CURRICULUM Forum Med Suisse No48 28 novembre 2001 1189
douleur (caractère, localisation, durée, déclen-
chement) est capitale (tabl. 3). Les douleurs
typiques, mises en relation avec le profil de
risque, ont une très grande valeur diagnos-
tique. La recherche de facteurs déclenchants ou
potentialisants (p.ex. hypertension artérielle,
hypoxémie artérielle, tachyarythmies, anémie,
hyperthyroïdie) est importante. Il faut savoir
que des pathologies non coronaires (p.ex. sté-
nose valvulaire aortique, cardiomyopathie hy-
pertrophique, prolapsus mitral) peuvent être à
l’origine d’un angor typique. La différenciation
avec des douleurs œsophagiennes (p.ex. reflux,
spasme œsophagien) peut s’avérer difficile.
La classification se fait aujourd’hui très souvent
selon les critères de la «Canadian Cardiovascu-
lar Society» (stades CCS) (tabl. 4).
Méthodes d’examen non invasives
ECG de repos: il est souvent normal même dans
un angor grave. Les troubles de la repolarisa-
tion ou signes d’ancien infarctus sont des ar-
guments importants en faveur d’une cardiopa-
thie coronaire. Les anomalies telles que signes
d’hypertrophie ventriculaire gauche, bloc de
branche ou troubles de conduction donnent
d’autres informations importantes et sont utiles
dans l’appréciation du risque.
ECG de Holter: cette méthode est réservée aux
problèmes particuliers tels qu’ischémie silen-
cieuse, angor vasospastique ou arythmies suite
à une ischémie du myocarde.
Echocardiographie au repos: chez les patients
ayant eu un infarctus, en insuffisance cardia-
que, ayant une suspicion de vice valvulaire, une
hypertrophie ventriculaire gauche ou une car-
diomyopathie, cet examen donne des informa-
tions complémentaires très importantes pour
le diagnostic et le pronostic.
Epreuves d’effort: plusieurs tests dynamiques
(ergométrie sur bicyclette ou tapis roulant) et
pharmacologiques (dobutamine, dipyridamole,
adénosine) ont été mis au point pour apprécier
qualitativement et quantitativement une isché-
mie myocardique. Toutes ces techniques sont
largement standardisées. Dans le diagnostic
de routine, c’est l’ECG d’effort qui vient en tête.
Si son résultat est douteux, si l’effort n’a pas
été suffisant, s’il y a des anomalies sur l’ECG
de repos telles qu’hypertrophie ventriculaire
gauche ou bloc de branche gauche, ou pour pré-
ciser certaines questions, d’autres méthodes
comme l’échocardiographie à l’effort, la scinti-
graphie myocardique sous perfusion, la radio-
nucléoventriculographie et la tomographie par
émission de positrons viendront contribuer au
diagnostic. Ces examens permettent de locali-
ser l’ischémie du myocarde, ce qui n’est pas les
cas pour l’ECG d’effort (tabl. 5).
La valeur diagnostique des épreuves d’effort
est directement proportionnelle à la sensibilité
du test et à la probabilité de la maladie avant
le test, et inversement proportionnelle à la spé-
cificité du test (théorème de Bayes). La proba-
bilité prétest est fonction de l’âge, du sexe et
de la nature des problèmes du patient, et de
son profil de risque. La probabilité prétest est
donnée par un tableau (tabl. 6). La valeur diag-
nostique la plus grande est obtenue chez des
patients ayant une probabilité prétest inter-
médiaire de 20 à 80%. Chez les patients ayant
une probabilité prétest plus basse, inférieure à
20%, un test négatif parle très nettement contre
Tableau 5. Epreuves d’effort (modifié d’après [1]).
ECG d’effort Scintigraphie Echocardiographie
au thallium à l’effort
Confirmation d’une CC
Sensibilité 50–80% 65–90% 65–90%
Spécificité 80–90% 90–95% 90–95%
Sensibilité maximale Pathologie multiartérielle Pathologie Pathologie mono-
monoartérielle et multiartérielle
Localisation de la CC 80–90% RIVA Aucune influence 60% RCA
Indication Première intention chez Donne d’autres informations Préférée chez les
la plupart des patients dans certaines situations patients incapable
(surtout localisation de d’effort
l’ischémie)
CC = cardiopathie coronaire
RIVA = ramus interventricularis anterior
RCA = coronaire droite