CHM 1302 page 98 V- LES ALDÉHYDES ET LES CÉTONES 5.1. LE GROUPEMENT CARBONYLE Les aldéhydes et les cétones comportent un groupement carbonyle dans lequel un atome de carbone hybridé sp2 forme un lien double avec un atome d'oxygène. πC-O σC-H σC-O H n 1.22 Å C σC-H n C (2sp2) H O ~120° O (2sp2) L'atome d'oxygène est plus électronégatif que l'atome de carbone; le groupement carbonyle est donc polarisé. Électronégativité (échelle de Pauling) O 3.44 C 2.55 O O C C O δ- C δ+ 2.88 D Le carbone sp2 d'un groupement carbonyle est conséquemment électrophile et est sujet à des attaques par les nucléophiles. O O C C Nu Nu © Richard Giasson CHM 1302 page 99 5.1. LE GROUPEMENT CARBONYLE (suite) D'autre part, l'atome d'oxygène du groupement carbonyle possède deux doublets d'électrons libres et est donc une base. H H H O O O C C C La basicité des aldéhydes et cétones en fait des accepteurs de ponts hydrogène; conséquemment, les aldéhydes et cétones de faibles masses moléculaires sont solubles dans l'eau. H O H O H O H H H O C 5.2. NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES ET CÉTONES Les aldéhydes comportent un groupement carbonyle terminal alors que les cétones, un groupement carbonyle interne. O O C C R R H un aldéhyde (R = H, alkyle, aryle) © Richard Giasson R' une cétone (R, R' ≠ H) CHM 1302 page 100 5.2. NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES ET CÉTONES (suite) NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES: Noms triviaux: Certains aldéhydes simples sont couramment identifiés par leurs noms triviaux. O O CH3-C-H H-C-H formaldéhyde acétaldéhyde Noms systématiques: Les noms systématiques (IUPAC) s'obtiennent en considérant les aldéhydes comme des dérivés des alcanes; la terminaison "e" de ces derniers est alors remplacée par le suffixe "al". Les aldéhydes deviennent donc des alcanals et le carbone aldéhydique (toujours terminal) porte d'office le numéro un. O O O H-C-H CH3-C-H CH3-CH2-C-H méthanal éthanal propanal O 6 Cl-CH2-CH2-CH2-C-H 7 4 5 H 2 3 1 O 4,6-diméthylheptanal 4-chlorobutanal © Richard Giasson CHM 1302 page 101 5.2. NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES ET CÉTONES (suite) NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES (suite): Les aldéhydes impossibles à nommer par référence aux alcanes sont plutôt décrits comme des carbaldéhydes. CHO CH3 cyclooctanecarbaldéhyde CHO 2-méthylcyclopentanecarbaldéhyde-trans OH 4 CHO OCH3 3 5 6 2 1 CHO benzènecarbaldéhyde (IUPAC) benzaldéhyde (ACS) 4-hydroxy-3-méthoxybenzènecarbaldéhyde (IUPAC) 4-hydroxy-3-méthoxybenzaldéhyde (ACS) NOMENCLATURE DES CÉTONES: Noms triviaux: Certaines cétones simples sont couramment identifiées par leurs noms triviaux. O CH3-C-CH3 acétone O O CH3-C acétophénone © Richard Giasson benzophénone CHM 1302 page 102 5.2. NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES ET CÉTONES (suite) NOMENCLATURE DES CÉTONES (suite): Noms de classe fonctionnelle: Certaines cétones ont également reçu des noms courants où l'identité des deux groupements hydrocarbures précède le suffixe "cétone". Cette pratique doit être évitée. O O CH3-C-CH3 CH3-C-CH=CH2 diméthyl cétone méthyl vinyl cétone Noms systématiques: Les noms systématiques s'obtiennent en considérant les cétones comme des dérivés des alcanes; la terminaison "e" de ces derniers est alors remplacée par le suffixe "one". On numérote alors la chaîne la plus longue de façon à attribuer le plus petit numéro possible au carbone du carbonyle, sans égard aux groupes fonctionnels OH, C=C ou C≡C. O O CH3-CH2-C-CH3 CH3-C-CH3 3 2 1 4 propan-2-one OH 4 O 3 2 2 1 butan-2-one Br O CH3-CH-CH2-C-CH3 5 3 1 CH3-CH2-CH-C-CH2-CH2-CH3 1 4-hydroxypentan-2-one (non pas 2-hydroxypentan-4-one) 2 3 4 5 6 7 3-bromoheptan-4-one (non pas 5-bromoheptan-4-one) © Richard Giasson CHM 1302 page 103 5.2. NOMENCLATURE DES ALDÉHYDES ET CÉTONES (suite) NOMENCLATURE DES CÉTONES (suite): Les cétones peuvent aussi être serties dans un cycle. On obtient alors des cycloalcanones. Le numéro un est alors attribué d'office au carbone du carbonyle. O O 1 Cl 5 2 4 cyclopropanone 3 2-chlorocyclopentanone Finalement, les cétones substituées par un hydrocarbure cyclique sont considérées comme des alcanones substituées par ce groupe. O O C-CH2-CH3 C-CH3 1 1 2 3 1-phénylpropanone 2 1-cyclopentyléthanone © Richard Giasson CHM 1302 page 104 5.3. PRÉPARATION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES OXYDATION DES ALCOOLS: Nous avons vu, au chapitre précédent, que l'oxydation des alcools nous donne accès aux aldéhydes et cétones. L'oxydation des alcools primaires peut être arrêtée au niveau de l'aldéhyde si on utilise des conditions appropriées, telles l'oxydation avec PCC ou l'oxydation de Swern. OH PCC O R-CH-R' CH2Cl2 R-C-R' OH DMSO / (COCl)2 O R-CH-R' Et3N / CH2Cl2 R-C-R' R, R' = H, alkyle ou aryle Les alcools secondaires peuvent, quant à eux, aussi être oxydés en cétones par PCC et par Swern. On peut cependant aussi utiliser le réactif de Jones avec les alcools secondaires. OH CrO3 / H2SO4 O R-CH-R' H2O / acétone R-C-R' R, R' ≠ H © Richard Giasson CHM 1302 page 105 5.3. PRÉPARATION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) OZONOLYSE DES ALCÈNES: Les cétones et aldéhydes peuvent aussi être obtenus par ozonolyse des alcènes, selon le patron de substitution de ces derniers. Un parachèvement réducteur est cependant requis pour obtenir un aldéhyde (réf. CHM 1301). R' R C R" C H 3) R" H C O3 C H C O2 H2 H Zn R' + O (o u R O 3S /H 2O C /N H aO R' R C O + O C HO R" HYDRATATION DES ALCYNES: Les alcynes sont hydratés en présence d'eau et d'acide, produisant ainsi des cétones (réf. CHM 1301). Exemple: O CH3-CH2-CH2-C C-H H2O H2SO4 / HgSO4 Notez: CH3-CH2-CH2-C-CH3 La réaction est régiosélective avec