difficile d’objectiver avec certitude le risque de deuxième cancer induit par la radiothérapie
mais ceci pourrait concerner 50000 personnes sur les 320000 cancers incidents en France
en 2010 (12). Par opposition, les effets déterministes sont caractérisés par l’existence d’un
seuil de dose en dessous duquel rien ne se passe et au dessus duquel la sévérité de l’effet
est fonction de la dose. Ils constituent l’action thérapeutique et provoquent des effets
secondaires précoces et tardifs. Les rayonnements ionisants entrainent la destruction de la
cellule par mort mitotique ou bien par apoptose.
L’apparition des effets indésirables dépend de l’organisation de l’organe ainsi que de la
nature de ses tissus. La sévérité de l’atteinte d’un organe organisé en parallèle (foie,
poumon…) est proportionnelle au volume irradié et la fonction est préservée tant que le
volume détruit ne devient pas critique. Pour les organes agencés en série (moelle épinière,
intestin…), l’irradiation d’un très petit volume sera susceptible d’entrainer des lésions très
graves aboutissant à une perte de fonction de l’organe. La nature et la vitesse du
renouvellement cellulaire conditionnent également la tolérance d’un tissu aux radiations.
Un tissu compartimental (épiderme, moelle osseuse…) est constitué d’un compartiment
germinatif contenant des cellules souches, un éventuel compartiment de maturation ainsi
qu’un compartiment de cellules différenciées responsable de la fonction de l’organe. En
considérant un modèle simplifié basé sur la mort mitotique, seules les cellules ayant des
capacités de division des compartiments germinatifs et de maturation seront sensible à
l’action des rayonnement ionisants. Dans le cadre d’une destruction totale de l’ensemble du
compartiment germinatif, l’organe disparaîtrait au terme d’un délai dépendant de la durée de
vie des cellules différenciées.
Dans les tissus non compartimentaux (rein, foie…) , il n’existe pas de cellules souches
individualisées et chaque cellule peut jouer ce rôle en remplaçant les cellules manquante de
son voisinage. Dans les suites d’une irradiation, la destruction cellulaire n’a lieu que lors de
son entrée en mitose et on assiste à une destruction progressive des cellules nobles de
l’organe. Ces lacunes sont souvent très bien tolérées par l’organisme jusqu’à que le nombre
de cellules fonctionnelles devienne critique. Un message est alors envoyé enjoignant
l’ensemble des cellules à se diviser, ce qui a pour effet au niveau des tissus lésés de
provoquer une mort mitotique et une destruction brutale de l’organe (13).
En excluant les brûlures liées au pouvoir calorique des radiations à très fortes doses, ces
différences structurelles permettent de séparer les effets précoces survenant dans les six
premiers mois dans les tissus compartimentaux à renouvellement rapide (radiomucite,
radioépidermite…) des effets tardifs aux mécanismes plus complexes. Ils surviennent dans
les tissus compartimentaux à renouvellement lent et dans les tissus non-compartimentaux
dans lesquels le phénomène d’avalanche peut se produire plusieurs années après
l’exposition. Mais des lésions tardives directement corrélées à des réactions de nécrose
précoces décrites sous le nom d’effets consécutifs entrent également en jeu (14). On décrit
également l’apparition tardive d’une fibrose radio-induite, constituée d’un tissu paucicellulaire
capable de s’autoentretenir, provoquant une baisse de l’élasticité tissulaire (organes pleins)
et des sténoses (organes creux) et résultant d’une véritable cascade de cytokines (15).
Pour comprendre l’action des divers radiomodulateurs, il faut étudier les effets spécifiques
des rayonnements ionisants au niveau moléculaire, cellulaire et tissulaire et la cinétique de
leurs dommages. L’énergie est quasi instantanément absorbée par le milieu et provoque une
excitation des molécules en particulier de l’eau qui est la principale constituante des êtres
vivants. Ce changement d’état aboutit à la formation de radicaux libres qui vont à leur tour
ioniser les molécules au contact ou à distance après une diffusion dans la cellule (16). Au
niveau de l’ADN, ces lésions vont être principalement constituées par des lésions doubles
brins, d’emblée létale et par des dommages d’intensité moindre (cassure simple brin,
oxydation de base ou destruction de site) qui pourront être réparés par des phénomènes
d’exision-réparation. Lorsque ces dégâts sont trop nombreux ou trop rapprochés