Pour une consommation durable
2011
Élisabeth Laville
présidente
Blandine Barreau
Caroline Le Moign
rapporteurs
Dominique Auverlot
coordinateur
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POUR UNE CONSOMMATION DURABLE
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AVANT-PROPOS
Avant-propos
Le développement durable n’est plus affaire de
spécialistes : la préservation de la biodiversité, la
lutte contre le changement climatique, l’accès à l’eau
potable constituent désormais des préoccupations
partagées par l’opinion publique mondiale.
Jusqu’à présent, l’action des gouvernements a essen-
tielle ment pris la forme de politiques visant à « verdir »
l’appareil productif. L’éco-conception et les modes de
production fondés sur un meilleur usage des ressour-
ces ont ainsi été encouragés.
Il faut pourtant se rendre à l’évidence : le progrès
technique ne sufra pas à résoudre les problèmes
environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, il ne
représentera que la moitié de l’effort nécessaire pour
atteindre nos objectifs de réduction des émissions de
gaz à effet de serre. Pour aller plus loin, nous devrons
également modier nos comportements.
C’est d’autant plus vrai que les politiques faisant le choix
de la seule production durable voient leurs résultats
généralement compromis par « l’effet rebond » : les
gains techniques entraînent une baisse des prix des
biens et services… qui nous incite à consommer
davantage. Ainsi, la réduction de l’intensité énergétique
dans l’électroménager a été largement annulée par
la hausse du taux d’équipement. Dans le secteur
automobile, malgré la baisse de consom mation unitaire
des véhicules, les émissions de CO2 dues au transport
ont continué de croître, en raison de la hausse du taux
Vincent Chriqui,
directeur général
du Centre d’analyse
stratégique
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POUR UNE CONSOMMATION DURABLE
d’équipement des ménages plus de 80 % avaient au moins une voiture en
2005, contre 60 % en 1973 – et d’une ination des distances parcourues.
Seuls trois pays de l’OCDE ont pour l’heure changé d’approche et mis en
place une véritable politique nationale de consommation durable. La Suède,
le Royaume-Uni et la Finlande ont conçu des plans d’action pragmatiques,
avec pour objectif premier de faire évoluer le comportement du consommateur.
Leurs politiques s’appuient sur une vision de long terme et ciblent des secteurs
économiques et des catégories de population identiés comme prioritaires.
Elles n’éludent pas la difculté des dés à relever : les gouvernements sont
conscients que la réorientation du modèle économique peut engendrer des
gagnants et des perdants parmi les entreprises, et que l’État devra tenir compte
de ces effets indirects.
An de réduire le fossé entre les bonnes intentions et les réexes quotidiens
des consommateurs, ces gouvernements pionniers n’hésitent pas à
explorer de nouvelles formes de régulation (marketing politique, incitations
comportementales), intégrant les aspects psychologiques, sociaux, culturels,
économiques et cognitifs qui conditionnent les modes de consommation.
Ils déploient en outre des processus participatifs destinés à associer le
maximum de parties prenantes (médias, institutions éducatives, producteurs
et distributeurs, en commençant bien sûr par les consommateurs eux-mêmes.
Les progrès accomplis sont constamment évalués et publiés.
En France, les pouvoirs publics ont jusqu’ici soutenu le développement de
l’offre de produits « verts », sans pour autant réussir à diffuser les pratiques
de consom mation durable au-delà d’un cercle restreint d’initiés. Les Français
sont cependant de plus en plus nombreux à vouloir adopter des comportements
vertueux. Les « consomm’acteurs », qui privilégient au moins occasionnellement
les produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique ou de
circuits de production régionaux, représenteraient environ un cinquième de la
population.
Reste à mettre en pratique, au quotidien, ces aspirations naissantes à « mieux
acheter, mieux utiliser, mieux jeter », et à les faire adopter par la majorité. La
bataille est loin d’être gagnée : les jeunes générations, qui sont pourtant les
plus sensibilisées aux enjeux du développement durable, sont aussi les plus
friandes d’« hyper consommation » et d’achats ostentatoires, suscités par des
désirs sans cesse renouvelés.
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AVANT-PROPOS
Seule une politique nationale dédiée pourra à la fois soutenir les efforts en
cours et vaincre les résistances multiples, qu’elles soient comportementales,
économiques ou institutionnelles. Cette politique devra être ambitieuse dans
ses objectifs, et complémentaire des mesures visant à réorienter l’appareil
productif. Ce rapport offre ainsi un ensemble de pistes pour permettre à l’État,
en s’appuyant sur les avancées du Grenelle de l’environnement ainsi que sur
les initiatives des collectivités territoriales, des entreprises et des citoyens, de
s’engager résolument dans une politique de consommation durable.
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