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autour de cette question ont considérablement marqué l’évolution de
la recherche en psychologie de l’émotion.
En fait, une question fondamentale qui recoupe l’ensemble de
la problématique venant d’être soulevée consiste à se demander si
une activité cognitive quelconque (souvent appelée évaluation) doit
obligatoirement précéder l’activation de tout état émotionnel. En d’autres
termes, le problème qui se pose n’est pas tant de savoir si la cognition
est une cause su sante de l’émotion, mais plutôt si elle constitue une
cause nécessaire. À ce sujet, les opinions ont divergé fortement. Certains
croient qu’il est théoriquement pertinent de considérer que des patrons
déterminés d’activité neurophysiologique peuvent générer l’émotion de
façon indépendante de l’analyse cognitive. À ce moment-là, ils estiment
que l’information a érente peut se transformer directement en émotion
sans médiation cognitive ; ces auteurs font alors appel à l’intervention de
mécanismes non conscients ou préconscients de traitement des stimuli
a ectifs. Par contre, d’autres prétendent que la genèse de l’émotion
dépend toujours de mécanismes cognitifs, notamment d’évaluation:
l’émotion constitue alors un phénomène qui est la résultante d’une
interaction entre des changements physiologiques et des processus
psychologiques ou encore de l’intervention exclusive de l’analyse
cognitive.
La profusion des recherches à saveur «cognitiviste», tout particulièrement
celle sur l’évaluation cognitive (voir en particulier Scherer, Schorr et
Johnstone, 2001), oblige à reconnaître le caractère prédominant de
cette approche en psychologie de l’émotion. Les variables cognitives
ont récemment acquis un statut empirique de plus en plus consolidé et
leur impact se traduit en particulier par un foisonnement de conceptions
théoriques. Quoi qu’il en soit, compte tenu de l’importance actuelle
du courant cognitiviste, il faut aussi mentionner un autre débat qui a
occupé très activement les spécialistes de l’émotion en même temps que
se consolidaient les théories cognitives : il s’agit de savoir si l’émotion
est une activité psychologique complètement dominée par la cognition
ou si elle possède une indépendance réelle. Il s’agit, en considérant
essentiellement le système mental humain, de se demander si l’émotion
ou le système actif constitue une entité psychologique distincte et
autonome par rapport à la cognition.
Tout d’abord, il faut se demander de quelle manière, du point