176 Chapitre X — Arithm´etique du groupe
Z×
n
Exemple 1.7. Vous pouvez v´erifier `a la main que Z×
5est engendr´e par 2 (et 3), et que Z×
7est engendr´e par
3 (et 5). Essayez de trouver des racines primitives pour des nombres premiers suivants.
Remarque 1.8. Soulignons que le th´eor`eme assure l’existence d’une racine primitive modulo psans en
expliciter aucune. Effectivement, on ne connaˆıt pas de formule miracle pour trouver une racine primitive
de Z×
p. En particulier la valeur de la plus petite racine primitive modulo preste myst´erieuse; il nous ne
reste que le tˆatonnement par essais successifs. Ceci dit, on traduira dans la suite la preuve d’existence en
une m´ethode efficace pour chercher une racine primitive.
Remarque 1.9. Une fois on a trouv´e une racine primitive de Z×
pon les connaˆıt toutes : toute racine primi-
tive g∈Z×
pinduit un isomorphisme
φ
:Zp−1∼
−→ Z×
p,k7→ gk, et r´eciproquement tout tel isomorphisme
φ
correspond au choix d’une racine primitive g=
φ
(1). D’un cot´e x∈Z×
pest une racine primitive ssi xest
un g´en´erateur du groupe Z×
p. De l’autre cot´e k∈Zp−1est un g´en´erateur ssi kest inversible, c’est-`a-dire
k∈Z×
p−1. Ainsi l’isomorphisme
φ
´etablit une bijection entre Z×
p−1et les racines primitives de Z×
p.
1.1. Structure du groupe Z×
n.Le th´eor`eme pr´ec´edent donne la structure de Z×
ppour ppremier.
On peut ensuite s’interroger sur la structure de Z×
npour un entier n≥2 quelconque. Ce probl`eme se
simplifie consid´erablement en appliquant le th´eor`eme des restes chinois : On d´ecompose n=pe1
1···pek
k
avec p1<··· <pkpremiers et e1,...,ek≥1. Le th´eor`eme chinois fournit un isomorphisme d’anneaux
Zn∼
=Zpe1
1× · ·· × Zpek
k. On en d´eduit un isomorphisme de groupes Z×
n∼
=Z×
pe1
1× · ·· × Z×
pek
k. (Le d´etailler.)
Exercice/M 1.10. L’indicateur d’Euler est la fonction
ϕ
:N→Nd´efinie par
ϕ
(n):=|Z×
n|.
– Montrer que
ϕ
(pe) = (p−1)pe−1si pest premier et e≥1.
– Montrer que
ϕ
(ab) =
ϕ
(a)
ϕ
(b)si aet bsont premiers entre eux.
– Pour n=pe1
1···pek
kconclure que
ϕ
(n) = ∏k
i=1(pi−1)pei−1
i=n∏k
i=1(1−1
pi)
Comme application montrer le r´esultat suivant, qui g´en´eralise le petit th´eor`eme de Fermat :
Corollaire 1.11 (Euler-Lagrange).L’ordre de tout ´
el´
ement x ∈Z×
ndivise l’ordre du groupe Z×
n, donc
x
ϕ
(n)=1. Autrement dit, tout entier x premier avec n v´
erifie x
ϕ
(n)≡1(mod n).
Exercice/M 1.12. V´erifier que aest un g´en´erateur de (Zn,+) si et seulement si aest inversible dans Zn.
En d´eduire que tout groupe cyclique d’ordre nadmet exactement
ϕ
(n)g´en´erateurs. En particulier, pour
ppremier, il existe exactement
ϕ
(p−1)racines primitives dans Z×
p. Si l’on choisit x∈Z×
pde mani`ere
al´eatoire, quelle est la probabilit´e de tomber sur une racine primitive?
Outre l’ordre
ϕ
(n)on veut connaˆıtre la structure pr´ecise du groupe Z×
n.`
A nouveau, par le th´eor`eme
des restes chinois, il suffit de traiter le cas n=pe. Pour le r´esultat suivant consultez votre cours d’alg`ebre :
Th´
eor`
eme 1.13. Si n =peest la puissance d’un nombre premier impair p ≥3`
a l’exposant e ≥2, alors le
groupe Z×
nest cyclique d’ordre
ϕ
(pe) = (p−1)pe−1. Si g est un g´
en´
erateur de Z×
p, alors g ou g+p est un
g´
en´
erateur de Z×
pepour tout e ≥2.
Pour p =2la situation est diff´
erente : Z×
2={1}est trivial, Z×
4={±1}est cyclique d’ordre 2, mais
pour e ≥3, le groupe Z×
2en’est plus cyclique. Il est le produit directe du sous-groupe h−1id’ordre 2et du
sous-groupe h5id’ordre 2e−2.
Exercice/M 1.14. D´eduire du th´eor`eme que Z×
nest cyclique si et seulement si n=2,4,pe,2peavec un
nombre premier p≥3 et e≥1. Indication. — Dans tout autre cas on peut construire un homomorphisme
surjectif Z×
n→Z2×Z2. Comme le groupe image n’est pas cyclique, Z×
nne l’est pas non plus.
1.2. D´
eterminer l’ordre d’un ´
el´
ement. Comment d´eterminer efficacement l’ordre de xdans Z×
m?
´
Evidemment la m´ethode na¨ıve consiste `a calculer successivement x1,x2,x3,... pour ainsi trouver le plus
petit exposant n≥1 tel que xn=1 dans Zm. Ceci est tr`es inefficace lorsque nest grand.
Exemple 1.15. Regardons m=232 ·332 ·532 +1>1047. Il se trouve que mest premier, ce qui permet
de d´eduire
ϕ
(m) = m−1=232 ·332 ·532. Comment d´eterminer l’ordre de ¯
3 dans Z×
m? Il se trouve que
ord(¯
3) = 226 ·330 ·532. Il est donc hors de question d’attaquer cette question par le tˆatonnement na¨ıf!
MAE 22 juin 2009