8 PETITE HISTOIRE DES THÉORIES DU MANAGEMENT
A partir de la deuxième guerre mondiale, le
management va se transformer et adopter une
approche systémique, c’est-à-dire conçue comme
un ensemble de relations entre des éléments dont
il faudra comprendre les sources d’équilibre. Ce
système est d’abord social, mais il est aussi ouvert
sur l’environnement.
DRUCKER
ET LE MANAGEMENT
HUMANISTE
Le chercheur incarnant peut être le mieux cette
approche est Peter Drucker (1909-2005). A travers
des livres comme Concept of the Corporation
(1946), The Practice of Management (1954) et
Managing for Results (1964), Drucker, a amené
le management à considérer chacun comme un
potentiel de créativité (et non pas seulement une
force de travail à motiver et à surveiller), et donc
l’organisation comme un ensemble d’individualités
à respecter. Ceci suppose que le rôle du manager
soit d’équilibrer toutes ces individualités qui ne
partagent pas toutes les mêmes objectifs.
Le conflit devient alors inhérent au travail de
management, de même que la négociation.
Drucker reprend en cela les conclusions de Mary
Parker Follett qui préconisait de passer d’un «
power over » à un « power with », et ouvre la voie
à des apports de psychologie et de sociologie
humaniste par opposition aux conceptions
instrumentalisantes de Taylor et de l’école des
Relations Humaines.
Cette conception constituera un changement
paradigmatique pour le management, résumé
par la célèbre opposition, faite par McGregor
(1960), entre une théorie dite « X », où l’homme
est considéré comme paresseux et stupide,
et une théorie « Y » où l’homme souhaite
contribuer si l’organisation du travail lui en donne
les moyens. De là vont découler les études
sur la décentralisation, la responsabilisation,
l’empowerment, mais aussi sur la fixation des
objectifs par la négociation, la budgétisation,….
qui permettent, selon Drucker et ses disciples, de
mobiliser le potentiel des individus.
3L’APOGÉE DU
MANAGÉRIALISME ET DU
MANAGEMENT COMME
SYSTÈME
LE DÉVELOPPEMENT DE
LA PENSÉE STRATÉGIQUE
Mais le management ne peut pas rester tourné
que vers l’intérieur. Le système doit s’ouvrir à son
environnement. La deuxième guerre mondiale a
diffusé l’idée de la stratégie, et celle-ci va incarner
la relation que les organisations doivent construire
avec le monde qui les entoure, et en particulier vis
à vis des concurrents et des clients.
Avant de se formaliser en stratégie, la réflexion
managériale sur la relation que l’organisation doit
avoir avec son milieu avait pris la forme de ce que
les théoriciens avaient appelé la contingence. Il
s’agissait d’adapter l’organisation (ses pratiques,
ses structures,…) à l’environnement concurrentiel,
à son âge, à sa technologie… Mais ceci confinait
le management à un rôle passif : suivre ce que
prescrivait l’environnement.
Les années 60 remettent l’action managériale
au cœur de la relation entre l’organisation et son
environnement en ouvrant l’ère de la décision et
de la stratégie. Grâce, en particulier, à l’influence
des grands cabinets de stratégie, le BCG (Boston
Consulting Group) en tête, vont apparaitre et se
systématiser les grilles d’analyses du portefeuille
de produits, de la gestion de la diversification, de la
courbe d’apprentissage…, appuyées souvent sur
les grilles SWOT développées avant guerre.
Le marketing se renforce conceptuellement et
s’incarne dans le célèbre Marketing Mix, souvent
attribué à Philip Kotler (1971). Les 4 P (Produit,
Prix, Place et Promotion) offrent une manière
élégante et structurée de réfléchir à la relation
entre l’entreprise et ses clients. Le temps est
à la planification stratégique, symbole d’un
management imposant son ordre au monde.
Michael Porter viendra alors formaliser les grilles
d’analyse stratégique grâce aux notions de chaîne
de la valeur, d’avantage concurrentiel durable et de
stratégies génériques.
En attendant la génération Z ?
LES 5 FORCES DE PORTER
Selon Porter, cinq forces déterminent la structure concurrentielle d’une entreprise :
POUVOIR DE NÉGOCIATION DES CLIENTS
POUVOIR DE NÉGOCIATION DES FOURNISSEURS,
MENACE DES PRODUITS OU SERVICES DE SUBSTITUTION,
MENACE D’ENTRANTS POTENTIELS SUR LE MARCHÉ,
INTENSITÉ DE LA RIVALITÉ ENTRE LES CONCURRENTS.