Annales, corrigés et résultats du BAC à retrouver sur Studyrama.com © Studyrama – Tous droits réservés
Philosophie – Bac L
La perception
LE COURS
[Série – Matière – (Option)]
[Titre de la fiche]
La perception renvoie donc à l'idée de saisine de ce qui est sensible par opposition à la réflexion qui peut renvoyer à
la saisine de ce qui est intelligible. La perception semble donc être comme ce « quelque chose » qui envahit notre
être et passerait par les sens et par le corps. Elle présente l'avantage de l'immédiateté et de l'efficacité mais nous
permet-elle de saisir ce qui est vrai ? Pour certains, elle est l'obstacle à la vérité.
II. La première perception que nous avons d'une chose n'est-elle pas un obstacle au
savoir ?
Le philosophe, Leibniz, dans Les nouveaux essais sur l'entendement humain, distinguait les perceptions perçues et
celle qui étaient aperçues. L'aperception était une approche analytique et réfléchie, une approche consciente de la
perception. Leibniz faisait une distinction entre le bruit de la vague, aperçue, consciente et le bruit des milliards de
gouttelettes d'eaux qui composaient cette vague que nous percevions sans nous en rendre compte. Ces perceptions
inconscientes laissent des traces profondes, nous dira plus tard la psychanalyse et pour Bachelard elles sont le
premier obstacle à tout savoir profond et réel qui implique ouverture et remise en cause de soi et de l'autre.
Extrait : Dans la formation de l'esprit scientifique, le premier obstacle c'est l'expérience première, c'est
l'expérience placée avant et au-dessus de la critique qui, elle est nécessairement un élément intégrant de
l'esprit scientifique. Puisque la critique n'a pas opéré explicitement l'expérience première ne peut en
aucun cas être un appui sur...L'esprit scientifique doit se former contre la nature, contre ce qui est en nous
et hors de nous...Il ne peut s'instruire devant la nature qu'en ordonnant les phénomènes brouillés.
G Bachelard, La formation de l'esprit scientifique.
Cette première perception est plus forte que toutes les autres, nous indique Bachelard car elle n'est pas consciente
mais aussi elle est placée au-dessus de toute critique. Nous lui associons la joie de la découverte, le bonheur de
l'enfance et nul ne peut ainsi aisément la remettre en cause. Ainsi par exemple ce que j'ai pu apprendre ou découvrir
dans ma jeunesse, par le truchement de mes parents est associé à la joie et au bonheur passé avec eux. Si ce que
Bachelard indique a quelque chose de vrai, ne faut-il pas cependant aussi se dire que la plupart du temps le véritable
savoir nous a été légué par des parents qui nous aimaient ?
Le droit de l'école en France le pense d'ailleurs, contrairement à ce que certains considèrent car le parent demeure
le premier éducateur de l'enfant. L'enseignant n'a pas vocation à le remplacer.
En conséquence, ne faut-il pas éviter de confondre ce souci de prendre de la distance qui caractériserait Bachelard
avec l'envie que semble avoir certains d'acculturer l'autre, de l'intégrer à tous prix dans une culture qui n'est pas
sienne (mais pourrait aussi le devenir si on lui fait comprendre qu'il peut y participer à sa manière) pour lui permettre
d'apprendre ? Ne faut-il pas plutôt partir aussi de ces premières impressions, de ces premiers savoirs de l'enfant pour
lui apprendre, pour entrer en lien avec lui et apprendre tout autant de lui que nous lui apprenons ? Ces premières
perceptions sont-elles toujours sources d'erreurs ? Ne sont-elles pas également et surtout la marque d'un être en
puissance, constitué par une culture et une nature qu'il est malaisé de distinguer l'une de l'autre et que l'éducation
devrait avoir pour mission d'aider à se révéler et à s'accomplir ?