les alcynes terminaux, la méthyl cétone étant formée majoritairement. Une catalyse par des acides de Lewis (HgSO4) est souvent requise pour les alcynes terminaux moins substitués et moins réactifs. Exemple: O O CH3-CH2-C C-CH 3 H 2O H2SO4 CH3-CH2-C-CH 2-CH3 + CH3-CH2-CH2-C-CH 3 0°C Notez: Il y a perte de régiosélectivité avec les alcynes internes car la première protonation à une ou l'autre des positions produit des carbocations également substitués (référezvous au mécanisme). © Richard Giasson CHM 1302 page 106 5.3. PRÉPARATION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) MÉCANISME DE L'HYDRATATION DES ALCYNES: formation du carbocation le plus stable favorisée R C C H R H C C H H H O O H H H R C H R H H C C O O H H C H H H intermédiaire énol O H H O H H H R C H O H C H R C H H formation du carbocation le plus stable favorisée O H O H H à retenir: le tautomérisme entre formes énol et céto! H R H C + H3O régénéré i.e. catalytique H C O H H © Richard Giasson O H C H CHM 1302 page 107 5.4. RÉACTIONS DE RÉDUCTION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES L'atome de carbone d'un groupement carbonyle est électrophile et réagira donc avec une espèce nucléophile, tel un hydrure. Après protonation de l'atome d'oxygène, on obtient l'alcool, le produit de réduction d'un carbonyle. H O O OH C C C H H H Les sources d'hydrure communément utilisées pour réduire les cétones et les aldéhydes sont le borohydrure de sodium (NaBH4) et l'hydrure de lithium et d'aluminium (LiAlH4). H H B H Na Al H Li H H H H LiAlH4 réagit violemment avec l'eau ou les alcools. Il est donc plus difficile à manipuler que NaBH4 qui lui ne réagit que très lentement. LiAlH4 + 0 4 H2O Li + Al(OH)4 - + 4 H2 (gaz) Na + B(OH)4 - + 4 H2 (gaz) violent NaBH4 + 4 H 2O lent L'eau et les alcools sont d'ailleurs fréquemment utilisés comme solvant dans les réductions de carbonyles avec NaBH4. Lorsqu'utilisés comme solvant, l'eau et les alcools servent aussi comme source de protons; un parachèvement acide n'est alors plus nécessaire (voir le mécanisme). O CH3-CH2-CH2-C-H NaBH4 H2O CH3-CH2-CH2-CH2-OH 85% O CH3-CH2-C-CH3 NaBH4 H2O OH CH3-CH2-CH-CH3 (racémique) 87% © Richard Giasson CHM 1302 page 108 5.4. RÉDUCTION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) MÉCANISME: a H H Na B H 3C H C O H3C-H2C H b ) e qu 0% 5 ta at b. ro (p a (p tta ro qu b. e 50 a % ) b H H Na H 3C O C H O H3C-H2C H 3C H O H3C-H2C C H 3C Na OH H 3C H3C-H2C C OH H3C-H2C OH C H (S)-butan-2-ol Notez: Na H H H O Na OH (R)-butan-2-ol Un seul hydrure est transféré dans ce mécanisme par simplification. Notez cependant que NaBH4 (ou LiAlH4) sont des espèces capables de transférer 4 hydrures. © Richard Giasson CHM 1302 page 109 5.4. RÉDUCTION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) LiAlH4 est, quant à lui, utilisé dans un solvant aprotique i.e. l'éther ou le THF. On doit donc acidifier le mélange réactionnel (avec précaution) au moment du parachèvement. CH3 O CH3-CH-CH 2-C-CH3 CH3 CH3 LiAlH 4 CH3-CH-CH 2-CH-O éther 4 Al Li H 3O + (parachèvement) CH3 OH CH3-CH-CH 2-CH-CH 3 RÉDUCTION DES COMPOSÉS CARBONYLÉS α,β-INSATURÉS: NaBH4 et LiAlH4 ne réduisent pas les doubles liaisons C=C isolées (non-polarisées). Il est donc possible de réduire un carbonyle en présence d'un double lien C=C isolé. O OH NaBH4 (H3C)2C CH-CH2-CH2-C-CH3 éthanol (H3C)2C CH-CH2-CH2-CH-CH3 95% © Richard Giasson CHM 1302 page 110 5.4. RÉDUCTION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) Les doubles liaisons conjuguées au groupement carbonyle sont cependant polarisées et susceptibles aux attaques d'un hydrure. C C O C C C H C H (addition-1,4) H H H C O C (addition-1,2) C C O C O C C C H O H C C C O C H H H (addition-1,2) H , H H H C C O C H H H C C C O C C O C H La réduction de composés carbonylés α,β-insaturés peut donner les produits de réduction totale ou partielle selon la nature des substrats, des réactifs et des conditions de réaction. OH O OH NaBH4 + méthanol 51% © Richard Giasson 49% CHM 1302 page 111 5.4. RÉDUCTION DES ALDÉHYDES ET DES CÉTONES (suite) RÉDUCTION ASYMÉTRIQUE DES COMPOSÉS CARBONYLÉS AVEC LES RÉDUCTEURS CHIRAUX: Les composés carbonylés peuvent être réduits de façon asymétrique à l'aide de réactifs réducteurs chiraux optiquement purs tels le (R)- ou le (S)-Alpine borane. L'utilisation d'un ou l'autre des énantiomères du réactif, tous deux disponibles commercialement, donne lieu à la formation d'un ou l'autre des énantiomères du produit désiré, un alcool, avec un important excès énantiomérique. HO O ne bora e n i Alp nt) )-(-)em e v R ( è ) h 1 c + (para O 2) H 3 1) (S )-(+) -Alp 2) H in e + bora 3O ne (par ach èv em ent) H 60-65% rend.; 97% ee H OH H % ee = % excès énantiomérique = % énantiomère majeur - % énantiomère mineur B H donc 97% ee = 98.5% énantio. maj. - 1.5% énantio. min. (R)-(-)-Alpine borane Le fait que le réactif soit chiral et optiquement pur fait en sorte que les états de transition menant à l'un ou l'autre des énantiomères du produit ne soient pas équivalents. L'état de transition favorisé, celui de plus basse énergie, est celui dans lequel des interactions stériques entre les réactants sont minimisées. O G C G G P C C H H H H B H H O B P H H O H H P B H © Richard Giasson H CHM 1302 page 112 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES ADDITION DE L'ANION CYANURE: Le carbone d'un groupement carbonyle est électrophile et donc sujet à des attaques par les nucléophiles, tel l'anion cyanure. Le produit de cette réaction est appelé une cyanohydrine. OH O 1) NaCN / H2O CH3 C CH3 2) H2SO4 / H2O CH3 C CH3 CN O CN CH3 C CH3 H CN Notez: Des précautions particulières doivent être prises lors d'un parachèvement acide avec l'anion cyanure…. H + CN 1 HCN (gazeux) Cette réaction