THEME 3 - ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT DURABLE
3.1 La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l'environnement ?
A) Limites de la croissance et émergence du concept de développement durable
Depuis 1986, la consommation de pétrole excède les découvertes de puits de pétrole. Cela signifie que la
consommation excède les capacités de production et les réserves disponibles. Le pétrole n'est pas une ressource
finie, mais c'est une ressource dont le renouvellement est beaucoup trop lent et dont l'exploitation dépend :
- de la quantité découverte
- de la facilité d'accès
- du prix du baril ( la baisse des prix aurait été orchestrée par l'OPEP pour casser l'essor du gaz de schiste )
Dans son Essai sur le principe de population (1798), l'économiste classique britannique Thomas Malthus (1766-
1834) explique que :
- la population augmente plus vite que la production
- la croissance des ressources est arithmétique
- la croissance de la population est exponentielle
Il préconise une réduction de la population afin de réduire les risques de famine. Cette doctrine, appelée
malthusianisme, vise à contrôler le nombre de naissances et à réduire le nombre d'inactifs.
La croissance de la production dégrade l'environnement : ensemble des actifs qui ne sont pas produits par
l'activité humaine ( ex : air, eau, biodiversité, faune, flore, etc. ). La croissance s'accompagne de destruction dont
certaines sont irréversibles :
- l'épuisement des richesses naturelles :
- pic pétrolier dans 10 à 20 ans
- dégradation des sols et des ressources en eau
- surexploitation des sols qui deviennent moins fertiles
- augmentation constante des prélèvements en eau qui ont triplé au cours des 50 dernières années qui à
l'origine de conflits ( ex : Israël et ses voisins )
- la déforestation, la surpêche, la réduction de la biodiversité ( 67000 espèces animales et
végétales sont en voie de disparition )
- les pollutions de l'eau, des sols, de l'air qui sont à l'origine :
- de pluies acides
- de trous dans la couche d'ozone
- du réchauffement climatique
- de marées noires
- de la formation de "continents" de déchets plastiques
- de maladies ( problèmes cardiovasculaires, de fertilité, perturbations du système nerveux )
- le réchauffement climatique : il y a un consensus scientifique pour dire que l'homme a une responsabilité. Il est
dû à :
- l'utilisation d'hydrocarbures
- la déforestation
- l'émission de gaz à effet de serres
Il est à l'origine de :
- phénomènes météorologiques extrêmes
- de catastrophes climatiques
- d'une diminution des pluies et donc des ressources en eau et de la productivité des terres
- de l'élévation du niveau des mers
Si les pays en voie de développement imitent le modèle occidental, les besoins en ressources naturelles seront
tels que la planète serait incapable de les satisfaire. Cela pose la question de la soutenabilité de la croissance qui
désigne le maintien d'une capacité constante à créer du bien-être. Tous les effets cités auparavant seront d'abord
ressentis par les pays pauvres et non par les pays développés qui ont les moyens de limiter ces effets par
l'investissement ( ex: l'Allemagne qui est sortie du nucléaire ).
L'empreinte écologique est une mesure de la pression que l'homme exerce sur son environnement et de
l'épuisement des ressources naturelles. C'est la surface dont un individu a besoin pour produire les ressources
qu'il consomme et absorber les déchets qu'il génère. Elle se mesure en hectares globaux. La capacité que fournit
la terre en hectares globaux est de 1,8. La consommation réelle est de 2,6 hectares globaux en moyenne par
individu. L'Europe dispose en théorie de 2,2 hg/hab et en consomme 4,8.
Lorsque le PIB/hab en PPA augmente, l'empreinte écologique augmente aussi. Ainsi, les Etats-Unis ont un
PIB/hab en PPA 1,5 fois plus élevé que celui de la France et leur empreinte écologique est 1,6 fois plus élevée.
Lorsque le PIB/hab en PPA augmente, le mode de vie change, on consomme plus de viande, plus de poisson et
plus de produits transformés de l'industrie agroalimentaire. On va acheter des équipements ( ex: voiture
individuelle ), utiliser davantage les transports et générer plus de déchets. Si tout le monde consommait comme
les Français, il faudrait 3 planètes, il en faudrait 5 s'ils consommaient
comme les Américains. Les pays qui ont un IDH élevé ne peuvent donc pas avoir une empreinte écologique
soutenable.
