Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?
Exercice 3 : Les ressources halieutiques épuisées
Six décennies de pêche industrielle ont porté l’exploitation des mers et des océans à des
niveaux insoutenables. Alors que le monde prélevait 13 millions de tonnes de poissons des
milieux marins en 1950, ses ponctions atteignent désormais chaque année 70 millions de
tonnes. Signe de l’épuisement de ces écosystèmes, les prises stagnent depuis les années
1980. Les trois quarts des stocks de poissons du monde seraient aujourd’hui exploités au
maximum de leurs capacités, et bien souvent au-delà : en témoigne l’effondrement soudain
de certaines pêcheries multiséculaires, à l’instar de celle de la morue au large de Terre-
Neuve dans les années 1990. Les populations de grands prédateurs, comme le thon ou le
cabillaud, sont aujourd’hui largement décimées et la pêche se tourne désormais vers des
espèces jugées moins nobles, parce que situées à un maillon inférieur de la chaîne
alimentaire. Malgré de nombreux signes alarmants, cette surexploitation ne faiblit pas. De
plus en plus consommé dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud (particulièrement
en Chine), le poisson occupe en effet une place importante dans les régimes alimentaires : il
représente ainsi aujourd’hui 20 % de l’apport moyen de protéines pour 1,5 milliard de
personnes dans le monde. […] On estime que la flotte mondiale de bateaux de pêche
possède actuellement une capacité 2,5 fois supérieure à ce que l’océan peut “produire” de
manière durable.
Le développement impressionnant de l’aquaculture plus d’un tiers de la production
mondiale de poissons aujourd’hui, contre 15 % au début des années 1990 constitue
paradoxalement une pression supplémentaire sur les écosystèmes marins : un quart des
poissons pêchés en mer sert en effet à l’alimentation de poissons d’élevage carnivores.
Marc Chevallier, « Les sept plaies d’une planète durable », Alternatives Économiques Hors-série,
n° 083, décembre 2009
Graphique : Pourcentage des prises totales de poissons effectuées dans les eaux maritimes
européennes et considérées comme au-delà des limites biologiques de sécurité (en%)
Lire ainsi : 51 % des prises d’espèces comme le cabillaud, le haddock, etc., s’effectuent au-delà des limites
biologiques de sécurité. Au-delà de ces limites, les risques de réduction des capacités reproductrices du
stock deviennent très élevés.
Question 1 : Pourquoi les poissons sont-ils une ressource « renouvelable » ?
Question 2 : Pourquoi des stocks qui existent depuis des siècles comme la morue (autre nom du
cabillaud) de l’Atlantique Nord se sont-ils effondrés ?
Question 3 : Lisez la donnée portant sur les saumons (graphique).
Question 4 : Que font les pêcheurs face à la baisse de leur production ? Est-ce une solution durable ?
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