nous procure un moyen simple d'ajouter un atome de carbone additionnel sur une molécule tout en obtenant deux groupes fonctionnels. O OH 1) NaCN / H2O CH3-C-H 2) H2SO4 / H2O CH3-CH-C≡N H3O + ∆ OH O CH3-CH-C-OH H3O + ∆ © Richard Giasson OH O CH3-CH-C-NH2 CHM 1302 page 113 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES: Préparation des réactifs organométalliques nucléophiles: Une façon de générer des carbanions nucléophiles consiste à déprotoner un hydrocarbure possédant un proton relativement acide, tel un alcyne terminal. NaH / THF R C C H R C C Na + H2 (gazeux) Une deuxième façon particulièrement versatile consiste plutôt à traiter les halogénures avec des métaux réducteurs, tels le lithium ou le magnésium. Les halogénures aliphatiques, aromatiques et vinyliques réagissent ainsi avec ces métaux. Mg CH3-I CH3-MgI éther Mg Br MgBr éther CH3 CH3 2 Li pentane CH3-CH-Br LiBr (précipité) + CH3-CH-Li 2 Li Et Cl pentane Et Li + LiCl (précipité) La réaction entre les halogénures et le magnésium a été développée par Victor Grignard (Nobel 1912); on appelle donc ces réactifs organomagnésiens les "réactifs de Grignard". © Richard Giasson CHM 1302 page 114 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES (suite): Préparation des réactifs organométalliques nucléophiles (suite): Les liens carbone-métal sont très polarisés. Une importante densité électronique réside sur le carbone. L'atome de carbone se comporte conséquemment comme un carbanion et est très nucléophile. Électronégativité (échelle de Pauling) M C 2.55 C Mg 1.31 Li 0.98 δ+ M δ- C Cette réaction permet donc de transformer un carbone électrophile en carbone nucléophile. δ+ δC X M δδ+ C M site nucléophile site électrophile Ces organométalliques sont aussi des bases puissantes; elles doivent donc être préparées et utilisées en absence d'espèces relativement acides, tels l'eau ou les alcools. MgBr + H 2O H pKa ≈ 16 pKa ≈ 37 © Richard Giasson + Mg(OH)Br CHM 1302 page 115 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES (suite): Réactions des réactifs organométalliques avec les carbonyles: Le carbone nucléophile d'un organométallique réagira avec le carbone électrophile d'un carbonyle. C'est une méthode très utile pour générer un nouveau lien C-C. 1) Mg / éther H3C H3C 2) CH3CHO H3C-CH-Br OH H3C-CH-CH-CH 3 3) H3O+ (parachèvement) (mélange racémique) 50% 1) 2 Li / THF 2) Cl CHO OH CH 3) H3O+ (parachèvement) 100% Mécanisme: O C δ+ δ+ M δ- δO C M C C H H O H O C M H 2O OH H3O+ C C (parachèvement) © Richard Giasson C M CHM 1302 page 116 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES (suite): Réactions des réactifs organométalliques avec les carbonyles: La réaction d'un organométallique avec le formaldéhyde donne donc, après parachèvement, un alcool primaire. 1) R-M CH2 O 2) H3O+ R-CH2-OH Cette même réaction avec un aldéhyde donne un alcool secondaire. OH 1) R-M R'-CHO 2) H3O+ R' CH R Finalement, un alcool tertiaire est obtenu avec une cétone. O OH 1) R-M R' C R" 2) H3O+ R' C R © Richard Giasson R" CHM 1302 page 117 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES (suite): Réactions des réactifs organométalliques avec les époxydes: Les organométalliques nucléophiles peuvent aussi réagir avec d'autres électrophiles. époxydes, par exemple, sont des substrats particulièrement intéressants. Les 1) Mg / éther O CH3-CH2-CH2-CH2-Br 2) H2C CH2 CH3-CH2-CH2-CH2-CH2-CH2-OH 3) H3O+ (parachèvement) 60% Ainsi les réactions entre les organométalliques et les carbonyles ou les époxydes nous donnent accès toutes deux à des alcools avec un et deux atomes de carbone additionnels, respectivement. Ces deux réactions nous permettent donc de générer un nouveau lien C-C à proximité d'un groupe OH. O C 1) 2) H+ C X métal C C C OH C C C M O 1) 2) H+ © Richard Giasson OH CHM 1302 page 118 5.5. RÉACTIONS D'ADDITION DE CARBONES NUCLÉOPHILES (suite) ADDITION D'AUTRES CARBANIONS NUCLÉOPHILES (suite): Les cuprates et leur réactivité particulière: Les cuprates constituent une catégorie distincte de réactifs organométalliques. obtenus par la réaction entre un organolithien et l'iodure cuivreux (CuI). + 2 R-Li Ils sont R2CuLI CuI Dialkylcuprate de lithium Les organocuprates sont des réactifs organométalliques moins basiques que les organomagnésiens ou lithiens correspondants. Conséquemment, les cuprates réagiront avec les halogénures peu encombrés via le mécanisme Sn2, sans qu'il n'y ait compétition significative de la réaction d'élimination E2. R2CuLI + R' X R R' + RCu + LiX R = méthyle, alkyle primaire, secondaire ou tertiaire R' = méthyle, alkyle primaire ou cycloalkyle secondaire Notez: Un seul des deux groupements alkyles (R) de l'organocuprate est transféré dans les réactions de ces espèces, l'autre étant inerte. Les cuprates possèdent aussi la propriété particulière de réagir par addition-1,4, plutôt que -1,2, avec les composés carbonylés α,β-insaturés. O O H3O+ a et b O b R a a R2CuLi 4 -1, n ) io dit ue a d a taq (at ad dit (at ion-1 ta q , ue 2 b) R R majeur O HO R R H3O+ mineur © Richard Giasson CHM 1302 page 119 5.6. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES ALCOOLS L'ÉQUILIBRE ENTRE LES ESPÈCES: L'atome de carbone électrophile d'un groupement carbonyle réagira avec les atomes d'oxygène nucléophiles de l'eau ou des alcools. Ainsi, lorsqu'un aldéhyde ou une cétone est dissout dans l'eau, un équilibre s'établit entre la forme libre et hydratée du composé carbonylé. OH O CH3-C-H + CH3-C-H H 2O OH Un équilibre similaire existe lorsque les aldéhydes sont mis en présence d'un alcool, donnant lieu à la formation d'hémiacétals et d'acétals. O CH3-C-H OCH3 OH 2 CH3-OH + CH3-C-H + CH3OH H2O + OCH3 OCH3 un aldéhyde CH3-C-H un hémiacétal un acétal Un tel équilibre existe aussi lorsque les cétones réagissent avec les alcools; les produits se nomment alors "hémicétal" et "cétal'. O CH3-C-CH3 OCH3 OH + 2 CH3-OH CH3-C-CH3 + CH3OH OCH3 une cétone un hémicétal © Richard Giasson CH3-C-CH3 OCH3 un cétal + H2O CHM 1302 page 120 5.6. