REIN INFOS # 18 FÉVRIER 2015 LE JOURNAL DES PATIENTS # 2 #
À partir de cette échelle, la mesure de
l’observance en France est conforme
aux estimations avancées au plan
international. Selon l’étude IMS Health
/CRIP, le taux moyen de patients obser-
vants est de l’ordre de 40 %.
En additionnant l’ensemble des
coûts liés aux complications évi-
tables grâce à une bonne obser-
vance, elle estime que le système
de santé dépense chaque année
9,3milliards d’euros. Avec à la clef
10 à 20 Millions d’euros d’économie
par point d’observance obtenu.
Selon les pathologies étudiées, le
taux d’observance varie fortement.
A ce propos nous noterons pour
le diabète de type 2 (37 % des
patients) de même que l’HTA (40 %)
et l’hypercholestérolémie (44 %).
Pr Jean-Michel Halimi président
de la Société Française de l’Hyper-
tension Artérielle, chef de service,
Service de Néphrologie-Immuno-
logie clinique, CHU Tours : « Cette
étude médico-économique me
semble bien étayée, mais il faudra
compléter l’approche novatrice
qu’elle propose en menant des
investigations plus poussées pour
chacune des pathologies étudiées.
Dans le cas de l’hypertension arté-
rielle, on voit bien que la question de
l’observance est centrale. C’est une
pathologie qui touche environ 12
millions de personnes en France…
Sur les leviers à employer pour amé-
liorer l’observance, je citerai d’abord
les eets délétères liés à la décision
des pouvoirs publics, il y a deux ans,
de supprimer le bénéce de l’ALD «
hypertension sévère » pour les nou-
veaux patients… »
source :
http://lecrip.org/a/wp-content/
uploads/2014/11/BrochureObservance-
imprim.pdf
Essayons de mieux comprendre à
partir des 5 éléments déterminants
qui inuent l’observance :
1) le patient (ses connaissances, expé-
riences, croyances, ressenti, culture,
mode de vie, évènements perturba-
teurs… motivations, âges, pathologies
et complexité du traitement).
2) la maladie (son image, ce qu’elle
véhicule, insidieuse, permanente
ou sans message, la comprendre et
comprendre les étapes et enjeux).
3) le médicament (à quoi il sert,
mode de présentation et d’admi-
nistration, récurrence des prises,
importance, eets secondaires,
couleurs et génériques).
4) professionnels de santé (temps
d’explication, pédagogie, ne pas
stigmatiser le patient).
5) l’information à disposition du
malade (sensibilisation avant, à tout
instant, incitation, aides et objets
connectés).
Alors quelles
responsabilités
pour les patients
chroniques ?
Il y a actuellement 18% de la popu-
lation des chroniques qui repré-
sentent 70% des dépenses de
santé. Au cœur du système de soins
le patient depuis 2002 est donc une
cible de choix, mais pas que... On
peut se poser des questions :
• Le patient est-il mûr pour être res-
ponsable de sa santé ?
• Est-il capable d’être responsable
par rapport à sa maladie ?
• La sécurité sociale* ne devrait-
elle pas (elle qui a les données-
patients) relancer les patients non
observant..?
• De même pour le pharmacien,
l’hôpital, le centre de soins, le
médecin ; qui ne voient plus revenir
vers eux un patient chronique déjà
suivi depuis longtemps.
À chaque maladie chronique ses
contraintes, en eet ces maladies
silencieuses se déclarent sournoi-
sement, puisque l’on a mal nulle
part initialement : HTA, IRC, Diabète.
Et dans chacun de ces cas le patient
verra que la chronicité arrive très
vite vers lui et qu’un traitement irré-
versible s’impose à lui, mais est-il
conscient pour autant des enjeux… ?
Tout dépend : qui il est, quand cela
se passe, et comment il va ; dans le
cadre d’une égalité de traitement.
De fait :
Ces maladies se compliquent et
parfois se conjuguent dans le temps.
La prévention, l’information, le
dépistage sont nécessairement à
développer pour éviter cela.
Elles nécessitent des traitements de
plus en plus importants et adaptés.
On peut tomber extrêmement vite
dans un stade de gravité sévère.
On passera alors de quelques médica-
ments à beaucoup de médicaments.
Entre 3 (comprimés ou gélules) et
plus de 10 à 20 l’observance est dif-
férente –obligatoirement-.
On peut ne traiter que l’HTA.
On peut ne traiter que l’IRC, mais en
principe l’HTA est liée.
On peut ne traiter que le diabète de
type 1 et de type 2, parfois l’IRC y
est lié et l’HTA suit.
Plus la maladie s’aggrave plus le
traitement est contraignant et la
récurrence ennuyante.
Plus cela se complexie : en IRCT
et plus les soins ou opérations sont
complexes et contraignants.
Tout cela est de plus en plus dicile
à gérer pour le patient chronique,
nous semble-t-il.
Comment devient-on
non observant...?
Par conditions de vie, par culture et
par moyens nanciers.
Par erreur de compréhension du
traitement (dont problème de com-
préhension linguistique).