frustration et de nonreconnaissance de sa tâche et de son rôle. Le médecin peut ainsi se laisser enfermer dans un certain nombre de paradoxes. Plus il est en difficulté, moins il peut le montrer. Plus il est en situation de responsabilités, plus il est fantasmé par les autres et par lui-même. Descendre de sa position “haute” devient difficile et, même lorsqu’il le souhaite réellement ou en éprouve le besoin, les patients acceptent difficilement le doute ou l’interrogation. C’est le paradoxe de la solitude : plus le médecin est seul et a besoin d’aide, plus il lui est difficile d’en demander. * Coach, docteur en médecine, diplômée de psychologie médicale, mastère HEC, membre adhérent de la Société française de coaching. Act. Méd. Int. - Neurologie (3) n° 8, octobre 2002 Ainsi, la question de l’aide à laquelle il a besoin d’avoir recours et celle de son équilibre deviennent primordiales. La souffrance du soignant est rarement reconnue, alors que ses sources de souffrance sont nombreuses. Faute d’être verbalisées, elles peuvent aboutir à des états dépressifs. La fatigue, le stress, le doute frappent de plus en plus de praticiens, avec leur cortège de perceptions négatives, telles que la culpabilité, l’impuissance et la démotivation. Un grand nombre de médecins expriment le besoin de prendre du recul par rapport à leur exercice, à la vision qu’ils en ont et à l’évolution de la médecine et de la relation au patient. Le coaching est une des réponses possibles pour le médecin d’aujourd’hui. Le coaching peut l’aider à retrouver le souffle nécessaire à une meilleure compréhension de son métier et de sa relation aux patients. Cette démarche peut lui permettre de mobiliser ses ressources, d’optimiser ses compétences, de dépasser certaines difficultés comme l’annonce d’une mauvaise nouvelle ou un problème de communication avec un patient difficile, de mieux gérer son stress et son temps et de fixer les limites de son investissement, sans culpabilité. Libéré d’un certain nombre de contraintes, le praticien se rend plus disponible pour le malade et plus réceptif à sa demande. Il lui devient alors plus facile de décrypter une demande de soins qui s’exprime parfois au-delà des symptômes. Il est peut-être temps de reconnaître enfin que le médecin, comme tout soignant, a lui aussi besoin d’être aidé, écouté, entendu et accompagné pour que ce métier, souvent choisi avec passion, redevienne un lieu privilégié pour son épanouissement. Éditorial I. Moley-Massol* 173