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES ALCOOLS (suite) POSITION DE L'ÉQUILIBRE: Les hémiacétals et les hémicétals sont des composés instables. Ceux-ci ne peuvent être isolés que dans les cas où les fonctions alcool et carbonyle sont toutes deux présentes sur une même molécule (réaction intramoléculaire). La position de l'équilibre favorise la formation d'un hémiacétal cyclique faisant partie d'un cycle à cinq ou six chaînons au détriment de la forme ouverte. O HO H H O OH à l'équilibre 11% 89% Deux choses sont requises si l'on désire former de façon efficace un acétal ou un cétal: 1- Une petite quantité d'acide devra être ajoutée au mélange réactionnel pour catalyser (i.e. accélérer) la réaction (voir le mécanisme). 2- Un artifice devra être utilisé pour déplacer la position de l'équilibre vers la formation des produits. Une façon d'y arriver, qui est quelquefois peu pratique, consiste à utiliser un excès d'alcool. Une autre façon consiste à retirer l'eau au fur et à mesure de sa formation (azéotrope, agent asséchant, etc.). Exemple: O OR" 2 R"OH R-C-R' R-C-R' p-TsOH (cat.) benzène / ∆ OR" © Richard Giasson + H 2O (azéotrope) CHM 1302 page 121 5.6. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES ALCOOLS (suite) POSITION DE L'ÉQUILIBRE (suite): La formation de cétals (carbone quaternaire) est plus difficile que celle d'acétals (carbone tertiaire) pour des raisons stériques. La formation de cétals cycliques avec les diols est cependant plus facile à cause de facteurs entropiques: (1) Conservation du nombre de molécules et (2) facilité accrue des réactions intramoléculaires. O HO + 3 molécules O + 1 H2O réaction intermoléculaire 2 molécules O-CH2-CH2-OH HO-CH2-CH2-OH 2 molécules OCH3 + 1 CH3OH HO + H3CO OCH3 2 CH3OH O réaction intramoléculaire O + 1 H2O 2 molécules Finalement, l'équilibre peut aussi être déplacé en faveur de la cétone ou de l'aldéhyde en ajoutant un excès d'eau et une petite quantité d'acide (catalyse). Les cétals et acétals peuvent en effet être hydrolysés pour régénérer le composé carbonylé. OR" R-C-R' HCl / H2O / ∆ O R-C-R' OR" © Richard Giasson + 2 R"OH CHM 1302 page 122 5.6. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES ALCOOLS (suite) MÉCANISME DE FORMATION D'UN CÉTAL AVEC UNE CATALYSE ACIDE: H H H O O B R C O R R' C R R' R" R' O H B O H C R" B Le départ d'une molécule d'eau est facilitée par la stabilisation du carbocation par résonance. H B B O H H R C B H H H O O R R' C R R' C O O O R" R" R" R' Le retrait de l'eau formée hors du mélange réactionnel (azéotrope) déplace l'équilibre vers la formation du produit. B H B O R" H B H R" R" O O R C R' O R C R' C R' O O R" R R" © Richard Giasson R" CHM 1302 page 123 5.7. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES AMINES Les aldéhydes et cétones réagissent avec les amines et autres nucléophiles azotés, tels l'hydroxylamine et les hydrazines, pour former des dérivés comportant un double lien C=N. Ph Ph C O H2N-CH3 + H benzène C ∆ C une imine 1) HCl O + H2N-CH2-CH2-CH3 CH3 O + H2N-OH C O + H2N-NH-Ph H + H 2O CH3 CH3COONa C CH3COOH / ∆ N-OH H 2O + un oxime CH3COOH ∆ (CH3)2CH C N-NH-Ph + H 2O H une hydrazone une hydrazine Notez: N-CH2-CH2-CH3 une imine hydroxylamine (CH3)2CH (azéotrope) CH3 C 2) NaOH (parachèvement) une amine C H 2O + H une amine CH3 N-CH3 Un acide relativement faible ou un milieu tamponné est généralement utilisé pour catalyser cette réaction. Les acides forts en quantité stoechiométrique ou en excès doivent être évités car les amines basiques sont alors complètement protonées. Les amines protonées ne sont plus nucléophiles, ce qui inhibe la réaction avec le carbonyle électrophile. © Richard Giasson CHM 1302 page 124 5.7. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES AMINES Ces espèces se forment toutes via un mécanisme commun. La première partie de ce mécanisme est apparentée à la formation d'un hémiacétal; la deuxième partie est cependant différente. Simplification: 2 étapes en 1 H O O C R R' H H R C R' H N H N R" R" B Catalyse par un acide faible B B H H H H O R O C R' R R" H N H C R' N R" Participation du doublet libre Le retrait de l'eau favorise la formation du produit H H O R R' R C C N H R' N R" R" B B © Richard Giasson H B CHM 1302 page 125 5.7. RÉACTIONS DES CARBONYLES AVEC LES AMINES Les aldéhydes et cétones peuvent être régénérés par hydrolyse de ces dérivés en milieu acide. R C H 3O + N-R" R C R' O + H2N-R" R' 5.8. MÉTHODES POUR LA RÉDUCTION DU GROUPEMENT CARBONYLE EN GROUPEMENT MÉTHYLÈNE Nous verrons dans cette section deux méthodes pour faire la transformation suivante: O H H C C RÉDUCTION DE WOLFF-KISHNER: La première de ces méthodes est la réduction de Wolff-Kishner, basée sur la décomposition des hydrazones en milieu basique protique. O CH3-(CH2)5-C-CH3 H2N-NH2 / NaOH HO-CH2-CH2-O-CH2-CH2-OH ∆ CH3-(CH2)5-CH2-CH3 75% Nous avons déjà vu le mécanisme de formation d'un hydrazone. Voyons maintenant comment cette espèce se décompose dans les conditions de la réaction. © Richard Giasson CHM 1302 page 126 5.8. MÉTHODES POUR LA RÉDUCTION DU GROUPEMENT CARBONYLE EN GROUPEMENT MÉTHYLÈNE (suite) RÉDUCTION DE WOLFF-KISHNER (suite): H Le mécanisme de formation de l'intermédiaire hydrazone est similaire à celui pour la formation d'une imine N C R' H H O C H O R H stabilisation de l'anion par résonance N H N R N O H N R' N H H C R R' protonation irréversible O O N N R C H N N H R R' R C R' H H C R' dégagement irréversible d'azote N protonation irréversible H H H N R C H H © Richard Giasson R' CHM 1302 page 127 5.8. MÉTHODES POUR LA RÉDUCTION DU GROUPEMENT CARBONYLE EN GROUPEMENT MÉTHYLÈNE (suite) RÉDUCTION DES THIOACÉTALS ET THIOCÉTALS PAR LE NICKEL DE RANEY: Cette méthode en deux étapes nous permet de réduire le carbonyle en méthylène sans utiliser un milieu fortement basique. Il faut d'abord générer un thioacétal ou thiocétal i.e. l'analogue sulfuré des fonctions acétal et cétal. Les liens C-S sont ensuite coupés par hydrogénolyse en utilisant le nickel de Raney comme catalyseur et source d'hydrogène. H H H H H O cholestan-3,6-dione O SH HS BF3•OEt2 acide acétique H H H H S S S H S les dithiocétals sont les analogues sulfurés des cétals (même mécanisme) [H2] Ni Raney H éthanol / ∆ H H H H hydrogénolyse des liens C-S H H H H © Richard Giasson CHM 1302 page 128 5.9. RÉACTION DES ALDÉHYDES ET CÉTONES AVEC LES YLURES: LA RÉACTION DE WITTIG LES YLURES DE PHOSPHORE: La réaction d'une phosphine, telle la triphénylphosphine, avec un halogénure mène à la formation d'un sel de phosphonium via une réaction de substitution nucléophile Sn2. R1 R2 Ph3P C R1 X Ph3P R2 C H X H sel de phosphonium Le sel de phosphonium obtenu peut ensuite être déprotoné par une base forte, telle le PhLi, pour donner un composé de type zwittérionique appellé ylure de phosphore. Les ylures de phosphore sont aussi souvent appelés "réactifs de Wittig", du nom de leur inventeur. R1 Ph3P C R2 R1 PhLi X Ph3P H + LiX + benzène R2 Li Ph C un ylure du phosphore L'acidité du proton s'explique par le fait que la charge négative résultant de son arrachement par la base est stabilisée par la proximité de la charge positive sur l'atome de phosphore. LA RÉACTION DE WITTIG: La réaction entre un ylure de phosphore et un aldéhyde ou une cétone mène à la formation d'un alcène. Cette réaction très utile est communément appelée "réaction de Wittig". R1 C R2 Notez: R3 PPh3 + O C C R4 R3 R1 C R2 + R4 R4 R1 C R2 C + O PPh3 R3 Dans le cas où R1 ≠ R2 ou R3 ≠ R4, il y a généralement formation des deux isomères (E et Z) de l'alcène. © Richard Giasson CHM 1302 page 129 5.9. RÉACTION DES ALDÉHYDES ET CÉTONES AVEC LES YLURES: LA RÉACTION DE WITTIG (suite) LA RÉACTION DE WITTIG (suite): Le mécanisme de cette réaction est le suivant: R1 Ph3P R3 C Ph3P C R2 O C R1 R4 O C R2 R3 R4 intermédiaire bétaïne Le phosphore est un atome pouvant étendre sa valence à 5 Ph3P R1 C R2 Ph O Ph P O C C Ph R3 R1 C R2 R3 R4 R4 intermédiaire oxaphosphétane Cette méthode constitue donc une méthode d'accès aux alcènes particulièrement utile. R3 R1 C R2 C R1 C R4 R2 © Richard Giasson R3 X + H O C R4 CHM 1302 page 130 5.9. RÉACTION DES ALDÉHYDES ET CÉTONES AVEC LES YLURES: LA RÉACTION DE WITTIG (suite) LA RÉACTION DE HORNER-WADSWORTH-EMMONS: Une variation de la réaction de Wittig, faisant appel aux esters de phosphonates, se nomme la réaction de Horner-Wadsworth-Emmons. L'utilité particulière de cette méthode est qu'elle mène majoritairement à la formation d'alcène trans. Exemple: O CH2-Br + P(OEt)3 CH2 P OEt + Et-X OEt Na OEt une phosphite un ester de phosphonate NaH (-H2) O C C C H H O H + Na O P OEt OEt 84% © Richard Giasson O CH P OEt CHM 1302 page 131 5.10. OXYDATION DES ALDÉHYDES ET CÉTONES: BAEYER-VILLIGER Les composés carbonylés sont oxydés par les peracides. dessous. O R' C OXYDATION DE Cette réaction est illustrée ci- O RCOOOH R" R' C OR" Insertion d'un atome d'oxygène entre le carbonyle et un des groupes R Dans le cas où R' ≠ R", l'aptitude migratoire des différents groupes est le suivant: H > phényle > alkyle tertiaire > alkyle secondaire > alkyle primaire > méthyle Ainsi, l'oxydation de Baeyer-Villiger d'un aldéhyde mène à la formation d'un acide carboxylique… O O C H RCOOOH C H O …et celle d'une cétone donne un ester. O C O CH3 RCOOOH C O © Richard Giasson CH3 CHM 1302 page 132 5.10. OXYDATION DES ALDÉHYDES ET CÉTONES: BAEYER-VILLIGER (suite) OXYDATION DE MÉCANISME: H H O O C R' C R' R" R" O H C O R H H O O C R' O O O R C C R' O R O C H O R" R" O B H B H H R C C R' O O O O O C R R' C O O H R" R" O H O C R' © Richard Giasson R" O CHM 1302 page 133 5.11. SPECTROSCOPIE INFRAROUGE DES CÉTONES ET ALDÉHYDES La bande d'élongation du lien C=O est une des bandes les plus caractéristiques en infrarouge. Selon la nature du composé contenant ce type de lien, cette bande généralement intense apparaîtra entre 1870 et 1540 cm-1. La bande C=O d'une cétone ordinaire apparaît vers 1715 cm-1. Tout ce qui augmentera ou diminuera la force du lien C=O augmentera ou diminuera respectivement la fréquence de la bande. Alors que la conjugaison avec un groupe électrodonneur diminue le caractère de double liaison du lien C=O, la conjugaison avec un groupe électroattracteur l'accroît. O X O O X X forme limite de résonance additionnelle où le lien C-O est simple O Z O Z forme limite de résonance déstabilisée par un groupe électroattracteur Le groupement carbonyle d'un aldéhyde est lié à un groupe alkyle de moins que celui d'une cétone. Il est connu que les groupes alkyles stabilisent davantage une charge positive voisine qu'un atome d'hydrogène. Certains auteurs attribuent cette propriété des groupes alkyles à leur plus grande polarisibilité, d'autres à la capacité des liens σ de stabiliser une charge positive par hyperconjugaison. Quelque soit l'origine du phénomène, la forme limite de résonance où le lien carbone-oxygène est simple est moins importante chez les aldéhydes que chez les cétones. Conséquemment, un aldéhyde ordinaire aura un C=O plus fort et donc une bande C=O à une fréquence plus élevée (1740-1720 cm-1) qu'une cétone. Stabilisation d'un carbocation par hyperconjugaison avec un lien σC-H d'un groupe alkyle voisin. © Richard Giasson CHM 1302 page 134 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) Tout comme la conjugaison avec un groupe électrodonneur, la conjugaison avec une ou plusieurs doubles liaisons affaiblit le lien C=O. La bande apparaît alors à une fréquence plus basse i.e. entre 1685 et 1666 cm-1. O O C O C C C C C forme limite de résonance additionnelle où le lien C-O est un lien simple La présence de ponts hydrogène inter- ou intramoléculaires affaiblit aussi le lien C=O et diminue légèrement la fréquence de la bande C=O. H O H O O O Finalement, l'incorporation de l'atome de carbone d'un carbonyle dans un cycle tendu accroît la force du lien C=O et, par conséquent, la fréquence de la bande C=O. En réaction, le caractère s de cette orbitale hybride sp2 sera accru. Un angle θ < 120° accroît le caractère p de l'orbitale hybride sp2 de ces deux liens. θ C (2sp2) O (2sp2) L'angle θ normal pour un carbone sp2 est d'environ 120°. L'incorporation dans un cycle tendu, tel celui d'une cyclopropanone, diminue considérablement (~60°) cet angle. En réaction, le caractère "p" des orbitales sp2 impliquées dans les liens σC-C et le caractère "s" de celle impliquée dans le lien σC-O seront accrus. C'est le caractère "s" accru du lien σC-O du carbonyle qui renforce globalement le lien C=O et accroît la fréquence de la bande. © Richard Giasson CHM 1302 page 135 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) MODES VIBRATIONNELS: Élongation du lien C=O C O • Cétones ordinaires: Bande intense vers 1715 cm-1. • Aldéhydes ordinaires: Bande intense vers 1730 cm-1. • Aldéhydes ou cétones α,β-insaturés: La conjugaison affaiblit le lien C=O et déplace la bande C=O vers de plus basses fréquences i.e. entre 1685 et 1666 cm-1 pour une cétone insaturée et entre 1720 et 1685 cm-1 pour un aldéhyde insaturé. • Cétones cycliques tendues: Les cétones incorporées dans les cycles tendus ont des liens C=O plus forts et donc une bande C=O à plus haute fréquence i.e. vers 1850 cm-1 pour la cyclopropanone et 1780 cm-1 pour la cyclobutanone. • Ponts hydrogène: La présence de ponts hydrogène inter- ou intramoléculaire affaiblit le lien C=O et décroît quelque peu la fréquence de la bande C=O. Élongations du lien C-H C H • Cétones: Comme tous les composés organiques, les cétones ont des bandes d'élongation des liens C-H. Cependant, ces bandes n'ont rien de particulier. • Aldéhydes: En plus des bandes d'élongation des liens C-H ordinaires, les aldéhydes présentent une ou deux bandes caractéristiques pour l'élongation du lien C-H aldéhydique entre 2830 et 2695 cm-1 (i.e. à la droite des autres élongations C-H). © Richard Giasson CHM 1302 page 136 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES: Le butanal (un aldéhyde ordinaire en solution dans le CCl4): Notez les portions manquantes du spectre qui ont été volontairement effacées à cause de l'absorption du solvant dans ces régions. Notez aussi la finesse accrue des bandes lorsque l'échantillon est en solution. Notez la bande intense pour l'élongation du lien C=O à 1731 cm-1, soit à une fréquence plus élevée que celle d'une cétone. Notez aussi la présence de bandes d'élongation d'un lien C-H aldéhydique distinctes à droite (<3000 cm-1) des autres élongations C-H. © Richard Giasson CHM 1302 page 137 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES (suite): La butan-2-one (une cétone ordinaire sous forme de film): Notez la bande intense pour l'élongation du lien C=O à 1718 cm-1, soit à une fréquence plus basse que celle d'un aldéhyde. Notez aussi l'absence de bandes d'élongation d'un lien C-H aldéhydique distinctes à droite des autres élongations C-H. © Richard Giasson CHM 1302 page 138 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES (suite): La 4-hydroxy-3-méthylbutan-2-one (une cétone avec un pont-H intramoléculaire): Notez la bande intense pour l'élongation du lien C=O à 1708 cm-1. La présence d'un pont hydrogène intramoléculaire abaisse donc la fréquence de la bande de 10 cm-1 comparativement à la butan-2-one. Notez également la bande intense et large pour l'élongation du lien O-H (lié) centrée vers 3400 cm-1. © Richard Giasson CHM 1302 page 139 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES (suite): La cyclohexanone (une cétone cyclique ordinaire): Notez la bande intense pour l'élongation du lien C=O à 1716 cm-1, soit une fréquence similaire à celle d'une cétone acyclique. Il s'agit donc bien d'une cétone sertie dans un cycle non-tendu. © Richard Giasson CHM 1302 page 140 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES (suite): La cyclohexénone (une cétone α,β-insaturée i.e. conjuguée): Notez la bande intense d'élongation du lien C=O à 1685 cm-1, soit à une fréquence plus basse que celle de la cyclohexanone (1716 cm-1). Ce phénomène est dû à la conjugaison qui affaiblit le lien C=O. Notez aussi le recouvrement entre la bande d'élongation du lien C=O et celle du lien C=C. © Richard Giasson CHM 1302 page 141 5.11. SPECTROSCOPIE IR DES CÉTONES ET ALDÉHYDES (suite) EXEMPLES DE SPECTRES (suite): La cyclobutanone (une cétone cyclique tendue): Notez la bande intense pour l'élongation du lien C=O à 1783 cm-1, soit à une fréquence plus élevée que celle de la cyclohexanone (1716 cm-1). Cet accroissement de la fréquence est dû à un renforcement du lien C=O qui est serti dans un cycle tendu. © Richard Giasson CHM 1302 page 142 5.12. LES GROUPES PROTECTEURS EN SYNTHÈSE ORGANIQUE PROBLÉMATIQUE: Une étape d'une synthèse que vous planifiez est représentée ci-dessous: HO 1) CH3-CH2-MgBr / THF C HO CH 2) Br-CH2-CH2-CO-CH3 O HO C C-CH 2-CH2-C-CH 3 HO Vous réalisez rapidement que vous ne pourrez pas effectuer cette réaction avec succès car vous identifiez deux problèmes: 1- Vous ne pourrez pas déprotoner l'alcyne terminal (pKa ~ 26) avec le Grignard en présence de deux fonctions hydroxyles plus acides (pKa ~ 16). 2- Vous réalisez aussi que les fonctions bromure et cétones sont toutes deux des électrophiles qui peuvent réagir avec un carbanion. Les deux réactions seront en compétition et vous obtiendrez peut être un mélange de produits. Ce genre de problèmes est courant en synthèse organique et peut être contourné par l'utilisation judicieuse de groupes protecteurs i.e. des groupements qui sont temporairement placés sur une molécule afin de préserver l'intégrité de certaines fonctions pendant une transformation chimique et qui sont enlevés, plus tard dans la synthèse, une fois cette transformation accomplie. © Richard Giasson CHM 1302 page 143 5.12. LES GROUPES PROTECTEURS EN SYNTHÈSE ORGANIQUE (suite) La fonction cétal peut être utilisée pour protéger efficacement à la fois les fonctions diol1,3 et cétone présentes sur les deux substrats utilisés dans notre exemple. Notez que les aldéhydes peuvent aussi être protégés sous forme d'acétals. HO O C CH Br-CH2-CH2-C-CH3 HO H2SO4 (cat.) pTsOH (cat.) CH3C(OCH3)2CH3 HO-CH2-CH2-OH CH3COCH3 benzène / ∆ O C CH O O Br-CH2-CH2-C-CH3 O 1) EtMgBr / THF O C 2) O O C-CH2-CH2-C-CH3 O HCl / H2O / THF O HO C C-CH2-CH2-C-CH3 HO © Richard Giasson CHM 1302 page 144 5.12. LES GROUPES PROTECTEURS EN SYNTHÈSE ORGANIQUE (suite) PROPRIÉTÉS REQUISES D'UN GROUPE PROTECTEUR: 1- Étape de protection efficace et sélective. 2- Résistance aux conditions de la transformation effectuée. 3- Étape de déprotection efficace et sélective. AUTRE CÉTAL UTILISÉ COMME GROUPE PROTECTEUR DE LA FONCTION ALCOOL: LE GROUPE THP Le groupe tétrahydropyranyle (THP) peut être utilisé pour protéger la fonction hydroxyle sous la forme d'un acétal. Comme les autres acétals, ce groupe résiste bien aux conditions basiques, mais est fragile en milieu acide. OH O CH3-CH-CH2-CH2-CH2-Cl OTHP OH CH3-CH-CH2-CH2-CH2-CH-CH=CH-Ph O pTsOH (cat.) 1) Mg / éther 2) Ph-CH=CH-CHO 3) NH4Cl (parachèvement) HClO4 H2O / CH3OH OH OH CH3-CH-CH2-CH2-CH2-CH-CH=CH-Ph © Richard Giasson O CH3-CH-CH2-CH2-CH2-Cl OTHP CH3-CH-CH2-CH2-CH2-Cl CHM 1302 page 145 5.12. LES GROUPES PROTECTEURS EN SYNTHÈSE ORGANIQUE (suite) GROUPE PROTECTEUR DE LA FONCTION ALCOOL: LE GROUPE THP (suite): Bien qu'il ne s'agit pas d'une réaction entre une cétone et deux molécules d'alcool, il s'agit bel et bien d'une réaction de cétalisation. En effet, le mécanisme de cette réaction comporte les intermédiaires que l'on retrouve dans la deuxième partie du mécanisme d'une réaction ordinaire de cétalisation d'une cétone. B H H H O La double liaison C=C est particulièrement nucléophile parce que le carbocation formé est stabilisé par résonance H H H H H O H O O R H R-OTHP H H H H H H R O O R O O H H B © Richard Giasson B CHM 1302 page 146 5.12. LES GROUPES PROTECTEURS EN SYNTHÈSE ORGANIQUE (suite) AUTRES GROUPES PROTECTEURS DE LA FONCTION ALCOOL: LES ÉTHERS SILYLÉS: Ce n'est pas l'objectif de ce chapitre de recenser de façon exhaustive les différents groupes protecteurs disponibles de nos jours pour protéger la panoplie de groupements fonctionnels; la liste est en effet très longue. Il est cependant utile de vous donner une alternative pour ce qui est de la protection de la fonction hydroxyle. Les éthers peuvent être utilisés pour protéger la fonction hydroxyle. L'utilisation des éthers "ordinaires" est cependant limitée car l'étape de déprotection consiste à cliver un lien C-O en présence d'un autre lien C-O, ce qui est problématique. Voilà pourquoi les éthers silylés, beaucoup plus facile à cliver sélectivement, sont régulièrement utilisés pour protéger la fonction hydroxyle. Les chlorosilanes sont de bons électrophiles qui peuvent facilement alkyler les alcools pour former les éthers silylés. Les éthers silylés encombrés, tel les éthers du groupe t-butyldiméthylsilyle (TBDMS), résistent bien aux attaques des carbanions. Finalement, ces éthers peuvent être clivés très efficacement et sélectivement avec l'ion fluorure avec lequel l'atome de silicium forme un lien très fort. Me HN HO-CH2-CH2-C N C-H t-Bu Si Me Cl t-Bu Me (imidazole / TBDMSCl) OH TBDMSO-CH2-CH2-C C-CH-CH 3 Si O-CH2-CH2-C CH TBDMSO-CH2-CH2-C CH Me 1) CH3Li / THF 2) CH3CHO 3) NH4Cl (parachèvement) DMSO (COCl)2 Et3N CH2Cl2 O TBDMSO-CH2-CH2-C C-C-CH 3 O 1) n-Bu4N F / THF 2) NH4Cl (parachèvement) © Richard Giasson HO-CH2-CH2-C C-C-CH 3 CHM 1302 page 147 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE INTRODUCTION: Vous avez maintenant vu un certain nombre de réactions vous permettant de créer de nouveaux liens carbone-carbone. Ces réactions sont importantes en synthèse car ce sont elles qui vous permettent de bâtir le squelette d'une molécule cible. Exemple d'une réaction permettant de former un lien C-C: OH O C M + C C C nouveau lien C-C créé à côté d'un groupe OH Vous avez aussi vu un certain nombre de réactions vous permettant de transformer un groupe fonctionnel en un autre. Ces réactions sont aussi importantes car elles vous permettent d'ajouter, d'enlever ou de modifier la fonctionnalité des intermédiaires synthétiques pour obtenir, de façon ultime, le produit final avec la fonctionnalité désirée. Exemple d'une réaction de transformation d'un groupe fonctionnel: OH C O C C transformation d'un groupe fonctionnel © Richard Giasson C CHM 1302 page 148 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) INTRODUCTION (suite): Finalement, vous venez de voir que l'introduction de groupes protecteurs est souvent requise pour protéger temporairement certains groupements fonctionnels pendant la transformation d'autres groupes fonctionnels. Exemple d'utilisation d'un groupe protecteur: OH Y C C Y utilisation de groupes protecteurs pour la protection temporaire de groupes fonctionnels pendant la transformation d'autres fonctions OH Z C OP protection C C transformation OP déprotection C Z C C PROBLÉMATIQUE: Vous désirez effectuer la synthèse de la (R)-6-hydroxy-4-méthyl-1-phénylhexan-1-one à partir d'un produit commercial, le (R)-(+)-citronellol. Comment allez-vous vous y prendre? CH3 CH3 O H HO (R)-(+)-citronellol H HO CH3 CH3 (R)-6-hydroxy-4-méthyl-1-phénylhexan-1-one © Richard Giasson CHM 1302 page 149 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE: La première chose que je vous suggère de faire lorsque confronté à un tel problème est d’analyser des structures des produits de départ et final afin d'identifier les éléments structuraux communs, ceux qui devraient être éliminés du produit de départ, ainsi que ceux qui devront être ajoutés avant d'arriver au produit final. éléments à enlever CH3 éléments à ajouter liens à former lien à couper CH3 O H HO H HO CH3 CH3 éléments structuraux communs produit final produit de départ Le défi de cette synthèse apparaît maintenant plus clairement; il faut transformer une double liaison C=C, comportant des atomes superflus, en une phényl cétone, qui comporte de nouveaux atomes. R R O La tendance naturelle est d'approcher ce problème de façon linéaire i.e. essayer de trouver le première modification à faire sur le produit de départ, puis la deuxième, etc. Ce n'est pas obligatoire, ni généralement l'approche la plus efficace. En effet, il est souvent utile et plus simple de planifier une synthèse à reculons; c'est ce qu'on appelle une analyse rétrosynthétique. © Richard Giasson CHM 1302 page 150 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE (suite): Ainsi, plutôt que de vous demander "quelle transformation vous effectuerez sur l'alcène de départ pour obtenir un intermédiaire qui vous rapproche de la cible"… CH3 ? ? transformation intermédiaire CH3 H HO CH3 …vous pouvez vous demander "par quelle transformation de quel intermédiaire pouvez vous obtenir votre produit final". ? ? intermédiaire O transformation H HO CH3 Une des méthodes de formation des cétones que nous avons vue est l'oxydation des alcools. Vous pourriez donc générer cette cétone de la façon suivante: oxydation OH O H HO H HO CH3 © Richard Giasson CH3 CHM 1302 page 151 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE (suite): Vous continuez l'analyse rétrosynthétique en vous demandant maintenant comment générer cet alcool, tout en gardant en mémoire que vous aurez à créer, à un moment donné dans votre synthèse, un nouveau lien C-C afin d'ajouter le groupe phényle. Votre arsenal de réactions permettant la création de nouveaux liens C-C inclut justement l'addition de carbanions sur les aldéhydes, vous permettant d'atteindre ces deux objectifs. O H C M C H O H HO M H HO CH3 CH3 addition intermédiaire pouvant être préparé en une étape à partir du produit de départ! OH H HO CH3 Vous avez ici un choix à faire entre deux possibilités. La meilleure des deux devient évidente lorsque vous vous demanderez comment générer un ou l'autre des intermédiaires requis à partir du produit de départ… © Richard Giasson CHM 1302 page 152 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE (suite): Vous réalisez alors que vous pouvez non seulement générer un de ces aldéhydes directement par ozonolyse de votre produit de départ, mais que cela vous procure aussi une façon de vous débarrasser des atomes excédentaires sur celui-ci en une seule opération. CH3 CH3 ozonolyse avec parachèvement réducteur CH3 CH3 O O C H HO H H CH3 HO CH3 Voilà, vous avez tracé les grandes lignes de votre synthèse. Il est temps de récapituler à l'aide d'un schéma rétrosynthétique détaillé où la synthèse est présentée à reculons et où les larges flèches symbolisent "est obtenu à partir de"… est obtenu à partir de O HO OH H HO CH3 H CH3 CH3 M CH3 O H HO H H CH3 HO © Richard Giasson CH3 CHM 1302 page 153 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE (suite): Maintenant que les grandes lignes de notre synthèse sont tracées, il faut vérifier s'il y a des problèmes d'incompatibilité entre les groupes fonctionnels présents sur nos intermédiaires et les réactions que l'on veut effectuer sur ces derniers. C'est effectivement le cas ici puisque le groupe hydroxyle terminal que l'on traîne tout au long de cette synthèse est incompatible avec la réaction avec un carbanion, ainsi qu'avec la réaction d'oxydation de l'alcool secondaire. O + problème de compétition entre addition et déprotonation H H HO CH3 solution: protection de l'alcool primaire pendant la synthèse oxydant + problème de compétion entre les alcools vis-à-vis l'oxydation OH H HO CH3 Nous devrons donc protéger ce groupe hydroxyle. Il faudra tenir compte de ce que le groupe protecteur devra résister aux conditions auxquelles il sera soumis pendant la synthèse i.e. carbanion, oxydation, ozonolyse… Il faudra aussi le choisir de façon à ce que son introduction et son clivage soient compatibles avec la fonctionnalité présente pendant ses étapes. Un éther silylé TBDMS satisfait toutes ces contraintes. imidazole TBDMSCl R-CH2-OH R-CH2-OTBDMS n-Bu4N F THF © Richard Giasson CHM 1302 page 154 5.13. PLANIFICATION D'UNE SYNTHÈSE (suite) L'ANALYSE RÉTROSYNTHÉTIQUE (suite): Les problèmes étant tous réglés, nous pouvons enfin écrire notre synthèse en détail. CH3 CH3 imidazole CH3 H HO CH3 TBDMSCl CH2Cl2 CH3 H TBDMSO CH3 1) O3 /CH2Cl2 2) CH3SCH3 O 1) PhLi / THF OH H TBDMSO H TBDMSO H 2) NH4Cl CH3 CH3 DMSO (COCl)2 Et3N CH2Cl2 n-Bu4NF THF O O H TBDMSO H HO CH3 CH3 5.14. EXERCICES SUGGÉRÉS Je vous suggère de faire les exercices suivant dans Solomons & Fryhle: 12.4; 12.5; 12.9; 12.10; 12.12; 12.13; 12.17; 12.19; 12.25; 16.1; 16.4; 16.8; 16.9; 16.11; 16.15; 16.17; 16.21; 16.24; 16.38 et 16.46. © Richard Giasson