La surexploitation rend les terres moins fertiles et moins productives, les phénomènes climatiques extrêmes et
les catastrophes naturelles provoquent des chics d'offre négatifs. L'utilisation d'agro carburants fait qu'on utilise
des terres pour produire ces agro carburants. Il y a à la fois une baisse de l'offre et une hausse de la demande
avec l'augmentation de la population et du niveau de vie. Ce qui conduit à une baisse des prix. On exploite des
ressources moins rentables, difficile à exploiter et dont le coût marginal augmente. Ce phénomène de hausse des
prix est amplifié par la spéculation sur les marchés des matières premières. En 2008, tous les investisseurs ont
retiré leurs actifs des marchés d'actions et les ont placés sur le marché des matières premières, ce qui a provoqué
une bulle spéculative qui a débouché sur des émeutes de la faim et une hausse des prix dans tous les secteurs de
l'économie.
Le capital naturel désigne l'ensemble des facteurs de production issus de la nature ( ex: la terre, les gisements
miniers ou encore les rivières pour la force hydraulique nécessaire à la production d'électricité ). Sa dégradation
a des coûts:
- coût économique :
- augmentation du prix des assurances pour se prémunir de destruction
- augmentation du prix de la dépollution et de l'assainissement des eaux
- augmentation des prix des services de santé
- coût humain :
- augmentation du nbre de décès prématurés liés à la pollution ( 3 fois plus important
en Chine qu'en Europe )
- remise en cause du niveau de vie et du bien-être des populations
- prb d'accès à l'eau
- dégradation du paysage
- développement de maladies liées à la pollution
- augmentation des inégalités entre les pays et au sein-même des pays
A partir des années 1960, il va y avoir une prise de conscience des risques que la croissance fait peser sur
l'environnement. René Dumont ( 1904-2001 ), pionner de l'écologie politique a souligné les failles du système
de développement occidental dans des ouvrages comme L'Afrique Noire est mal partie (1962) ou L'utopie ou la
mort (1973). En 1970, le rapport Meadows, "Halte à la croissance" est commandé par le Club de Rome ( crée en
1968 et qui réunit des industriels et des scientifiques ) au M.I.T. En 1972, l'ONU crée le PNUE et c'est dans le
cadre de ce programma que Mme Brundtland crée le concept de développement durable. Le développement est
durable si la satisfaction des besoin des générations présentes ne compromet pas la satisfaction des besoins des
générations futures.
Il a 3 dimensions :
- une dimension économique : réaffirmation de l'importance de la croissance et de sa soutenabilité
- une dimension sociale : répartition équitable des richesses dans le monde et entre les générations
- une dimension environnementale : préservation des ressources et de la planète, protection de l'environnement
Il a 3 principe :
- un principe de participation : association de tous les acteurs de la société civile au processus de décision
- un processus de précaution : évaluation de l'impact de toute action sur les équilibres économique, sociologique
et écologique avant sa mise en œuvre
- principe de solidarité : avec les générations futures
B) La croissance peut-elle être soutenable ?
Selon Stiglitz, développement durable ne sera pas possible sans la transmission d'un stock global aux générations
futures qui leur permettra de satisfaire leurs besoins. Il existe différents stocks de capitaux:
- K physique : l'ensemble des biens utilisés pour la production ( machines, immeubles, etc. )
- K technologique : l'ensemble des connaissances sur la production et l'innovation ( R&D, brevets )
- K humain : stock de compétences des individus ( expérience et connaissances ) qui est amélioré par la
formation
- K public ou institutionnel : l'ensemble des infrastructures publiques ( routes, ponts ) et la qualité des institutions
(respect du droit, de la démocratie )
- K naturel : il en existe plusieurs approches, l'approche économique, en termes de stock le voit comme
l'ensemble des ressources de la nature utilisées pour produire. D'autres, comme l'économiste Christian de
Perthius pense que ce qui importe est la capacité de la nature à reproduire ces stocks. Il le voit comme une
système de régulation naturelle qui permet de reproduire les ressources.
