Anxiété en fin de vie
L’anxiété se définit comme un trouble émotionnel non lié à une situation ou à un objet précis. Elle peut
occasionner de grandes souffrances et accroître la douleur d’un patient et de ses proches. 77% des patients en
situation palliative présentent des symptômes anxieux.
Outils pour évaluer les troubles
anxieux
L’observation du patient
Sommeil, comportement, contact avec son
entourage et l’équipe soignante, agitation, etc.
Discussion avec le patient
Anamnèse détaillée bio-psycho-socio-spirituelle
et médicamenteuse
Discussion avec la famille
Comment ils trouvent le patient, leurs espoirs,
leurs buts et leurs angoisses.
Instruments standardisés
L’Hospital Anxiety and Depression Scale
(HADS), le Hornheider Screening Instrument
(HSI), le thermomètre de détresse, etc.
! manque de précision (faux positifs et négatifs)
Comment traiter l’anxiété
L’objectif ne peut pas être de libérer le patient
de toute anxiété, mais de rendre celle-ci
supportable.
Il n’existe pas de recommandation claire dans la
littérature. Le dialogue avec le patient est
certainement essentiel. L’écoute et la ver-
balisation de l’angoisse peuvent avoir, à elles
seules, un effet thérapeutique.
Il peut être utile de recourir à d’autres
spécialistes tels qu’aumônier, psychiatre ou
psychothérapeute pour soutenir le patient.
Thérapie non médicamenteuse
Techniques de détente, activité physique,
massages, musicothérapie, méditation,
aromathérapie, art-thérapie, etc.
Thérapie médicamenteuse
! quelques précautions
• Prescrire aussi peu de médicaments que
possible et tenir compte des interactions
• Faible dose de départ
• Augmentation lente du dosage
• Réévaluation de traitement bien définie
Benzodiazépines
On distingue les benzodiazépines à durée
d’action courte (2-5h) par ex. Triazolam et
Midazolam, de ceux à durée d’action moyenne
(6-24h) par ex. Oxazépam et Lorazépam et à
longue durée d’action (>24h) par ex. Diazépam.
Il convient d’évaluer soigneusement le rapport
risque/bénéfice avant toute prescription.
Les benzo à durée d’action moyenne sont des
médicaments sûrs, efficaces et très utiles dans le
traitement de l’anxiété en soins palliatifs.
Antidépresseurs
Ce sont les principaux médicaments pour traiter
les troubles affectifs et l’anxiété.
Compte tenu de leur profil plus favorable en
matière d’effets secondaires, on préfère
recourir aux ISRS et aux antagonistes des
adrénorécepteurs α2, car ils n’ont presque pas
d’effets anticholinergiques ou cardiovasculaires,
n’ont pas d’effets sédatifs et provoquent
rarement des crampes.
! les céphalées, les nausées et la diarrhée sont
fréquentes, rarement des vertiges, des troubles
du sommeil ou de l’agitation
!! prolongation de l’intervalle QT à l’ECG (risque
d’arythmies) et risque d’hémorragie si co-
administration avec des antiagrégants
Les antidépresseurs n’entraînent pas d’accou-
tumance ni de dépendance mais ne doivent pas
non plus être arrêtés brutalement.
Neuroleptiques
La principale indication des neuroleptiques en
soins palliatifs est le délirium, très souvent lié à
l’angoisse. On utilise pour ceci principalement
l’halopéridol. Au préalable, il faut toutefois
rechercher la cause du delirium.
Pour les patients agités et angoissés qui ne
répondent pas aux benzodiazépines, il peut
parfois être utile de recourir à des neuro-
leptiques du groupe des phénothiazines ou à
des neuroleptiques atypiques. On préférera
sans doute les neuroleptiques atypiques à cause
de leurs effets secondaires moindres et on
évaluera soigneusement le rapport
risques/bénéfices.
Résumé tiré de L’anxiété (angoisse) en fin de vie, Consensus « on best practice in palliative care » en Suisse – Groupe d’experts de la
Société Suisse de Médecine et de Soins palliatifs, BIGORIO 2011, réalisé par Yves Gremion, infirmier et psychologue, membre du
comité de Palliative Fribourg/Freiburg.