
cinquantaine d’années par Barksdale et Darden (1972), mais aussi Gaski et Etzel (1986)
montrent de manière longitudinale (au travers d’une série d’indicateurs relatifs aux produits,
au prix, à la publicité, aux magasins et à la vente), que les consommateurs le perçoivent
comme manipulateur et plus orienté vers son intérêt que vers celui des clients. Responsables
de l’usage de ces techniques et dispositifs, les firmes sont aussi, de fait, l’objet de résistances.
Les travaux de Thompson et Arsel (2004), Thompson, Rindfleisch et Arsel (2006) dévoilent
que les formes de contestation qui frappent certaines multinationales découlent de leur
hégémonie sur les marchés et de la contradiction que cette hégémonie entretient avec l’image
de proximité et d’authenticité qu’elles cherchent à véhiculer.
Dépassant des cibles identifiées, un second niveau de résistance, systémique, vise plus
massivement l’idéologie marchande et l’influence qu’elle exerce dans tous les aspects de la
vie quotidienne (Roux, 2005). Certains consommateurs semblent ainsi aspirer à des modes de
vie échappant aux codes ou aux rituels imposés par les marchés (Duke, 2002 ; Close et
Zinkhan, 2009). Ces comportements ordinaires ont pour cible la consommation et s’expriment
sur un mode « réflexif » ou « créatif » (Holt, 2002), par des démarches de choix raisonnés, de
réaménagement du rapport aux acteurs marchands et/ou de retrait du marché (Dobré, 2002).
D’une manière générale, les travaux que nous venons de citer sont axés sur des formes de
résistance actives et volontaires, illustrant la dualité des manifestations d’insatisfaction
analysées par Hirschman (1970). Les premières, de type voice, sont le plus souvent audibles,
collectives et ponctuelles comme les boycotts (Friedman, 1999 ; Herrmann, 1993), le
barbouillage publicitaire (Rumbo, 2002) ou le bouche-à-oreille négatif (Peretti, 2003). Les
secondes, de type exit, sont moins visibles et repérables par les firmes. Elles conduisent les
consommateurs à des défections de nature idéologique visant la consommation et les marques
(Sandikci et Ekici, 2009 ; Cherrier, 2009 ; Iyer et Muncy, 2009). Elles peuvent s’exprimer par
la fréquentation des circuits alternatifs – AMAP (Robert-Demontrond, 2011), marchés
d’occasion (Roux et Guiot, 2008), systèmes d’échange collaboratifs (Belk, 2010 ; Botsman et
Rogers, 2010) – ou par un désengagement plus profond de la consommation via la simplicité
volontaire (Dobscha et Ozanne, 2001 ; Zavestoski, 2002 ; Cherrier et Murray, 2007) ou la
décroissance (Sugier, 2012).
Outre les réactions actives qui conduisent les consommateurs à s’opposer ou esquiver les
modalités par lesquelles on cherche à les influencer, les travaux portant sur la persuasion
illustrent des formes de réactions plus passives que celles qui viennent d’être évoquées. Dans
ce cadre, en effet, la résistance n’est pas tant le résultat d’un engagement conscient et
volontaire de l’individu dans l’action, qu’un degré d’inertie de ses attitudes face à des