
Médecine du Maghreb 1995 n°51
Les douleurs abdominales (65 % des cas), variables dans
leurs topographies, leur type, leur intensité, localisées dans
la fosse iliaque droite, pseudo-appendiculaire, ou diff u s e ,
permanente ou paroxystique, réalisant un syndrome de
KOENIG.
Les nausées, vomissements traduisent souvent une compli-
cation.
Hémorragies intestinales (20 % des cas) sous forme de rec-
torragies ou méléna d'abondance variable.
- Les répercussions générales, altération de l'état général
progressive, avec asthénie, anorexie, amaigrissement et
un syndrome fébrile.
- L'examen physique peut être normal, la palpation abdo-
minale peut retrouver une sensibilité anormale, un
empâtement douloureux ou une masse de la fosse ilia-
que droite pouvant correspondre à un abcès.
- Les manifestations ano-périnéales sont non spécifiques,
initialement associées dans 15 à 25 % des cas, d'autant
plus fréquentes que l'atteinte du tube digestif est distale,
peuvent être inaugurales ou témoignent d'une récidive,
elles sont classées en lésions mineures telles que fistule
anale, fissure anale, condylome anal, et lésion grave à
type de larges ulcérations, suppurations périrectales
s'ouvrant à plusieurs orifices à la peau du périné.
Les indications du traitement sont déduites des 2 essais
contrôlés prospectifs randomisés américain et européen
(les malades sont classés suivant l'index de BEST) et se
discutent selon les conditions évolutives et la localisation
de la maladie. Le traitement des poussées légères : pentasa
dans les formes iléales et iléo-colique droite, la salazosul-
fapyridine dans les formes coliques, le métronidazole dans
les formes ano-périnéales. En cas de poussée modérée et
sévère : prednisone 1 mg/kg/j et la rechute après rémission.
Poussée très sévère : l'hospitalisation est obligatoire, ali-
mentation artificielle, corticothérapie parentérale, inter-
vention en cas de non réponse ou de complication.
Devant les poussées cortico-résistantes, on a le choix entre
augmenter les doses de la corticothérapie si elle est bien
tolérée ou utiliser les immuno-suppresseurs.
Le traitement d'entretien : en début de la maladie, après la
première ou la seconde poussée, il est raisonnable de lais-
ser le patient sans traitement pour apprécier le génie évo-
lutif de la maladie. Dans les formes à poussées sévères un
traitement corticoïde est justifié, le pentasa ou l'azathio-
prine est souvent utilisé.
Le traitement de la maladie de CROHN active, c'est une
forme où les symptômes sont quasi permanents nécessitant
une prise continue de corticoïde, les immuno-suppresseurs
donnent de bons résultats ; sinon une solution chirurgicale
est la mieux adaptée.
La place du traitement chirurgical dans la maladie de
CROHN est considérable et tout sujet atteint de la maladie
de Crohn sera un jour ou l'autre candidat à la chirurgie, le
geste pratiqué est le plus souvent mutilant, entraînant des
sacrifices intestinaux étendus et peut parfois aboutir à des
infirmités définitives (iléostomie, colostomie).
L'hésitation à recourir à la chirurgie devant la maladie de
CROHN est liée essentiellement à la morbidité (fistules),
aux inconvénients de la chirurgie colique et aux récidives.
Les méthodes de dérivations internes et de structuroplasties
sont abandonnées, seules les méthodes de résection sont les
plus utilisées, elles se font à 5 cm au delà de la limite ma-
croscopique des lésions.
Il peut s'agir ds résections iléales ou iléo-cœcales en cas
d'atteinte iléale ou iléo-cœcale, une hémicolectomie droite
en cas d'atteinte iléo-colique droite. Une colectomie sub-
totale avec anastomose iléo-rectale.
Enfin proto-colectomie totale avec iléostomie définitive en
cas d'atteinte rectale sévère avec destruction du sphincter
ou capacité rectale inférieure à 150 ml. La chirurgie proc-
tologique pour les atteintes anales basses.
Les indications opératoires de nécessité (10 % des cas)
pour occlusion intestinale aiguë ou subaiguë, collections
suppurées intra-abdominales, péritonites par perforation en
péritoine libre (1 à 2 %), devant un tableau pseudo-appen-
diculaire, les fistules intestino-intestinales ou intestino-
vésicale, plus rarement pour hémorragie digestive, colec-
tasie, enfin après un échec du traitement médical.
L'indication chirurgicale dépend aussi de la fréquence des
poussées, de leur intensité, de leur durée et de leur reten-
tissement sur la vie professionnelle et aussi des contre-par-
ties de l'intervention chirurgicale.
Les résultats du traitement chirurgical :
- La mortalité post-opératoire se situe entre 2,4 à 8 % dûe
surtout aux complications infectieuses intra-péritonéales
(péritonites par lâchage des sutures, état septicémique,
abcès profond).
- La morbidité post-opératoire est estimée à 11,5 %. Les
abcès intra-abdominaux, fistules anastomotiques, repré-
ASPECTS CLINIQUES ET THERAPEUTIQUES DE LA MALADIE DE CROHN 15