Troisièmes rencontres juridiques du dommage corporel – 4 février 2016
souvent de l’errance diagnostique et thérapeutique en alimentant, sans véritable efficacité,
les consultations chez les "spécialistes"…
L’angoisse : Elle incarne le plus souvent la polarité somatique de l'anxiété avec son classique
cortège d’oppression thoracique ou de striction pharyngée. En règle générale le terme est
utilisé pour les problématiques psychotiques : on parle rarement en effet d'anxiété
psychotique mais plutôt d'angoisse psychotique… Si l’angoisse névrotique est une angoisse
"de castration" (considérée comme on ne peut plus banale), l'angoisse du psychotique est
une angoisse de "morcellement" autrement plus inhabituelle…
En effet pour le psychotique (le schizophrène) son angoisse porte sur la nécessité de
maintenir son intégrité physique et physique : on parle alors d'angoisse de "morcellement"
ou d'angoisse "dissociative".
Le psychotique a, en effet, beaucoup de mal à conserver une enveloppe protectrice de son
intériorité, ce qui lui donne une sorte de "perméabilité" à son environnement tant physique
que psychologique qui le rend extrêmement sensible à l'angoisse ou à l'agressivité des
autres.
Les sujets sont généralement inégaux devant l'anxiété et l'angoisse et on peut affirmer que,
dans une certaine mesure, certains ont été "fabriqués" pour être structurellement anxieux
et qu'ils n'y peuvent rien…
La phobie : c’est la fixation de l’angoisse sur un objet par l'intermédiaire d'un mécanisme
psychologique dit "de défense". Le sujet cherche à se protéger de son angoisse en la fixant,
ce qui lui permet de la circonscrire…
Les phobies d’objets qui sont les plus classiques (phobie des couteaux, des épingles : objets
généralement vulnérants) sont souvent couplées à des phobies d’impulsion : crainte de faire
usage d'un couteau de cuisine pour blesser quelqu'un sans raison précise… Fort
heureusement, ces phobies d'impulsions ne conduisent qu'exceptionnellement à un passage
à l'acte…
Les phobies dites "situationnelles" (claustrophobie, agoraphobie) sont plus préoccupantes
car elles vont amener le sujet qui en est affecté à des "conduites d'évitement" et à un
handicap social qui va parfois jusqu'à la claustromanie.
Toutes les phobies ont naturellement un caractère extensif, constat qui impose qu'on les
traite rapidement avant qu'elles ne se répandent "en tâche d'huile"…
Le principe organisateur de l'angoisse en général, et de la phobie en particulier, est
"l'anticipation catastrophiste". Le sujet postule que telle ou telle situation précise est
annonciatrice de malheur ou de cataclysme en sorte qu'il cherche à la fuir à tout prix : je suis
dans un cinéma… comment vais-je sortir si un incendie se déclenche… je vais être
immanquablement piétiné… je commence à suffoquer… je dois sortir… (voilà brièvement
décrit le mécanisme de l'angoisse).
La peur : elle est beaucoup plus familière et apparaît comme une expérience quotidienne,
quasi-ontologique, et aisément compréhensible. Elle est généralement défavorablement
connotée (par rapport au "courage") mais constitue un indéniable signal de protection et de
sauvegarde face à l'adversité
L’effroi : c’est à partir d'une situation d’effroi que va se constituer le fameux "état de stress
post traumatique" que l'on retrouve si souvent dans nos pratiques expertales. Il s'agit là
d'une situation extrême, assez rarement retrouvée dans la vie quotidienne, et qui déborde
généralement les capacités de maîtrise du sujet.