Il y a une partie du K naturel qui a un prix car elle s'échange sur les marchés (ex: viande, poisson) mais il en
existe une partie qui ne s'échange pas et dont on ne peut pas fixer le prix ( ex: vent, mer, couche d'ozone, etc.), il
est donc difficile de déterminer la valeur monétaire des biens environnementaux ou des nuisances qui affectent
l'environnement. Or, si on souhaite mener des politiques publiques, il faut raisonner en termes de
coûts/avantages. Il faut donc des outils pour évaluer leur prix. On peut adopter une approche par les externalités.
- approche par les externalités positives : évaluation de la valeur des services indirects liés aux biens
environnementaux.
- approche par les externalités négatives : évaluation des coûts de la dépollution ou des des frais de santé liés à la
pollution
La soutenabilité désigne la transmission d'un K global de stocks qui est constant et dont la composition est
variée.
La thèse de la soutenabilité faible :
- les différents K sont substituables
- les contrainte qui pèse sur la soutenabilité seraient faibles
- une croissance soutenable est permise par la substitution de différents K
La nature est vue comme un K comme les autres. Si il devient rare, il sera plus cher et les industriels chercheront
à le substituer. Le marché produit des signaux - les prix - qui vont orienter les décisions des consommateurs et
des producteurs ( raisonnement libéral ). I l s'agit d'une thèse relativement optimiste qui révèle une très grande
foi dans la capacité du progrès technique à repousser les limites qui pèsent sur la soutenabilité et donc sur la
croissance.
La thèse de la soutenabilité forte :
Les K ne sont pas toujours substituables si bien que certaines dégradations du K naturel sont irréversibles (ex:
épuisement de certaines ressources irremplaçables et atteintes irréparables à l'environnement). Il faut donc
préserver le K naturel. Ainsi, les contraintes qui pèsent sur la soutenabilité sont fortes.
Arguments de la soutenabilité faible :
- confiance dans les marchés pour guider les producteurs et les consommateurs vers la substitution, l'innovation
et les économies d'énergie
- plus les pays sont développés, plus l'intensité énergétique diminue, on produit la même quantité de richesse
avec moins d'énergie
- lorsqu'une économie se développe, elle va générer des ressources qui vont lui permettre d'investir pour mieux
utiliser le K naturel ( ex: techniques d'irrigation qui permettent d'utiliser moins d'eau ) et pouvoir augmenter la
productivité sans augmenter les prélèvement sur le K naturel
- la croissance va financer des K qui vont nous permettre d'innover (K humain et technologique) et d'investir
pour substituer le K naturel. Avec l'amélioration du K humain, on adopte des comportement plus vertueux sur le
plan écologique. L'économie verte va produire des biens qui ont pour finalité la préservation de l'environnement
- la tertiarisation : l'économie utilise moins de ressources naturelles que la production industrielle et elle est
moins polluante
- courbe de Kuznets : au-delà d'un certain niveau de développement la pollution diminue
Arguments pour la soutenabilité forte :
- le K naturel est vital pour le maintien des grands équilibres écologiques
- le K naturel est un bien commun de l'humanité
- la croissance actuelle est insoutenable, il faudrait donc la ralentir et chercher d'autres modèles de
développement, voire même la décroissance
- les technologies ont un effet rebond ( ex: l'informatique a fait explosé la consommation de papier )
- il faudrait entamer une réduction de la consommation et une relocalisation des moyens de production
Epargne nette ajustée :
Lpargne nette ajustée est un indicateur de soutenabilité mis au point par la Banque mondiale pour
exprimer la variation du capital économique, humain et naturel d'un pays à l'issue d'un cycle de
production. On observe le surplus de ressources dont dispose lconomie une fois que l'on a compen la
dépréciation des K économique, humain et naturel.
Epargne nette ajustée = épargne brute + dépenses en K humain - les dommages au K naturel - la dépréciation
du K fixe
Elle est exprimée en pourcentage du revenu national brut.
Ainsi, la croissance de l'Arabie Saoudite n'est pas soutenable car elle ne compense pas suffisamment les
prélèvements faits sur un K naturel par des investissements en K écologique, humain, etc. Les Etats-Unis ont une
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !