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connaissance par les soignants du vécu de la transplantation et de ses contraintes
et finalement de la psychologie des patients.
LES « INCONVéNIENTS » DE L’éDUCATION ThéRAPEUTIqUE
Entre la théorie et la pratique, il peut y avoir parfois, à défaut d’un fossé, une
certaine distance. Comment pourrait-il y avoir des inconvénients à l’éducation
thérapeutique ?
Après des décennies où seuls de rares services précurseurs proposaient une
éducation thérapeutique aux patients, il existe à l’heure actuelle un foisonnement
de littérature, de communications et de recommandations sur la mise en place
d’activités d’éducation thérapeutique. Toutefois cette multiplicité de propositions n’est
pas garante de la qualité des formations proposées qui peuvent ne pas répondre à la
définition proposée par l’OMS ou qui sont mises en place de manière « mécanique »
sans tenir compte d’une réalité réellement soignante. Les communications, colloques
et autres sont tous très optimistes sur l’efficacité de l’éducation thérapeutique chez
les patients transplantés. Pourtant, peu de littérature existe à l’heure actuelle
démontrant cette efficacité.
« Former le malade pour qu’il puisse acquérir un savoir faire adéquat » nécessite
l’implication du patient. L’éducation thérapeutique ne peut être une obligation et
acquérir un savoir faire n’est, comme chacun sait, pas si simple. Lorsqu’il est précisé
par exemple que le patient devrait connaitre les interactions médicamenteuses, il lui
est demandé d’acquérir des connaissances que parfois des soignants ne possèdent
pas. Certains patients en sont parfaitement capables et souhaitent acquérir ces
connaissances. Pour d’autres, ce ne sera pas le cas, ou bien ils ne pourront pas
atteindre cet objectif.
L’éducation thérapeutique ne peut être ni imposée, ni pensée de manière uniciste,
chaque patient étant singulier et dans un état psychologique différent en fonction
des moments de sa vie. Il peut ne pas vouloir ou pouvoir participer à des séances
de groupes ou ne pas souhaiter confier ses angoisses lors d’un entretien individuel
d’éducation thérapeutique. Il peut vouloir être son propre médecin comme ne pas le
vouloir, ou l’être à certains moments de sa vie et ne plus pouvoir ou vouloir l’être à
d’autres moments. Mettre en place une éducation thérapeutique est aussi complexe
que d’enseigner à des étudiants dont la motivation, le niveau de connaissances
antérieures et l’âge seraient très variés. Les méthodes employées doivent être
multiples tout en restant au plus près des patients dans toute leur diversité.
L’éducation thérapeutique ne dédouane ni du colloque singulier entre médecin et
patient, ni des soins continus que l’équipe soignante doit apporter aux patients tout
au long de leur vie. Il nous faut être vigilant à ne pas trop attendre de l’éducation